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L'humiliation de Cao Bang

4 participants

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Message par Invité Mar 10 Nov - 17:28

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Le 30 juin 1949, après le départ du général Revers, le général Blaizot, commandant en chef, rédige une directive selon laquelle l'évacuation de Cao Bang et de Dong Khé devra être terminée le 10 octobre. Son successeur, le général Carpentier, arrivé en septembre, décide, poussé par le général Alessandri, que l'occupation' de Cao Bang doit être maintenue. Au cours des mois suivants, il est conforté dans sa position par une relative inactivité du Viêt-minh (en train de former ses grandes unités), par l'augmentation des effectifs du Corps expéditionnaire et des armées des Etats associés, par le calme de la Cochinchine et par l'arrivée du premier matériel américain. Mais le 25 mai 1950, coup de semonce: 1500 Vietminhs s'emparent de Dong Khé. Carpentier le fait reprendre par des paras. Néanmoins les Viets ont prouvé qu'ils avaient désormais les moyens d'enlever les postes de la R.C. 4. Pourtant, l'évacuation de Cao Bang n'est décidée qu'à fin août. Evoquées ici par l'auteur de « Par le sang versé ", de, « Qui ose vaincra " (Fayard), les conditions dramatiques dans lesquelles elle se déroula réveillèrent brutalement (et provisoirement) la métropole lointaine et confirmèrent tout ce que laissait redouter la victoire des communistes en Chine.

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JANVIER 1949. Le sergent-major Brugens, alias Hervé de Broca, un ancien dignitaire du gouvernement de Vichy, prononce au mess des sous-officiers une phrase célèbre. Verre de champagne à la main, il déclare :
- Messieurs, jus qu'à présent, le 3° Etranger était à Cao Bang sous le commandement d'un seigneur, que je salue au passage, le lieutenant-colonel Simon. Demain, du ciel, nous arrivera pour le remplacer, un dieu, le colonel Charton.
La nouvelle provoque l'effet d'une bombe. Charton, le baroudeur, Charton, le dur, allait les rejoindre. Le colonel Pierre Charton est à peine âgé d'une quarantaine d'années. Sec et osseux, il est de taille moyenne, mais se tient tellement droit qu'il paraît grand. En quelques jours, il a compris la situation. A l'intérieur, le bordel, à l'extérieur, les Viets.
Seul maître après Dieu à Cao Bang, le colonel Charton dépend néanmoins du P.C. du colonel Constans à Lang Son, distante de 116 km, par la R.C. 4. Les épithètes qui sont affublées aux deux officiers décrivent bien le caractère des deux hommes : Charton, le baroudeur, Constans, le mondain.
16 septembre 1950. Dong Khé signale par radio à Cao Bang une attaque massive d'artillerie. Les 5° et 6° compagnies du 3° Etranger réclament l'appui de l'aviation. Hélas! Le ciel est bouché et en cette saison, une éclaircie improbable. De Cao Bang, Charton appelle Constans à Lang Son.
- Dong Khé est pilonné par des armes lourdes. Les capitaines Vollaire et Allioux réclament de l'aide. Que dois-je faire ?
- Tu - ne bouges pas, ce n'est qu'un tir de harcèlement.
- Et si c'était l'attaque?
- Alors, tu n'y peux rien.
C'est vrai. Au point où en sont les choses, si le tir d'artillerie dirigé contre Dong Khé annonce une offensive d'envergure, l'appui que peut apporter Cao Bang est insignifiant. Et puis, n'est-ce pas précisément ce qu'attend l'ennemi? Ce 3° bataillon de légion, renforcé de six cents tirailleurs et tabors marocains (commandant Chergé) est pratiquement invulnérable tant qu'il est retranché dans Cao Bang. Mais, s'il en sort, il devient une proie pour les rebelles qui sont maintenant concentré par bo doï entiers dans la jungle. Cependant, dans la nuit du 16 au 17, Charton, malgré les ordres formels qu’il, a reçus de Constans, décide d'envoyer une compagnie de légionnaires qui partira à pied. Mais il recommande à son chef :
- Si vous tombez sur du dur, taillez vous sans tirer un coup de feu. Pas d'héroïsme gratuit, nous n'en -avons plus les moyens.

Ils sont des milliers au coude à coude
Il y a trente et un kilomètres entre Cao Bang et Dong Khé. A l'aube, la compagnie de marche en a parcouru quinze. A Cao Bang, un ultime message des assiégés vient de tomber.
- Le poste est en ruine, nous ne sommes plus qu'une trentaine de survivants, les Viets descendent des montagnes, ils sont des milliers au coude à coude.
Puis brusquement le contact est coupé. Charton se précipite. Il part lui-même au volant de sa jeep. Seuls trois légionnaires l'accompagnent. En moins d'une heure, il rattrape la compagnie en marche et lui ordonne de faire demi-tour. Ecœuré, il regagne Cao Bang.
A la date du 18 septembre, le poste de Dong Khé sera déclaré pris par l'ennemi. Le 23, neuf légionnaires en loques, harassés, affamés et assoiffés, arrivent aux avant-postes de That Khé. Ils constituent tout ce qui reste des 5° et 6° compagnies du 2° bataillon du 3° Etranger. Les Viets ont coupé la R.C. 4 en deux.
C'est le juillet 1948, au camp de Khamisis, dans l'Oranais, qu'avait été constitué le premier corps de légionnaires parachutistes. Un jeune officier en avait pris le commandement, le capitaine Segrétain. Le 1° bataillon étranger de parachutistes arrivait en baie d'Along le 12 novembre ; le 15, il s'implantait à Gia Lam, dans la région d'Hanoi.
A dater de ce jour, le B.E.P. mène dans la guerre d'Indochine une ronde infernale; il est de tous les coups durs, il est devenu le fer de lance de la Légion.
On largue le ,1° B.E.P.
Le 17 septembre 1950, Hanoi alerte Ie B.E.P. A 16 heures, quatre -Dakota délabrés embarquent la 1° compagnie. Un officier accompagne la première vague, le capitaine Jeanpierre. La seconde est placée sous le commandement du lieutenant Faulque. Ce sont deux hommes d'acier, au palmarès impressionnant.
Le 18 septembre, un communiqué laconique suit celui qui annonce la chute de Dong Khé : « Le 1° R.E.P a sauté sur That Khé en renfort, il a sans incident occupé les positions qui lui ont été réparties. »
Entre Cao Bang et Lang Son, les pions sont sur place. A Dong Khé, l'armée de Giap; à That Khé, l'élite de la Légion, le B.E.P.
A Cao Bang, le moral du colonel Charton, ébranlé par la chute de Dong Rhé, va être soumis, à quarante-huit heures d'intervalle, à une succession d'émotions contradictoires. D'abord, le général Carpentier, commandant en chef le Corps expéditionnaire, vient, sans préavis, visiter les installations. Plein d'optimisme apparent, le général admet l'invulnérabilité de la ville : Cao Bang restera un poste-hérisson au bord de la R.C.4. C'est le plan que, depuis plus d'un an, préconise Charton. Le colonel respire : on lui fait confiance. Il rassure ses subordonnés et la population civile. Pour tous, Cao Bang demeure la sécurité.
Le colonel Charton passe deux nuits paisibles. Il ignore absolument que, de Lang Son, vient de se déclencher l'opération « Thérèse» dont le but est l'évacuation définitive de Cao Bang.
« Ce sont les ordres, Charton ... .
La visite du général Carpentier n'était destinée qu'à l'endormir. On savait que Charton lutterait par tous les moyens pour faire revenir ses chefs sur leur décision et surtout qu'il n'accepterait jamais ce qu'on attendait de lui : quitter Cao Bang furtivement, abandonnant à l'ennemi, non seulement tout ce que la Légion y avait bâti, mais encore ses armes lourdes et ses dépôts de munitions. Or, c'était à cette condition que l'on pouvait surprendre les Viets et éviter un coup dur.

Pour contraindre Charton, il n'y avait qu'un moyen : le prévenir seulement quelques heures avant, lui intimant un ordre formel auquel il serait obligé d'obtempérer sans perdre une minute et sans avoir le temps de faire preuve de la moindre initiative.
Quarante-huit heures après Carpentier, le 24 septembre, le général Alessandri, commandant du Tonkin, atteint Cao Bang. Ii est chargé de la même mission mais, au dernier moment, l’homme l'emporte sur le soldat, l'amitié et l'estime sur la discipline militaire. Dans le bureau du colonel, il avoue qu'une grosse colonne est déjà partie de Lang Son afin de venir à sa rencontre sur la R.C. 4 et que, bientôt, il recevra l'ordre de se mettre en route avec son effectif au complet et d'évacuer Cao Bang avec la plus grande discrétion.
Charton est médusé. Il s'indigne.
- Mon général, répond-il, seize cents soldats et autant de civils ne peuvent emprunter cette voie unique sans passer inaperçus. Les Viets le sauront avant même que le premier homme n'ait mis les pieds sur la R.C. 4.
- Bien sûr, Charton, mais ce que le haut commandement redoute, c'est qu'ils soient prévenus à l'avance - par exemple par une destruction minutieuse des installations - et qu'ils profitent de ce laps de temps pour préparer des embuscades contre vous.
- Mais ces embuscades, il y a des mois qu'elles sont tendues! Et ça ne changera rien qu'ils apprennent notre évacuation quatre jours, quatre heures ou quatre minutes avant qu'elle ne se produise.
- Ce sont les ordres, Charton, je n'y suis pour rien !
- Et Dong Khé, qui se trouve entre leurs mains? Je suis censé le reprendre au passage?
- La colonne montante reprendra Dong Khé.
- Qu'est-ce au juste? Que cette colonne montante ?


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--- Des troupes d'élite. Trois tabors et le 8e régiment de tirailleurs marocains qui seront renforcés du 1° B.E.P. à That Khé. Ils sont sous le commandement d'un artilleur, le colonel Le Page.
…Où sommes-nous censés nous rejoindre '?
-- Quelque part entre Dong Khé et Nam Nang. Je n'en sais pas davantage. Vous recevrez des ordres en temps utile. Je viens de désobéir en vous avertissant.
Charton comprend l'accablement du général Alessandri, exténué par des mois de luttes morales qui n'aboutissent qu'à chuchoter dans l'oreille d'un subalterne un plan qu'il désapprouve.
Na Cham, le 18 septembre. Le capitaine Mattei, qui commande la 2e compagnie du 1 er bataillon a été prévenu de l'arrivée de la colonne Le Page. Le lieutenant Jaluzot se tient à ses côtés.
Le 1 e, octobre, Charton, contrevenant aux recommandations, a mi s en place le dispositif qui lui permettra de faire sauter la ville entière dès qu'il recevra l'ordre d'évacuation. Cet ordre, il le reçoit dans la soirée : l'abandon de Cao Bang est prévu pour le lendemain 2 octobre à minuit (1). Par radio, Charton hurle sa désapprobation. Il est absurde de fixer une date précise; l'évacuation ne doit avoir lieu qu'en fonction des conditions atmosphériques; l'appui de l'aviation et un temps clair, sont, selon lui, la seule chance de succès. La réponse est non : le 2 octobre à minuit précis.
D'ailleurs, lui dit-on, la colonne Le Page progresse sans incident. Elle a établi sa jonction avec le B.E.P. Dong Khé n'est pas tombé, mais c'est une question d'heures.

- Dans ce ca, réplique Charton, que Le Page vienne m'attendre au kilomètre 22, au-delà de Nam Lang, et non au kilomètre 28, comme il est prévu. Je vais être encombré de quinze cents civils, des malades, des blessés, des femmes enceintes, des enfants. - Pour cela, c'est encore non. La jonction se fera au kilomètre 28.
Le 2 octobre à midi, Charton commence à faire sauter la ville. Les civils sont prévenus. Ceux qui veulent suivre la Légion ne seront pas abandonnés. Les autres peuvent rester et attendre l'armée du Viêt-minh. Personne n'opte pour la deuxième solution, et un invraisemblable troupeau humain se présente aux portes de la ville. A minuit, l'interminable rassemblement s'ébranle, partie en camion, partie à pied, puis les derniers légionnaires quittent Cao Bang, ne laissant derrière eux que ruines et cendres. A l'arrière, la section « balai » a pour mission de fermer la marche et de ramasser tout ce qui traîne.
La première journée se passe sans incidents; au crépuscule les éléments de tête ont parcouru seize kilomètres, mais la masse humaine s'étend sur plus de trois.
Charton et son adjoint, le commandant Forget qui, handicapé par une blessure récente; marche avec difficulté, sont inquiets. Toute la nuit, Charton reste à portée de son poste de radio. Il cherche, en vain, un contact avec la colonne Le Page.
Vers 3 heures du matin, le 4 octobre, il parvient à capter Lang Son, d'où filtrent quelques paroles rassurantes.
A 5 heures du matin, Forget prévient que l'on se remet en marche. Le sergent Eric Kress, un Allemand solide et froid, qui commande la section « balai » fait passer l'ordre qui se transmet le long de l'interminable convoi humain. Deux heures plus tard, c'est l'arrêt imprévu. Par radio, Kress interroge. On lui répond :
_ On attend les instructions, on vous préviendra. Restez à l'écoute.
Le caporal-chef Snolaerts, un Hongrois, chargé des transmissions reçoit un message:
- Il paraît que Charton et Forget cherchent une piste du nom de Quang Liet qui doit se trouver dans le secteur explique-t-il à Kress. Il faut questionner des civils pour savoir si quelqu'un la connaît.
Après une heure de recherches, un vieillard réagit à la question que lui a traduite une petite prostituée annamite. Kress a sorti de son képi une carte imprégnée d'humidité et de sueur, il l'étudie attentivement avant d'annoncer
- Quang Liet ne figure pas s carte, mais la piste doit, être ce trait blanc, pointillé, qui conduit à Lang Phai et qui poursuit sur That Khé.
- Putain! En pleine jungle! Ils sont malades ou quoi? lance Govin, un Français de Lyon. Ils cherchent à éviter Dong Khé comme si on ne l'avait pas repris. Ou alors, si on l'a pas repris, c'est que les Viets y sont encore. Et je me demande ce qu'on fout là !
- D'après ce que je crois comprendre, on contourne par cette fameuse piste.
- On contourne mon cul! Tu t'imagines les Viets à Dong Khé nous laissant manœuvrer avec ce ramassis de clochards qu'on traîne avec nous!
Charton et Forget viennent de recevoir de Lang Son un message dramatique.
Non seulement Le Page et le B.E.P avaient échoué dans leur tentative pour reprendre Dong Khé, mais ils s'étaient vus contraints de fuir à l'ouest, dans la jungle où ils se trouvaient harcelés de toute part. Ironie cruelle, c'était la colonne de secours qui, désespérément, réclamait de l'aide. C'est pourquoi Charton a reçu l'ordre d'éviter Dong Khé et de prendre la piste de Quang Liet à l'ouest de la R.C. 4.

« Abandonnez les traînards! •
A l'arrière, c'est vers 16 heures que la section Kress reçoit des instructions. On a trouvé la piste. Ou du moins ce que la végétation luxuriante a laissé de la piste abandonnée. On largue tout. On ne conserve que deux jours de vivres, les armes légères et les munitions, tout le reste doit être détruit. On fait sauter les véhicules, l'artillerie, on met le feu aux « trésors» des Chinois, mais l'ordre le plus atroce, le plus démoralisant tombe en dernier :
- Vous abandonnez les traînards!
Pas question de perdre une minute.
Les quatre premières heures, tout le monde suit sans peine. Un peu plus tard, un vieillard renonce. Ce n'était que le premier... Très rapidement, des vieux, des femmes s'effondrent sur la piste et sont dépassés par la section de queue, impuissante.
Quant à Le Page, quel drame l'a obligé à lancer un appel de détresse? A la fin septembre, le colonel Le Page et ses Marocains ont établi à That Khé leur jonction avec le B.E.P. L'ordre de passer à l'attaque arrive, laconique, le 30 septembre : « Le groupement Bayard devra s'emparer de Dong Khé le 2 octobre à midi. »
Ce groupement se compose de quatre bataillons commandés par le colonel Le Page. Celui-ci convoque son état-major : le commandant Arnaud du 8° tirailleur marocain, le commandant Delcros, du 11° tabor, le capitaine Feaugas, du 1° tabor, et l'aréopage des « seigneurs de marbre » les officiers du 1° R.E.P. Segrétain, Jeanpierre, Faulque, Roy, Leducq. Macé. Que Le Page décide à cet instant que le 1er B.E.P. se taillera dans ce combat la part du lion est logique; ce qui l'est moins, c'est qu'il n'ait pas compris que les meilleurs soldats du monde ne peuvent pas tout.


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Message par Invité Mar 10 Nov - 17:32

A l'aube du 2 octobre, sur la RC. 4. deux compagnies du R.E.P. progressent vers Dong Khé, en tête de la colonne Le Page. Le poste abandonné de Na Pa est dépassé. C'est maintenant le point culminant de la route qui surplombe la cavité géante qu'il faut reconquérir. Le capitaine Jeanpierre et, le lieutenant Faulque scrutent le fortin à la jumelle.
- Il n'y a personne dans le poste, affirme Jeanpierre.
- D'après toi, ils sont dans la montagne ? interroge Faulque.
- Sans aucun doute : pars en avant avec ton peloton. Je te suis et je fais descendre Le Page et les Marocains.
Faulque s'élance en tête de son peloton d'élèves gradés, suivi d'une compagnie entière du B.E.P. Dès qu'il atteint le fond de la cuvette, l'enfer se déchaîne. De tous les points de la montagne, une armée fait feu sur une centaine d'hommes : les Viets ne sont plus dans Dong Khé, ils ont évacué la cuvette. Par milliers, pourvus d'artillerie lourde, dissimulés dans les calcaires, ils tirent à partir des crêtes. De plus, des éléments viets, munis d'armes automatiques sont restés embusqués dans la citadelle. Par radio, Faulque transmet au capitaine J eanpierre :
- Dans la citadelle, ils ne sont pas nombreux, je peux la prendre. Tu peux suivre et dire au Vieux de faire dégringoles les Marocains derrière toi.
Le Page refuse. Il donne l'ordre à Jeanpierre de faire remonter Faulque et ses hommes. Le lieutenant obéit. Une trentaine des siens sont morts pour rien. Dong Khé n'est pas pris; la RC, 4, est toujours coupée en deux. Ignorant que surplombant la RC. 4, l'ennemi est la aussi, dissimulé par bataillons entiers. Le Page prend une lourde décision, il ordonne au commandant Segrétain :
- Le B.E.P. s'implante dans le poste de Na Pa. Vous fixez l'ennemi, vous le retenez, pour me donner le temps de manœuvrer dans la jungle, de trouver une piste, d'établir un point de rendez avec la colonne Charton (2).
Les paras tombent par grappes
Bien que le B.E.P. ait déjà perdu plus du tiers de son effectif, Segrétain obéit sans discuter. Avec ses quelque cinq cents ou six cents survivants, il essayer de tenir contre des dizaines milliers de réguliers vietminhs.
Mais voici que se joue une nouvelle tragédie. A la jumelle, Faulque suit le repli d'une compagnie du 8° tirailleurs. Au moment où ils quittent la route, les Marocains sont attaqués et décimés par un régiment entier.
Segrétain a compris. Pour l'instant, les Viets ne vont pas l'attaquer. Ils vont se contenter de harceler Na Pa, sans prendre de risques.
Connaissant les moindres replis du terrain, ils vont pouvoir manœuvrer de façon à écraser les fuyards quand ils le voudront. Le sort de la colonne Le Page est en jeu.
Tranquillement, Segrétain fait le point avec Jeanpierre et Faulque. D'un commun accord, ils décident tout simplement qu'ils vont contre-attaquer et se ruer à 'assaut du massif de Na Kéo. Décision d'une incroyable audace car les trois officiers ne disposent plus que d'un bataillon amputé pour lutter contre un ennemi bien organisé et dix fois supérieur en nombre.
A 22 heures, c'est l'attaque du B.E.P. Une compagnie incomplète d'un tabor est jointe à eux. C'est hallucinant. Les parachutistes tombent par grappes. On les croit décimés, ils se relèvent, retombent, repartent à l'assaut. Ils grimpent ignorant l'enfer qui s'est déclenché sur eux, et ils arrivent à occuper plusieurs positions viets. Mais à mi-pente, il faut se rendre à l'évidence : impossible de se fixer. Segré tain parvient à contacter Le Page qui s'est enfoncé à travers la jungle, de l'autre côté de la R.C. 4.
- Nous sommes sur le Na Kéo. Nous avons réussi à créer une diversion pour desserrer l'étreinte autour de nous. Nous décrocherons juste avant l'aube.
- Bravo ! Mais ne décrochez pas. Ma jonction avec Charton en dépend.
- Impossible, nous nous ferions exterminer sans même vous aider.
Après de longues palabres, Le Page cède enfin:
- D'accord, décrochez et rejoignez nous à toute vitesse.
A son tour, Segrétain refuse :
- J'ai une centaine de blessés. J'essaie de redescendre sur la R.C. 4. pour les évacuer sur le col de Luong Phai. Je vous rejoindrai après.
Rendez-vous dans un trou
Le commandant Segrétain ne pourra pas mener à bien son projet. Brancardés par quelques Marocains qui restent valides, les blessés sont les premiers à tomber dans une embuscade avant même d'avoir pu atteindre la route. Ils sont achevés aux côtés des hommes qui les portaient.

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Le B.E.P. pourtant passe en force, abandonnant encore une trentaine des siens sur le terrain. Les survivants n'ont plus qu'à tenter de rejoindre Le Page.
Toute la journée du 3 octobre, Segrétain, Jeanpierre, Faulque progressent dans la forêt, guidés par la radio de Le Page et une boussole qui répond mal. Du bataillon, il reste tout au plus quatre cents hommes. Ils n'ont pas dormi depuis deux jours, ils n'ont plus de vivres, plus d'eau. Ils sont à l'extrême limite de leurs forces. Mais ils ne sont pas vaincus. Du premier au dernier, ils sont tout prêts à reprendre le combat. A 17 heures, un nouveau contact radio s'établit avec Le Page. Celui-ci ordonne :
- Rejoignez-moi à Coc Xa, dit-il à Segrétain. Ensemble nous tiendrons en attendant le 3e Etranger.
Coc Xa : deux cavités reliées par un étroit couloir, presque un tunnel.
- Coc Xa est une cuvette, crie Segrétain dans le récepteur.
- C'est le seul endroit de cette jungle où on puisse se défendre, réplique Le Page. Nous y sommes. N'oubliez pas que Charton va arriver par les crêtes.
Segrétain lâche le micro et se tourne vers Jeanpierre.
- On a tous rendez-vous dans un trou.
Il faut y aller ...
Atroce combat dans la cuvette
Jusqu'au crépuscule, le B.E.P. cherche à tâtons un chemin qui peut le conduire à Coc Xa. Les parachutistes sont au sommet d'une falaise abrupte et impraticable. Un gouffre de trois cents mètres. La nuit est presque tombée. Les difficultés sont telles qu'il n'est pas question de chercher à descendre avant l'aube du lendemain. Le B.E.P. s'installe sur la crête. Les hommes harassés vont enfin pouvoir dormir quelques heures.
Segré tain entre de nouveau en contact avec Le Page auquel il transmet sa position après d'approximatifs calculs. Le Page situe : lui-même occupe la 'grande cuvette nord; le B.E.P. se trouve en surplomb de la plus petite cuvette. Il donne l'ordre aux légionnaires de descendre dans la nuit.
Cette fois Segrétain gueule carrément :
- Si je vous dis que c'est impossible, c'est que ça l'est! Nous descendrons à l'aube et encore dans la mesure où nous découvrirons une possibilité. Sinon, nous contournerons. Terminé!
Segrétain coupe le contact sans y avoir été invité.
Ce n'est qu'à l'aube du 4 octobre que le lieutenant Faulque trouve une crevasse par laquelle on peut tenter de descendre. Périlleux mais pas irréalisable : il y parvient en moins de deux heures avec sa compagnie. Ce qui reste du B.E.P. s'installe sur la cote 477.
La journée se passe dans l'attente. Le Page est toujours harcelé. L'ennemi est partout retranché à l'abri dans les montagnes calcaires et boisées, mais il ne cherche plus à anéantir les tirailleurs : ils attendent l'arrivée de Charton pour sonner l'hallali.
Dans la nuit du 4 au 5 octobre, Le Page parvient enfin à entrer en contact avec Charton. Le 3e Etranger sera là le lendemain à l'aube du 6. C'est l'explosion de joie suivie d'un nouvel ordre incohérent. Le B.E.P. doit descendre dans la nuit et rejoindre au complet les tirailleurs avant l'aube. Ce qui était périlleux le jour devient effroyable dans l'obscurité. Une dizaine d'hommes se tuent en tombant dans le vide. A l’aube toutefois, lorsque le B.E.P. rejoint Le Page, il y a encore plus de trois cents survivants.
Vaines tentatives, dans la journée du 5 pour situer l'ennemi, pour rechercher l'endroit par lequel on pourra percer, sortir en force, lorsque Charton aura rejoint.
6 octobre. Depuis le matin, le bataillon de Charton a dû abandonner tous civils. Quinze cents hommes son en ordre, encore relativement frais. Ils sont désormais à proximité du groupement Bayard. Mais autour des deux cuvettes de Coc Xa, vingt à trente mille hommes se dissimulent. Ils sont pourvus d'artillerie. A 17 heures, par radio, Le Page déclare à Charton: « Nous allons nous diriger vers vous. »
Mais il faut forcer un goulet, passage obligé pour sortir de la nasse. Le B.E.P. en est chargé. C'est une mission suicide. Le Page voudrait attendre le lendemain pour bénéficier de l'aviation. Mais à 22 h 45, il reçoit de Lang Son un message: « Décrochez cette nuit ou jamais. »
Dans la nuit du 6 au 7 s'engage un atroce combat. Le B.E.P. avance de quelques mètres, liquidant toute silhouette suspecte qui se cache derrière un arbre, derrière un rocher. Les armes crachent à un rythme ininterrompu. Le volume de feu est tel qu'il permet de deviner sur qui on tire. « Chaque mètre coûte un homme », dira Jeanpierre.
C'est un corps à corps farouche, implacable, mortel. Armes automatiques, armes blanches, tout est bon. A l'aube, le lieutenant Faulque tombe, transpercé de plusieurs balles, disloqué. Quand le jour se lève, les corps des légionnaires tués ou blessés jalonnent la progression.
Dans un misérable village où se dressent quelques paillotes, on s'égorge. Les goumiers du capitaine Feaugas s'élancent à leur tour au coude à coude, pour tenter la percée. Partout dans le goulet, dans la cuvette, c'est la cohue. Légionnaires, goumiers, tirailleurs se font hacher, fonçant comme des fous - panique et courage mêlés - des marocains se ruent à travers un rideau de feu et « tombent » sur la colonne Charton à son tour submergée et encerclée. La mêlée est indescriptible. Le commandant Forget est foudroyé à la tête d'une section.
Le 7 au soir, un ordre ultime et laconique est donné: chacun pour soi. Objectif: le sud, That Khé, où la garnison française doit encore tenir. Les cent trente survivants du B.E.P. progressent lentement dans l'obscurité. Brusquement, des F.M. et des P.M. crépitent devant eux et sur leurs flancs. Le commandant Segrétain s'écroule, blessé pour la seconde fois. II mourra le surlendemain à Dong Khé où les Viets l'auront brancardé. Partout, les Viêts pourchassent ceux qui ont survécu à la journée du 7. Sur les sept mille hommes engagés dans l'opération « Thérèse », moins de cent hommes parviendront à rejoindre les lignes françaises. Le colonel Le Page est capturé avec le gros de la troupe.
Du millier de légionnaires qui constituaient le B.E.P., il n'en restera que vingt-trois (3).
Après des combats où l'héroïsme et la confusion, le désespoir et la grandeur dépassent l'imagination, le colonel Charton s'enfonce dans la forêt, au milieu des cadavres et des mourants. Il est suivi de quatre hommes: le lieutenant Clerget, le lieutenant Bross et son ordonnance Walter Reiss, et le sergent-chef Shoenberger.
Au bout d'un kilomètre, le tir ennemi se déclenche sur eux à bout portant. Essayant de protéger le colonel, Shoenberger est coupé en deux par une rafale. Reiss tombe à son tour, Charton reçoit une balle qui lui brise le nez, une seconde dans la hanche et des éclats de grenade dans l'abdomen. Les Viêts s'approchent et le colonel tue le premier d'un coup de carabine. C'était sa dernière balle. Bross et Clerget, indemnes, mais à bout de munitions, se défendent à coup de crosse, mais ils sont ceinturés et entravés.
Les blessures de Charton sont examinées par un médecin ou par un infirmier, il ne le saura jamais.
- Ce n'est pas grave, colonel, vous pouvez marcher.
- Colonel, ajoute un autre gradé viêt, vos amis vont vous aider pour marcher. C'est seulement pour quelques heures. Après, on vous portera.
Une longue marche commence qui ne s'arrêtera que le 8 octobre. On leur fait emprunter un sentier abrupt, tracé dans la montagne. Il leur faudra quatre heures pour le gravir. Ensuite, ils progressent en direction de la Chine.
Dès leur arrivée, un chef viêt, important sans doute, informe Charton:
- Vous allez devoir quitter vos officiers, colonel. Ils vont prendre la direction d'un camp de rééducation. Maintenant, nous allons vous porter et nous vous soignerons.
Charton face à Giap
Au milieu des blessés qui sont là par centaines, Charton est transporté sur son brancard. Vers 16 heures, un regard vers le légionnaire qui se trouve à sa droite lui apprend que l'homme est mort. Un quart d'heure se passe et un nouveau blessé prend la place du précédent. Il déclare, dans un faible sourire:
- Lieutenant Faulque, mon colonel, 1°B.E.P. J'ai appris votre présence et j'ai demandé à être installé à vos côtés ils ont accepté.
Les deux Français échangent quelques paroles, puis une vingtaine d'hommes s'approchent de la civière de Charton.
Le premier d'entre eux, colonel de l'armée vietminh, s'incline et demande à lui serrer les mains. Emu et surpris Charton accepte. '
- Tous les hommes derrière moi sont des officiers, dit le colonel vietminh.
-Eux aussi, voudraient serrer votre main.
- Tout ceci est plutôt sympathique, déclare Charton à Faulque, dès que le dernier homme de l'étrange défilé s'est éloigné.
- Ne vous y fiez pas, mon colonel, ce sont des militaires. Lorsque vous entendrez pour la première fois: « Camarade Charton », vous serez alors entre les mains des politiques. A ce moment-là, la musique risque de changer.
A 19 heures, deux brancardiers se saisissent de la civière de Charton et l'emmènent, d'un pas hâtif. Vers une heure du matin, le trio parvient à un village. Charton s'endort aussitôt. A deux heures quinze, il est brutalement réveillé.
- Réveillez-vous, colonel, notre général veut vous parler.
- Votre général?
- Le général Giap, votre vainqueur.
Soyez très poli avec lui.
- S'il est poli avec moi, Je serai poli avec lui, réplique Charton.
C'est alors, entre le colonel Charton et le général Giap un hallucinant dialogue où chaque réponse est interprétée par le Viêt de façon insidieuse. La moindre phrase prend une tournure politique.
- Que pensez-vous des ordres que vous avez reçus, colonel Charton?
- Je n'ai pas à discuter les ordres que je reçois.
Et Giap, triomphant, s'adresse au groupe d'élèves - une vingtaine d'hommes - qui assistent à l'interrogatoire:
- Vous avez entendu? Notez: « Dans les armées impérialistes, un officier supérieur n'est qu'une machine qui exécute les ordres, même si on lui ordonne d'assassiner les femmes et les enfants. »
Toute la nuit, le dialogue s'éternise, sans qu'il n'en sorte rien. A l'aube, les militaires disparaissent. Un nouvel homme arrive. C'est le premier commissaire politique.
- Camarade Charton, nous allons vous rééduquer, déclare-t-il. « Attention, mon colonel, quand ils vous appelleront camarade, méfiez-vous », avait dit Faulque, sur sa civière.
Quatre ans plus tard, le colonel Charton apprendra, lors de sa libération, que Faulque a survécu. Le lieutenant du B.E.P. a fait partie du troupeau de morts vivants que le Viêt-minh rendit aux Français à condition qu'un Junker vienne les chercher sur la piste de That Khé - une piste trop courte pour un avion de cette puissance où son atterrissage était considéré comme impossible. Le pilote qui avait réalisé l'exploit de poser son appareil, de charger les mourants et de repartir sans casse, était le capitaine de Fontange.
Les canons de Mattei
Depuis le 6 octobre à Lang Son, l'état-major a réalisé l'ampleur du désastre. Alors que les colonnes Charton et Le Page agonisent dans les calcaires de Coc Xa, les Viêts frappent au Sud. That Khé, occupé par deux compagnies de légionnaires, et Na Cham sont attaqués à leur tour. Toute la RC. 4 paraît perdue. C'est une question de jours, peut-être d'heures.
L'ordre est alors donné d'évacuer la vieille route coloniale. On essayera de tenir That Khé qui servira de havre aux survivants, jusqu'au 10 octobre. Seulement, les Viêts sont partout. Le général Giap, dédaignant That Khé, comme naguère Cao Bang, va frapper au centre. Il veut couper la R.C. 4 entre That Khé et Lang Son. Pour cela, il lui faut prendre Na Cham tenu par le capitaine Mattei, commandant la 2° compagnie du 5° Etranger, et surtout Bo Cuong, le poste nain qui contrôle le col de Lung Vaï.
Tant que la poignée de légionnaires qui l'occupe ne sera pas délogée, le col restera franchissable pour les rescapés. En revanche, si le Viêt-minh parvient à s'en emparer, le repli vers Lang Son ne sera même plus envisageable et le bataillon de parachutistes coloniaux que l'on vient de larguer sur That Khé ne représentera, pour les Viêts, qu'une victime supplémentaire. .
Dans la soirée du 6 octobre, le capitaine Mattei établit un contact radio avec son adjoint, le lieutenant Jaluzot, enfermé avec ses douze légionnaires et quinze partisans dans son poste-terrier de Bo Cuong.
- Tu dois tenir, Jaluzot. Si les Viêts prennent ton poste, ils bloquent le col et c'est foutu! Des milliers de vies humaines sont entre tes mains.
L'attaque commence à 20 h 15 par un tir de mortier qui ne s'interrompt qu'à 21 heures. Puis, c'est le silence. Vers minuit, changeant de tactique, une multitude de rebelles se ruent à l'assaut du poste. Une demi-heure plus tard, c'est l'agonie.
Le contact radio vient d'être interrompu. Une seule certitude: tous les hommes sont intacts, mais les Viêts sont à portée de grenade.
Risquant le tout pour le tout, jouant sur la solidité du toit qui, d'ailleurs, a résisté aux mortiers viêts, Mattei prend une décision qui peut lui coûter sa carrière: il ordonne d'ouvrir, avec ses deux 105 et ses deux 75, un tir ininterrompu sur le poste dans lequel sont enfermés Jaluzot et ses hommes. A l'aube, il saute dans sa jeep. Pour lui, une seule question. Angoissante: le dôme du poste a-t-il résisté au tir infernal? Miracle ! le toit a tenu, le déluge de plomb a obligé l'ennemi, vaincu, à se replier. Hagards, hallucinés, choqués, les hommes - tous blessés, pas un seul grièvement - embarquent, comme des fous, à bord de la jeep et du Dodge six roues qui suivait.
Jusqu'au 14 octobre, Mattei, sa 2° compagnie et un renfort de Sénégalais, expédié par Constans, tiendront Na Cham.
Le 15 octobre, c'est le départ. La longue marche vers Lang Son commence sur la R.C. 4 abandonnée.
Le 16 octobre, Mattei, dont la seule joie est de savoir que, parmi les rescapés du B.E.P. se trouve le capitaine Jeanpierre, reprend la route d'Hanoi.

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Message par Invité Mar 10 Nov - 17:37

L'humiliation de Cao Bang 131110

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L'humiliation de Cao Bang 141210


Cette route, pour la Légion, ne s'arrêtera qu'à Diên Biên Phu.
PAUL BONNECARRERE
(1) Cette heure a été fixée par Lang Son (général Marchand, adjoint d'Alessandri, et colonel Constans). Le général Carpentier dira qu'il avait préconisé un départ au début de la nuit afin qu'à l'aube du 3 octobre la colonne soit déjà loin. (N.D.L.R.)
(2) En fait, Le Page vient seulement d'apprendre par un message lesté lancé d'un avion que sa mission véritable est de joindre et de soutenir la colonne Charton dans son repli sur That Khé (N.D.L.R)
(3) Ils arrivent à That Khé, conduits par Jeanpierre.
A That Khé, Carpentier a fait parachuter le : le B.C.C.P. (Bataillon colonial de commandos parachutistes). C'est là qu'à partir du 7 octobre ils recueillent les petits paquets de survivants. Quand That Khé reçoit l'ordre d'évacuer - de nuit, sans rien détruire- le 1° B.C.C.P. marche en queue pour contenir les Viêts. Il sera anéanti. Cinq hommes seulement rejoindront Lang Son. (N, D.L.R.)

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Message par Admin Jeu 10 Déc - 8:47

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Message par Invité Jeu 10 Déc - 11:22

Merci Daniel L'humiliation de Cao Bang 572990

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Message par Invité Lun 28 Déc - 11:06

Je rajoute un texte ecrit par un ami d'a peu pres mon age qui vit au Vietnam

Beaucoup
de touristes font la route de Langson à Cao Bang sans trop savoir–ou pas du tout- ce qui s’y est passé en 1950. Et pourtant, le 7 octobre 1950 devrait être une date capitale dans l’histoire du monde moderne : en effet, pour la première fois, un peuple colonisé en rébellion a fait subir à une armée de colonisateurs une défaite sanglante qui, en ce qui concerne la France, a annoncé la conclusion inéluctable, reculée de 4 ans par la bêtise des gouvernements de
l’époque : Dien Bien Phu. En fait, la Guerre d’Indochine a été perdue le 7 octobre 1950.




LES ACTEURS:

Du coté asiatique: Ho Chi Minh et Giap, qui sont enfouis dans les calcaires du Nord Est, des bandes Vietminh sans rien, et Mao qui est en train de repousser les troupes de Chang Kai Check sur la frontière sino-vietnamienne.

Du coté français, un gouvernement ignorant tout de l’Indochine, mais aimant beaucoup les milliards qu’elle rapporte, des gros capitalistes installés en Indochine (Banque d’Indochine, Brasseries et Glacières d’Indochine, Michelin -les plantations de caoutchouc- etc.), bien pourris, qui bloquent toutes réformes pour continuer à se remplir les poches, et un Corps Expéditionnaire, les meilleures troupes du monde de l’époque -45% d’anciens SS dans la Légion, tous les Seigneurs de la Guerre qui deviendront célèbres: Bigeard, Jean-Pierre, Faulques, Elie de Saint Marc, Ponchardier (ben
oui, le future auteur des romans de la Série Noire “Le Gorille”), Vandenberg, “Le Seigneur du delta”, etc. , anciens résistants ou troupes de la 2e DB de Leclerc et de la 1ère Armée de de Lattre, sans oublier les redoutables guerriers qu’étaient les Tabors marocains. Malheureusement pour eux, ce merveilleux outil militaire est commandé par un crétin complet, mais très doué pour magouiller au Ministère de la Guerre, le Général Carpentier, que de Lattre avait viré pour incompétence en 1944. Cet énergumène considère qu’il n’a à connaître ni le terrain, pourtant capital dans une guerre comme celle-là, ni la troupe : c’est l’affaire des subalternes. Lui, il doit rester dans son bureau climatisé de Saigon et faire des synthèses, superbes rapports bien léchés expliquant au gouvernement que tout allait de mieux en mieux (curieux comme l’histoire se répète ; ce sont les mêmes mensonges perpétrés par les généraux US pendant la Guerre du Vietnam, avec les mêmes résultats). En fait, juste avant le désastre, ce crétin affirmait au gouvernement qu’il “avait la situation bien en main et pourrait vraisemblablement renvoyer des
troupes en France sous peu”. Le résultat de cette nullité : en 1950, il n’avait encore jamais mis les pieds au Tonkin, sauf pour une rapide visite de Hanoï.


LE CADRE

Le Nord-Est, qui, à partir de Dong Khé, est un capharnaüm de pics calcaires couverts de jungles et truffés de grottes, sillonnées de petites routes et de pistes qui ne sont que d’immenses coupe-gorges. L’artère principale, c’est la fameuse Route Coloniale No. 4 (RC4) qui longe toute la frontière de Chine de Monkai, au nord de la Baie d’Along, jusqu’à Cao Bang. C’est une route super-stratégique car elle contrôle les 3 seules portes de la Chine au nord du Tonkin: Mon Cai près du Golfe du Tonkin, Lang Son au centre, et Cao Bang au nord-est. Qui la contrôle bloque tout
le trafic routier entre la Chine et le Tonkin. De Langson à Dong Khé, à mi-chemin entre Langson et Cao Bang, la route sillonne une vallée bordées de collines cultivées, et ne présente pas de points particulièrement dangereux. A partir de Dong Khé, c’est le coupe-gorge intégral : la route longe la rivière avec, à plomb sur la route à gauche, les pics calcaires couverts de jungle, et à droite, idem sur la rivière. Toute manoeuvre y est impossible. Un petit canon de montagne dans une grotte dominant la route –et il y en a des centaines- détruisant les camions de tête et de queue d’un convoi, et BOOM, plus de convoi. C’est ce que Giap savait bien, et Carpentier pas du tout, vu qu’il n’y avait jamais mis les pieds et, de toute façon, refusait d’écouter les nombreux officiers, eux bien au courant de la situation, qui prédisaient une catastrophe et préconisaient l’évacuation.


LES PREMICES

Début 1950, les troupes de Mao arrivent à la frontière du Vietnam, repoussant les troupes nationalistes au Nord Tonkin, que les français parviennent à désarmer, et en Thaïlande du Nord, où elles s’installent dans le Triangle d’or, et en plus des plantations de thé, organisent le trafic d’opium, dont elles contrôleront 80% de la production mondiale dans les années 60-80. Mao a maintenant récupéré les gigantesques dépôts d’armement américains et les camps du Yunnan, où il invite Giap à former des divisions entières, entraînées et surarmées par ses généraux. Les services secrets français, pas plus nuls que les autres, sont parfaitement au courant de la situation et en informent l’Etat Major, qui ne fait rien à part envoyer la Légion à Cao Bang (le célèbre 2e BEP sous les ordres d’un célèbre guerrier, le Colonel Charton) et dans les postes le long de la RC4, que le Vietminh ne cesse de harceler.
Certains convois de ravitaillement perdent jusqu’à 80% de leurs camions entre Dong Khé et Cao Bang.


LE DRAME

Le 17 septembre 1950, c’est le coup de semonce : les viets s’emparent de Dong Khé et coupent la RC4 en deux. Carpentier décide donc de l’évacuer jusqu’à Langson, ce qui était fort possible par pont aérien, mais, toujours aussi futé, il décide que cela se fera….par la route. Son plan est qu’une colonne dirigée par Lepage, un colonel d’artillerie (!!!!) remontera la route à partir de Langson, reprendra Dong Khé, et rencontrera ensuite la colonne de Cao Bang. Donc, tout ce beau plan repose sur le fait que Dong Khé sera repris.
Charton quitte donc Cao Bang en emmenant tous les civils –ce qui explique en grande partie l’échec de l’évacuation, et il le savait mais avait refusé de les abandonner à un sort certain. Bien entendu, rien ne passe comme prévu : Lepage ne peut pas reprendre Dong Khé, malgré l’héroïsme des parachutistes du 3e BPC, et la route reste donc coupée ; de plus, Lepage se fait tronçonner par des Vietminh super-entraînés et, au lieu de secourir Charton, c’est maintenant lui qui lui demande de venir à son secours. Charton quitte la RC4 pour prendre une piste contournant
Dong Khé avec ses 2000 civils, dont pas un seul ne réchappera, le rendez-vous des deux colonnes devant se faire dans la petite vallée de Coc Xa. C’est le rendez-vous de la mort. Cerné par le Vietminh, les 2 colonnes y sont anéanties le 7 octobre 1950 -d’où le terme militaire bien connu « se faire coxé ». Une dizaine d’hommes parviendront à rejoindre Langson après avoir err
é des semaines dans la jungle ; quant aux autres, ils sont morts, ou connaîtront les terribles camps vietminh dont de Saint Marc, qui a connu les deux, dira qu’ils étaient pires que les camps de concentration nazis; seuls quelques officiers et hommes de troupe squelettiques -surtout nord-africains,
maintenant bien endoctrinés à la guerre anti-coloniale- seront libérés en 1951 à l’arrivée de Lattre, nommé Commandant en Chef et Gouverneur de l’Indochine, où lui et son fils Bernard laisseront l’un sa santé, et l’autre sa vie sur le piton de No Nuoc à Ninh Binh.


LA HONTE

Après le drame, la honte intégrale, la panique noire des français. Alors que Langson était imprenable, Carpentier décide de l’abandonner « par surprise », donc en ne faisant sauter ni les énormes forts ceinturant la ville, ni les dépôts de tout, qui sont tellement gigantesques qu’ils suffiront à alimenter les troupes de Giap pendant 1 an. De Lattre sauvera la situation en 2 batailles sanglantes : Vin Yenh à l’ouest de Hanoï et Mao Khé au nord, mais, dès le 7 octobre, la guerre est perdue, Giap contrôlant maintenant toute la zone nord-est d’où hommes -y compris de
nombreux techniciens chinois et même, de l’avis de beaucoup, des troupes- et surtout convois de ravitaillement passeront sans problème jusqu’à Dien Bien Phu.


Dernière édition par lafleur931 le Lun 28 Déc - 11:19, édité 1 fois (Raison : mise en page)

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Message par olivier Lun 28 Déc - 16:45

quel gachis L'humiliation de Cao Bang 221309
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Message par Admin Lun 28 Déc - 18:42

Merci Lafleur L'humiliation de Cao Bang 4845
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Message par Bushman Lun 28 Déc - 21:51

Merci Lafleur,

Ou les guerres se perdent il ya toujours un idiot au sommet.

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Message par Invité Lun 28 Déc - 22:30

encore une erreur de commandement en plus...

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Message par Admin Mar 29 Déc - 9:11

c'est vrais que c'était une grosse connerie au niveau supérieur de Commandement mais pour nous Légionnaire ce fut une page de gloire et non d'humiliation les BEP ont marquer de leurs sang ce fait d'Histoire L'humiliation de Cao Bang 4845
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Message par Bushman Mar 29 Déc - 10:16

Il faut situer l'epoque, le gouvernement et les gens qui etaient contre la Guerre d'Indo.
Le retrait de la RC4 a ete le debut de la fin de la guerre d'Indo.
Tout a ete fait pour que la France se retire de cette guerre qui coutait trop d'argent.( le sang et les vies ils s'en foutaient)

La Chine etant alliee avec le Nord Vietnam il etait certain qu'ils allaient surpasser par 50/1 nos hommes.
Nos Anciens ont ete trahis par un Etat Major de cons. Un gouvernement de PD et des socialo-communistes de merde.
L'indo etait la Guerre des capitaines comme celle d'Algerie qui etait celle des sergents. La Rc4 aurait ete imprenable sans le retrait de Coa Bang. avec des renforcements sur Tha Khe, Langsong, Dong Khe. La route coupait l'avancee des divisions Viet mais un de nos strategiste qui n'avait jamai effectue un tour de duty sur le terrain,a tout foutu en L'air et a coute la vie a beaucoups de nos soldalts de tout les corps d'armee engages.
La colonne Lepage aurait du renforcer Tha khe et non pas essayer de faire une junction avec la Colonne Charton qui n'aurait jamais du quitte Cao Bang.
Uncle Ho et Giap on du bien rigole de nos strateges.

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Message par olivier Mar 29 Déc - 10:52

" M A C V P "
kata tu a tout a fait raison
Daniel pour vous légionnaires ses une page de gloire j'en convient mais ils auraient pu un peu réfléchir avant d'envoyer des hommes
et leur donner un peu plus de moyen L'humiliation de Cao Bang 172170
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Message par Invité Mar 29 Déc - 11:29

OUI un beau gachis
et ca leur a pas suffit
ils ont continuer a Dien bien Phu

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Message par commandoair40 Dim 2 Juin - 12:41

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