le siège de Sarajevo.
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le siège de Sarajevo.
Sarajevo, merveille des Balkans,
la seule ville au monde avec Jérusalem où l'on peut trouver dans un
même quartier des mosquées, des églises orthodoxes, des synagogues et
des églises catholiques, se transforma en enfer pour tous ses habitants
du printemps 1992 à l'été 1995. Retour en arrière, en images et en
textes, sur les heures les plus sombres de la ville : le siège de
Sarajevo.
Sommaire
Le pont Suada Dilberovic
Le
6 avril 1992, une foule de manifestants défile joyeusement dans les
rues pour fêter l'indépendance fraîchement acquise. La foule descend
l'avenue du Maréchal Tito
puis traverse un pont sur la Miljacka, la rivière qui coule au milieu
de la ville. De l'autre côté du pont, l'armée fait feu sans aucune
raison. Une jeune étudiante est tuée. Elle est parfois considérée comme
la première victime de la guerre de Bosnie,
ce qui n'est pas vrai, car il y avait déjà eu des tueries dans le Nord
du pays. Mais c'est la première à tomber à Sarajevo. Aujourd'hui le pont
porte son nom : Suada Dilberovic.
Tirs sur la foule à Sarajevo, le 6 avril 1992
Pont sur la Miljacka
Les voyous de Sarajevo
La
défense de la ville fut d'abord effectuée non pas par des militaires,
mais par un certain nombre de gangsters, des anciens de la mafia
habitués des prisons bosniennes, qui du jour au lendemain se
transformèrent en défenseurs plus ou moins héroïques, et plus ou moins
approuvés par le gouvernement lui-même. On les surnommait les voyous de Sarajevo,
des bandits reconvertis militaires, à la tête de milices combattantes.
Parmi eux, trois ont laissé leur nom dans l'histoire : Ramiz Delalić dit
Ćelo, Mušan Topalović dit Caco, et Jusuf Prazina dit Juka.
Caco,
avant le siège, avait été trafiquant, voleur et même musicien de rock.
Dès le printemps 1992, il prend de lui-même la tête d'une brigade et se
livre à de violents combats contre les forces serbes. On lui reconnaît
un certain nombre de victoires, mais aussi des tueries brutales, y
compris contre des civils. Le voyou Juka, qui avait déjà fait cinq
séjours en prison, suivit le même chemin à sa manière, avec en plus une
dose de poésie : il avait acheté un cheval blanc au mont Igman et
entendait pénétrer dans la ville libérée à cheval ! Il était parfois
comparé à Robin des bois, car il dévalisait des magasins pour faire
cadeau d'une partie du butin aux hôpitaux. Malheureusement, ces belles
légendes sont à nuancer : Juka est coupable d'exactions à l'encontre de
civils, souvent pour des raisons complètement étrangères à la guerre
elle-même (des règlements de compte). Quant au troisième voyou, Ćelo, il
est le moins controversé, sans doute parce qu'il est resté proche et
fidèle du président de la République Alija Izetbegović jusqu'au bout.
Les deux premiers voyous (Caco et Juka) ont été abattus pendant la
guerre. Ćelo est mort assassiné lui aussi, mais beaucoup plus tard, le
27 juin 2007, dans des circonstances obscures.
Les "voyous de Sarajevo" : Ramiz Delalić dit Ćelo, Mušan Topalović dit Caco, et Jusuf Prazina dit Juka
Pour plus de détails sur ces trois hommes, lire notre article : les voyous de Sarajevo.
La rue de la boulangerie
Emplacement de la boulangerie
Ici, précisément, se trouvait une boulangerie. La file
d'attente était longue car le pain manquait à Sarajevo. Le 27 mai 1992,
un obus s'écrasa sur la foule, tuant une vingtaine de personnes. Ce fut
le premier carnage massif du siège.
La bibliothèque nationale
La bibliothèque nationale
La bibliothèque nationale de Sarajevo était le plus grand trésor culturel des Balkans.
Un million et demi de livres, dont 155 000 livres rares et 500
manuscrits. La totalité de la littérature bosnienne se trouvait là. Le
bâtiment lui-même était un chef-d'oeuvre d'architecture, construit au
XIXème siècle dans le style néo-maure. Dans la nuit du 25 au 26 août,
les Tchetniks bombardent et détruisent la bibliothèque de Sarajevo. 80% des livres disparaissent dans l'incendie. Un immense carnage culturel.
Il y a quelques années, la reconstruction de la bibliothèque de Sarajevo a commencé. Mais elle a été arrêtée, faute de moyens. Et puis les livres, eux, ne reviendront jamais...
Le marché de Markale
Le marché de Markale aujourd'hui
Sur ce marché, l'un des plus fréquentés de Sarajevo, un
obus s'écrasa le 5 février 1994, tuant à lui tout seul 66 personnes et
faisant plus de 200 blessés, la plupart amputés ou invalides à vie.
Quelques
jours plus tard une autre bombe frappa le peuple, psychologique cette
fois-ci : un journaliste américain répandit la rumeur selon laquelle
c'était les Bosniaques qui s'étaient bombardés eux-mêmes, afin que le
monde s'apitoie sur leur sort. Cette rumeur, aussi absurde, illogique,
honteuse et scandaleuse qu'elle soit, se répandit pourtant comme une
traînée de poudre, relayée pour cela par Boutros Boutros-Ghali
(secrétaire général de l'ONU) et François Mitterrand (président de la
République française). Apparemment, Monsieur Boutros-Ghali n'était pas
suffisamment satisfait de son incompétence totale et de son inefficacité
absolue (lire : L'ONU en Bosnie),
il lui fallait encore calomnier le peuple dont il était sensé assurer
la protection. Quant à Monsieur Mitterrand, tout le monde sait qu'il
était du côté des ultra-nationalistes serbes, et ce bien avant le début
des conflits (lire : François Mitterrand à Sarajevo).
Le marché après le carnage
Le marché après le carnage
Le marché après le carnage
Une commission d'enquête de l'ONU a été chargée d'étudier
l'impact de l'obus. La commission a déterminé quelle arme avait envoyé
l'obus. Les Bosniaques ne possédaient pas cette arme, alors que les
armées qui encerclaient la ville la possédaient en grande quantité. Mais
la rumeur a persisté.
Un second obus tomba pendant le siège sur
ce même marché le 28 août 1995, faisant 28 morts supplémentaires. Cette
fois-ci, personne n'osa répandre une nouvelle rumeur. Il faut dire que
c'était un mois après Srebrenica (8000 Bosniaques massacrés)... il eût
été tout à fait indécent de faire croire à un nouveau "suicide" du
peuple bosniaque.
Le général Divjak
Peu
à peu, la résistance s'est organisée, et n'a plus été le seul fait de
gangsters marginaux. Une armée s'est constituée, encerclant la ville,
faisant face aux troupes tchetniks, dans une sorte de guerre des
tranchées des temps modernes. Fait capital : cette armée de défense
était dirigée par un Serbe ! Le général Jovan Divjak.
Une belle preuve que cette guerre n'était pas simplement un combat
entre ethnies : certains se battaient non pas pour leur soit-disant
peuple, mais pour des valeurs, en l'occurrence la protection d'une ville
assaillie. Le général Divjak
est aujourd'hui encore considéré comme un héros. Depuis la guerre, il
s'occupe d'associations d'orphelins. Pour plus d'informations, lire
notre article : Jovan Divjak.
Le général Jovan Divjak
Dans les tranchées autour de Sarajevo
Bosko et Admira, les "Roméo et Juliette" de Sarajevo
Bosko
était serbe, Admira était bosniaque, et ils avaient tous deux 25 ans.
Ils s'aimaient depuis huit ans déjà, et cet amour entre un Serbe et une
Bosniaque symbolisait bien l'harmonie entre les peuples avant la guerre.
En mai 1993, ils décident de quitter l'enfer de Sarajevo pour rejoindre
la Tchecoslovaquie, via Belgrade. Pour cela il leur faut franchir un
pont sur la Miljacka. Des soldats leur promettent de cesser le feu le
temps de leur traversée. Mais dès qu'ils sont sur le pont, ils se font
mitrailler. Bosko tombe raide mort, Admira rampe jusqu'à lui et meurt
peu après, serrée contre lui. Personne n'osant ramasser les corps, les
deux amoureux gisent au sol une semaine. Même les Casques bleus refusent
de faire la besogne, prétextant qu'ils ne sont pas censés ramasser les
morts ailleurs qu'à l'aéroport.
Bosko et Admira sont considérés
comme les Roméo et Juliette de Sarajevo, victimes de leur amour
impossible. Dans quelques mois (en février 2011), un film retraçant leur
histoire sortira sur les écrans, écrit et réalisé par Angelina Jolie.
Boško Brkić et Admira Ismić
Dobrinja
Quartier de Dobrinja aujourd'hui
A l'origine, ce quartier était la cité olympique construite au début des années 80, puisque Sarajevo a accueilli les JO d'hiver en 1984.
C'est devenu ensuite un quartier moderne où il faisait bon vivre. Mais
la Dobrinja se trouvait juste à côté de l'aéroport, endroit stratégique
extrêmement important. Le quartier fut littéralement ravagé dès les
premiers mois du siège. La majeure partie de la population s'était
heureusement enfuie avant. Puis pendant trois ans, ce quartier s'est
transformé en champ de guérilla urbaine.
Aujourd'hui encore, la
Dobrinja reste le quartier de Sarajevo le plus touché physiquement par
le siège. Chaque mur de chaque immeuble est criblé de dizaines de
milliers d'impacts de balles et d'éclats d'obus. Malgré cela il s'est
repeuplé, et on a retrouvé l'ambiance conviviale d'avant guerre. Les
gens sont heureux de vivre à la Dobrinja.
Sniper allée
Sniper allée (boulevard Selimovic)
Sarajevo est traversé par un immense boulevard de 10 kilomètres de long. Pendant la guerre de Bosnie
on le surnommait "Sniper allée". Car des snipers (tireurs d'élite) se
cachaient en haut des buildings désertés et tiraient sur les passants,
en bas... Ces snipers étaient souvent des mercenaires qui recevaient une
prime pour chacune de leur victime. Quand leur proie était une jeune
fille ou une fillette, la prime reçue était double, car cela faisait une
"mère porteuse" potentielle en moins (on retrouve là l'idée d'épuration
ethnique). Des dizaines d'enfants sont morts sur ces trottoirs, d'une
balle dans la tête (en tout 1500 enfants ont été tués pendant le siège
de Sarajevo).
Un homme touché à la jambe par un sniper
Un homme touché à la jambe par un sniper
Le violoncelliste de Sarajevo
Vedran
Smajlović, plus connu sous le pseudonyme de "violoncelliste de
Sarajevo", est un musicien classique qui mit du baume au coeur des
habitants de la ville pendant toute la durée du siège de Sarajevo en
jouant dans les rues.
Vedran Smajlović, né en 1956, était musicien
dans plusieurs formations : l'orchestre philharmonique de Sarajevo, le
Théâtre national de Sarajevo, sans oublier le fameux Quatuor à cordes de
Sarajevo. En 1992, lorsque la ville est assiégée, il décide de jouer
pour les gens dans la rue. Les Saréjéviens ont pu le voir (et surtout
l'écouter) dans la rue, au hasard des trottoirs, au risque d'être blessé
par des obus ou des tirs de snipers. Il jouait aussi régulièrement lors
des funérailles des habitants morts de la guerre, ou bien encore dans
les ruines de la Bibliothèque nationale.
Après la guerre, Vedran
Smajlović a décidé de se retirer en Irlande du Nord, où il se consacre
désormais à la composition et au jeu d'échecs. Il a décidé de ne plus se
produire en public, excepté pour des oeuvres de charité et de mémoire.
Très marqué psychologiquement par le siège de Sarajevo, il n'aspire plus
qu'à la paix et à la tranquillité.
Vedran Smajlović photographié par Mikhail Evstafiev
Le tunnel
Ce
tunnel, construit en 1993, fut pendant longtemps la seule porte
d'entrée et de sortie de la ville. Une issue top secrète et
ultra-précieuse, car c'est aussi ici que passait le seul câble
d'alimentation électrique de la ville. Long de 800 mètres pour seulement
un mètre de large et 1,60 mètres de haut, les hommes le suivaient le
dos courbé en marchant dans un flot d'eau boueuse. Les hommes, mais
aussi des femmes, des enfants et des familles toutes entières qui
fuyaient la ville. Ce tunnel partait de la Dobrinja, passait sous
l'aéroport, et aboutissait dans les quartiers déserts et ravagés de
l'extrême ouest de la ville. Ici, c'était le territoire libre, non
conquis par les Tchetniks. Mais une fois en territoire "libre", où aller
? La guerre était partout, dans tout le pays...
Le tunnel
la seule ville au monde avec Jérusalem où l'on peut trouver dans un
même quartier des mosquées, des églises orthodoxes, des synagogues et
des églises catholiques, se transforma en enfer pour tous ses habitants
du printemps 1992 à l'été 1995. Retour en arrière, en images et en
textes, sur les heures les plus sombres de la ville : le siège de
Sarajevo.
Sommaire
- Le pont Suada Dilberovic
- Les voyous de Sarajevo
- La rue de la boulangerie
- La bibliothèque nationale
- Le marché de Markale
- Le général Divjak
- Bosko et Admira
- Dobrinja
- Sniper allée
- Le violoncelliste de Sarajevo
- Le tunnel
- La chanson de Henda
Le pont Suada Dilberovic
Le
6 avril 1992, une foule de manifestants défile joyeusement dans les
rues pour fêter l'indépendance fraîchement acquise. La foule descend
l'avenue du Maréchal Tito
puis traverse un pont sur la Miljacka, la rivière qui coule au milieu
de la ville. De l'autre côté du pont, l'armée fait feu sans aucune
raison. Une jeune étudiante est tuée. Elle est parfois considérée comme
la première victime de la guerre de Bosnie,
ce qui n'est pas vrai, car il y avait déjà eu des tueries dans le Nord
du pays. Mais c'est la première à tomber à Sarajevo. Aujourd'hui le pont
porte son nom : Suada Dilberovic.
Tirs sur la foule à Sarajevo, le 6 avril 1992
Pont sur la Miljacka
Les voyous de Sarajevo
La
défense de la ville fut d'abord effectuée non pas par des militaires,
mais par un certain nombre de gangsters, des anciens de la mafia
habitués des prisons bosniennes, qui du jour au lendemain se
transformèrent en défenseurs plus ou moins héroïques, et plus ou moins
approuvés par le gouvernement lui-même. On les surnommait les voyous de Sarajevo,
des bandits reconvertis militaires, à la tête de milices combattantes.
Parmi eux, trois ont laissé leur nom dans l'histoire : Ramiz Delalić dit
Ćelo, Mušan Topalović dit Caco, et Jusuf Prazina dit Juka.
Caco,
avant le siège, avait été trafiquant, voleur et même musicien de rock.
Dès le printemps 1992, il prend de lui-même la tête d'une brigade et se
livre à de violents combats contre les forces serbes. On lui reconnaît
un certain nombre de victoires, mais aussi des tueries brutales, y
compris contre des civils. Le voyou Juka, qui avait déjà fait cinq
séjours en prison, suivit le même chemin à sa manière, avec en plus une
dose de poésie : il avait acheté un cheval blanc au mont Igman et
entendait pénétrer dans la ville libérée à cheval ! Il était parfois
comparé à Robin des bois, car il dévalisait des magasins pour faire
cadeau d'une partie du butin aux hôpitaux. Malheureusement, ces belles
légendes sont à nuancer : Juka est coupable d'exactions à l'encontre de
civils, souvent pour des raisons complètement étrangères à la guerre
elle-même (des règlements de compte). Quant au troisième voyou, Ćelo, il
est le moins controversé, sans doute parce qu'il est resté proche et
fidèle du président de la République Alija Izetbegović jusqu'au bout.
Les deux premiers voyous (Caco et Juka) ont été abattus pendant la
guerre. Ćelo est mort assassiné lui aussi, mais beaucoup plus tard, le
27 juin 2007, dans des circonstances obscures.
Les "voyous de Sarajevo" : Ramiz Delalić dit Ćelo, Mušan Topalović dit Caco, et Jusuf Prazina dit Juka
Pour plus de détails sur ces trois hommes, lire notre article : les voyous de Sarajevo.
La rue de la boulangerie
Emplacement de la boulangerie
Ici, précisément, se trouvait une boulangerie. La file
d'attente était longue car le pain manquait à Sarajevo. Le 27 mai 1992,
un obus s'écrasa sur la foule, tuant une vingtaine de personnes. Ce fut
le premier carnage massif du siège.
La bibliothèque nationale
La bibliothèque nationale
La bibliothèque nationale de Sarajevo était le plus grand trésor culturel des Balkans.
Un million et demi de livres, dont 155 000 livres rares et 500
manuscrits. La totalité de la littérature bosnienne se trouvait là. Le
bâtiment lui-même était un chef-d'oeuvre d'architecture, construit au
XIXème siècle dans le style néo-maure. Dans la nuit du 25 au 26 août,
les Tchetniks bombardent et détruisent la bibliothèque de Sarajevo. 80% des livres disparaissent dans l'incendie. Un immense carnage culturel.
Il y a quelques années, la reconstruction de la bibliothèque de Sarajevo a commencé. Mais elle a été arrêtée, faute de moyens. Et puis les livres, eux, ne reviendront jamais...
Le marché de Markale
Le marché de Markale aujourd'hui
Sur ce marché, l'un des plus fréquentés de Sarajevo, un
obus s'écrasa le 5 février 1994, tuant à lui tout seul 66 personnes et
faisant plus de 200 blessés, la plupart amputés ou invalides à vie.
Quelques
jours plus tard une autre bombe frappa le peuple, psychologique cette
fois-ci : un journaliste américain répandit la rumeur selon laquelle
c'était les Bosniaques qui s'étaient bombardés eux-mêmes, afin que le
monde s'apitoie sur leur sort. Cette rumeur, aussi absurde, illogique,
honteuse et scandaleuse qu'elle soit, se répandit pourtant comme une
traînée de poudre, relayée pour cela par Boutros Boutros-Ghali
(secrétaire général de l'ONU) et François Mitterrand (président de la
République française). Apparemment, Monsieur Boutros-Ghali n'était pas
suffisamment satisfait de son incompétence totale et de son inefficacité
absolue (lire : L'ONU en Bosnie),
il lui fallait encore calomnier le peuple dont il était sensé assurer
la protection. Quant à Monsieur Mitterrand, tout le monde sait qu'il
était du côté des ultra-nationalistes serbes, et ce bien avant le début
des conflits (lire : François Mitterrand à Sarajevo).
Le marché après le carnage
Le marché après le carnage
Le marché après le carnage
Une commission d'enquête de l'ONU a été chargée d'étudier
l'impact de l'obus. La commission a déterminé quelle arme avait envoyé
l'obus. Les Bosniaques ne possédaient pas cette arme, alors que les
armées qui encerclaient la ville la possédaient en grande quantité. Mais
la rumeur a persisté.
Un second obus tomba pendant le siège sur
ce même marché le 28 août 1995, faisant 28 morts supplémentaires. Cette
fois-ci, personne n'osa répandre une nouvelle rumeur. Il faut dire que
c'était un mois après Srebrenica (8000 Bosniaques massacrés)... il eût
été tout à fait indécent de faire croire à un nouveau "suicide" du
peuple bosniaque.
Le général Divjak
Peu
à peu, la résistance s'est organisée, et n'a plus été le seul fait de
gangsters marginaux. Une armée s'est constituée, encerclant la ville,
faisant face aux troupes tchetniks, dans une sorte de guerre des
tranchées des temps modernes. Fait capital : cette armée de défense
était dirigée par un Serbe ! Le général Jovan Divjak.
Une belle preuve que cette guerre n'était pas simplement un combat
entre ethnies : certains se battaient non pas pour leur soit-disant
peuple, mais pour des valeurs, en l'occurrence la protection d'une ville
assaillie. Le général Divjak
est aujourd'hui encore considéré comme un héros. Depuis la guerre, il
s'occupe d'associations d'orphelins. Pour plus d'informations, lire
notre article : Jovan Divjak.
Le général Jovan Divjak
Dans les tranchées autour de Sarajevo
Bosko et Admira, les "Roméo et Juliette" de Sarajevo
Bosko
était serbe, Admira était bosniaque, et ils avaient tous deux 25 ans.
Ils s'aimaient depuis huit ans déjà, et cet amour entre un Serbe et une
Bosniaque symbolisait bien l'harmonie entre les peuples avant la guerre.
En mai 1993, ils décident de quitter l'enfer de Sarajevo pour rejoindre
la Tchecoslovaquie, via Belgrade. Pour cela il leur faut franchir un
pont sur la Miljacka. Des soldats leur promettent de cesser le feu le
temps de leur traversée. Mais dès qu'ils sont sur le pont, ils se font
mitrailler. Bosko tombe raide mort, Admira rampe jusqu'à lui et meurt
peu après, serrée contre lui. Personne n'osant ramasser les corps, les
deux amoureux gisent au sol une semaine. Même les Casques bleus refusent
de faire la besogne, prétextant qu'ils ne sont pas censés ramasser les
morts ailleurs qu'à l'aéroport.
Bosko et Admira sont considérés
comme les Roméo et Juliette de Sarajevo, victimes de leur amour
impossible. Dans quelques mois (en février 2011), un film retraçant leur
histoire sortira sur les écrans, écrit et réalisé par Angelina Jolie.
Boško Brkić et Admira Ismić
Dobrinja
Quartier de Dobrinja aujourd'hui
A l'origine, ce quartier était la cité olympique construite au début des années 80, puisque Sarajevo a accueilli les JO d'hiver en 1984.
C'est devenu ensuite un quartier moderne où il faisait bon vivre. Mais
la Dobrinja se trouvait juste à côté de l'aéroport, endroit stratégique
extrêmement important. Le quartier fut littéralement ravagé dès les
premiers mois du siège. La majeure partie de la population s'était
heureusement enfuie avant. Puis pendant trois ans, ce quartier s'est
transformé en champ de guérilla urbaine.
Aujourd'hui encore, la
Dobrinja reste le quartier de Sarajevo le plus touché physiquement par
le siège. Chaque mur de chaque immeuble est criblé de dizaines de
milliers d'impacts de balles et d'éclats d'obus. Malgré cela il s'est
repeuplé, et on a retrouvé l'ambiance conviviale d'avant guerre. Les
gens sont heureux de vivre à la Dobrinja.
Sniper allée
Sniper allée (boulevard Selimovic)
Sarajevo est traversé par un immense boulevard de 10 kilomètres de long. Pendant la guerre de Bosnie
on le surnommait "Sniper allée". Car des snipers (tireurs d'élite) se
cachaient en haut des buildings désertés et tiraient sur les passants,
en bas... Ces snipers étaient souvent des mercenaires qui recevaient une
prime pour chacune de leur victime. Quand leur proie était une jeune
fille ou une fillette, la prime reçue était double, car cela faisait une
"mère porteuse" potentielle en moins (on retrouve là l'idée d'épuration
ethnique). Des dizaines d'enfants sont morts sur ces trottoirs, d'une
balle dans la tête (en tout 1500 enfants ont été tués pendant le siège
de Sarajevo).
Un homme touché à la jambe par un sniper
Un homme touché à la jambe par un sniper
Le violoncelliste de Sarajevo
Vedran
Smajlović, plus connu sous le pseudonyme de "violoncelliste de
Sarajevo", est un musicien classique qui mit du baume au coeur des
habitants de la ville pendant toute la durée du siège de Sarajevo en
jouant dans les rues.
Vedran Smajlović, né en 1956, était musicien
dans plusieurs formations : l'orchestre philharmonique de Sarajevo, le
Théâtre national de Sarajevo, sans oublier le fameux Quatuor à cordes de
Sarajevo. En 1992, lorsque la ville est assiégée, il décide de jouer
pour les gens dans la rue. Les Saréjéviens ont pu le voir (et surtout
l'écouter) dans la rue, au hasard des trottoirs, au risque d'être blessé
par des obus ou des tirs de snipers. Il jouait aussi régulièrement lors
des funérailles des habitants morts de la guerre, ou bien encore dans
les ruines de la Bibliothèque nationale.
Après la guerre, Vedran
Smajlović a décidé de se retirer en Irlande du Nord, où il se consacre
désormais à la composition et au jeu d'échecs. Il a décidé de ne plus se
produire en public, excepté pour des oeuvres de charité et de mémoire.
Très marqué psychologiquement par le siège de Sarajevo, il n'aspire plus
qu'à la paix et à la tranquillité.
Vedran Smajlović photographié par Mikhail Evstafiev
Le tunnel
Ce
tunnel, construit en 1993, fut pendant longtemps la seule porte
d'entrée et de sortie de la ville. Une issue top secrète et
ultra-précieuse, car c'est aussi ici que passait le seul câble
d'alimentation électrique de la ville. Long de 800 mètres pour seulement
un mètre de large et 1,60 mètres de haut, les hommes le suivaient le
dos courbé en marchant dans un flot d'eau boueuse. Les hommes, mais
aussi des femmes, des enfants et des familles toutes entières qui
fuyaient la ville. Ce tunnel partait de la Dobrinja, passait sous
l'aéroport, et aboutissait dans les quartiers déserts et ravagés de
l'extrême ouest de la ville. Ici, c'était le territoire libre, non
conquis par les Tchetniks. Mais une fois en territoire "libre", où aller
? La guerre était partout, dans tout le pays...
Le tunnel
Invité- Invité
Re: le siège de Sarajevo.
Merci ;
Très beau post .
Très beau post .
commandoair40- Admin
- Localisation : Marais Poitevin .
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Date d'inscription : 08/06/2012
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