La Légion en Espagne
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La Légion en Espagne
Le prêt entre gouvernements de troupes professionnelles est monnaie courante à l'époque. Mais si le terme de "livraison" est préféré à celui de "cession" dans la convention liant les deux pays, il s'agit cependant bien là d'un transfert pur et simple. Louis-Philippe trouve ainsi le moyen de montrer son soutien à la monarchie constitutionnelle espagnole, tout en évitant l'engagement d'unités "régulières" et les risques d'engrenages.
Les 4.144 légionnaires doivent donc servir Isabelle II jusqu'à l'expiration de leur contrat. Cette décision provoque une vague d'indignation dans un corps qui commence à trouver une certaine cohésion. Les officiers et les légionnaires étrangers sont les plus virulents, alors que la possibilité est laissée aux légionnaires du rang français de refuser cette cession. Le sentiment de révolte est si fort et, après un raidissement de sa position, le gouvernement français doit expliquer en quoi la Légion servira mieux les intérêts de la France en Espagne. La contrainte est assouplie envers les officiers : les étrangers peuvent refuser le départ mais perdront alors leur emploi ; les français ont la possibilité de demander leur transfert vers d'autres unités, sauf ceux en provenance de la vie civile. Des mesures incitatives sont prises pour les inciter au départ avec des promesses de promotions. D'un total final de 85, celles-ci seront rapidement officialisées (6 novembre 1835). 123 officiers et 4.021 sous-officiers et soldats embarquent pour l'Espagne. Ils prennent pied sur le sol espagnol à Tarragone, le 17 août 1835. Les 439 Espagnols du 4e bataillon les ont précédés un an plus tôt.
Après l'échec du siège inconsidéré de Bilbao, imposé par Don Carlos, les Carlistes optent pour une stratégie essentiellement défensive. La mort du général Zumalacarregui devant Bilbao les prive de leur meilleur stratège. Si l'armée carliste compte encore près de 30 000 hommes, ceux-ci sont mal équipés et complètement dépourvus d'artillerie. Ils disposent cependant d'un sanctuaire dans les montagnes du nord du pays où ils bénéficient du soutien total de la population. Les royalistes choisissent alors de les isoler du reste du pays par une ceinture de garnisons de Pampelune à Vitoria. Faute d'effectifs suffisants, ils ne peuvent cependant prendre l'offensive et tablent sur un pourrissement de la situation. L'état-major espagnol décide de disperser les unités de la Légion pour protéger les points les plus menacés, en Catalogne notamment. Il s'en suit une série de combats défensifs où la Légion s'illustre face à des forces nettement supérieures en nombre (Sanahuja, Pons, Artesa, Balaguer). Puis elle intervient en Aragon où un de ses bataillons sauve la ville de Verdun. Le colonel Conrad repousse l'ennemi à trois reprises près du village d'Anguez. Les Carlistes doivent se replier en Navarre.
Au mois de janvier 1836, lors d'une opération menée avec les forces du général en chef espagnol Cordova, dans la sierra Arlabon, la Légion s'empare de l'aile droite du dispositif ennemi qui vient de lancer une offensive. Deux jours plus tard, le froid et la faim la contraignent à évacuer ses positions. Néanmoins, les Carlistes ont subi un nouveau revers.
Même si la cause carliste semble perdue dès le milieu de l'année 1835, il est incontestable que la Légion étrangère joue un rôle décisif dans cette campagne. Elle forme l'épine dorsale des troupes d'Isabelle II, au contraire d'une Légion britannique inefficace car en grande partie constituée par les bas-fonds de Londres. Elle empêche ainsi le conflit de perdurer et ôte aux Carlistes tout espoir d'inverser le cours des événements.
Le rôle du colonel Bernelle est tout aussi déterminant pour l'avenir de la Légion étrangère. Il la transforme en un corps autonome et démontre son aptitude au combat malgré le manque de soutien du gouvernement français comme du gouvernement espagnol.
Le général Bernelle
En avril 1833, il prend le commandement de la Légion étrangère. Souvent décrié pour son intransigeance et les interventions répétés de sa femme dans la gestion du corps lors de la campagne d'Espagne, il donnera néanmoins toute sa cohésion à la Légion avec le principe de l'amalgame et sera un chef exemplaire au combat. Sur le plan tactique, il fera de son corps un instrument redoutable avec l'ajout de cavalerie, d'artillerie et d'éléments du génie. Il démontre ainsi dès cette époque que le légionnaire n'est pas seulement un fantassin lourd.Promu maréchal de camp des armées royales espagnoles, le général Bernelle dispose d'une grande autonomie. Favorable à l'engagement en Espagne, il a déjà renforcé l'esprit de corps de la Légion en instituant l'amalgame qui met fin aux rivalités nationales internes.
L'objectif de Bernelle est de faire de la Légion une force de combat autonome. Pour renforcer l'efficacité de la "division auxiliaire française" (aussi appelée "Légion française" ou "Légion algérienne"), composée de sept bataillons, il lui adjoint divers éléments de soutien : une compagnie de dépôt et d'ambulance, une compagnie du génie et une batterie d'artillerie de montagne forte de six pièces. Puis il met sur pied un régiment de lanciers polonais à trois escadrons, financé par l'ambassadeur d'Espagne en France. Cette unité est formée par un recrutement interne et par un recrutement en France. Ainsi se trouve constituée une véritable "Division de Légion étrangère" dont l'idée resurgira périodiquement par la suite.
Le colonel Conrad
Très aimé de ses hommes qui le suivent au combat sans hésitation et le surnomme familièrement "Der alte Fritz" (le vieux Fritz). On l'appelle aussi "Le brave au cheval blanc" car il se trouve toujours au plus fort de la bataille. Il mourra ainsi d'une balle en plein front, le 2 juin 1837, lors de la bataille de Barbastro.
En février 1836, la Légion étrangère, enfin regroupée gagne Pampelune et sa citadelle grise, première ville espagnole au sud des Pyrénées. Les légionnaires disposent de peu de temps pour apprécier le charme de la cité. Ils sont envoyés en garnison dans la vallée de l'Arga, à Larrasoaña et à Zubiri. Toute patrouille hors des fortins s'avère dangereuse dans un pays tenu par les insurgés.
Premiers combats pour la Légion :
Après quelques escarmouches, un combat très violent se produit le 24 mars. Le 4e bataillon quitte son cantonnement de Zubiri pour couvrir un déplacement de troupes. Profitant d'une tempête de neige les Carlistes tendent une embuscade aux légionnaires. Bernelle réagit avec vigueur et prend à revers l'aile gauche ennemie avec le 5e bataillon, mais le manque d'allant des troupes espagnoles en appui ne permet pas de couper complètement la retraite aux assaillants. Néanmoins, ceux-ci perdent plus 200 tués contre 40 et 32 blessés à la Légion.
Le 26 avril 1836, les Carlistes décident de prendre leur revanche. 3.500 hommes sont déployés à Tirapegui, sur les hauteurs surplombant Larrasoaña. Bernelle envoie trois compagnies pour reconnaître le dispositif ennemi. Celles-ci passent à l'attaque sans ordre, leurs 200 hommes probablement poussés à bout par les insultes des Carlistes, et Bernelle doit engager d'autres unités soutenues par 4 pièces d'artillerie. Après six heures de combats acharnés, les légionnaires décrochent en bon ordre. Engagé au plus fort de la mêlée, Bernelle est particulièrement visé et se trouve blessé au bras, mais les sapeurs de sa garde personnelle forment en permanence un rempart autour de lui, perdant plusieurs tués. Les pertes sont lourdes, 20 tués et 70 blessés, et font regretter à Bernelle l'impétuosité de ses troupes. C'est toutefois une cuisante défaite pour les Carlistes dont les pertes semblent au moins quatre fois supérieures.
Le 1er août, Bernelle remporte une nouvelle victoire, cette fois-ci à Zubiri où les Carlistes attaquent les fortifications royalistes. Les lanciers et l'artillerie de la Légion s'avèrent très efficaces, justifiant l'organisation mise en place par Bernelle. L'expérience acquise lors des combats de l'année écoulée fait de la Légion étrangère le corps le plus solide parmi les belligérants de cette guerre civile. Les pertes (117 tués au combat et 380 des suites de leurs blessures) ont été largement compensées. La Légion étrangère va ainsi compter jusqu'à 298 officiers et 6.134 légionnaires. Bernelle dose parfaitement ses opérations, gardant ses troupes en activité sans les exposer à une usure précoce. Il exerce également une discipline de fer.
Avec le départ de Bernelle, la Légion étrangère perd un peu de son âme, d'autant plus qu'une douzaine d'officiers suivent son exemple. Mais l'évolution de la situation politique va affaiblir plus encore la position de la Légion étrangère. Le tournant libéral pris par le gouvernement d'Isabelle II déplaît à Louis-Philippe qui opte pour un désengagement d'autant plus définitif que la menace Carliste semble définitivement écartée. Thiers, le président du Conseil qui rassemblait un corps de secours à Pau est remplacé par le comte Molé, hostile à l'intervention française. La Légion étrangère va désormais être abandonnée à son sort, hormis l'appoint d'un bataillon de renfort, le dernier à rejoindre l'Espagne, au mois d'août. malgré les résultats obtenus sur le terrain, la situation de la Légion étrangère se dégrade irrémédiablement. Le gouvernement espagnol n'apporte qu'un soutien spasmodique. Les arriérés de soldes s'accumulent et, plus grave encore, les légionnaires reçoivent un ravitaillement largement insuffisant. Leurs uniformes tombent en lambeaux. Le gouvernement français revient sur sa promesse de promotions ou de décorations en campagne. Dans le même temps, les officiers démissionnaires avant le départ pour l'Espagne, ou depuis, sont réintégrés dans des régiments réguliers, ce qui amplifient le mouvement et provoque la colère de la troupe.
Le reste du corps de secours va rejoindre l'Algérie pour former une nouvelle Légion étrangère.
Le colonel Lebeau assure un court intérim de trois mois avant de céder la place au colonel Conrad qui retrouve ses hommes dans de tristes circonstances. Au début de mois de février 1837, il ne reste plus que 239 officiers et 3.841 légionnaires. Trois des six bataillons encore disponibles à la fin de 1836 doivent être dissous, il n'en reste plus qu'un en juin. Des pertes toujours élevés et l'accroissement du nombre des libérables rendent ce mouvement inexorable en l'absence de renforts.
Les débris de la Légion étrangère vont encore combattre plusieurs mois avant d'être rapatriés en janvier 1839. Il ne reste alors plus que 63 sous-officiers et 159 légionnaires. Forte de 37 hommes, la batterie d'artillerie est dissoute le 1er avril 1839, après une participation efficace aux derniers combats. Don Carlos se livre à la police française en septembre après avoir traversé la frontière avec 20.000 partisans. 6.000 autres combattent jusqu'en mai 1840 avant de faire de même.
le Colonel Conrad (Musée de la Légion à Aubagne)
Général Bernelle (Musée de la Légion à Aubagne)
Les 4.144 légionnaires doivent donc servir Isabelle II jusqu'à l'expiration de leur contrat. Cette décision provoque une vague d'indignation dans un corps qui commence à trouver une certaine cohésion. Les officiers et les légionnaires étrangers sont les plus virulents, alors que la possibilité est laissée aux légionnaires du rang français de refuser cette cession. Le sentiment de révolte est si fort et, après un raidissement de sa position, le gouvernement français doit expliquer en quoi la Légion servira mieux les intérêts de la France en Espagne. La contrainte est assouplie envers les officiers : les étrangers peuvent refuser le départ mais perdront alors leur emploi ; les français ont la possibilité de demander leur transfert vers d'autres unités, sauf ceux en provenance de la vie civile. Des mesures incitatives sont prises pour les inciter au départ avec des promesses de promotions. D'un total final de 85, celles-ci seront rapidement officialisées (6 novembre 1835). 123 officiers et 4.021 sous-officiers et soldats embarquent pour l'Espagne. Ils prennent pied sur le sol espagnol à Tarragone, le 17 août 1835. Les 439 Espagnols du 4e bataillon les ont précédés un an plus tôt.
Après l'échec du siège inconsidéré de Bilbao, imposé par Don Carlos, les Carlistes optent pour une stratégie essentiellement défensive. La mort du général Zumalacarregui devant Bilbao les prive de leur meilleur stratège. Si l'armée carliste compte encore près de 30 000 hommes, ceux-ci sont mal équipés et complètement dépourvus d'artillerie. Ils disposent cependant d'un sanctuaire dans les montagnes du nord du pays où ils bénéficient du soutien total de la population. Les royalistes choisissent alors de les isoler du reste du pays par une ceinture de garnisons de Pampelune à Vitoria. Faute d'effectifs suffisants, ils ne peuvent cependant prendre l'offensive et tablent sur un pourrissement de la situation. L'état-major espagnol décide de disperser les unités de la Légion pour protéger les points les plus menacés, en Catalogne notamment. Il s'en suit une série de combats défensifs où la Légion s'illustre face à des forces nettement supérieures en nombre (Sanahuja, Pons, Artesa, Balaguer). Puis elle intervient en Aragon où un de ses bataillons sauve la ville de Verdun. Le colonel Conrad repousse l'ennemi à trois reprises près du village d'Anguez. Les Carlistes doivent se replier en Navarre.
Au mois de janvier 1836, lors d'une opération menée avec les forces du général en chef espagnol Cordova, dans la sierra Arlabon, la Légion s'empare de l'aile droite du dispositif ennemi qui vient de lancer une offensive. Deux jours plus tard, le froid et la faim la contraignent à évacuer ses positions. Néanmoins, les Carlistes ont subi un nouveau revers.
Même si la cause carliste semble perdue dès le milieu de l'année 1835, il est incontestable que la Légion étrangère joue un rôle décisif dans cette campagne. Elle forme l'épine dorsale des troupes d'Isabelle II, au contraire d'une Légion britannique inefficace car en grande partie constituée par les bas-fonds de Londres. Elle empêche ainsi le conflit de perdurer et ôte aux Carlistes tout espoir d'inverser le cours des événements.
Le rôle du colonel Bernelle est tout aussi déterminant pour l'avenir de la Légion étrangère. Il la transforme en un corps autonome et démontre son aptitude au combat malgré le manque de soutien du gouvernement français comme du gouvernement espagnol.
Le général Bernelle
En avril 1833, il prend le commandement de la Légion étrangère. Souvent décrié pour son intransigeance et les interventions répétés de sa femme dans la gestion du corps lors de la campagne d'Espagne, il donnera néanmoins toute sa cohésion à la Légion avec le principe de l'amalgame et sera un chef exemplaire au combat. Sur le plan tactique, il fera de son corps un instrument redoutable avec l'ajout de cavalerie, d'artillerie et d'éléments du génie. Il démontre ainsi dès cette époque que le légionnaire n'est pas seulement un fantassin lourd.Promu maréchal de camp des armées royales espagnoles, le général Bernelle dispose d'une grande autonomie. Favorable à l'engagement en Espagne, il a déjà renforcé l'esprit de corps de la Légion en instituant l'amalgame qui met fin aux rivalités nationales internes.
L'objectif de Bernelle est de faire de la Légion une force de combat autonome. Pour renforcer l'efficacité de la "division auxiliaire française" (aussi appelée "Légion française" ou "Légion algérienne"), composée de sept bataillons, il lui adjoint divers éléments de soutien : une compagnie de dépôt et d'ambulance, une compagnie du génie et une batterie d'artillerie de montagne forte de six pièces. Puis il met sur pied un régiment de lanciers polonais à trois escadrons, financé par l'ambassadeur d'Espagne en France. Cette unité est formée par un recrutement interne et par un recrutement en France. Ainsi se trouve constituée une véritable "Division de Légion étrangère" dont l'idée resurgira périodiquement par la suite.
Le colonel Conrad
Très aimé de ses hommes qui le suivent au combat sans hésitation et le surnomme familièrement "Der alte Fritz" (le vieux Fritz). On l'appelle aussi "Le brave au cheval blanc" car il se trouve toujours au plus fort de la bataille. Il mourra ainsi d'une balle en plein front, le 2 juin 1837, lors de la bataille de Barbastro.
En février 1836, la Légion étrangère, enfin regroupée gagne Pampelune et sa citadelle grise, première ville espagnole au sud des Pyrénées. Les légionnaires disposent de peu de temps pour apprécier le charme de la cité. Ils sont envoyés en garnison dans la vallée de l'Arga, à Larrasoaña et à Zubiri. Toute patrouille hors des fortins s'avère dangereuse dans un pays tenu par les insurgés.
Premiers combats pour la Légion :
Après quelques escarmouches, un combat très violent se produit le 24 mars. Le 4e bataillon quitte son cantonnement de Zubiri pour couvrir un déplacement de troupes. Profitant d'une tempête de neige les Carlistes tendent une embuscade aux légionnaires. Bernelle réagit avec vigueur et prend à revers l'aile gauche ennemie avec le 5e bataillon, mais le manque d'allant des troupes espagnoles en appui ne permet pas de couper complètement la retraite aux assaillants. Néanmoins, ceux-ci perdent plus 200 tués contre 40 et 32 blessés à la Légion.
Le 26 avril 1836, les Carlistes décident de prendre leur revanche. 3.500 hommes sont déployés à Tirapegui, sur les hauteurs surplombant Larrasoaña. Bernelle envoie trois compagnies pour reconnaître le dispositif ennemi. Celles-ci passent à l'attaque sans ordre, leurs 200 hommes probablement poussés à bout par les insultes des Carlistes, et Bernelle doit engager d'autres unités soutenues par 4 pièces d'artillerie. Après six heures de combats acharnés, les légionnaires décrochent en bon ordre. Engagé au plus fort de la mêlée, Bernelle est particulièrement visé et se trouve blessé au bras, mais les sapeurs de sa garde personnelle forment en permanence un rempart autour de lui, perdant plusieurs tués. Les pertes sont lourdes, 20 tués et 70 blessés, et font regretter à Bernelle l'impétuosité de ses troupes. C'est toutefois une cuisante défaite pour les Carlistes dont les pertes semblent au moins quatre fois supérieures.
Le 1er août, Bernelle remporte une nouvelle victoire, cette fois-ci à Zubiri où les Carlistes attaquent les fortifications royalistes. Les lanciers et l'artillerie de la Légion s'avèrent très efficaces, justifiant l'organisation mise en place par Bernelle. L'expérience acquise lors des combats de l'année écoulée fait de la Légion étrangère le corps le plus solide parmi les belligérants de cette guerre civile. Les pertes (117 tués au combat et 380 des suites de leurs blessures) ont été largement compensées. La Légion étrangère va ainsi compter jusqu'à 298 officiers et 6.134 légionnaires. Bernelle dose parfaitement ses opérations, gardant ses troupes en activité sans les exposer à une usure précoce. Il exerce également une discipline de fer.
Avec le départ de Bernelle, la Légion étrangère perd un peu de son âme, d'autant plus qu'une douzaine d'officiers suivent son exemple. Mais l'évolution de la situation politique va affaiblir plus encore la position de la Légion étrangère. Le tournant libéral pris par le gouvernement d'Isabelle II déplaît à Louis-Philippe qui opte pour un désengagement d'autant plus définitif que la menace Carliste semble définitivement écartée. Thiers, le président du Conseil qui rassemblait un corps de secours à Pau est remplacé par le comte Molé, hostile à l'intervention française. La Légion étrangère va désormais être abandonnée à son sort, hormis l'appoint d'un bataillon de renfort, le dernier à rejoindre l'Espagne, au mois d'août. malgré les résultats obtenus sur le terrain, la situation de la Légion étrangère se dégrade irrémédiablement. Le gouvernement espagnol n'apporte qu'un soutien spasmodique. Les arriérés de soldes s'accumulent et, plus grave encore, les légionnaires reçoivent un ravitaillement largement insuffisant. Leurs uniformes tombent en lambeaux. Le gouvernement français revient sur sa promesse de promotions ou de décorations en campagne. Dans le même temps, les officiers démissionnaires avant le départ pour l'Espagne, ou depuis, sont réintégrés dans des régiments réguliers, ce qui amplifient le mouvement et provoque la colère de la troupe.
Le reste du corps de secours va rejoindre l'Algérie pour former une nouvelle Légion étrangère.
Le colonel Lebeau assure un court intérim de trois mois avant de céder la place au colonel Conrad qui retrouve ses hommes dans de tristes circonstances. Au début de mois de février 1837, il ne reste plus que 239 officiers et 3.841 légionnaires. Trois des six bataillons encore disponibles à la fin de 1836 doivent être dissous, il n'en reste plus qu'un en juin. Des pertes toujours élevés et l'accroissement du nombre des libérables rendent ce mouvement inexorable en l'absence de renforts.
Les débris de la Légion étrangère vont encore combattre plusieurs mois avant d'être rapatriés en janvier 1839. Il ne reste alors plus que 63 sous-officiers et 159 légionnaires. Forte de 37 hommes, la batterie d'artillerie est dissoute le 1er avril 1839, après une participation efficace aux derniers combats. Don Carlos se livre à la police française en septembre après avoir traversé la frontière avec 20.000 partisans. 6.000 autres combattent jusqu'en mai 1840 avant de faire de même.
le Colonel Conrad (Musée de la Légion à Aubagne)
Général Bernelle (Musée de la Légion à Aubagne)
Re: La Légion en Espagne
Une fois de plus, on peut constater que des hommes comme ces Légios, ne sont que du matériel que l'on se refile et qu'on abandonne, que l'on sacrifie au gré des promesses non tenues.
Merci Daniel pour cette page d'Histoire.
Merci Daniel pour cette page d'Histoire.
Invité- Invité
Re: La Légion en Espagne
Le Chant de la Légion étrangère en Espagne, composé par le sergent-major Hippolyte Bon, illustre ce sentiment nouveau :
1. Le premier chant de la Légion étrangère (Espagne 1835)
Nobles proscrits, ennemis des tyrans,
Réfugiés de tous les points du monde ;
La liberté vous ouvre d'autres champs,
Où le canon d'un peuple libre gronde.
Son bruit par l'orage,
Ebranle la vieille Ibérie.
Combattez pour la liberté,
Vous reverrez votre patrie.
Au premier rang, Polonais généreux !
Marchez, l'honneur vous vit toujours fidèle :
Pour vous guider, déjà du haut des cieux,
Votre aigle blanc a déployé ses ailes.
La vierge libre a répété,
En abandonnant Varsovie :
Combattez pour la liberté,
Vous reverrez votre patrie.
Enfants du Rhin, si fiers d'être Français,
En vain les rois ont posé des barrières ;
Rappelez-vous qu'en des jours de succès
La France libre avait d'autres frontières.
L'arbre du peuple est replanté
Guerre à mort à la tyrannie !
Combattez pour la liberté,
Vous reverrez votre patrie.
Du Sud au Nord, bravant tous les climats,
O Légion ! tu portes ta bannière,
Quand l'univers connaîtra tes soldats,
Tu dois enfin cesser d'être étrangère ;
Tes fils auront droit de cité
Sur une terre rajeunie ;
Tous les peuples en liberté
Leur offriront une patrie.
1. Le premier chant de la Légion étrangère (Espagne 1835)
Nobles proscrits, ennemis des tyrans,
Réfugiés de tous les points du monde ;
La liberté vous ouvre d'autres champs,
Où le canon d'un peuple libre gronde.
Son bruit par l'orage,
Ebranle la vieille Ibérie.
Combattez pour la liberté,
Vous reverrez votre patrie.
Au premier rang, Polonais généreux !
Marchez, l'honneur vous vit toujours fidèle :
Pour vous guider, déjà du haut des cieux,
Votre aigle blanc a déployé ses ailes.
La vierge libre a répété,
En abandonnant Varsovie :
Combattez pour la liberté,
Vous reverrez votre patrie.
Enfants du Rhin, si fiers d'être Français,
En vain les rois ont posé des barrières ;
Rappelez-vous qu'en des jours de succès
La France libre avait d'autres frontières.
L'arbre du peuple est replanté
Guerre à mort à la tyrannie !
Combattez pour la liberté,
Vous reverrez votre patrie.
Du Sud au Nord, bravant tous les climats,
O Légion ! tu portes ta bannière,
Quand l'univers connaîtra tes soldats,
Tu dois enfin cesser d'être étrangère ;
Tes fils auront droit de cité
Sur une terre rajeunie ;
Tous les peuples en liberté
Leur offriront une patrie.
Re: La Légion en Espagne
merci Daniel
connaissais pas cette histoire
enfin les Légionnaire étaient à cette époque
une sorte de mercennaire pour la France.
connaissais pas cette histoire
enfin les Légionnaire étaient à cette époque
une sorte de mercennaire pour la France.
Invité- Invité
Re: La Légion en Espagne
est ce que c'est ce "pret" qui incita les espagnols a crer la bandera ?
Invité- Invité
Re: La Légion en Espagne
legaulois a écrit:est ce que c'est ce "pret" qui incita les espagnols a crer la bandera ?
il semblerait Le Gaulois que La Légion espagnole , autrefois appelée Tercio de Extranjeros (le bataillon des étrangers), fut créée suite aux efforts du lieutenant-colonel d'infanterie José Millán-Astray. Les résultats désastreux de l'armée dans les colonies nord-africaine au début du XXe siècle, entraînèrent des troubles au sein de l'Espagne. Millán-Astray en arriva à la conclusion que le pays avait besoin d'une unité de soldats professionnels, avec une certaine dignité morale et un esprit de corps, qui serait comparable à la Légion étrangère française. La Légion espagnole est l'aboutissement et la concrétisation de ces réflexions personnelles.fut créée par un décret royal du 28 janvier 1920, signé par le ministre de la guerre, don José Cillalba. Elle portait alors le nom de bataillon des étrangers. Le but de cette création était de faire face à la difficulté des combats de la guerre du Rif au Maroc ; on pensait alors, comme l'avait fait la France auparavant, que c'était la seule solution pour pallier les défaillances d'une armée de conscription mal préparée à ces affrontements.
Historiquement, il y avait néanmoins eu une première légion étrangère en Espagne. En 1835, au cours de la guerre civile espagnole, Louis-Philippe avait cédé la Légion étrangère française (forte d'environ 4 000 hommes) à la reine Isabelle II. Mais cette unité avait été dissoute en 1838 et la plupart de ses survivants (environ 500 hommes) décidèrent de rejoindre leur premier employeur, la France.
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