Transport de fonds
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Transport de fonds
récit du Lieutenant-colonel Ph. FELIP
Il ne faut pas chercher dans ce récit un fait d'armes, mais tout simplement une mission singulière au crédit de la Légion, alors que celle-ci se trouvait à cette époque dans une situation ambiguë.
Lors de mon engagement à la Légion, le 5 avril 1939 à Vernet d'Ariège, j'étais bien loin d'imaginer qu'une de mes premières missions importantes que je devais accomplir comme caporal, serait celle de convoyer une petite partie de la réserve d'or de la Banque de France.
Les très anciens Légionnaires ont connu le cheminement et méandres du parcours d'alors, avant affectation dans une unité constituée. De tous points de l'Hexagone, l'azimut "magnétique" était : le Fort Saint-Jean à Marseille, puis le petit Dépôt d'Oran et, enfin, l'incontournable musée de notre vénérable maison, où suivant l'heure d'arrivée, la visite commentée ne se terminait que fort tard dans la nuit, sinon au premières heures du matin.
Après toutes les démarches administratives, c'était la compagnie d'instruction. En ce qui me concerne cela avait été El-Aricha. Coin perdu s'il en fut, situé à 1.200 mètres d'altitude et à 145 kilomètres au sud sud-ouest de Bel-Abbès.
L'état d'âme des nouveaux engagés lors du premier contact avec la Légion était très différent selon qu'il s'agissait d'éléments ayant déjà fait connaissance avec les armes et ceux n'ayant aucune expérience dans la matière et encore moins en ce qui concerne la discipline.
L'instruction fut sévère sur ce plateau dénudé, ingrat et loin de tout ; le sport et le maniement d'armes se succédaient à un rythme soutenu, couplés avec l'entraînement à l'ordre serré, ainsi que les tests à l'effort, à la soif, au contrôle de soi-même, à la vie en collectivité et au respect de chacun.
Mon chef de section était le Lieutenant de Sérigné, dur pour les futurs Légionnaires, mais également, sinon plus, pour lui-même. De toutes façons, juste. Bien que sortant de l'adolescence mais déjà expérimenté par deux ans de guerre civile en Espagne, j'ai "épié" ce jeune officier pendant les six mois que durait l'instruction est c'est certainement grâce à son contact, que je me suis pris à rêver de devenir un jour moi-même officier.
A l'issue de l'instruction, je fus affecté fin novembre 1939, à la 66ème compagnie stationnée à Colomb-Béchar, devenue plus tard 10ème compagnie mixte, semi-montée. Cette unité était réputée "tranquille". Chacun vaquait à son travail, qui à l'intérieur du quartier, qui dans le jardin potager de la compagnie situé dans la palmeraie où il avait également un élevage de cochons. Ceci permettait une amélioration sensible de l'ordinaire sans oublier, bien entendu, le boudin.
A mon arrivée je fus désigné pour occuper un emploi de bureau et préposé à la tenue du registre de la solde des légionnaires de la compagnie. Le Légionnaire Cadiou, ancien officier de la Royale (Belge de Bretagne), m'initia non seulement à ce travail, mais il se mit dans la tête de me faire ingurgiter la langue de Molière, dans les délais les plus brefs. Par ailleurs, il fut pour moi un guide bienveillant, toujours prêt à endosser les petites fautes que je pouvais commettre dans l'exercice de mes fonctions. Je le remercie ici de l'aide qu'il m'apporta. La 66ème compagnie était commandée par le Capitaine Fort, le Lieutenant des Fontaines était son adjoint.
Après avoir suivi le peloton n° 1 à Sidi-Bel-Abbès, je fus nommé caporal à compter du 1er juin 1941. J'avais vingt ans. Dès mon retour à la 66ème compagnie, j'ai repris mon emploi au bureau, où j'ai retrouvé mon registre de solde. Celui-ci comportait six colonnes : Noms et prénoms, matricules, montant de la solde, montant du crédit au foyer, le solde et la signature. Il faut préciser que la plupart de nos grands anciens, du moins ceux stationnés dans ces contrées du Sud-Algérien, ne percevaient jamais de numéraire, car le crédit consenti par le foyer était égal à la solde de la quinzaine. Le foyer offrait peu de choses : Vin, cigarettes, tabac, papier à cigarettes, dentifrice, cirage et le "miror", produit destiné à faire briller les boutons des vareuses. La bière n'était pas du tout appréciée par nos anciens, peut-être parce que les moyens frigorifiques étaient inexistants au foyer. La vie de compagnie se déroulait normalement, partagée entre travail quotidien et l'instruction, qui était surtout axée sur le tir.
A deux ou trois reprises seulement la monotonie fut interrompue par des tournées de police dans le Sud de Colomb-Béchar, mais surtout, par une intervention musclée dans le site des mines de houille de Kenadza à la suite d'une révolte des mineurs où les ingénieurs avaient été victimes d'exactions. Le 12 octobre 1941, au matin, j'ai du inscrire sur un registre annexe 150 noms de tirailleurs sénégalais afin de les prendre en subsistance. Le bruit courait qu'ils venaient de très loin et avaient convoyé un chargement très important composé de caisses cerclées d'un poids d'environ de 35 kilos. Le secret ne dura pas longtemps : Il s'agissait d'or.
Dans l'après-midi je fus appelé au bureau de l'adjudant de compagnie où se trouvaient déjà le Sergent Schmielowski, le Caporal Liarte, ainsi que 14 Légionnaires, entre autres : Aramburu, Fernandez, Gui, Aycar, Blas et peut-être même Nizzola, César Napoléon (figure du 2ème REI, par la suite officier de la Légion d'honneur).
Nous devions préparer sans plus tarder notre paquetage dans "l'As de carreau" qui devait comporter une tenue de sortie d'hiver une tenue d'été avec bandes molletières, chaussettes neuves, linge de corps etc.., en vue d'une mission d'une durée de huit jours dans une grande ville.
L'imagination fertile et vagabonde du légionnaire mise rapidement en appétit, les hypothèses allèrent bon train en fin d'après-midi et durant la nuit qui fut très courte.
De l'or ? Combien ? D'où venait-il ? Le transporter comment ? Et où ?
Les optimistes étaient convaincus d'aller jusqu'en Métropole, mais les plus réalistes jugèrent que cela était improbable du fait des hostilités. Le bouteillon cuisine, classe A1 tenta de nous édifier. Cet or provenait des îles ? La Réunion ? La Martinique ? La Guadeloupe ? Ou même Dakar ? Peut-être des quatre endroits conjointement ? Ce pactole, mis à l'abri dès le début du conflit de 1939 devait être rapatrié quelque part en Afrique du Nord, suivant les directives du Gouvernement de la France. Quel itinéraire avant l'arrivée à Colomb-Béchar ? Chacun de nous avait trouvé le meilleur, mais les hypothèques les plus vraisemblables pouvaient être :
1°) Après les îles, débarquement au Dahomey, Gaya ou Niamey, puis jusqu'à Bouren par le Niger et enfin la piste automobile Transsaharienne : Bidon V, Adrar, Beni-Abbès, Colomb-Béchar. Soit un total de 3.400 kilomètres.
2°) Dakar, Atar, Fort Gouraud, Fort Trinquet, Tindouf, Colomb-Béchar, totalisant environ 2.700 kilomètres. (Ce dernier exigeant l'emploi de dromadaires).
Comment savoir ? Nous n'étions pas dans le secret des dieux. Cependant, c'était sûr, il y avait des dromadaires dans le coup. Une centaine, peut-être plus ? Si nous admettions cette dernière solution et sachant qu'un dromadaire peut être chargé à 200 kilos, cela faisait un beau tonnage et un périple digne d'admiration. Le réveil eut lieu dès potron-minet du 13 octobre. Petit déjeuner vite avalé, puis perception des armes et des munitions : Revolver pour le sergent, mousqueton pour les caporaux et 86/93 pour les légionnaires. (Les 86/93 pouvaient contenir 10 cartouches dans le fut-magasin). Une unité de feu de 50 cartouches par arme. (Paquets de deux lames chargeur pleines pour chacun, enveloppées et protégées dans la toile de jute dûment cousue). Pas de 24/29, donc mission supposée tranquille.
Le caporal d'ordinaire nous avait concocté avec amour deux repas froids fort équilibrés, composés de boites de sardines à l'huile, des oeufs durs, de pommes de terre en robe de champs, du chocolat, du pain et du vin ; deux bouteillons de café complétaient ces mets préférés.
Dûment équipés et harnachés nous nous dirigeâmes à pied vers la gare de chemin de fer distante d'environ un kilomètre du quartier de la Légion. Ce quartier, dont la construction avait été achevée dans les années trente, était considéré comme un des plus modernes de toute l'Afrique du Nord. La preuve ? C'est que les lieux, dits d'aisance, étaient fort éloignés des cuisines contrairement à la plupart des quartiers ou casernes de France et de Navarre. Un vrai luxe ! Nous arrivâmes donc très vite à la gare de chemin de fer, où attendait un convoi composé d'une machine avec son tender, un wagon mixte de 1ère et 2ème classe et trois wagons de 40 en long et 8 en large.
L'or était déjà chargé dans les wagons par les soins de l'unité de tirailleurs sénégalais qui l'avait convoyé depuis le départ et qui étaient postés des deux cotés de la voie tout au long du convoi. C'étaient les tirailleurs qui avaient défilé le matin précédent dans le bureau de compagnie dont leurs noms, pour moi nouveaux, trottinaient encore dans ma tête. Le détachement prit place dans les compartiments du wagon 2ème classe où nous attendait le représentant de la Banque de France, accompagné de son épouse.
Réception on ne peut plus chaleureuse, allocution du "pékin" nous plaçant dans l'élite de l'armée d'Afrique dont l'esprit de discipline n'avait d'égal que celui du sacrifice consenti au service de notre terre d'accueil. A ces mots nous ne pouvions que bomber le torse et serrer les fesses. Ce que nous fîmes. Je n'irai pas jusqu'à écrire que les plus sensibles retinrent leurs larmes ce qui aurait été légionnairement incorrect. Par contre le plus petit d'entre nous, par la taille, mais le plus grand en âge, lâcha dans un murmure, avec son accent de titi parisien : "Si c'est pour la France, relevons les pointes de la capote, en avant !". Etant tout à coté de l'intéressé, j'entendis bien distinctement cette belle tirade patriotique que je trouvais d'ailleurs fort belle mais quelque peu exagérée. Ce n'est que bien plus tard que, ayant enrichi mon vocabulaire, j'ai compris l'allusion. Celle-ci était plutôt inspirée et destinée à l'épouse du représentant de la Banque de France qui nous faisait face en souriant, "qu'au boutonnage des pointes de la capote" afin de faciliter la marche. Il est évident qu'aucun de nous n'eut l'audace de demander la quantité d'or que nous étions censés convoyer.
Le départ du train eut lieu vers sept heures. Après que le représentant de la Banque de France et son épouse eurent rejoint leur compartiment, le sergent qui ne commandait le détachement que provisoirement nous fixait les consignes à observer durant le trajet. (Un capitaine devait nous rejoindre à Aïn-Sefra, PC du bataillon). A chaque arrêt, les deux caporaux et quatre légionnaires devaient descendre et se poster de chaque coté du convoi : Les légionnaires baïonnette au canon, les caporaux pour faire circuler les éventuels curieux. Il était prévu un arrêt à Béni-Ounif de Figuig afin d'approvisionner en eau la locomotive, puis un autre à Aïn-Sefra pour permettre au capitaine de nous rejoindre. L'esprit tranquille et débarrassé de toute corvée, sauf un "chouf" posté sur la plate forme arrière du wagon de voyageurs, chacun s'installait afin de passer le temps le plus agréablement possible avant d'arriver à Béni-Ounif, distant de 114 kilomètres. Les uns s'attablèrent pour une belote, d'autres refirent le monde. Avec Liarte, bien que néophytes dans ce jeu, nous entreprîmes une interminable partie d'échecs.
Il était également établi dans les consignes que, lorsqu'on entendrait siffler le train, (rien à voir avec la chanson) deux légionnaires devaient se pencher de chaque coté du wagon pour déterminer s'il n'y avait rien d'anormal. La plupart du temps il s'agissait de moutons ou de jeunes dromadaires à proximité de la voie ou franchement dessus et qui étaient systématiquement écartés à coups de trique par leurs bergers. De toutes façons la région était parfaitement pacifiée, l'attaque du train était fort improbable, mais…
L'allure du train était des plus modestes, puisque le trajet Colomb-Béchar à Aïn-Sefra grimpe insensiblement mais sûrement.
Nous savions à ce moment là, d'une façon certaine, que notre destination était Alger. Aucun de nous ne connaissait cette grande ville et nous étions impatients de la découvrir, aussi mythique que nous l'imaginions, tout en savourant à l'avance les réjouissances qui nous y attendaient. En effet, nous savions que peu de légionnaires, avant nous, avaient eu le privilège de déambuler dans ses artères.
Nous arrivâmes à Béni-Ounif en temps voulu. Le chauffeur avait poussé sérieusement la machine pour gagner du temps, en s'aidant à ne pas en douter, de quelques fagots d'alfa. Dès l'arrêt du train et en suivant les consignes, nous descendîmes avec Liarte et quatre légionnaires pour faire le tour du convoi, pendant que le représentant de la Banque de France et le sergent contrôlaient les plombs des panneaux d'aération des wagons et qu'un employé des chemins de fer vérifiait les essieux mais apparemment si décontracté qui donnait envie de le faire recommencer.
Après que la locomotive eut étanché sa soif, le train reprit la voie sur Aïn-Sefra où nous comptions arriver avant midi. Il fallait parcourir 150 kilomètres pour y parvenir. Encore une fois le chauffeur crût conduire un rapide car nous entrions en gare d'Aïn-Sefra à l'heure convenue. Le Capitaine Luccini (je crois) accompagné de son épouse prenait place dans le train qui repartait immédiatement, sans même que la locomotive refasse son plein..
Le capitaine nous rassemblait pour renouveler les consignes et faire notre connaissance en précisant, entre autre, qu'il comptait sur nous pour que le transbordement de l'or en gare de Perregaux, endroit où la voie devient large, se fasse dans un temps record. Le prochain arrêt était prévu dans un petit bled appelé Souiga ou Bouiga, pas très loin d'Aïn-Sefra. Nous y arrivâmes en moins d'une heure. Tout le détachement à terre pour se dégourdir les jambes pendant que la "loco" prenait son eau. R.A.S concernant le bon état des wagons et pas de pillard en vue. Tout était parfait.Trois coups de sifflet et nous revoilà partis sur ce plateau désertique, aride et d'une monotonie qui donnait la mélancolie et le sommeil aussi. Nous brûlâmes Méchéria à toute allure afin d'arriver au Kreider pas trop tard dans l'après-midi. Ce n'est pas croyable ce qu'une locomotive peut avoir soif. Pied à terre donc, dans ce bled aux eaux chaudes. Alors que je faisais ma ronde, quelle ne fut pas ma surprise de constater qu'un des panneaux d'aération était ouvert. Branle-bas de combat après mon alerte. Tout le détachement autour du convoi, prêt à déchirer les sachets en jute contenant les munitions.
Le représentant du Gouverneur de la Banque de France prenait la décision de rompre les plombs afin de vérifier si le nombre de caisses était complet. Il désignait le sergent et moi-même pour le comptage. Celui-ci s'avéra conforme. (Si mes souvenirs ne me trahissent pas, cela devait faire entre 150 et 200 caisses). Après avoir remis les scellés le convoi repartait avec quelque retard sur l'horaire prévu. Maintenant nous savions, à 500 kilos près, le tonnage d'or que nous escortions. A savoir, en admettant que chaque wagon avait le même nombre de caisses et que ces dernières pesaient chacune dans les 35 kilos, cela faisait en gros dans les 20 tonnes d'or. Contents de nos calculs et conclusions, nous savourâmes béatement notre importance, sans qu'une seule fois le perfide "Belzébuth" ne vint torturer nos cerveaux en leur infiltrant des idées inconvenantes. Afin de mettre un peu d'ambiance nous entonnâmes d'emblée "Il y a des cailloux sur toutes les routes". Profitant de la "mer d'alfa" toute proche, le chauffeur “mit le paquet” pour rattraper le temps perdu. Dédaignant Saïda, le prochain arrêt technique était planifié à Mascara où nous arrivâmes vers les 18 heures. L'arrêt fut de courte durée. Depuis Saïda, le panorama était tout autre que celui des Hauts Plateaux et nous contemplions presque avec extase la nature verdoyante de cette contrée qui nous faisait oublier le but de notre mission. A partir de Mascara, nous remarquâmes que notre convoi était sous haute surveillance ; des voitures de police ou de gendarmerie suivaient le convoi par les routes les plus proches de la voie. Il y avait de quoi être fier et le roi n'était pas notre cousin mais notre frère. Cependant en analysant la situation, il n'était pas défendu de conclure que cette plaine très civilisée, était bien plus dangereuse que les régions désertiques que nous venions de traverser.Entre 19 et 20 heures Perregaux. D'un coté du quai, notre convoi encore essoufflé, de l'autre dans une voie large, le train qui devait nous transporter jusqu'au terminus Alger. Tous les quais de la gare étaient bondés de policiers en tenue ou en civil, mais pas un pour nous donner un coup de main. Nous voilà, nous légionnaires transformés en manutentionnaires sans aucune protection syndicale, à transborder pas loin de 20.000 kilos d'or. Avant l'opération le capitaine nous avait confié, en catimini, que le responsable de la Banque de France nous réservait une prime républicaine sinon royale, en récompense de nos efforts et prévision de notre séjour à Alger. Il ne nous en fallait pas plus pour déployer toute l'énergie dont nous étions capables. Vers 21 heures nous terminions le transbordement complètement lessivés. Après le plombage des wagons (deux au lieu de trois) et après autres vérifications, nous quittions Perregaux pour Affreville d'un trait. Le transbordement nous avait permis de confirmer le poids d'or que nous supposions. Le sergent qui semblait fort bien renseigné nous confia que le lingot d'or d'un kilo valait 500.000 francs de 1941. A défaut de calculette, un crayon nous permit de savoir que nous transportions un milliard de francs. Protégés tout au long du trajet par un Corps'Armée, suivant le convoi par les routes environnantes, le détachement s'effondrait dans un profond sommeil, sans rêves ni cauchemars. Dommage qu'il y eut Affreville où, malgré une importante escorte policière, nous fûmes obligés de procéder à la protection rapprochée du convoi, baïonnette au canon. Très impressionnant.
Après cet arrêt technique, en route pour le final de notre odyssée, distante de 130 kilomètres environ, où nous pensions arriver vers l'aurore. De Maison-Carrée jusqu'à la gare d'Alger ce fut titanesque. Un nombre incalculable de véhicules avec des phares allumés et klaxons bloqués escortait notre convoi spécial.
La gare d'Alger était fortement protégée et éclairée (le jour pointant à peine). Grâce à des projecteurs dont les faisceaux étaient dirigés sur le quai où nous devions nous arrêter à hauteur de cinq camions chargés de transborder le précieux métal jusqu'à la Banque d'Algérie. Encore une fois c'est à nous légionnaires et à nous seuls qu'incombait le travail de transbordement. Cela commençait à nous chatouiller quelque part, d'autant plus qu'une fois arrivés à la banque, il faudrait recommencer !A la fin de l'opération de transbordement, que nous effectuons à la chaîne, une des caisses contenant des pièces de monnaie tomba sur le coin du quai, puis sur le ballast et se disloqua entièrement. Ce fut l'affolement complet. Heureusement les pièces étaient conditionnées dans des rouleaux de papier et seulement une dizaine de ces derniers se déchirèrent. Un projecteur mis rapidement en action éclaira efficacement l'endroit et deux légionnaires furent désignés pour descendre sur le ballast après que le train eut manœuvré. Contrairement à ce qui aurait pu être redouté, les pièces éparpillées furent retrouvées en totalité ! ! (La caisse contenait 3.000 pièces). Satisfaits et fiers de notre exploit, nous terminâmes le transbordement dans le temps qui nous avait été imparti.
Après avoir récupéré notre barda, nous repartîmes dans les cinq camions pour les escorter et prîmes la direction de la Banque d'Algérie. Celle-ci était située dans une grande artère que je ne saurai nommer et qui pour l'occasion était vide de toute circulation automobile et de piétons. Nous revoilà déguisés en manutentionnaires. A tour de rôle et par deux, les camions vinrent s'installer à cul sur la façade du bâtiment, contre deux soupiraux-toboggans par lesquels nous glissions les précieuses caisses. Le travail fut exécuté rapidement et dans les meilleurs conditions.
Nous étions très fatigués, pour ne pas dire exténués, car en vingt-quatre heures, nous avions "remués" dans les 60 tonnes d'or ! Nos mains étaient également très abîmées, car dépourvues de gants. Peu importe, nous pensions à la prime substantielle qui allait nous être consentie.
Nous fûmes conviés dans un local de la banque où il nous fut servi un café. Même pas un bout de boudin ! La collation dégustée, le représentant de la Banque de France plaçait encore notre détachement dans une image rose et nous remerciait au nom de la France. Puis, le capitaine en personne nous remettait à chacun la somme de 30 francs ! Nous restâmes impassibles car disciplinés et remerciâmes comme il se devait.En subsistance dans la caserne Vallée, située prés d'une plage, nous étions comme coq en pâte. A titre tout à fait exceptionnel, le sergent nous avait autorisé à sortir avec le couvre képi blanc, ce qui était inconcevable en ce temps là. Je crois que cela ne s'était produit que lors du défilé du 14 juillet à Paris en 1938 où la Légion participait pour la première fois. Dans tous les cas, cela s'avérait fort profitable pour nous, car dans tous les bistrots de la ville les consommations nous étaient offertes soit par le patron, soit par les consommateurs. Nous avions jamais vu cela et ne pouvions que nous féliciter.
Ces quatre jours de quartier libre furent un enchantement, car aucune contrainte, ni servitude ne vient altérer cette détente. Ajoutons à ces avantages, l'autorisation de sortir ou rentrer au quartier à notre guise et ce jusqu'à 24 heures. Le rêve ! Ainsi que les couleurs finissent par se ternir, il en fut de même pour la joie de notre détachement. Il fallut rentrer au bercail. La dernière nuit fut chaude. Lors du retour à Colomb-Béchar, via Sidi-Bel-Abbès, chacun contait ses prouesses amoureuses ou qui avaient failli l'être, avec l'assurance d'un suivi épistolaire avec photographie à la clé. Un légionnaire peut être très romantique ! Bien sûr, pas possible, juré, craché, de manier la cravate, car en 1941 et même plus tard, ce n'en était pas une et elle n'était pas verte non plus. Voilà comment de jeunes légionnaires (les plus méritants évidemment !) escortèrent dans des conditions fort singulières mais avec maestria, une partie de la réserve d'or de la Banque de France.
Récemment et avec la complicité de mon ami, le Colonel Oddou, j'ai pu, grâce à "Historia", prendre connaissance de toutes les péripéties et exploits qui avaient eu lieu en 1940 pour mettre à l'abri la réserve d'or de la Banque de France.
La France possédait avant les hostilités, 2.340 tonnes d'or ! La plus grande partie de cet énorme pactole fut évacué vers l'Amérique (Federal Reserve Bank de New York) via Halifax, mais aussi vers la Martinique et Dakar. Les navires ayant participé à un tel transport d'or jusqu'alors jamais réalisé (Cela représentait une valeur supérieure à tout l'or extrait lors de la ruée vers l'or, plus celui " récupéré " chez les Aztèques et Incas par les Espagnols) furent : "la Marseillaise", "le Jean de Vienne", "l’Algérie", "l’Emile Bertin", "le Jeanne d'Arc", "l'Aigle", "la Lorraine", "le Bretagne", “le Béarn".
(Référence : Historama n° 260 de juillet 1973 et Historia n° 413 d'avril 1981).
Il ne faut pas chercher dans ce récit un fait d'armes, mais tout simplement une mission singulière au crédit de la Légion, alors que celle-ci se trouvait à cette époque dans une situation ambiguë.
Lors de mon engagement à la Légion, le 5 avril 1939 à Vernet d'Ariège, j'étais bien loin d'imaginer qu'une de mes premières missions importantes que je devais accomplir comme caporal, serait celle de convoyer une petite partie de la réserve d'or de la Banque de France.
Les très anciens Légionnaires ont connu le cheminement et méandres du parcours d'alors, avant affectation dans une unité constituée. De tous points de l'Hexagone, l'azimut "magnétique" était : le Fort Saint-Jean à Marseille, puis le petit Dépôt d'Oran et, enfin, l'incontournable musée de notre vénérable maison, où suivant l'heure d'arrivée, la visite commentée ne se terminait que fort tard dans la nuit, sinon au premières heures du matin.
Après toutes les démarches administratives, c'était la compagnie d'instruction. En ce qui me concerne cela avait été El-Aricha. Coin perdu s'il en fut, situé à 1.200 mètres d'altitude et à 145 kilomètres au sud sud-ouest de Bel-Abbès.
L'état d'âme des nouveaux engagés lors du premier contact avec la Légion était très différent selon qu'il s'agissait d'éléments ayant déjà fait connaissance avec les armes et ceux n'ayant aucune expérience dans la matière et encore moins en ce qui concerne la discipline.
L'instruction fut sévère sur ce plateau dénudé, ingrat et loin de tout ; le sport et le maniement d'armes se succédaient à un rythme soutenu, couplés avec l'entraînement à l'ordre serré, ainsi que les tests à l'effort, à la soif, au contrôle de soi-même, à la vie en collectivité et au respect de chacun.
Mon chef de section était le Lieutenant de Sérigné, dur pour les futurs Légionnaires, mais également, sinon plus, pour lui-même. De toutes façons, juste. Bien que sortant de l'adolescence mais déjà expérimenté par deux ans de guerre civile en Espagne, j'ai "épié" ce jeune officier pendant les six mois que durait l'instruction est c'est certainement grâce à son contact, que je me suis pris à rêver de devenir un jour moi-même officier.
A l'issue de l'instruction, je fus affecté fin novembre 1939, à la 66ème compagnie stationnée à Colomb-Béchar, devenue plus tard 10ème compagnie mixte, semi-montée. Cette unité était réputée "tranquille". Chacun vaquait à son travail, qui à l'intérieur du quartier, qui dans le jardin potager de la compagnie situé dans la palmeraie où il avait également un élevage de cochons. Ceci permettait une amélioration sensible de l'ordinaire sans oublier, bien entendu, le boudin.
A mon arrivée je fus désigné pour occuper un emploi de bureau et préposé à la tenue du registre de la solde des légionnaires de la compagnie. Le Légionnaire Cadiou, ancien officier de la Royale (Belge de Bretagne), m'initia non seulement à ce travail, mais il se mit dans la tête de me faire ingurgiter la langue de Molière, dans les délais les plus brefs. Par ailleurs, il fut pour moi un guide bienveillant, toujours prêt à endosser les petites fautes que je pouvais commettre dans l'exercice de mes fonctions. Je le remercie ici de l'aide qu'il m'apporta. La 66ème compagnie était commandée par le Capitaine Fort, le Lieutenant des Fontaines était son adjoint.
Après avoir suivi le peloton n° 1 à Sidi-Bel-Abbès, je fus nommé caporal à compter du 1er juin 1941. J'avais vingt ans. Dès mon retour à la 66ème compagnie, j'ai repris mon emploi au bureau, où j'ai retrouvé mon registre de solde. Celui-ci comportait six colonnes : Noms et prénoms, matricules, montant de la solde, montant du crédit au foyer, le solde et la signature. Il faut préciser que la plupart de nos grands anciens, du moins ceux stationnés dans ces contrées du Sud-Algérien, ne percevaient jamais de numéraire, car le crédit consenti par le foyer était égal à la solde de la quinzaine. Le foyer offrait peu de choses : Vin, cigarettes, tabac, papier à cigarettes, dentifrice, cirage et le "miror", produit destiné à faire briller les boutons des vareuses. La bière n'était pas du tout appréciée par nos anciens, peut-être parce que les moyens frigorifiques étaient inexistants au foyer. La vie de compagnie se déroulait normalement, partagée entre travail quotidien et l'instruction, qui était surtout axée sur le tir.
A deux ou trois reprises seulement la monotonie fut interrompue par des tournées de police dans le Sud de Colomb-Béchar, mais surtout, par une intervention musclée dans le site des mines de houille de Kenadza à la suite d'une révolte des mineurs où les ingénieurs avaient été victimes d'exactions. Le 12 octobre 1941, au matin, j'ai du inscrire sur un registre annexe 150 noms de tirailleurs sénégalais afin de les prendre en subsistance. Le bruit courait qu'ils venaient de très loin et avaient convoyé un chargement très important composé de caisses cerclées d'un poids d'environ de 35 kilos. Le secret ne dura pas longtemps : Il s'agissait d'or.
Dans l'après-midi je fus appelé au bureau de l'adjudant de compagnie où se trouvaient déjà le Sergent Schmielowski, le Caporal Liarte, ainsi que 14 Légionnaires, entre autres : Aramburu, Fernandez, Gui, Aycar, Blas et peut-être même Nizzola, César Napoléon (figure du 2ème REI, par la suite officier de la Légion d'honneur).
Nous devions préparer sans plus tarder notre paquetage dans "l'As de carreau" qui devait comporter une tenue de sortie d'hiver une tenue d'été avec bandes molletières, chaussettes neuves, linge de corps etc.., en vue d'une mission d'une durée de huit jours dans une grande ville.
L'imagination fertile et vagabonde du légionnaire mise rapidement en appétit, les hypothèses allèrent bon train en fin d'après-midi et durant la nuit qui fut très courte.
De l'or ? Combien ? D'où venait-il ? Le transporter comment ? Et où ?
Les optimistes étaient convaincus d'aller jusqu'en Métropole, mais les plus réalistes jugèrent que cela était improbable du fait des hostilités. Le bouteillon cuisine, classe A1 tenta de nous édifier. Cet or provenait des îles ? La Réunion ? La Martinique ? La Guadeloupe ? Ou même Dakar ? Peut-être des quatre endroits conjointement ? Ce pactole, mis à l'abri dès le début du conflit de 1939 devait être rapatrié quelque part en Afrique du Nord, suivant les directives du Gouvernement de la France. Quel itinéraire avant l'arrivée à Colomb-Béchar ? Chacun de nous avait trouvé le meilleur, mais les hypothèques les plus vraisemblables pouvaient être :
1°) Après les îles, débarquement au Dahomey, Gaya ou Niamey, puis jusqu'à Bouren par le Niger et enfin la piste automobile Transsaharienne : Bidon V, Adrar, Beni-Abbès, Colomb-Béchar. Soit un total de 3.400 kilomètres.
2°) Dakar, Atar, Fort Gouraud, Fort Trinquet, Tindouf, Colomb-Béchar, totalisant environ 2.700 kilomètres. (Ce dernier exigeant l'emploi de dromadaires).
Comment savoir ? Nous n'étions pas dans le secret des dieux. Cependant, c'était sûr, il y avait des dromadaires dans le coup. Une centaine, peut-être plus ? Si nous admettions cette dernière solution et sachant qu'un dromadaire peut être chargé à 200 kilos, cela faisait un beau tonnage et un périple digne d'admiration. Le réveil eut lieu dès potron-minet du 13 octobre. Petit déjeuner vite avalé, puis perception des armes et des munitions : Revolver pour le sergent, mousqueton pour les caporaux et 86/93 pour les légionnaires. (Les 86/93 pouvaient contenir 10 cartouches dans le fut-magasin). Une unité de feu de 50 cartouches par arme. (Paquets de deux lames chargeur pleines pour chacun, enveloppées et protégées dans la toile de jute dûment cousue). Pas de 24/29, donc mission supposée tranquille.
Le caporal d'ordinaire nous avait concocté avec amour deux repas froids fort équilibrés, composés de boites de sardines à l'huile, des oeufs durs, de pommes de terre en robe de champs, du chocolat, du pain et du vin ; deux bouteillons de café complétaient ces mets préférés.
Dûment équipés et harnachés nous nous dirigeâmes à pied vers la gare de chemin de fer distante d'environ un kilomètre du quartier de la Légion. Ce quartier, dont la construction avait été achevée dans les années trente, était considéré comme un des plus modernes de toute l'Afrique du Nord. La preuve ? C'est que les lieux, dits d'aisance, étaient fort éloignés des cuisines contrairement à la plupart des quartiers ou casernes de France et de Navarre. Un vrai luxe ! Nous arrivâmes donc très vite à la gare de chemin de fer, où attendait un convoi composé d'une machine avec son tender, un wagon mixte de 1ère et 2ème classe et trois wagons de 40 en long et 8 en large.
L'or était déjà chargé dans les wagons par les soins de l'unité de tirailleurs sénégalais qui l'avait convoyé depuis le départ et qui étaient postés des deux cotés de la voie tout au long du convoi. C'étaient les tirailleurs qui avaient défilé le matin précédent dans le bureau de compagnie dont leurs noms, pour moi nouveaux, trottinaient encore dans ma tête. Le détachement prit place dans les compartiments du wagon 2ème classe où nous attendait le représentant de la Banque de France, accompagné de son épouse.
Réception on ne peut plus chaleureuse, allocution du "pékin" nous plaçant dans l'élite de l'armée d'Afrique dont l'esprit de discipline n'avait d'égal que celui du sacrifice consenti au service de notre terre d'accueil. A ces mots nous ne pouvions que bomber le torse et serrer les fesses. Ce que nous fîmes. Je n'irai pas jusqu'à écrire que les plus sensibles retinrent leurs larmes ce qui aurait été légionnairement incorrect. Par contre le plus petit d'entre nous, par la taille, mais le plus grand en âge, lâcha dans un murmure, avec son accent de titi parisien : "Si c'est pour la France, relevons les pointes de la capote, en avant !". Etant tout à coté de l'intéressé, j'entendis bien distinctement cette belle tirade patriotique que je trouvais d'ailleurs fort belle mais quelque peu exagérée. Ce n'est que bien plus tard que, ayant enrichi mon vocabulaire, j'ai compris l'allusion. Celle-ci était plutôt inspirée et destinée à l'épouse du représentant de la Banque de France qui nous faisait face en souriant, "qu'au boutonnage des pointes de la capote" afin de faciliter la marche. Il est évident qu'aucun de nous n'eut l'audace de demander la quantité d'or que nous étions censés convoyer.
Le départ du train eut lieu vers sept heures. Après que le représentant de la Banque de France et son épouse eurent rejoint leur compartiment, le sergent qui ne commandait le détachement que provisoirement nous fixait les consignes à observer durant le trajet. (Un capitaine devait nous rejoindre à Aïn-Sefra, PC du bataillon). A chaque arrêt, les deux caporaux et quatre légionnaires devaient descendre et se poster de chaque coté du convoi : Les légionnaires baïonnette au canon, les caporaux pour faire circuler les éventuels curieux. Il était prévu un arrêt à Béni-Ounif de Figuig afin d'approvisionner en eau la locomotive, puis un autre à Aïn-Sefra pour permettre au capitaine de nous rejoindre. L'esprit tranquille et débarrassé de toute corvée, sauf un "chouf" posté sur la plate forme arrière du wagon de voyageurs, chacun s'installait afin de passer le temps le plus agréablement possible avant d'arriver à Béni-Ounif, distant de 114 kilomètres. Les uns s'attablèrent pour une belote, d'autres refirent le monde. Avec Liarte, bien que néophytes dans ce jeu, nous entreprîmes une interminable partie d'échecs.
Il était également établi dans les consignes que, lorsqu'on entendrait siffler le train, (rien à voir avec la chanson) deux légionnaires devaient se pencher de chaque coté du wagon pour déterminer s'il n'y avait rien d'anormal. La plupart du temps il s'agissait de moutons ou de jeunes dromadaires à proximité de la voie ou franchement dessus et qui étaient systématiquement écartés à coups de trique par leurs bergers. De toutes façons la région était parfaitement pacifiée, l'attaque du train était fort improbable, mais…
L'allure du train était des plus modestes, puisque le trajet Colomb-Béchar à Aïn-Sefra grimpe insensiblement mais sûrement.
Nous savions à ce moment là, d'une façon certaine, que notre destination était Alger. Aucun de nous ne connaissait cette grande ville et nous étions impatients de la découvrir, aussi mythique que nous l'imaginions, tout en savourant à l'avance les réjouissances qui nous y attendaient. En effet, nous savions que peu de légionnaires, avant nous, avaient eu le privilège de déambuler dans ses artères.
Nous arrivâmes à Béni-Ounif en temps voulu. Le chauffeur avait poussé sérieusement la machine pour gagner du temps, en s'aidant à ne pas en douter, de quelques fagots d'alfa. Dès l'arrêt du train et en suivant les consignes, nous descendîmes avec Liarte et quatre légionnaires pour faire le tour du convoi, pendant que le représentant de la Banque de France et le sergent contrôlaient les plombs des panneaux d'aération des wagons et qu'un employé des chemins de fer vérifiait les essieux mais apparemment si décontracté qui donnait envie de le faire recommencer.
Après que la locomotive eut étanché sa soif, le train reprit la voie sur Aïn-Sefra où nous comptions arriver avant midi. Il fallait parcourir 150 kilomètres pour y parvenir. Encore une fois le chauffeur crût conduire un rapide car nous entrions en gare d'Aïn-Sefra à l'heure convenue. Le Capitaine Luccini (je crois) accompagné de son épouse prenait place dans le train qui repartait immédiatement, sans même que la locomotive refasse son plein..
Le capitaine nous rassemblait pour renouveler les consignes et faire notre connaissance en précisant, entre autre, qu'il comptait sur nous pour que le transbordement de l'or en gare de Perregaux, endroit où la voie devient large, se fasse dans un temps record. Le prochain arrêt était prévu dans un petit bled appelé Souiga ou Bouiga, pas très loin d'Aïn-Sefra. Nous y arrivâmes en moins d'une heure. Tout le détachement à terre pour se dégourdir les jambes pendant que la "loco" prenait son eau. R.A.S concernant le bon état des wagons et pas de pillard en vue. Tout était parfait.Trois coups de sifflet et nous revoilà partis sur ce plateau désertique, aride et d'une monotonie qui donnait la mélancolie et le sommeil aussi. Nous brûlâmes Méchéria à toute allure afin d'arriver au Kreider pas trop tard dans l'après-midi. Ce n'est pas croyable ce qu'une locomotive peut avoir soif. Pied à terre donc, dans ce bled aux eaux chaudes. Alors que je faisais ma ronde, quelle ne fut pas ma surprise de constater qu'un des panneaux d'aération était ouvert. Branle-bas de combat après mon alerte. Tout le détachement autour du convoi, prêt à déchirer les sachets en jute contenant les munitions.
Le représentant du Gouverneur de la Banque de France prenait la décision de rompre les plombs afin de vérifier si le nombre de caisses était complet. Il désignait le sergent et moi-même pour le comptage. Celui-ci s'avéra conforme. (Si mes souvenirs ne me trahissent pas, cela devait faire entre 150 et 200 caisses). Après avoir remis les scellés le convoi repartait avec quelque retard sur l'horaire prévu. Maintenant nous savions, à 500 kilos près, le tonnage d'or que nous escortions. A savoir, en admettant que chaque wagon avait le même nombre de caisses et que ces dernières pesaient chacune dans les 35 kilos, cela faisait en gros dans les 20 tonnes d'or. Contents de nos calculs et conclusions, nous savourâmes béatement notre importance, sans qu'une seule fois le perfide "Belzébuth" ne vint torturer nos cerveaux en leur infiltrant des idées inconvenantes. Afin de mettre un peu d'ambiance nous entonnâmes d'emblée "Il y a des cailloux sur toutes les routes". Profitant de la "mer d'alfa" toute proche, le chauffeur “mit le paquet” pour rattraper le temps perdu. Dédaignant Saïda, le prochain arrêt technique était planifié à Mascara où nous arrivâmes vers les 18 heures. L'arrêt fut de courte durée. Depuis Saïda, le panorama était tout autre que celui des Hauts Plateaux et nous contemplions presque avec extase la nature verdoyante de cette contrée qui nous faisait oublier le but de notre mission. A partir de Mascara, nous remarquâmes que notre convoi était sous haute surveillance ; des voitures de police ou de gendarmerie suivaient le convoi par les routes les plus proches de la voie. Il y avait de quoi être fier et le roi n'était pas notre cousin mais notre frère. Cependant en analysant la situation, il n'était pas défendu de conclure que cette plaine très civilisée, était bien plus dangereuse que les régions désertiques que nous venions de traverser.Entre 19 et 20 heures Perregaux. D'un coté du quai, notre convoi encore essoufflé, de l'autre dans une voie large, le train qui devait nous transporter jusqu'au terminus Alger. Tous les quais de la gare étaient bondés de policiers en tenue ou en civil, mais pas un pour nous donner un coup de main. Nous voilà, nous légionnaires transformés en manutentionnaires sans aucune protection syndicale, à transborder pas loin de 20.000 kilos d'or. Avant l'opération le capitaine nous avait confié, en catimini, que le responsable de la Banque de France nous réservait une prime républicaine sinon royale, en récompense de nos efforts et prévision de notre séjour à Alger. Il ne nous en fallait pas plus pour déployer toute l'énergie dont nous étions capables. Vers 21 heures nous terminions le transbordement complètement lessivés. Après le plombage des wagons (deux au lieu de trois) et après autres vérifications, nous quittions Perregaux pour Affreville d'un trait. Le transbordement nous avait permis de confirmer le poids d'or que nous supposions. Le sergent qui semblait fort bien renseigné nous confia que le lingot d'or d'un kilo valait 500.000 francs de 1941. A défaut de calculette, un crayon nous permit de savoir que nous transportions un milliard de francs. Protégés tout au long du trajet par un Corps'Armée, suivant le convoi par les routes environnantes, le détachement s'effondrait dans un profond sommeil, sans rêves ni cauchemars. Dommage qu'il y eut Affreville où, malgré une importante escorte policière, nous fûmes obligés de procéder à la protection rapprochée du convoi, baïonnette au canon. Très impressionnant.
Après cet arrêt technique, en route pour le final de notre odyssée, distante de 130 kilomètres environ, où nous pensions arriver vers l'aurore. De Maison-Carrée jusqu'à la gare d'Alger ce fut titanesque. Un nombre incalculable de véhicules avec des phares allumés et klaxons bloqués escortait notre convoi spécial.
La gare d'Alger était fortement protégée et éclairée (le jour pointant à peine). Grâce à des projecteurs dont les faisceaux étaient dirigés sur le quai où nous devions nous arrêter à hauteur de cinq camions chargés de transborder le précieux métal jusqu'à la Banque d'Algérie. Encore une fois c'est à nous légionnaires et à nous seuls qu'incombait le travail de transbordement. Cela commençait à nous chatouiller quelque part, d'autant plus qu'une fois arrivés à la banque, il faudrait recommencer !A la fin de l'opération de transbordement, que nous effectuons à la chaîne, une des caisses contenant des pièces de monnaie tomba sur le coin du quai, puis sur le ballast et se disloqua entièrement. Ce fut l'affolement complet. Heureusement les pièces étaient conditionnées dans des rouleaux de papier et seulement une dizaine de ces derniers se déchirèrent. Un projecteur mis rapidement en action éclaira efficacement l'endroit et deux légionnaires furent désignés pour descendre sur le ballast après que le train eut manœuvré. Contrairement à ce qui aurait pu être redouté, les pièces éparpillées furent retrouvées en totalité ! ! (La caisse contenait 3.000 pièces). Satisfaits et fiers de notre exploit, nous terminâmes le transbordement dans le temps qui nous avait été imparti.
Après avoir récupéré notre barda, nous repartîmes dans les cinq camions pour les escorter et prîmes la direction de la Banque d'Algérie. Celle-ci était située dans une grande artère que je ne saurai nommer et qui pour l'occasion était vide de toute circulation automobile et de piétons. Nous revoilà déguisés en manutentionnaires. A tour de rôle et par deux, les camions vinrent s'installer à cul sur la façade du bâtiment, contre deux soupiraux-toboggans par lesquels nous glissions les précieuses caisses. Le travail fut exécuté rapidement et dans les meilleurs conditions.
Nous étions très fatigués, pour ne pas dire exténués, car en vingt-quatre heures, nous avions "remués" dans les 60 tonnes d'or ! Nos mains étaient également très abîmées, car dépourvues de gants. Peu importe, nous pensions à la prime substantielle qui allait nous être consentie.
Nous fûmes conviés dans un local de la banque où il nous fut servi un café. Même pas un bout de boudin ! La collation dégustée, le représentant de la Banque de France plaçait encore notre détachement dans une image rose et nous remerciait au nom de la France. Puis, le capitaine en personne nous remettait à chacun la somme de 30 francs ! Nous restâmes impassibles car disciplinés et remerciâmes comme il se devait.En subsistance dans la caserne Vallée, située prés d'une plage, nous étions comme coq en pâte. A titre tout à fait exceptionnel, le sergent nous avait autorisé à sortir avec le couvre képi blanc, ce qui était inconcevable en ce temps là. Je crois que cela ne s'était produit que lors du défilé du 14 juillet à Paris en 1938 où la Légion participait pour la première fois. Dans tous les cas, cela s'avérait fort profitable pour nous, car dans tous les bistrots de la ville les consommations nous étaient offertes soit par le patron, soit par les consommateurs. Nous avions jamais vu cela et ne pouvions que nous féliciter.
Ces quatre jours de quartier libre furent un enchantement, car aucune contrainte, ni servitude ne vient altérer cette détente. Ajoutons à ces avantages, l'autorisation de sortir ou rentrer au quartier à notre guise et ce jusqu'à 24 heures. Le rêve ! Ainsi que les couleurs finissent par se ternir, il en fut de même pour la joie de notre détachement. Il fallut rentrer au bercail. La dernière nuit fut chaude. Lors du retour à Colomb-Béchar, via Sidi-Bel-Abbès, chacun contait ses prouesses amoureuses ou qui avaient failli l'être, avec l'assurance d'un suivi épistolaire avec photographie à la clé. Un légionnaire peut être très romantique ! Bien sûr, pas possible, juré, craché, de manier la cravate, car en 1941 et même plus tard, ce n'en était pas une et elle n'était pas verte non plus. Voilà comment de jeunes légionnaires (les plus méritants évidemment !) escortèrent dans des conditions fort singulières mais avec maestria, une partie de la réserve d'or de la Banque de France.
Récemment et avec la complicité de mon ami, le Colonel Oddou, j'ai pu, grâce à "Historia", prendre connaissance de toutes les péripéties et exploits qui avaient eu lieu en 1940 pour mettre à l'abri la réserve d'or de la Banque de France.
La France possédait avant les hostilités, 2.340 tonnes d'or ! La plus grande partie de cet énorme pactole fut évacué vers l'Amérique (Federal Reserve Bank de New York) via Halifax, mais aussi vers la Martinique et Dakar. Les navires ayant participé à un tel transport d'or jusqu'alors jamais réalisé (Cela représentait une valeur supérieure à tout l'or extrait lors de la ruée vers l'or, plus celui " récupéré " chez les Aztèques et Incas par les Espagnols) furent : "la Marseillaise", "le Jean de Vienne", "l’Algérie", "l’Emile Bertin", "le Jeanne d'Arc", "l'Aigle", "la Lorraine", "le Bretagne", “le Béarn".
(Référence : Historama n° 260 de juillet 1973 et Historia n° 413 d'avril 1981).
Re: Transport de fonds
charognard33 a écrit:merci Daniel
je comprends mieux pourquoi le film "les Morfaloud"
oui Laurent ca eu pu comme on dit mais je pense d'après mes recherches que La version originale du film est américaine : De l'or pour les braves et qu'il ne c'est pas inspiré de ce vrais fait de guerre ,peut être la seul référence a la Légion est Avant le générique final, on peut voir la phrase « J'étais l'homme le plus riche du monde, l'or m'a ruiné » en référence au livre de Blaise Cendrars : L'Or.
Une des phrase que j'aime dans ce film est : - Les conneries on les fait avant d'entrer à la Légion, pas pendant !
- Pardon, en ce qui me concerne, je ne suis pas limité dans le temps, je ne suis pas légionnaire ! dit le Jacques Villeret (Brigadier Beral)
Re: Transport de fonds
belle anecdotes daniel
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Re: Transport de fonds
Tres tres bonne annedocte.
Heureuseent je n'etais pas le chef de convoi
Heureuseent je n'etais pas le chef de convoi
Bushman- Messages : 755
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Re: Transport de fonds
a lire
opération FISH
"comment l'or de l'EUROPE échappa au nazis" par Alfred DRAPPER
histoire passionante et méconnu
il se peut que l'or protégé par la légion cette fois la provenait de BELGIQUE ou de POLOGNE et de FRANCE bien sur
opération FISH
"comment l'or de l'EUROPE échappa au nazis" par Alfred DRAPPER
histoire passionante et méconnu
il se peut que l'or protégé par la légion cette fois la provenait de BELGIQUE ou de POLOGNE et de FRANCE bien sur
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Re: Transport de fonds
Le transport de fond à la Légion en 1972
En 1972 j'étais caporal à la Compagnie de Pionniers de la Légion Etrangère, composante du 61ème Bataillon Mixte de Génie Légion, stationnée à CANJUERS. A l'époque pratiquement aucun légionnaire ne possédait un compte en banque et la solde était versée en liquide.
Je fût désigné un jour, avec d'autres camarades, pour escorter et assurer la proctection de la solde du bataillon, à moins que ce ne fût celle de la compagnie( ce qui serait étonnant). En tout cas peu me souciait le volume et la valeur du transport car ce qui était intéressant pour moi était la mission elle même.
Le convoi comportait trois véhicules. Le véhicule de transport était un plateau Renault sur lequel était couché à plat un coffre fort fixé au plateau par des chaînes. Rien d'exceptionnel puisque je crois savoir que la procédure était la même à AUBAGNE à cette époque.
Deux Jeep avec quatre hommes (sous officier et légionnaires) étaient placées à l'avant et à l'arrière de la " tirelire".
Nous reçumes chacun une MAT 49 avec chargeur garni. Comme mesures de sécurité le chargeur était dans son logement mais le boitier chargeur était replié le long du canon avec culasse non armée!
J'avais entendu parler de l'attaque, par des malfrats, de la solde du 1er Régiment Etranger sur MARSEILLE avec paraît il des conséquences graves pour certains de nos camarades. Aussi décidais je sans en référer à ma hiérarchie de me préparer à une prompte risposte pour le cas ou une attaque surviendrait. Je décliquais le boitier chargeur de la MAT et inclinait légèrement celui ci. De même j'armais la culasse mobile( cela est impossible à déceler car on ramène le levier d'armement vers l'avant). Ainsi je n'avais qu'à abaisser totalement le boitier chargeur jusqu'au "clic" de mise en place et presser la détente.
Sans me vanter j'étais plutôt bon au tir au PM et je n'aurais eu aucun état d'âme à sulfater des malfrats en évitant si possible les dégâts collatéraux, mais là c'est une histoire qui s'écrit dans l'action.
Le trajet pour se rendre à la succursale de la banque de FRANCE à DRAGUIGNAN comportait quelques zones à risques. la route était assez bonne et suivait une partie pratiquement " sous roche" c'est à dire d'un côté la falaisse et de l'autre le ravin. Donc une attaque ne pouvait survenir que dans les zones dégagées comportant des itinéraires de repli. Le contraire des embuscades classiques dans ce genre de "décor"
Arrivés à la BDF de DRAGUIGNAN le coffre fut "déchaîné" pour recevoir l'argent et une fois les chaînes remises en place le convoi repris la direction du Camp.
Le retour se déroula sans histoire et le contenu du coffre fût mis en sûreté dans un coffre fixe celui là! Le plateau Renault fila en direction des ateliers ou le coffre fut retiré
On était bien loin des "tirelires roulantes" qui sillonnent nos routes aujourd'hui et à ma connaissance aucune attaque au RPG n'avait encore eu lieu. Il faut dire que le rideau de fer était assez hermétique à l'époque tout aussi bien pour les hommes que pour les matériels de guerre.
Le lendemain ou le surlendemain les légionnaires percevaient leur solde. C'est la seule fois où je fût sollicité pour cette mission. Sans doute pour ne pas donner d'idées aux convoyeurs!
ROBERT
En 1972 j'étais caporal à la Compagnie de Pionniers de la Légion Etrangère, composante du 61ème Bataillon Mixte de Génie Légion, stationnée à CANJUERS. A l'époque pratiquement aucun légionnaire ne possédait un compte en banque et la solde était versée en liquide.
Je fût désigné un jour, avec d'autres camarades, pour escorter et assurer la proctection de la solde du bataillon, à moins que ce ne fût celle de la compagnie( ce qui serait étonnant). En tout cas peu me souciait le volume et la valeur du transport car ce qui était intéressant pour moi était la mission elle même.
Le convoi comportait trois véhicules. Le véhicule de transport était un plateau Renault sur lequel était couché à plat un coffre fort fixé au plateau par des chaînes. Rien d'exceptionnel puisque je crois savoir que la procédure était la même à AUBAGNE à cette époque.
Deux Jeep avec quatre hommes (sous officier et légionnaires) étaient placées à l'avant et à l'arrière de la " tirelire".
Nous reçumes chacun une MAT 49 avec chargeur garni. Comme mesures de sécurité le chargeur était dans son logement mais le boitier chargeur était replié le long du canon avec culasse non armée!
J'avais entendu parler de l'attaque, par des malfrats, de la solde du 1er Régiment Etranger sur MARSEILLE avec paraît il des conséquences graves pour certains de nos camarades. Aussi décidais je sans en référer à ma hiérarchie de me préparer à une prompte risposte pour le cas ou une attaque surviendrait. Je décliquais le boitier chargeur de la MAT et inclinait légèrement celui ci. De même j'armais la culasse mobile( cela est impossible à déceler car on ramène le levier d'armement vers l'avant). Ainsi je n'avais qu'à abaisser totalement le boitier chargeur jusqu'au "clic" de mise en place et presser la détente.
Sans me vanter j'étais plutôt bon au tir au PM et je n'aurais eu aucun état d'âme à sulfater des malfrats en évitant si possible les dégâts collatéraux, mais là c'est une histoire qui s'écrit dans l'action.
Le trajet pour se rendre à la succursale de la banque de FRANCE à DRAGUIGNAN comportait quelques zones à risques. la route était assez bonne et suivait une partie pratiquement " sous roche" c'est à dire d'un côté la falaisse et de l'autre le ravin. Donc une attaque ne pouvait survenir que dans les zones dégagées comportant des itinéraires de repli. Le contraire des embuscades classiques dans ce genre de "décor"
Arrivés à la BDF de DRAGUIGNAN le coffre fut "déchaîné" pour recevoir l'argent et une fois les chaînes remises en place le convoi repris la direction du Camp.
Le retour se déroula sans histoire et le contenu du coffre fût mis en sûreté dans un coffre fixe celui là! Le plateau Renault fila en direction des ateliers ou le coffre fut retiré
On était bien loin des "tirelires roulantes" qui sillonnent nos routes aujourd'hui et à ma connaissance aucune attaque au RPG n'avait encore eu lieu. Il faut dire que le rideau de fer était assez hermétique à l'époque tout aussi bien pour les hommes que pour les matériels de guerre.
Le lendemain ou le surlendemain les légionnaires percevaient leur solde. C'est la seule fois où je fût sollicité pour cette mission. Sans doute pour ne pas donner d'idées aux convoyeurs!
ROBERT
Re: Transport de fonds
merci robert
olivier- Admin
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