Une guerre contre le pavot et contre les Talibans ? Impossible
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Une guerre contre le pavot et contre les Talibans ? Impossible
Les talibans avaient éradiqué la culture du pavot
Gwynne Dyer
Le Soleil
jeudi 3 mai 2007
« Peuple respecté de Helmand » : c’est ainsi que le
message radio commençait. « Les soldats de la Force internationale
d’assistance à la sécurité (FIAS) et de l’Armée nationale afghane (ANA)
ne vont pas détruire les champs de pavot parce qu’ils savent que
beaucoup d’Afghans ne peuvent pas faire autrement que de cultiver le
pavot. La FIAS et l’ANA ne veulent pas empêcher la population de gagner
sa vie ». Ce message était si raisonnable que ce devait être une
erreur. Et, bien évidemment, ça l’était.
Le message, rédigé par un officier de la FIAS et
diffusé dans la province de Helmand, la semaine dernière, sur deux
stations de radio locales, a aussitôt été condamné par toute la
hiérarchie des responsables afghans et américains, y compris par le
président Hamid Karzaï. Doit-on comprendre qu’en réalité, la FIAS
compte bien anéantir les champs de pavot des agriculteurs ?
Le sale job par des civils
Eh bien, pas exactement. Aux dernières nouvelles, ce
qu’elle a prévu, c’est que ce soit des civils qui aspergent
d’herbicides les champs, tandis que les soldats occidentaux se
contenteront d’empêcher toute représaille de la part des cultivateurs.
Ainsi, la FIAS compte rallier beaucoup de gens à sa cause au Helmand et
dans les autres provinces afghanes productrices d’opium, où l’ancien
régime taliban tente de faire un retour en force par les armes.
Les soldats de la FIAS ne veulent pas être perçus comme
des destructeurs de pavot parce que cela pourrait coûter la vie à un
grand nombre d’entre eux (les cultivateurs étant capables de se
transformer en combattants talibans du jour au lendemain). C’est
apparemment un officier britannique (de réserve) de l’Armée
territoriale, fraîchement arrivé de Grande-Bretagne qui se serait « un
peu laissé emporter par la langue » et a délivré ce message offensant
aux stations de radio locales de Helmand. En réalité, une majorité de
soldats en Afghanistan, quelle que soit leur nationalité, partagent
secrètement le même point de vue. On ne peut pas mener de front une
guerre contre les talibans et une « guerre contre la drogue » et les
remporter toutes deux en même temps.
Les talibans avaient éradiqué la culture du pavot
Cela avait été bien compris en 2001, au moment de
l’invasion. Les talibans, tout fanatiques islamistes austères qu’ils
étaient, étaient parvenus en 2000 à éradiquer toute culture du pavot,
en faisant pendre tout bonnement quiconque se livrait à cette activité.
Les talibans avaient quémandé une aide auprès de
l’Occident pour les agriculteurs en détresse qui, en cultivant des
céréales et des légumes, gagnaient seulement le quart de leurs anciens
revenus. Pourtant le Mollah Amir Mohammed Haqqani s’est montré
catégorique : « Que nous obtenions une aide ou non, la culture du pavot
ne sera plus jamais autorisée dans notre pays ».
Puis les hôtes des talibans, Oussama Ben Laden et ses
amis d’Al-Qaïda, ont mené les attentats du 11 septembre contre les
États-Unis. Ben Laden s’était probablement gardé de prévenir les
talibans parce qu’il était évident qu’après cet événement l’Afghanistan
serait envahi. En fait, il est presque certain qu’il souhaitait que les
États-Unis envahissent l’Afghanistan, car il imaginait la longue
guérilla qui s’ensuivrait et finirait par provoquer l’humiliation des
États-Unis, comme cela s’était passé en Union soviétique dans les
années 80.
L’utilisation risquée des seigneurs de la guerre
Les États-Unis ont toutefois esquivé ce piège en
évitant d’envahir l’Afghanistan. Ils se sont contentés de contacter les
chefs militaires d’origines ethniques diverses qui étaient déjà en
guerre contre le régime taliban, leur ont donné des armes plus
perfectionnées et beaucoup d’argent, et les ont laissé combattre sur le
terrain à leur place. Cela a très bien fonctionné et il n’y a pas eu de
guérilla.
Mais, du coup, les États-Unis comptaient sur ces
seigneurs de la guerre pour maintenir le calme en Afghanistan sans
avoir besoin d’y envoyer massivement les troupes américaines (qui
étaient en route pour l’Irak de toute façon). Or, ces seigneurs de la
guerre avaient besoin de rentrées d’argent, et donc du pavot : l’opium
et l’héroïne raffinée représentent plus du tiers du produit intérieur
brut de l’Afghanistan et la quasi-totalité de ses exportations. Les
Américains ont donc fermé les yeux jusqu’en 2002, pendant que leurs
chefs militaires alliés encourageaient les agriculteurs à replanter du
pavot. Washington n’a pas non plus protesté quand ces derniers ont été
« élus » au parlement ou sont entrés au gouvernement de Karzaï.
La production d’opium a explosé
L’année dernière, la production d’opium a explosé pour
atteindre 6 400 tonnes. Aujourd’hui, l’Afghanistan produit 92 % de
l’héroïne mondiale. Le lobby étasunien en faveur de la « guerre contre
la drogue » insiste pour que des mesures soient prises. Par conséquent,
l’armée américaine et les armées alliées en sont venues à tenter de
détruire le pavot des agriculteurs. Les talibans, quant à eux, ravalent
leurs principes anti-drogue et promettent aux agriculteurs de les
protéger. Et devinez qui est en train de gagner cette guerre…
« Nous ne pouvons pas échouer dans cette mission »,
affirmait en décembre dernier John Waters, le directeur du Bureau de la
Maison Blanche chargé de la politique nationale de contrôle des
drogues, comme s’il suffisait de vouloir pour pouvoir. Mais s’il
voulait vraiment parvenir à ses fins Afghanistan, il pourrait déjà
essayer de racheter le pavot afghan.
Les agriculteurs afghans sont payés bien moins de 100
dollars du kilo pour leur opium brut. Multipliez 6 400 tonnes par 200
dollars le kilo pour surenchérir sur les narcotrafiquants et la FIAS
aurait pu acheter l’ensemble de la production afghane de l’année
dernière pour 2,5 milliards de dollars. Qui plus est, l’argent serait
allé directement dans les poches de la population qu’elle voudrait
« rallier à sa cause » : les 13 % d’Afghans qui participent au commerce
de l’opium.
Bien sûr, l’année suivante, les Afghans auraient planté
deux fois plus de pavot, si bien que le coût de l’opération s’élèverait
à long terme. Par ailleurs, rien n’arrêtera le trafic d’héroïne en
direction de l’Occident : même si la production de pavot était
complètement éradiquée en Afghanistan, elle ne ferait que se déplacer
ailleurs, comme dans le Triangle d’Or en Asie du Sud-Est. En revanche,
racheter les récoltes de pavot est à peu près la seule chose qui
donnerait à la FIAS une chance de gagner cette petite guerre qui prend
une vilaine tournure.
***
Gwynne Dyer
Journaliste indépendant*
*L’auteur est un Canadien, basé à Londres. Ses articles sont publiés dans 45 pays. Son dernier livre, Futur Imparfait, est publié au Canada aux Éditions Lanctôt.

Gwynne Dyer
Le Soleil
jeudi 3 mai 2007
« Peuple respecté de Helmand » : c’est ainsi que le
message radio commençait. « Les soldats de la Force internationale
d’assistance à la sécurité (FIAS) et de l’Armée nationale afghane (ANA)
ne vont pas détruire les champs de pavot parce qu’ils savent que
beaucoup d’Afghans ne peuvent pas faire autrement que de cultiver le
pavot. La FIAS et l’ANA ne veulent pas empêcher la population de gagner
sa vie ». Ce message était si raisonnable que ce devait être une
erreur. Et, bien évidemment, ça l’était.
Le message, rédigé par un officier de la FIAS et
diffusé dans la province de Helmand, la semaine dernière, sur deux
stations de radio locales, a aussitôt été condamné par toute la
hiérarchie des responsables afghans et américains, y compris par le
président Hamid Karzaï. Doit-on comprendre qu’en réalité, la FIAS
compte bien anéantir les champs de pavot des agriculteurs ?
Le sale job par des civils
Eh bien, pas exactement. Aux dernières nouvelles, ce
qu’elle a prévu, c’est que ce soit des civils qui aspergent
d’herbicides les champs, tandis que les soldats occidentaux se
contenteront d’empêcher toute représaille de la part des cultivateurs.
Ainsi, la FIAS compte rallier beaucoup de gens à sa cause au Helmand et
dans les autres provinces afghanes productrices d’opium, où l’ancien
régime taliban tente de faire un retour en force par les armes.
Les soldats de la FIAS ne veulent pas être perçus comme
des destructeurs de pavot parce que cela pourrait coûter la vie à un
grand nombre d’entre eux (les cultivateurs étant capables de se
transformer en combattants talibans du jour au lendemain). C’est
apparemment un officier britannique (de réserve) de l’Armée
territoriale, fraîchement arrivé de Grande-Bretagne qui se serait « un
peu laissé emporter par la langue » et a délivré ce message offensant
aux stations de radio locales de Helmand. En réalité, une majorité de
soldats en Afghanistan, quelle que soit leur nationalité, partagent
secrètement le même point de vue. On ne peut pas mener de front une
guerre contre les talibans et une « guerre contre la drogue » et les
remporter toutes deux en même temps.
Les talibans avaient éradiqué la culture du pavot
Cela avait été bien compris en 2001, au moment de
l’invasion. Les talibans, tout fanatiques islamistes austères qu’ils
étaient, étaient parvenus en 2000 à éradiquer toute culture du pavot,
en faisant pendre tout bonnement quiconque se livrait à cette activité.
Les talibans avaient quémandé une aide auprès de
l’Occident pour les agriculteurs en détresse qui, en cultivant des
céréales et des légumes, gagnaient seulement le quart de leurs anciens
revenus. Pourtant le Mollah Amir Mohammed Haqqani s’est montré
catégorique : « Que nous obtenions une aide ou non, la culture du pavot
ne sera plus jamais autorisée dans notre pays ».
Puis les hôtes des talibans, Oussama Ben Laden et ses
amis d’Al-Qaïda, ont mené les attentats du 11 septembre contre les
États-Unis. Ben Laden s’était probablement gardé de prévenir les
talibans parce qu’il était évident qu’après cet événement l’Afghanistan
serait envahi. En fait, il est presque certain qu’il souhaitait que les
États-Unis envahissent l’Afghanistan, car il imaginait la longue
guérilla qui s’ensuivrait et finirait par provoquer l’humiliation des
États-Unis, comme cela s’était passé en Union soviétique dans les
années 80.
L’utilisation risquée des seigneurs de la guerre
Les États-Unis ont toutefois esquivé ce piège en
évitant d’envahir l’Afghanistan. Ils se sont contentés de contacter les
chefs militaires d’origines ethniques diverses qui étaient déjà en
guerre contre le régime taliban, leur ont donné des armes plus
perfectionnées et beaucoup d’argent, et les ont laissé combattre sur le
terrain à leur place. Cela a très bien fonctionné et il n’y a pas eu de
guérilla.
Mais, du coup, les États-Unis comptaient sur ces
seigneurs de la guerre pour maintenir le calme en Afghanistan sans
avoir besoin d’y envoyer massivement les troupes américaines (qui
étaient en route pour l’Irak de toute façon). Or, ces seigneurs de la
guerre avaient besoin de rentrées d’argent, et donc du pavot : l’opium
et l’héroïne raffinée représentent plus du tiers du produit intérieur
brut de l’Afghanistan et la quasi-totalité de ses exportations. Les
Américains ont donc fermé les yeux jusqu’en 2002, pendant que leurs
chefs militaires alliés encourageaient les agriculteurs à replanter du
pavot. Washington n’a pas non plus protesté quand ces derniers ont été
« élus » au parlement ou sont entrés au gouvernement de Karzaï.
La production d’opium a explosé
L’année dernière, la production d’opium a explosé pour
atteindre 6 400 tonnes. Aujourd’hui, l’Afghanistan produit 92 % de
l’héroïne mondiale. Le lobby étasunien en faveur de la « guerre contre
la drogue » insiste pour que des mesures soient prises. Par conséquent,
l’armée américaine et les armées alliées en sont venues à tenter de
détruire le pavot des agriculteurs. Les talibans, quant à eux, ravalent
leurs principes anti-drogue et promettent aux agriculteurs de les
protéger. Et devinez qui est en train de gagner cette guerre…
« Nous ne pouvons pas échouer dans cette mission »,
affirmait en décembre dernier John Waters, le directeur du Bureau de la
Maison Blanche chargé de la politique nationale de contrôle des
drogues, comme s’il suffisait de vouloir pour pouvoir. Mais s’il
voulait vraiment parvenir à ses fins Afghanistan, il pourrait déjà
essayer de racheter le pavot afghan.
Les agriculteurs afghans sont payés bien moins de 100
dollars du kilo pour leur opium brut. Multipliez 6 400 tonnes par 200
dollars le kilo pour surenchérir sur les narcotrafiquants et la FIAS
aurait pu acheter l’ensemble de la production afghane de l’année
dernière pour 2,5 milliards de dollars. Qui plus est, l’argent serait
allé directement dans les poches de la population qu’elle voudrait
« rallier à sa cause » : les 13 % d’Afghans qui participent au commerce
de l’opium.
Bien sûr, l’année suivante, les Afghans auraient planté
deux fois plus de pavot, si bien que le coût de l’opération s’élèverait
à long terme. Par ailleurs, rien n’arrêtera le trafic d’héroïne en
direction de l’Occident : même si la production de pavot était
complètement éradiquée en Afghanistan, elle ne ferait que se déplacer
ailleurs, comme dans le Triangle d’Or en Asie du Sud-Est. En revanche,
racheter les récoltes de pavot est à peu près la seule chose qui
donnerait à la FIAS une chance de gagner cette petite guerre qui prend
une vilaine tournure.
***
Gwynne Dyer
Journaliste indépendant*
*L’auteur est un Canadien, basé à Londres. Ses articles sont publiés dans 45 pays. Son dernier livre, Futur Imparfait, est publié au Canada aux Éditions Lanctôt.
Dernière édition par lafleur931 le Jeu 14 Jan - 6:25, édité 1 fois (Raison : mise en page)
Invité- Invité
Re: Une guerre contre le pavot et contre les Talibans ? Impossible
hé bé il va falloir trouvez une alternative a la culture du pavot cela va pas etre evident un cercle sans fin cette histoire
olivier- Admin
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Date d'inscription : 10/11/2009
Age : 57
Re: Une guerre contre le pavot et contre les Talibans ? Impossible
Quand on cherche, on trouve;
Ce que je dis plus haut en quelques lignes ajoutees au texte du journaliste se confirme; je viens de decouvrir cet article de Voltaire-net, datant de 2005, mais toujours d'actualite.
Il va conforter Daniel dans la reponse qu'il m'a faite au sujet des vues lointaines des politiques qui contredisent parfois et meme souvent ce qui se passe en temps reel sur le terrain.
Si on lit bien tout, en non en diagonale, nos soldats en Afghanistan sont en fait en train de faire diversion pour la grande bataille qui se produira un jour ou l'autre entre les USA et leurs allies et l'Iran, adversaire autrement plus coriace que l'Irak.
Le Pakistan exploite le pavot afghan
Depuis
qu’il est placé sous contrôle des forces de stabilisation de l’OTAN,
l’Afghanistan est devenu le premier producteur mondial de pavot
à opium. Cette marchandise est raffinée dans les laboratoires des
services secrets pakistanais et fournit l’essentiel du Produit national
brut de l’Afghanistan et du Pakistan, devenus tous deux des
narco-États. Loin de profiter aux populations, cette manne est utilisée
à l’achat d’armement états-unien en prévision de l’attaque de l’Iran.
Immédiatement après l’attaque de l’Afghanistan par les États-Unis et le renversement de l’émirat auto-proclamé des talibans, le président George W. Bush envoya un émissaire spécial évaluer la situation. Dans son rapport, James Dobbins indiqua : « Les
drogues sont la principale source d’argent pour financer la
reconstruction, dépassant largement les aides internationales cumulées ».
Cette observation ne s’est pas démentie. En trois ans, la production
d’opium s’est développée en flèche. Elle s’étend aujourd’hui sur 130
000 hectares et représente 87 % de la production mondiale. Dans ce pays
dévasté, il n’y a en fait pas d’autre sources de richesse, hormis les
aides internationales, observe le professeur Barnett Rubin de la New
York University [1].
Ce phénomène est unanimement déploré par les dirigeants
internationaux. Il est pourtant impossible qu’il ait pris une telle
ampleur sans l’approbation, au moins tacite, des nouveaux maîtres du
pays, c’est-à-dire de l’armée des États-Unis et de l’OTAN. Cette
collusion est désormais un secret de polichinelle, même si aucun
responsable politique n’ose l’aborder en public. Une exception
toutefois : le ministre de la défense français, Michèle Alliot-Marie,
n’a pas hésité à exprimer son irritation dans les colonnes du Washington Post.
Elle y regrettait que les GI’s ne se sentent pas concernées par ce
trafic qui approvisionne le seul marché européen et le laissent se
dérouler sous leurs yeux, alors même qu’ils demandaient l’aide
militaire des Européens pour stabiliser le pays [2].
Pour comprendre ce que cache cette vaste tartufferie, un retour en arrière et quelques explications techniques sont nécessaires.
Pour représenter une valeur marchande, la gomme du pavot
doit être raffinée, puis distribuée sur un marché solvable. La culture
ne se développe donc qu’une fois adossée à des laboratoires locaux et à
des réseaux internationaux. Contrairement au raffinage de la cocaïne,
celui de l’héroïne nécessite une logistique importante, donc une
organisation centralisée éloignée des cultivateurs. Une telle structure
de production ne peut exister à l’insu du pouvoir politique.
Ainsi, la culture spéculative du pavot
est apparue en marge de la guerre civile à la suite d’une décision
politique. Le patron des services secrets français, Alexandre de
Marenches, s’est vanté d’avoir imaginé le financement de la lutte des
moudjahidines contre les Soviétiques par la production de drogues et de
l’avoir conseillé à son homologue états-unien. Quoi qu’il en soit, la
culture s’est développée dans les années 80 au nord, le long de la
frontière afghano-pakistanaise et le raffinage souvent au Pakistan
même, sous le contrôle de l’ISI (services secrets militaires). Faisant
subir aux Soviétiques ce qu’ils avaient enduré au Vietnam, les
États-uniens renvoyaient l’héroïne en Afhanistan pour la faire
consommer par les soldats soviétiques et démoraliser leur armée.
Loin de prendre fin au retrait des troupes soviétiques, la guerre
civile devint dans les années 90 une guerre de tous contre tous. Des
chefs de guerre, regroupant des bandes armées ethniques, se livrèrent
bataille au gré d’alliances éphémères, chacun d’entre eux finançant ses
propres troupes en organisant la culture du pavot
dans la zone de territoire qu’il contrôlait ; l’ISI pakistanaise
conservant une autorité au-dessus de la mêlée grace au monopole du
raffinage. Les États-uniens, qui continuaient à surveiller la
distribution, veillèrent à en faire écouler une grande partie en Iran
pour saper la société révolutionnaire islamique.
En 1992, Washington tenta de mettre fin à la guerre civile afghane,
qu’il avait provoquée, en asséchant son financement, donc en fermant
les raffineries pakistanaises. La Maison-Blanche dépêcha d’importantes
équipes de la DEA (Drug Enforcement Administration) à Islamabad, mais
il était trop tard. Les efforts du général Asif Nawaz se révélérent
infructueux : l’économie pakistanaise elle-même était devenue
dépendante des drogues.
Dans la période précédant l’attaque de l’Afghanistan par les
États-Unis, la majeure partie du territoire afghan était gouvernée par
la confrérie des talibans, soutenue
à bout de bras par l’ISI. La secte s’était constituée unilatéralement
en émirat et se finançait exclusivement par la culture du pavot. Les talibans
et leur hôte, Oussama Ben Laden, imaginèrent une casuistique selon
laquelle l’islam interdirait aux musulmans de consommer des drogues,
mais pas d’en produire pour les infidèles. Ils négociérent à l’ONU avec
Pino Arlacchi et avec les États-Unis et acceptèrent de détruire des
récoltes contre de substantiels dédommagements, de sorte que, selon les
périodes, ils vivaient de l’opium ou de subventions.
Au Nord du pays, le commandant Massoud et son Front islamique [3] agissent identiquement.
Les accords de destruction de récolte passés entre les talibans
et l’ONU provoquèrent une grave crise économique pour le système de
raffinage de l’ISI pakistanaise. La dissension atteignit rapidement son
point de rupture, provoquant un retournement du Pakistan contre les talibans,
au moment où les États-Unis entraient eux aussi en conflit avec la
confrérie, mais à propos de la construction d’un pipe-line en ce qui
les concerne.

C’est aujourd’hui un poncif de la presse occidentale que de
prétendre qu’Oussama Ben Laden, ennemi public n°1 des États-Unis, est
toujours en vie et se cache dans les zones tribales de la frontière
afghano-pakistanaise. Il importe peu de savoir si cette imputation est
exacte ou non, on se contentera d’observer que si tel était le cas,
l’armée états-unienne devrait être intervenue depuis longtemps pour
l’en déloger, le faire prisonnier et le traduire en justice. Pourtant
il n’en est rien, tandis que les rapports officiels assurent que cette
zone tribale abrite des centres de raffinage. En définitive, on laisse
donc entendre que Ben Laden coule de paisibles jours, reconverti en
baron de la drogue au Waziristan. Quoi qu’il en soit, avec ou sans Ben
Laden, l’ISI pakistanaise conserve le monopole du raffinage et les
profits réalisés alimentent les caisses du gouvernement du général
Perez Mouscharraf.
De fait, l’économie du Pakistan est extrêmement faible. Les
exportations se limitent à des fibres textiles et à des œufs. Pourtant
l’État est très riche, au point de pouvoir acheter des chasseurs-bombardiers aux États-Unis et des bâtiments de guerre.
Loin d’exiger des explications du général Mouscharraf, lors de son
dernier voyage dans la région, la secrétaire d’État Condoleezza Rice
s’est félicitée de vendre des F-16 dernier cri à Islamabad qui n’a
aucun autre moyen de les payer que d’exploiter l’opium afghan. Chacun
ferme les yeux sur un système auquel il participe, ou a participé,
d’autant que l’Iran est devenu la nouvelle cible, que l’armée
pakistanaise sera indispensable pour frapper Téhéran et que les
opérations coûteront cher. Il n’est pas inutile de rappeler que
l’envoyé spécial du président Bush, James Dobbins,
dont nous citions en début d’article l’évaluation de la situation, est
précisément le président de la Rand Corporation, le lobby du complexe
militaro-industriel états-unien.
[1] Sur la situation générale, voir « Afghanistan 2004 », Voltaire, 20 janvier 2004.
[2] « Afghanistan’s Drug Boom », par Michèle Alliot-Marie, Washington Post, 6 octobre 2004. Nous avions par ailleurs traité ce texte dans les Tribunes Libres Internationales du 7 octobre 2004.
[3]
Pour les besoins de la communication globale, le Front islamique sera
précipitamment rebaptisé Alliance du Nord avant que Washington ne
renverse les talibans.

Ce que je dis plus haut en quelques lignes ajoutees au texte du journaliste se confirme; je viens de decouvrir cet article de Voltaire-net, datant de 2005, mais toujours d'actualite.
Il va conforter Daniel dans la reponse qu'il m'a faite au sujet des vues lointaines des politiques qui contredisent parfois et meme souvent ce qui se passe en temps reel sur le terrain.
Si on lit bien tout, en non en diagonale, nos soldats en Afghanistan sont en fait en train de faire diversion pour la grande bataille qui se produira un jour ou l'autre entre les USA et leurs allies et l'Iran, adversaire autrement plus coriace que l'Irak.
Le Pakistan exploite le pavot afghan
Depuis
qu’il est placé sous contrôle des forces de stabilisation de l’OTAN,
l’Afghanistan est devenu le premier producteur mondial de pavot
à opium. Cette marchandise est raffinée dans les laboratoires des
services secrets pakistanais et fournit l’essentiel du Produit national
brut de l’Afghanistan et du Pakistan, devenus tous deux des
narco-États. Loin de profiter aux populations, cette manne est utilisée
à l’achat d’armement états-unien en prévision de l’attaque de l’Iran.
Immédiatement après l’attaque de l’Afghanistan par les États-Unis et le renversement de l’émirat auto-proclamé des talibans, le président George W. Bush envoya un émissaire spécial évaluer la situation. Dans son rapport, James Dobbins indiqua : « Les
drogues sont la principale source d’argent pour financer la
reconstruction, dépassant largement les aides internationales cumulées ».
Cette observation ne s’est pas démentie. En trois ans, la production
d’opium s’est développée en flèche. Elle s’étend aujourd’hui sur 130
000 hectares et représente 87 % de la production mondiale. Dans ce pays
dévasté, il n’y a en fait pas d’autre sources de richesse, hormis les
aides internationales, observe le professeur Barnett Rubin de la New
York University [1].
Ce phénomène est unanimement déploré par les dirigeants
internationaux. Il est pourtant impossible qu’il ait pris une telle
ampleur sans l’approbation, au moins tacite, des nouveaux maîtres du
pays, c’est-à-dire de l’armée des États-Unis et de l’OTAN. Cette
collusion est désormais un secret de polichinelle, même si aucun
responsable politique n’ose l’aborder en public. Une exception
toutefois : le ministre de la défense français, Michèle Alliot-Marie,
n’a pas hésité à exprimer son irritation dans les colonnes du Washington Post.
Elle y regrettait que les GI’s ne se sentent pas concernées par ce
trafic qui approvisionne le seul marché européen et le laissent se
dérouler sous leurs yeux, alors même qu’ils demandaient l’aide
militaire des Européens pour stabiliser le pays [2].
Pour comprendre ce que cache cette vaste tartufferie, un retour en arrière et quelques explications techniques sont nécessaires.
Pour représenter une valeur marchande, la gomme du pavot
doit être raffinée, puis distribuée sur un marché solvable. La culture
ne se développe donc qu’une fois adossée à des laboratoires locaux et à
des réseaux internationaux. Contrairement au raffinage de la cocaïne,
celui de l’héroïne nécessite une logistique importante, donc une
organisation centralisée éloignée des cultivateurs. Une telle structure
de production ne peut exister à l’insu du pouvoir politique.
Ainsi, la culture spéculative du pavot
est apparue en marge de la guerre civile à la suite d’une décision
politique. Le patron des services secrets français, Alexandre de
Marenches, s’est vanté d’avoir imaginé le financement de la lutte des
moudjahidines contre les Soviétiques par la production de drogues et de
l’avoir conseillé à son homologue états-unien. Quoi qu’il en soit, la
culture s’est développée dans les années 80 au nord, le long de la
frontière afghano-pakistanaise et le raffinage souvent au Pakistan
même, sous le contrôle de l’ISI (services secrets militaires). Faisant
subir aux Soviétiques ce qu’ils avaient enduré au Vietnam, les
États-uniens renvoyaient l’héroïne en Afhanistan pour la faire
consommer par les soldats soviétiques et démoraliser leur armée.
Loin de prendre fin au retrait des troupes soviétiques, la guerre
civile devint dans les années 90 une guerre de tous contre tous. Des
chefs de guerre, regroupant des bandes armées ethniques, se livrèrent
bataille au gré d’alliances éphémères, chacun d’entre eux finançant ses
propres troupes en organisant la culture du pavot
dans la zone de territoire qu’il contrôlait ; l’ISI pakistanaise
conservant une autorité au-dessus de la mêlée grace au monopole du
raffinage. Les États-uniens, qui continuaient à surveiller la
distribution, veillèrent à en faire écouler une grande partie en Iran
pour saper la société révolutionnaire islamique.
En 1992, Washington tenta de mettre fin à la guerre civile afghane,
qu’il avait provoquée, en asséchant son financement, donc en fermant
les raffineries pakistanaises. La Maison-Blanche dépêcha d’importantes
équipes de la DEA (Drug Enforcement Administration) à Islamabad, mais
il était trop tard. Les efforts du général Asif Nawaz se révélérent
infructueux : l’économie pakistanaise elle-même était devenue
dépendante des drogues.
Dans la période précédant l’attaque de l’Afghanistan par les
États-Unis, la majeure partie du territoire afghan était gouvernée par
la confrérie des talibans, soutenue
à bout de bras par l’ISI. La secte s’était constituée unilatéralement
en émirat et se finançait exclusivement par la culture du pavot. Les talibans
et leur hôte, Oussama Ben Laden, imaginèrent une casuistique selon
laquelle l’islam interdirait aux musulmans de consommer des drogues,
mais pas d’en produire pour les infidèles. Ils négociérent à l’ONU avec
Pino Arlacchi et avec les États-Unis et acceptèrent de détruire des
récoltes contre de substantiels dédommagements, de sorte que, selon les
périodes, ils vivaient de l’opium ou de subventions.
Au Nord du pays, le commandant Massoud et son Front islamique [3] agissent identiquement.
Les accords de destruction de récolte passés entre les talibans
et l’ONU provoquèrent une grave crise économique pour le système de
raffinage de l’ISI pakistanaise. La dissension atteignit rapidement son
point de rupture, provoquant un retournement du Pakistan contre les talibans,
au moment où les États-Unis entraient eux aussi en conflit avec la
confrérie, mais à propos de la construction d’un pipe-line en ce qui
les concerne.

C’est aujourd’hui un poncif de la presse occidentale que de
prétendre qu’Oussama Ben Laden, ennemi public n°1 des États-Unis, est
toujours en vie et se cache dans les zones tribales de la frontière
afghano-pakistanaise. Il importe peu de savoir si cette imputation est
exacte ou non, on se contentera d’observer que si tel était le cas,
l’armée états-unienne devrait être intervenue depuis longtemps pour
l’en déloger, le faire prisonnier et le traduire en justice. Pourtant
il n’en est rien, tandis que les rapports officiels assurent que cette
zone tribale abrite des centres de raffinage. En définitive, on laisse
donc entendre que Ben Laden coule de paisibles jours, reconverti en
baron de la drogue au Waziristan. Quoi qu’il en soit, avec ou sans Ben
Laden, l’ISI pakistanaise conserve le monopole du raffinage et les
profits réalisés alimentent les caisses du gouvernement du général
Perez Mouscharraf.
De fait, l’économie du Pakistan est extrêmement faible. Les
exportations se limitent à des fibres textiles et à des œufs. Pourtant
l’État est très riche, au point de pouvoir acheter des chasseurs-bombardiers aux États-Unis et des bâtiments de guerre.
Loin d’exiger des explications du général Mouscharraf, lors de son
dernier voyage dans la région, la secrétaire d’État Condoleezza Rice
s’est félicitée de vendre des F-16 dernier cri à Islamabad qui n’a
aucun autre moyen de les payer que d’exploiter l’opium afghan. Chacun
ferme les yeux sur un système auquel il participe, ou a participé,
d’autant que l’Iran est devenu la nouvelle cible, que l’armée
pakistanaise sera indispensable pour frapper Téhéran et que les
opérations coûteront cher. Il n’est pas inutile de rappeler que
l’envoyé spécial du président Bush, James Dobbins,
dont nous citions en début d’article l’évaluation de la situation, est
précisément le président de la Rand Corporation, le lobby du complexe
militaro-industriel états-unien.
![]() |
[1] Sur la situation générale, voir « Afghanistan 2004 », Voltaire, 20 janvier 2004.
[2] « Afghanistan’s Drug Boom », par Michèle Alliot-Marie, Washington Post, 6 octobre 2004. Nous avions par ailleurs traité ce texte dans les Tribunes Libres Internationales du 7 octobre 2004.
[3]
Pour les besoins de la communication globale, le Front islamique sera
précipitamment rebaptisé Alliance du Nord avant que Washington ne
renverse les talibans.

Invité- Invité
Re: Une guerre contre le pavot et contre les Talibans ? Impossible
Je vous en remets une couche
août
19
2009
Karzai, la CIA et le trafic de la drogue
Tous
en chœur, les médias américains accusent le défunt régime islamique,
sans même mentionner que les Talibans – en collaboration avec les
Nations unies – avaient imposé avec succès l’interdiction de la culture
du pavot en 2000. La production d’opium avait ensuite décliné de 90 %
en 2001. En fait, l’augmentation de la culture d’opium a coïncidé avec
le déclenchement des opérations militaires sous commandement américain
et la chute du régime taliban. Entre les mois d’octobre et décembre
2001, les fermiers ont recommencé à planter du pavot à grande échelle.
Le succès du programme d’éradication de la drogue en Afghanistan en
l’an 2000 sous les Talibans avait été souligné à la session d’octobre
2001 de l’Assemblée générale des Nations unies. Aucun autre pays membre
de l’ONU n’avait pu mettre en oeuvre un programme semblable.

Sous les Talibans, la
prohibition avait en effet causé « le début d’une pénurie d’héroïne en
Europe vers la fin de 2001 », comme l’admet l’ONU.
L’héroïne est un commerce de plusieurs
milliards de dollars supporté par des intérêts puissants, qui requiert
un flux régulier et sécuritaire de la marchandise. Un des objectifs «
cachés » de la guerre était justement de restaurer le trafic de la
drogue, parrainé par la CIA, à ses niveaux historiques et d’exercer un
contrôle direct sur les routes de la drogue.
En 2001, sous les Talibans, la
production d’opiacés s’élevait à 185 tonnes, pour ensuite grimper à
3400 tonnes en 2002 sous le régime du président Hamid Karzai,
marionnette des États-Unis.
Les Talibans avaient éliminé la culture du pavot
Tout en soulignant la lutte patriotique
de Karzai contre les Talibans, les médias omettent de mentionner qu’il
a déjà collaboré avec ces derniers. Il a aussi déjà été à l’emploi
d’une pétrolière des États-Unis, UNOCAL. En fait, depuis le milieu des
années 1990, Hamid Karzai agissait comme consultant et lobbyiste pour
UNOCAL dans ses négociations avec les Talibans.
Selon le journal saoudien Al-Watan, «
Karzai était un agent en sous-main de la Central Intelligence Agency à
partir des années 1980. Il collaborait avec la CIA en acheminant de
l’aide américaine aux Talibans à partir de 1994, quand les Américains,
secrètement et à travers les Pakistanais, supportaient les visées de
pouvoir des Talibans. »
Il est pertinent de rappeler l’histoire
du trafic de drogue dans le Croissant d’or, qui est intimement lié aux
opérations clandestines de la CIA dans la région.
L’histoire du trafic de la drogue dans le Croissant d’or
Avant la guerre soviético-afghane
(1979-1989), la production d’opium en Afghanistan et au Pakistan était
pratiquement inexistante. Selon Alfred McCoy, il n’y avait aucune
production locale d’héroïne.
L’économie afghane de la drogue fut un
projet minutieusement conçu par la CIA, avec l’assistance de la
politique étrangère américaine.
Comme il a été révélé par les scandales
Iran-Contras et de la Banque de Commerce et de Crédit international
(BCCI), les opérations clandestines de la CIA en support aux
moujahidins avaient été financées à travers le blanchiment de l’argent
de la drogue.
L’hebdomadaire Time révélait en 1991
que « parce que les États-Unis voulaient fournir aux rebelles
moujaheddins en Afghanistan des missiles Stinger et d’autres
équipements militaires, ils avaient besoin de l’entière coopération du
Pakistan. » À partir du milieu des années 1980, la présence de la CIA à
Islamabad était une des plus importantes dans le monde. Un officier du
renseignement américain avait confié au Time que les États-Unis
fermaient alors volontairement les yeux sur le trafic de l’héroïne en
Afghanistan.
L’étude d’Alfred McCoy confirme qu’en
l’espace de deux ans après le déclenchement des opérations clandestines
de la CIA en Afghanistan, en 1979, « les régions frontalières entre le
Pakistan et l’Afghanistan devinrent la première source mondiale
d’héroïne, fournissant 60 % de la demande américaine. »
Selon McCoy, ce trafic de drogue était
contrôlé en sous-main par la CIA. Au fur et à mesure que les
moujahidins gagnaient du terrain en Afghanistan, ils ordonnaient aux
paysans de planter de l’opium comme une taxe révolutionnaire.
À cette époque, les autorités
américaines refusèrent d’enquêter sur plusieurs cas de trafic de drogue
par leurs alliés afghans. En 1995, l’ancien directeur des opérations de
la CIA en Afghanistan, Charles Cogan, a admis que la CIA avait en effet
sacrifié la guerre à la drogue à la Guerre froide.
En troisième position après le pétrole et la vente d’armes
Le recyclage de l’argent de la drogue
par la CIA était utilisé pour financer les insurrections post-Guerre
froide en Asie centrale et dans les Balkans, y compris Al Qaeda.
Les revenus générés par le trafic de la
drogue afghane commandité par la CIA sont considérables. Le commerce
afghan des opiacés constitue une grande part des revenus annuels à
l’échelle mondiale des narcotiques, estimés par les Nations unies à un
montant de l’ordre de 400 ou 500 milliards.
Au moment où ces chiffres de l’ONU
furent rendus publics (1994), le commerce mondial estimé de la drogue
était dans le même ordre de grosseur que celui du pétrole.
Selon des chiffres de 2003 publiés par
The Independent, le trafic de la drogue constitue le troisième commerce
le plus important en argent après le pétrole et la vente d’armes.
Il existe de puissants intérêts
commerciaux et financiers derrière la drogue. De ce point de vue, le
contrôle géopolitique et militaire des routes de la drogue est aussi
stratégique que celui du pétrole et des oléoducs.
Cependant, ce qui distingue la drogue
des commerces légaux est que les narcotiques constituent une source
majeure de richesse non seulement pour le crime organisé, mais aussi
pour l’appareil de renseignement américain, qui constitue de plus en
plus un acteur puissant dans les sphères bancaires et de la finance.
En d’autres mots, les agences de
renseignements et de puissants groupes d’affaires alliés au crime
organisé se livrent une concurrence pour le contrôle stratégique des
routes de l’héroïne. Les revenus de plusieurs dizaines de milliards de
dollars provenant du commerce de la drogue sont déposés dans le système
bancaire occidental.
Le commerce de la drogue fait partie des plans de guerre
Ce commerce peut seulement prospérer si
les principaux acteurs impliqués dans la drogue ont des « amis
politiques aux plus hauts niveaux ». Les entreprises légales et
illégales sont de plus en plus imbriquées, la ligne de démarcation
entre « gens d’affaires » et criminels est de plus en plus floue. En
retour, les relations entre les criminels, les politiciens et des
acteurs du milieu du renseignement ont teinté les structures de l’État
et le rôle de ses institutions.
L’économie de la drogue en Afghanistan
est « protégée ». Le commerce de l’héroïne faisait partie des plans de
guerre. Ce que cette guerre aura accompli, c’est le rétablissement d’un
narco-régime dirigé par un gouvernement fantoche soutenu par des
États-Unis.
août
19
2009
Karzai, la CIA et le trafic de la drogue
Tous
en chœur, les médias américains accusent le défunt régime islamique,
sans même mentionner que les Talibans – en collaboration avec les
Nations unies – avaient imposé avec succès l’interdiction de la culture
du pavot en 2000. La production d’opium avait ensuite décliné de 90 %
en 2001. En fait, l’augmentation de la culture d’opium a coïncidé avec
le déclenchement des opérations militaires sous commandement américain
et la chute du régime taliban. Entre les mois d’octobre et décembre
2001, les fermiers ont recommencé à planter du pavot à grande échelle.
Le succès du programme d’éradication de la drogue en Afghanistan en
l’an 2000 sous les Talibans avait été souligné à la session d’octobre
2001 de l’Assemblée générale des Nations unies. Aucun autre pays membre
de l’ONU n’avait pu mettre en oeuvre un programme semblable.

Sous les Talibans, la
prohibition avait en effet causé « le début d’une pénurie d’héroïne en
Europe vers la fin de 2001 », comme l’admet l’ONU.
L’héroïne est un commerce de plusieurs
milliards de dollars supporté par des intérêts puissants, qui requiert
un flux régulier et sécuritaire de la marchandise. Un des objectifs «
cachés » de la guerre était justement de restaurer le trafic de la
drogue, parrainé par la CIA, à ses niveaux historiques et d’exercer un
contrôle direct sur les routes de la drogue.
En 2001, sous les Talibans, la
production d’opiacés s’élevait à 185 tonnes, pour ensuite grimper à
3400 tonnes en 2002 sous le régime du président Hamid Karzai,
marionnette des États-Unis.
Les Talibans avaient éliminé la culture du pavot
Tout en soulignant la lutte patriotique
de Karzai contre les Talibans, les médias omettent de mentionner qu’il
a déjà collaboré avec ces derniers. Il a aussi déjà été à l’emploi
d’une pétrolière des États-Unis, UNOCAL. En fait, depuis le milieu des
années 1990, Hamid Karzai agissait comme consultant et lobbyiste pour
UNOCAL dans ses négociations avec les Talibans.
Selon le journal saoudien Al-Watan, «
Karzai était un agent en sous-main de la Central Intelligence Agency à
partir des années 1980. Il collaborait avec la CIA en acheminant de
l’aide américaine aux Talibans à partir de 1994, quand les Américains,
secrètement et à travers les Pakistanais, supportaient les visées de
pouvoir des Talibans. »
Il est pertinent de rappeler l’histoire
du trafic de drogue dans le Croissant d’or, qui est intimement lié aux
opérations clandestines de la CIA dans la région.
L’histoire du trafic de la drogue dans le Croissant d’or
Avant la guerre soviético-afghane
(1979-1989), la production d’opium en Afghanistan et au Pakistan était
pratiquement inexistante. Selon Alfred McCoy, il n’y avait aucune
production locale d’héroïne.
L’économie afghane de la drogue fut un
projet minutieusement conçu par la CIA, avec l’assistance de la
politique étrangère américaine.
Comme il a été révélé par les scandales
Iran-Contras et de la Banque de Commerce et de Crédit international
(BCCI), les opérations clandestines de la CIA en support aux
moujahidins avaient été financées à travers le blanchiment de l’argent
de la drogue.
L’hebdomadaire Time révélait en 1991
que « parce que les États-Unis voulaient fournir aux rebelles
moujaheddins en Afghanistan des missiles Stinger et d’autres
équipements militaires, ils avaient besoin de l’entière coopération du
Pakistan. » À partir du milieu des années 1980, la présence de la CIA à
Islamabad était une des plus importantes dans le monde. Un officier du
renseignement américain avait confié au Time que les États-Unis
fermaient alors volontairement les yeux sur le trafic de l’héroïne en
Afghanistan.
L’étude d’Alfred McCoy confirme qu’en
l’espace de deux ans après le déclenchement des opérations clandestines
de la CIA en Afghanistan, en 1979, « les régions frontalières entre le
Pakistan et l’Afghanistan devinrent la première source mondiale
d’héroïne, fournissant 60 % de la demande américaine. »
Selon McCoy, ce trafic de drogue était
contrôlé en sous-main par la CIA. Au fur et à mesure que les
moujahidins gagnaient du terrain en Afghanistan, ils ordonnaient aux
paysans de planter de l’opium comme une taxe révolutionnaire.
À cette époque, les autorités
américaines refusèrent d’enquêter sur plusieurs cas de trafic de drogue
par leurs alliés afghans. En 1995, l’ancien directeur des opérations de
la CIA en Afghanistan, Charles Cogan, a admis que la CIA avait en effet
sacrifié la guerre à la drogue à la Guerre froide.
En troisième position après le pétrole et la vente d’armes
Le recyclage de l’argent de la drogue
par la CIA était utilisé pour financer les insurrections post-Guerre
froide en Asie centrale et dans les Balkans, y compris Al Qaeda.
Les revenus générés par le trafic de la
drogue afghane commandité par la CIA sont considérables. Le commerce
afghan des opiacés constitue une grande part des revenus annuels à
l’échelle mondiale des narcotiques, estimés par les Nations unies à un
montant de l’ordre de 400 ou 500 milliards.
Au moment où ces chiffres de l’ONU
furent rendus publics (1994), le commerce mondial estimé de la drogue
était dans le même ordre de grosseur que celui du pétrole.
Selon des chiffres de 2003 publiés par
The Independent, le trafic de la drogue constitue le troisième commerce
le plus important en argent après le pétrole et la vente d’armes.
Il existe de puissants intérêts
commerciaux et financiers derrière la drogue. De ce point de vue, le
contrôle géopolitique et militaire des routes de la drogue est aussi
stratégique que celui du pétrole et des oléoducs.
Cependant, ce qui distingue la drogue
des commerces légaux est que les narcotiques constituent une source
majeure de richesse non seulement pour le crime organisé, mais aussi
pour l’appareil de renseignement américain, qui constitue de plus en
plus un acteur puissant dans les sphères bancaires et de la finance.
En d’autres mots, les agences de
renseignements et de puissants groupes d’affaires alliés au crime
organisé se livrent une concurrence pour le contrôle stratégique des
routes de l’héroïne. Les revenus de plusieurs dizaines de milliards de
dollars provenant du commerce de la drogue sont déposés dans le système
bancaire occidental.
Le commerce de la drogue fait partie des plans de guerre
Ce commerce peut seulement prospérer si
les principaux acteurs impliqués dans la drogue ont des « amis
politiques aux plus hauts niveaux ». Les entreprises légales et
illégales sont de plus en plus imbriquées, la ligne de démarcation
entre « gens d’affaires » et criminels est de plus en plus floue. En
retour, les relations entre les criminels, les politiciens et des
acteurs du milieu du renseignement ont teinté les structures de l’État
et le rôle de ses institutions.
L’économie de la drogue en Afghanistan
est « protégée ». Le commerce de l’héroïne faisait partie des plans de
guerre. Ce que cette guerre aura accompli, c’est le rétablissement d’un
narco-régime dirigé par un gouvernement fantoche soutenu par des
États-Unis.
Invité- Invité
Re: Une guerre contre le pavot et contre les Talibans ? Impossible
j'en revient pas, et une chose m'interpelle la C I A a fait gagner la guerre contre les soviets mais cet une victoire a la PYRUS les russes
doivent bien se marrer si ont peut dire
comme je le dit ont est pas sortit de se P A C avant un bon moment
doivent bien se marrer si ont peut dire
comme je le dit ont est pas sortit de se P A C avant un bon moment
olivier- Admin
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Re: Une guerre contre le pavot et contre les Talibans ? Impossible
Merci a vous deux !!!!!
No coments !!!!
No coments !!!!
Invité- Invité
Re: Une guerre contre le pavot et contre les Talibans ? Impossible
olivier a écrit:j'en revient pas, et une chose m'interpelle la C I A a fait gagner la guerre contre les soviets mais cet une victoire a la PYRUS les russes
doivent bien se marrer si ont peut dire
comme je le dit ont est pas sortit de se P A C avant un bon moment
La CIA, (ses chefs et ses hommes), est derriere TOUS les coups tordus de l'histoire de notre monde depuis la fin de la 2nde guerre mondiale.
Je n'arrive pas a comprendre quel est leur but.
Montrer leur puissance ou plutot leur infinie connerie?
La baie des Cochons, c'est eux;
l'assassinat de Kennedy, on se doute mais on n'est pas sur que c 'est aussi eux,
Le remplacement des Russes par les USA en Afghanistan, c'est eux;
la creation de Ben Laden, c'est eux,
les attentats du 11 septembre, la il y a deux ecoles,
et l'une dit que c'est eux; because Ben Laden etait un de leurs agents.
La Somalie, c'est eux,
etc, etc...
Quand il y a un gros bordel sur notre planete, ne cherchez pas trop loin , des agents de la CIA ne sont pas loins.
Invité- Invité
Re: Une guerre contre le pavot et contre les Talibans ? Impossible
MAIS DANS QUEL BUT A LONG TERME SES SUICIDAIRElafleur931 a écrit:olivier a écrit:j'en revient pas, et une chose m'interpelle la C I A a fait gagner la guerre contre les soviets mais cet une victoire a la PYRUS les russes
doivent bien se marrer si ont peut dire
comme je le dit ont est pas sortit de se P A C avant un bon moment
La CIA, (ses chefs et ses hommes), est derriere TOUS les coups tordus de l'histoire de notre monde depuis la fin de la 2nde guerre mondiale.
Je n'arrive pas a comprendre quel est leur but.
Montrer leur puissance ou plutot leur infinie connerie?
La baie des Cochons, c'est eux;
l'assassinat de Kennedy, on se doute mais on n'est pas sur que c 'est aussi eux,
Le remplacement des Russes par les USA en Afghanistan, c'est eux;
la creation de Ben Laden, c'est eux,
les attentats du 11 septembre, la il y a deux ecoles,
et l'une dit que c'est eux; because Ben Laden etait un de leurs agents.
La Somalie, c'est eux,
etc, etc...
Quand il y a un gros bordel sur notre planete, ne cherchez pas trop loin , des agents de la CIA ne sont pas loins.
olivier- Admin
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