Bigeard, l'éternel combattant
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Bigeard, l'éternel combattant
Bigeard, l'éternel combattant
Isabelle Lasserre
04/11/2009 | Mise à jour : 10:24
Le général Bigeard (chez lui à Toul, la semaine dernière) tient à sa réputation de trublion au franc-parler : «Aujourd'hui encore, ça emmerde le pouvoir d'avoir un Bigeard vivant.» Crédits photo : Le Figaro
Héros des guerres d'Indochine et d'Algérie, le général Marcel Bigeard vient de sortir, à 93 ans, son seizième livre (1).
«Je n'aurais jamais pensé que je pourrais finir comme ça… Comme un vieux con infirme…» A 93 ans, le héros des guerres d'Indochine et d'Algérie, général le plus décoré de France, parachuté sur Diên Biên Phu, cinq fois blessé et trois fois évadé, ne peut plus se déplacer sans sa «2 CV» , le fauteuil roulant posé à la gauche de son bureau. Pour ce type d'une grande bravoure, doté d'un physique et d'une énergie hors du commun, pour cette force de la nature qui, une fois à la retraite, faisait ouvrir la piscine municipale pour nager à l'aube, c'est un calvaire de ne plus pouvoir dévaler l'escalier de bois de sa maison de Toul, son village natal, en Lorraine.
«Être et durer.» Il se lève chaque jour pour honorer cette devise. Combattre pour gagner cette dernière bataille, la plus difficile de toutes, contre la vieillesse. «Jamais je n'abandonne, et je me battrai jusqu'à mon dernier souffle» , prévient-il. Parfois, il tombe. Mais ne se casse jamais. «Je mets toujours mes bras le long du corps et je me laisse glisser. Un vieux réflexe de para.» Si les jambes ne suivent plus, l'esprit et la verve du général tiennent encore tête à la vieillesse. En 2006, Adieu ma France devait être son dernier livre, une sorte de testament… Mais comme s'il n'arrivait pas à tirer sa révérence, il vient d'en écrire un nouveau, Mon dernier round. Car «ce vieux connard de Bigeard» a encore besoin de parler,de râler, de pousser ses légendaires «coups de gueule» . Et Dieu sait que de la Seconde Guerre mondiale à l'Afrique en passant par l'Indochine et l'Algérie - «trente ans de sauts en parachute, dont vingt ans dans la guerre» - ils furent nombreux. Sa réputation de trublion au franc-parler, il y tient comme à la prunelle de ses yeux. «Aujourd'hui encore, ça emmerde le pouvoir d'avoir un Bigeard vivant» , dit-il fièrement.
Avec l'âge, le «con glorieux» né en 1916 - l'année de la bataille de Verdun - employé de banque à 14 ans, soldat sorti du rang devenu général, homme d'action qui fut aussi député et secrétaire d'État, aime toujours tenir le premier rôle. Il parle volontiers de lui à la troisième personne, fait visiter le «bureau d'en bas» , sorte de musée Bigeard où sont exposés des bustes à son effigie, des plaques de rue à son nom et des photos. Y compris celle du 14 juillet 1956 «lorsque j'ai défilé, en tête, sur les Champs-Élysées, avec 150 000 Parisiens qui applaudissaient frénétiquement Bigeard» . Il sait que certains songent pour lui à des funérailles nationales et il aime ça, même s'il s'en défend. Jamais il ne se lasse de lire à haute voix quelques-unes des milliers de lettres qu'il reçoit chaque année et qu'il range avec soin dans des classeurs, entre une corne d'éléphant et les seize livres écrits par lui. Quand on lui demande s'il a été marqué par de grands militaires, il hésite, fait la moue. «C'est Bigeard le plus connu ! Vous savez, à 20 ans, j'étais antimilitariste. D'une certaine manière, je le suis resté. Dans l'armée, peu de gens m'ont impressionné. Sauf des sans-grade, car il y a souvent des grands types chez les petits.»
« Barack Obama me plaît»
Si le précédent livre évoquait surtout cette France dans laquelle il ne se reconnaît plus, Mon dernier round traverse au galop les grandes crises internationales. De l'Irak à l'Afghanistan en passant par le Pakistan et l'Iran, le général donne son avis sur tout. Homme d'action surtout, il n'a jamais été un grand théoricien, mais a toujours dit ce qu'il pensait. Dépliant les organigrammes tracés à l'encre noire, destinés à démanteler les réseaux des fellagas algériens, il assure fièrement : «Les méthodes de contre-insurrection employées aujourd'hui par (le général américain) Petraeus, elles viennent de Bigeard. J'étais pas en retard… Je pensais déjà que la meilleure façon de vaincre les résistants n'était pas de leur couper les couilles mais d'essayer de les connaître grâce au renseignement et aux méthodes de police. C'est comme ça qu'on a gagné la guerre militairement.» En Algérie, la guerre de contre-rébellion s'accompagnait volontiers de la torture, mais de cela, Bigeard n'aime pas parler. Il préfère s'interroger sur les chances de succès de la contre-insurrection en Afghanistan.
«Petraeus, c'est un chef américain qui a du pétrole. Mais un outil de contre-guérilla, ça ne se prépare pas en cinq minutes.» Les différences entre l'Algérie et l'Afghanistan lui sautent aux yeux : «En Algérie, on pouvait se déplacer partout. En Afghanistan, les talibans dominent le pays. La rébellion afghane est plus dure, le pays plus hostile. L'armée française n'a pas les mêmes moyens qu'avant. Petraeus a lu Bigeard, mais il n'a pas assez d'hommes pour nettoyer le pays…»
La guerre a-t-elle changé ? «Aujourd'hui, la France a du mal à supporter de perdre des hommes. À Diên Biên Phu, on avait 40 morts par jour. Moi, je pense que si on ne supporte pas les conséquences de la guerre, mieux vaut ne pas la faire.» S'il n'a pas de modèle militaire, Bigeard a des coups de cœur politiques. Il est épaté par Obama. On s'attendait à ce qu'il le trouve trop mou, mais non. «Ce gars-là me plaît. Il est beau et noir. Il a une vie de famille solide. C'est un homme qui défend la liberté. Il a les moyens de rester dans l'histoire.»
C'est la France qui clôt ce dernier livre. Il l'avait déjà écrit dans son précédent ouvrage : Bigeard est déçu par son pays. «On donne des leçons à tout le monde, mais on est incapables de retrouver nos valeurs. Comment un pays peut-il aller de l'avant, se relever, avec toutes ces salades politiques ?» Parce qu'il est urgent, dit-il, de s'unir face au danger, il appelle de ses vœux une sorte de «front populaire» et prévient qu'il faudra pour s'en sortir «de la sueur et du sang» . «Je vais casser ma pipe et je ne serai pas mécontent. Car j'ai trop aimé la France pour accepter ce qu'elle est devenue.» Il avait déjà dit ça la dernière fois. Et puis il avait encore écrit un livre…
(1) «Mon dernier round » . Marcel Bigeard. Éditions du Rocher. 271 pages. 19 euros.
Isabelle Lasserre
04/11/2009 | Mise à jour : 10:24
Le général Bigeard (chez lui à Toul, la semaine dernière) tient à sa réputation de trublion au franc-parler : «Aujourd'hui encore, ça emmerde le pouvoir d'avoir un Bigeard vivant.» Crédits photo : Le Figaro
Héros des guerres d'Indochine et d'Algérie, le général Marcel Bigeard vient de sortir, à 93 ans, son seizième livre (1).
«Je n'aurais jamais pensé que je pourrais finir comme ça… Comme un vieux con infirme…» A 93 ans, le héros des guerres d'Indochine et d'Algérie, général le plus décoré de France, parachuté sur Diên Biên Phu, cinq fois blessé et trois fois évadé, ne peut plus se déplacer sans sa «2 CV» , le fauteuil roulant posé à la gauche de son bureau. Pour ce type d'une grande bravoure, doté d'un physique et d'une énergie hors du commun, pour cette force de la nature qui, une fois à la retraite, faisait ouvrir la piscine municipale pour nager à l'aube, c'est un calvaire de ne plus pouvoir dévaler l'escalier de bois de sa maison de Toul, son village natal, en Lorraine.
«Être et durer.» Il se lève chaque jour pour honorer cette devise. Combattre pour gagner cette dernière bataille, la plus difficile de toutes, contre la vieillesse. «Jamais je n'abandonne, et je me battrai jusqu'à mon dernier souffle» , prévient-il. Parfois, il tombe. Mais ne se casse jamais. «Je mets toujours mes bras le long du corps et je me laisse glisser. Un vieux réflexe de para.» Si les jambes ne suivent plus, l'esprit et la verve du général tiennent encore tête à la vieillesse. En 2006, Adieu ma France devait être son dernier livre, une sorte de testament… Mais comme s'il n'arrivait pas à tirer sa révérence, il vient d'en écrire un nouveau, Mon dernier round. Car «ce vieux connard de Bigeard» a encore besoin de parler,de râler, de pousser ses légendaires «coups de gueule» . Et Dieu sait que de la Seconde Guerre mondiale à l'Afrique en passant par l'Indochine et l'Algérie - «trente ans de sauts en parachute, dont vingt ans dans la guerre» - ils furent nombreux. Sa réputation de trublion au franc-parler, il y tient comme à la prunelle de ses yeux. «Aujourd'hui encore, ça emmerde le pouvoir d'avoir un Bigeard vivant» , dit-il fièrement.
Avec l'âge, le «con glorieux» né en 1916 - l'année de la bataille de Verdun - employé de banque à 14 ans, soldat sorti du rang devenu général, homme d'action qui fut aussi député et secrétaire d'État, aime toujours tenir le premier rôle. Il parle volontiers de lui à la troisième personne, fait visiter le «bureau d'en bas» , sorte de musée Bigeard où sont exposés des bustes à son effigie, des plaques de rue à son nom et des photos. Y compris celle du 14 juillet 1956 «lorsque j'ai défilé, en tête, sur les Champs-Élysées, avec 150 000 Parisiens qui applaudissaient frénétiquement Bigeard» . Il sait que certains songent pour lui à des funérailles nationales et il aime ça, même s'il s'en défend. Jamais il ne se lasse de lire à haute voix quelques-unes des milliers de lettres qu'il reçoit chaque année et qu'il range avec soin dans des classeurs, entre une corne d'éléphant et les seize livres écrits par lui. Quand on lui demande s'il a été marqué par de grands militaires, il hésite, fait la moue. «C'est Bigeard le plus connu ! Vous savez, à 20 ans, j'étais antimilitariste. D'une certaine manière, je le suis resté. Dans l'armée, peu de gens m'ont impressionné. Sauf des sans-grade, car il y a souvent des grands types chez les petits.»
« Barack Obama me plaît»
Si le précédent livre évoquait surtout cette France dans laquelle il ne se reconnaît plus, Mon dernier round traverse au galop les grandes crises internationales. De l'Irak à l'Afghanistan en passant par le Pakistan et l'Iran, le général donne son avis sur tout. Homme d'action surtout, il n'a jamais été un grand théoricien, mais a toujours dit ce qu'il pensait. Dépliant les organigrammes tracés à l'encre noire, destinés à démanteler les réseaux des fellagas algériens, il assure fièrement : «Les méthodes de contre-insurrection employées aujourd'hui par (le général américain) Petraeus, elles viennent de Bigeard. J'étais pas en retard… Je pensais déjà que la meilleure façon de vaincre les résistants n'était pas de leur couper les couilles mais d'essayer de les connaître grâce au renseignement et aux méthodes de police. C'est comme ça qu'on a gagné la guerre militairement.» En Algérie, la guerre de contre-rébellion s'accompagnait volontiers de la torture, mais de cela, Bigeard n'aime pas parler. Il préfère s'interroger sur les chances de succès de la contre-insurrection en Afghanistan.
«Petraeus, c'est un chef américain qui a du pétrole. Mais un outil de contre-guérilla, ça ne se prépare pas en cinq minutes.» Les différences entre l'Algérie et l'Afghanistan lui sautent aux yeux : «En Algérie, on pouvait se déplacer partout. En Afghanistan, les talibans dominent le pays. La rébellion afghane est plus dure, le pays plus hostile. L'armée française n'a pas les mêmes moyens qu'avant. Petraeus a lu Bigeard, mais il n'a pas assez d'hommes pour nettoyer le pays…»
La guerre a-t-elle changé ? «Aujourd'hui, la France a du mal à supporter de perdre des hommes. À Diên Biên Phu, on avait 40 morts par jour. Moi, je pense que si on ne supporte pas les conséquences de la guerre, mieux vaut ne pas la faire.» S'il n'a pas de modèle militaire, Bigeard a des coups de cœur politiques. Il est épaté par Obama. On s'attendait à ce qu'il le trouve trop mou, mais non. «Ce gars-là me plaît. Il est beau et noir. Il a une vie de famille solide. C'est un homme qui défend la liberté. Il a les moyens de rester dans l'histoire.»
C'est la France qui clôt ce dernier livre. Il l'avait déjà écrit dans son précédent ouvrage : Bigeard est déçu par son pays. «On donne des leçons à tout le monde, mais on est incapables de retrouver nos valeurs. Comment un pays peut-il aller de l'avant, se relever, avec toutes ces salades politiques ?» Parce qu'il est urgent, dit-il, de s'unir face au danger, il appelle de ses vœux une sorte de «front populaire» et prévient qu'il faudra pour s'en sortir «de la sueur et du sang» . «Je vais casser ma pipe et je ne serai pas mécontent. Car j'ai trop aimé la France pour accepter ce qu'elle est devenue.» Il avait déjà dit ça la dernière fois. Et puis il avait encore écrit un livre…
(1) «Mon dernier round » . Marcel Bigeard. Éditions du Rocher. 271 pages. 19 euros.
Invité- Invité
Re: Bigeard, l'éternel combattant
Merci bad Boy
Toujours un plaisir de lire quelque chose sur "Bruno".
Il est solide.
Il est ne l'annee (1916) ou mon grand pere maternel s'est engage pour pouvoir faire la Grande Guerre. Guerre qu'il a faite dans l'aviation, avions de bois et de toile collee, il etait photographe pendant la guerre et nous racontait, quand on etait gosse ses 'exploits" a bord d'avions d'observation.
Toujours un plaisir de lire quelque chose sur "Bruno".
Il est solide.
Il est ne l'annee (1916) ou mon grand pere maternel s'est engage pour pouvoir faire la Grande Guerre. Guerre qu'il a faite dans l'aviation, avions de bois et de toile collee, il etait photographe pendant la guerre et nous racontait, quand on etait gosse ses 'exploits" a bord d'avions d'observation.
Invité- Invité
Re: Bigeard, l'éternel combattant
je tranfère ici ce post de Papa schultz
Daniel je met des nouvelles du général de Mme Monique Raux
dimanche, 11 avril 2010
Le dernier round du général
zoom
A 93 ans, le général Bigeard, le
militaire le plus décoré de France publie un ouvrage coup-de-poing, une
sorte de testament.
Les livres, c’est comme ses médailles, le
général Bigeard ne les compte plus. Mon dernier round est celui d’un
homme lucide qui affronte la vieillesse comme il s’est battu : droit
dans ses bottes.
//
Le général Bigeard
livre son dernier combat. Contre un ennemi dont il sait qu’il sera le
vainqueur : le temps. «Je savais que ce serait dur, la vieillesse.
Contre elle, on ne gagne jamais. La mort, je la regarde en face, elle
ne baisse pas les yeux. Mais j’ai encore de l’énergie». Celle
d’écrire. Un livre, Mon dernier round, qui sort aux
éditions du Rocher, et des dizaines de lettres par semaine, à la plume,
d’une grande écriture nerveuse, pour répondre à ses lecteurs.
A 93 ans, le vieux soldat, le militaire le plus décoré de
France publie un ouvrage coup-de-poing sur son sujet de prédilection :
la France. «J’avais décidé qu’on le publierait après ma mort. Et
puis vous savez ce que c’est. L’éditeur m’a pressé. Alors je lui ai dit
oui », rigole-t-il, assis derrière son grand bureau de chêne,
avec son air «de vieux caïman aux yeux pochés ». Nulle
irrévérence là-dedans, la formule est de lui. Choc, comme d’habitude.
L’âge n’a pas érodé son franc-parler. Peut-être même l’a-t-il rendu
encore plus libre. La mort est présente dans son esprit et dans le livre
aussi. Il y a souvent songé en Indochine, à Dien Bien Phu, en Algérie,
ou en Afrique Noire, quand il voyait tomber ses camarades, ou quand une
balle est venue se loger «à un centimètre du cœur ». Mais
cette fois, c’est autre chose.
Coup de foudre
pour Gaby
Marcel Bigeard ne sort plus guère de chez
lui. Un peu fatigué ces derniers mois. «Tu as passé trop de temps à
écrire derrière ton bureau, tes jambes sont toutes ankylosées »
le gourmande Gaby, la compagne de toujours pour justifier le fauteuil
roulant. Gaby et Marcel, c’est une histoire d’amour qui commence à Toul
quand la gamine avait 14 ans et lui 18. Ils étaient voisins. Sophie,
madame Bigeard-mère, rêvait pour son fils d’une fille bien dotée. Lui
n’avait d’yeux que pour la jolie brunette d’à côté. Les deux femmes se
sont affrontées. Gaby a gagné. Ça fait 75 ans qu’ils s’aiment et se
chamaillent.
Dans sa maison touloise de la rue François-Badot, où un
canon planté dans le jardin accueille le visiteur, il vit au milieu des
souvenirs de ses campagnes et de ses compagnons d’armes. Ses
décorations sont entassées, en vrac, dans une grande boîte en carton.
Dans son bureau, une grande photo en noir en blanc attire le regard,
accrochée juste sous le fanion brodé d’une devise héroïque : Croire
et oser. Un soldat, beau, semble dormir, la tête posée sur un
sac de toile. «Il s’appelait Sentenac, il avait 24 ans, il était
sergent-chef. Il savait qu’il était perdu. Il m’a dit "colonel, dans une
minute je serai mort". Vous savez, j’ai toujours trouvé des très grands
chez les petits…», se rappelle-t-il avec l’émotion qui fait un
peu vibrer sa voix. Tout au long de sa vie, cette photo a accompagné le
général Bigeard.
Manuel de contre-guérilla
«Tiens, quand je serai crevé, dans quelques années,
voilà ce qu’on publiera !», dit-il d’une voix forte en montrant
une série de classeurs noirs où il a rangé les lettres les plus
intéressantes de ses lecteurs. Elles viennent de partout et chaque livre
en suscite une avalanche. Le dernier n’échappe pas à la règle. Il y
parle de lui, et de son enfance de saute-ruisseau «dressé »
par une mère qui avait une grande ambition pour son fils. «Avec
elle, fallait être le premier. Si j’étais 3e, c’était une baffe !»
A 20 ans, il travaillait à la Société Générale à Toul, et ses
supérieurs ne tarissaient pas d’éloges sur le jeune Marcel. «J’avais
des notes fumantes de mes chefs ». Qui sait, s’il n’avait pas
embrassé la carrière militaire, peut-être aurait-il terminé chef de la
succursale ?
Il ne s’appesantit pas longtemps sur le sujet, le seul
qui l’intéresse, c’est son pays et la menace du terrorisme islamiste.
L’actualité qu’il suit au jour le jour, lui donne matière à réflexion. «Obama
m’a surpris, c’était courageux d’envoyer des soldats en Afghanistan,
même si c’était pas populaire. Mais foutre le camp, c’est laisser la
porte ouverte à ces gens-là qui ont des volontaires de la mort dans
leurs rangs. Alors il faut continuer à se battre », conclut-il en
ajoutant que quelques-uns devraient s’inspirer de son manuel de
contre-guérilla, écrit en 1956 contre les poseurs de bombe en Algérie,
pour traquer les réseaux d’aujourd’hui ! Monique RAUX.
Daniel je met des nouvelles du général de Mme Monique Raux
dimanche, 11 avril 2010
Le dernier round du général
zoom
A 93 ans, le général Bigeard, le
militaire le plus décoré de France publie un ouvrage coup-de-poing, une
sorte de testament.
Les livres, c’est comme ses médailles, le
général Bigeard ne les compte plus. Mon dernier round est celui d’un
homme lucide qui affronte la vieillesse comme il s’est battu : droit
dans ses bottes.
//
Le général Bigeard
livre son dernier combat. Contre un ennemi dont il sait qu’il sera le
vainqueur : le temps. «Je savais que ce serait dur, la vieillesse.
Contre elle, on ne gagne jamais. La mort, je la regarde en face, elle
ne baisse pas les yeux. Mais j’ai encore de l’énergie». Celle
d’écrire. Un livre, Mon dernier round, qui sort aux
éditions du Rocher, et des dizaines de lettres par semaine, à la plume,
d’une grande écriture nerveuse, pour répondre à ses lecteurs.
A 93 ans, le vieux soldat, le militaire le plus décoré de
France publie un ouvrage coup-de-poing sur son sujet de prédilection :
la France. «J’avais décidé qu’on le publierait après ma mort. Et
puis vous savez ce que c’est. L’éditeur m’a pressé. Alors je lui ai dit
oui », rigole-t-il, assis derrière son grand bureau de chêne,
avec son air «de vieux caïman aux yeux pochés ». Nulle
irrévérence là-dedans, la formule est de lui. Choc, comme d’habitude.
L’âge n’a pas érodé son franc-parler. Peut-être même l’a-t-il rendu
encore plus libre. La mort est présente dans son esprit et dans le livre
aussi. Il y a souvent songé en Indochine, à Dien Bien Phu, en Algérie,
ou en Afrique Noire, quand il voyait tomber ses camarades, ou quand une
balle est venue se loger «à un centimètre du cœur ». Mais
cette fois, c’est autre chose.
Coup de foudre
pour Gaby
Marcel Bigeard ne sort plus guère de chez
lui. Un peu fatigué ces derniers mois. «Tu as passé trop de temps à
écrire derrière ton bureau, tes jambes sont toutes ankylosées »
le gourmande Gaby, la compagne de toujours pour justifier le fauteuil
roulant. Gaby et Marcel, c’est une histoire d’amour qui commence à Toul
quand la gamine avait 14 ans et lui 18. Ils étaient voisins. Sophie,
madame Bigeard-mère, rêvait pour son fils d’une fille bien dotée. Lui
n’avait d’yeux que pour la jolie brunette d’à côté. Les deux femmes se
sont affrontées. Gaby a gagné. Ça fait 75 ans qu’ils s’aiment et se
chamaillent.
Dans sa maison touloise de la rue François-Badot, où un
canon planté dans le jardin accueille le visiteur, il vit au milieu des
souvenirs de ses campagnes et de ses compagnons d’armes. Ses
décorations sont entassées, en vrac, dans une grande boîte en carton.
Dans son bureau, une grande photo en noir en blanc attire le regard,
accrochée juste sous le fanion brodé d’une devise héroïque : Croire
et oser. Un soldat, beau, semble dormir, la tête posée sur un
sac de toile. «Il s’appelait Sentenac, il avait 24 ans, il était
sergent-chef. Il savait qu’il était perdu. Il m’a dit "colonel, dans une
minute je serai mort". Vous savez, j’ai toujours trouvé des très grands
chez les petits…», se rappelle-t-il avec l’émotion qui fait un
peu vibrer sa voix. Tout au long de sa vie, cette photo a accompagné le
général Bigeard.
Manuel de contre-guérilla
«Tiens, quand je serai crevé, dans quelques années,
voilà ce qu’on publiera !», dit-il d’une voix forte en montrant
une série de classeurs noirs où il a rangé les lettres les plus
intéressantes de ses lecteurs. Elles viennent de partout et chaque livre
en suscite une avalanche. Le dernier n’échappe pas à la règle. Il y
parle de lui, et de son enfance de saute-ruisseau «dressé »
par une mère qui avait une grande ambition pour son fils. «Avec
elle, fallait être le premier. Si j’étais 3e, c’était une baffe !»
A 20 ans, il travaillait à la Société Générale à Toul, et ses
supérieurs ne tarissaient pas d’éloges sur le jeune Marcel. «J’avais
des notes fumantes de mes chefs ». Qui sait, s’il n’avait pas
embrassé la carrière militaire, peut-être aurait-il terminé chef de la
succursale ?
Il ne s’appesantit pas longtemps sur le sujet, le seul
qui l’intéresse, c’est son pays et la menace du terrorisme islamiste.
L’actualité qu’il suit au jour le jour, lui donne matière à réflexion. «Obama
m’a surpris, c’était courageux d’envoyer des soldats en Afghanistan,
même si c’était pas populaire. Mais foutre le camp, c’est laisser la
porte ouverte à ces gens-là qui ont des volontaires de la mort dans
leurs rangs. Alors il faut continuer à se battre », conclut-il en
ajoutant que quelques-uns devraient s’inspirer de son manuel de
contre-guérilla, écrit en 1956 contre les poseurs de bombe en Algérie,
pour traquer les réseaux d’aujourd’hui ! Monique RAUX.
Re: Bigeard, l'éternel combattant
Il est ,et restera un exemple pour tous
RESPECT mon Général
RESPECT mon Général
Invité- Invité
Re: Bigeard, l'éternel combattant
Rien a dire de plus !!!!!
Bruno , continuez pour emmerder les dirigeants !!!!!!
Coyote .
Bruno , continuez pour emmerder les dirigeants !!!!!!
Coyote .
Invité- Invité
Re: Bigeard, l'éternel combattant
Lorsque Céline m'a contactée pour me proposer de recevoir Mon dernier round, du général Bigeard, j'ai hésité et puis je me suis dit : pourquoi pas ? Oui, pourquoi ne pas lire quelque chose de totalement différent de ce que je lis généralement ? Pourquoi ne pas lire le témoignage de cet homme de plus de 90 ans qui a vécu tellement de choses et qui a sûrement tant à dire. Je remercie donc Céline et les éditions du Rocher pour ce livre-document.
Contre toute attente, me voici donc à lire Mon dernier round, du général Marcel Bigeard, paru le 22 octobre 2009 aux éditions du Rocher dans la collection Document (273 pages, 19 €, ISBN 978-2-268-06673-8).
« 'Mon dernier round' c'est mon combat final » dit Bigeard ; c'est en tout cas, à 93 ans, son quinzième livre, dans lequel il « porte un regard sans concession sur la France d'aujourd'hui. Sa seule passion : La France. »
Une enfance pauvre mais pas malheureuse (il est né en 1916 à Toul), employé de banque dès l'âge de 14 ans, sa rencontre avec Gaby, sa soif d'apprendre, son service militaire en 1936 (il est antimilitariste), la deuxième guerre mondiale et son appel sous les drapeaux, etc. Jusqu'à la dénonciation des casseroles du XXè siècle qu'on trimballe avec fracas : consommation à outrance, pollution, énormes salaires de patrons qui coulent leur entreprise, argent facile avec malversations et détournements, criminels et trafiquants en liberté, affaires politiques et financières douteuses, drogues et dopage, attaques des pirates des mers et surtout intégrisme et terrorisme islamiste international qu'il analyse pays par pays (il y a d'ailleurs parfois des listes de lieux et de nombres de victimes un peu rébarbatives mais qui font froid dans le dos tant il y en a).
Ce qui m'a plu finalement dans le livre de ce baroudeur qui n'a « jamais eu recours à la torture » (page 113) c'est son honnêteté (ce n'est pas de la 'grande littérature' mais il écrit comme il parle), sa connaissance du XXè siècle, son respect des autres (même et surtout de l'ennemi), son amour pour les pays et les populations dont il parle (Algérie, Afghanistan, Iran...) car ce sont les civils (surtout femmes, enfants et vieillards mais aussi animaux) qui pâtissent des attentats terroristes, et sa simplicité même si je ne suis pas d'accord avec tout ce qu'il écrit (vente d'armement français...).
Je conclus en disant que je ne méprise pas l'armée et les militaires (j'ai même du respect pour les Casques bleus, ces soldats de la paix) mais, non, je ne me lèverai pas le 14 juillet pour regarder le défilé à la télévision !
Quelques extraits
« Quand le mauvais exemple est donné par les responsables d'en haut, comment enseigner aux jeunes le respect des valeurs ? » (page 16).
« Pour progresser dans l'entreprise et dans la société il faut le vouloir, et savoir se fixer un objectif. Mais il faut aussi savoir saisir sa chance. » (page 30).
« J'ai toujours été un homme fidèle. Fidèle à ma banque, fidèle à mes principes, fidèle à ma femme et fidèle à la France. » (page 31).
« J'ai vu trop de morts pour aimer la guerre. » (page 71).
Contre toute attente, me voici donc à lire Mon dernier round, du général Marcel Bigeard, paru le 22 octobre 2009 aux éditions du Rocher dans la collection Document (273 pages, 19 €, ISBN 978-2-268-06673-8).
« 'Mon dernier round' c'est mon combat final » dit Bigeard ; c'est en tout cas, à 93 ans, son quinzième livre, dans lequel il « porte un regard sans concession sur la France d'aujourd'hui. Sa seule passion : La France. »
Une enfance pauvre mais pas malheureuse (il est né en 1916 à Toul), employé de banque dès l'âge de 14 ans, sa rencontre avec Gaby, sa soif d'apprendre, son service militaire en 1936 (il est antimilitariste), la deuxième guerre mondiale et son appel sous les drapeaux, etc. Jusqu'à la dénonciation des casseroles du XXè siècle qu'on trimballe avec fracas : consommation à outrance, pollution, énormes salaires de patrons qui coulent leur entreprise, argent facile avec malversations et détournements, criminels et trafiquants en liberté, affaires politiques et financières douteuses, drogues et dopage, attaques des pirates des mers et surtout intégrisme et terrorisme islamiste international qu'il analyse pays par pays (il y a d'ailleurs parfois des listes de lieux et de nombres de victimes un peu rébarbatives mais qui font froid dans le dos tant il y en a).
Ce qui m'a plu finalement dans le livre de ce baroudeur qui n'a « jamais eu recours à la torture » (page 113) c'est son honnêteté (ce n'est pas de la 'grande littérature' mais il écrit comme il parle), sa connaissance du XXè siècle, son respect des autres (même et surtout de l'ennemi), son amour pour les pays et les populations dont il parle (Algérie, Afghanistan, Iran...) car ce sont les civils (surtout femmes, enfants et vieillards mais aussi animaux) qui pâtissent des attentats terroristes, et sa simplicité même si je ne suis pas d'accord avec tout ce qu'il écrit (vente d'armement français...).
Je conclus en disant que je ne méprise pas l'armée et les militaires (j'ai même du respect pour les Casques bleus, ces soldats de la paix) mais, non, je ne me lèverai pas le 14 juillet pour regarder le défilé à la télévision !
Quelques extraits
« Quand le mauvais exemple est donné par les responsables d'en haut, comment enseigner aux jeunes le respect des valeurs ? » (page 16).
« Pour progresser dans l'entreprise et dans la société il faut le vouloir, et savoir se fixer un objectif. Mais il faut aussi savoir saisir sa chance. » (page 30).
« J'ai toujours été un homme fidèle. Fidèle à ma banque, fidèle à mes principes, fidèle à ma femme et fidèle à la France. » (page 31).
« J'ai vu trop de morts pour aimer la guerre. » (page 71).
Re: Bigeard, l'éternel combattant
merci SYLVAIN
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Re: Bigeard, l'éternel combattant
merci cousin c'est la réponse que l'on attendait de ce LION respect a ce grand Homme et son courage
Re: Bigeard, l'éternel combattant
Source: Zone Militaire http://www.opex360.com/ Le général Bigeard récompensé 3 mai 2010 – 16:47 En mars dernier, l’état de santé du général Bigeard était d’autant plus préoccupant qu’il avait exigé son hospitalisation au CHU de Nancy. Mais depuis sa sortie de l’hôpital, qui a « boosté son moral » pour reprendre les propos du général Piquemal, le héros de Dien Bien Phu semble avoir repris le dessus. Ainsi, le prix spécial de la Saint-Cyrienne lui a été décerné, à son domicile de Toul, par le général Delort, le président de cette association d’élèves et d’anciens élèves de Saint-Cyr, pour l’ensemble de son oeuvre littéraire, commencée il y a maintenant plus de 50 ans. « J’ai écrit 14 livres et 5 albums, ça fait beaucoup… » a déclaré le général Bigeard. « Je ne vois pas ce que je peux raconter, mais je peux encore raconter beaucoup de choses » a-t-il ajouté. Photo : Le général BIGEARD, le 28 avril dernier |
Re: Bigeard, l'éternel combattant
MERCI Daniel
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