Werner Beutler le Légionnaire Suisse
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Werner Beutler le Légionnaire Suisse
Werner Beutler le légionnaire Payernois
«Sauver ma peau et celle des copains, voilà à quoi je pensais à la Légion»
Il attend sur son balcon, notre légionnaire. Dans un petit immeuble jaune à l'entrée du village de Croy, près de Romainmôtier. Barbe chenue, brosse dégarnie, chemise de bûcheron, il se roule tranquillement une cigarette: «Montez! Pas besoin de sonner.»
Direction la salle à manger au papier peint fané criblé de vieilles photos de chasse. Sous l'oeil mélancolique d'une tête de chamois, Werner Beutler, dit «Werne» ou «le barbu», revient sur ses cinq ans de Légion étrangère.
Un chapitre de sa vie dont ce tranquille retraité des CFF, veuf depuis dix-sept ans et père de trois enfants, «n'aime pas trop causer» et qu'il «tâche d'oublier», mais qui lui vaut aujourd'hui d'être décoré de la Légion d'honneur.
Son enfance? Ce sera «vite poutzé». Né à Payerne en 1936, il perd sa mère à 12 ans, on le place chez des paysans à Bofflens. «Cette famille, c'était le paradis.
J'ai eu plus de chance que bien d'autres gamins.» Les choses se gâtent au moment de choisir un métier: «Je voulais être serrurier, on m'a collé chez un charpentier.
J'ai fait trois mois à Pomy, puis j'ai foutu le camp. On m'a envoyé à Juriens, comme apprenti laitier. Moi qui étais tout le temps dehors, on m'a fait bosser dans une cave toute la semaine.
La rage m'a pris, je suis retourné chez moi. Mon père s'était remarié avec une sorcière.»
A moins de 18 ans, il largue tout pour s'engager à la Légion étrangère: «Trop jeune. Ils m'ont pas voulu.» Alors le jeune Beutler fait son école de recrues dans les grenadiers d'infanterie.
En juin 1957, il retourne voir la Légion et s'engage pour cinq ans comme volontaire parachutiste: «J'ai passé au tourniquet. Ils savaient tout de moi. Même les truites braconnées à la main sous les pierres.»
Quinze jours à Marseille, puis l'Algérie. Saïda, Oran, Blida, Guelma. «On allait partout où c'était chaud. On faisait notre métier, sans chercher la gloire. Je voulais juste sauver ma peau et celle des copains. Et quand on me disait «en avant!», j'avançais.»
Bras croisés sur la toile cirée, Werner Beutler refuse de fanfaronner. Mais ses états de service montrent qu'il n'était pas du genre à traîner derrière le bataillon.
Plusieurs fois cité pour faits de guerre, titulaire de nombreuses décorations, dont la médaille militaire, il a été grièvement blessé à la jambe en 1959 durant une opération héliportée: «Un rebelle m'a tiré deux balles dans la cuisse à la descente de l'hélico.
Vous savez que ça ne fait pas mal? Il faut bien cinq à six minutes avant de sentir la douleur.»
Les bons moments
Peur? Evidemment qu'il a eu peur! «Quand on avançait, on n'aurait pas pu me glisser une feuille de papier à rouler entre les fesses. Une sale guerre.
Mais que voulez-vous, on n'allait pas leur sauter dessus pour leur faire un bec aux «fellagas» d'en face! J'en ai vu des morts, et pas des tout jolis. Et j'ai porté bien des gars sur mon dos et senti leur sang déjà froid me couler le long de l'échine...»
Sans transition, le voilà hilare, qui évoque «les bons moments»: les 48 bordels d'Alger, une blonde d'Yverdon avec l'accent vaudois rencontrée au Sphinx et qui allait finir par lui coller deux claques, les cuites mémorables et les fameux BMC bordels militaires de campagne: «Douze filles pour 1200 gars, sous tente, chacune sur un lit de camp.
C'était l'usine. Le gars d'à côté vous pinçait les fesses en pleine action, et le lendemain... il était mort.» La Légion lui a ouvert les yeux, dit-il. Si c'était à refaire? Il secoue la tête: «Non».
«Sauver ma peau et celle des copains, voilà à quoi je pensais à la Légion»
Un Vaudois engagé à la Légion étrangère durant la guerre d'Algérie, sera nommé samedi chevalier de la Légion d'honneur. Rencontre.
Werner Beutler, né à Payerne en 1936, habite Croy, près de Romainmôtier. Ce tranquille retraité des CFF qui s'est battu cinq ans en Algérie sera décoré samedi lors d'une cérémonie au cimetière du Bois-de-Vaux. CROY,
Werner Beutler, né à Payerne en 1936, habite Croy, près de Romainmôtier. Ce tranquille retraité des CFF qui s'est battu cinq ans en Algérie sera décoré samedi lors d'une cérémonie au cimetière du Bois-de-Vaux. CROY,
Il attend sur son balcon, notre légionnaire. Dans un petit immeuble jaune à l'entrée du village de Croy, près de Romainmôtier. Barbe chenue, brosse dégarnie, chemise de bûcheron, il se roule tranquillement une cigarette: «Montez! Pas besoin de sonner.»
Direction la salle à manger au papier peint fané criblé de vieilles photos de chasse. Sous l'oeil mélancolique d'une tête de chamois, Werner Beutler, dit «Werne» ou «le barbu», revient sur ses cinq ans de Légion étrangère.
Un chapitre de sa vie dont ce tranquille retraité des CFF, veuf depuis dix-sept ans et père de trois enfants, «n'aime pas trop causer» et qu'il «tâche d'oublier», mais qui lui vaut aujourd'hui d'être décoré de la Légion d'honneur.
Son enfance? Ce sera «vite poutzé». Né à Payerne en 1936, il perd sa mère à 12 ans, on le place chez des paysans à Bofflens. «Cette famille, c'était le paradis.
J'ai eu plus de chance que bien d'autres gamins.» Les choses se gâtent au moment de choisir un métier: «Je voulais être serrurier, on m'a collé chez un charpentier.
J'ai fait trois mois à Pomy, puis j'ai foutu le camp. On m'a envoyé à Juriens, comme apprenti laitier. Moi qui étais tout le temps dehors, on m'a fait bosser dans une cave toute la semaine.
La rage m'a pris, je suis retourné chez moi. Mon père s'était remarié avec une sorcière.»
A moins de 18 ans, il largue tout pour s'engager à la Légion étrangère: «Trop jeune. Ils m'ont pas voulu.» Alors le jeune Beutler fait son école de recrues dans les grenadiers d'infanterie.
En juin 1957, il retourne voir la Légion et s'engage pour cinq ans comme volontaire parachutiste: «J'ai passé au tourniquet. Ils savaient tout de moi. Même les truites braconnées à la main sous les pierres.»
Quinze jours à Marseille, puis l'Algérie. Saïda, Oran, Blida, Guelma. «On allait partout où c'était chaud. On faisait notre métier, sans chercher la gloire. Je voulais juste sauver ma peau et celle des copains. Et quand on me disait «en avant!», j'avançais.»
Bras croisés sur la toile cirée, Werner Beutler refuse de fanfaronner. Mais ses états de service montrent qu'il n'était pas du genre à traîner derrière le bataillon.
Plusieurs fois cité pour faits de guerre, titulaire de nombreuses décorations, dont la médaille militaire, il a été grièvement blessé à la jambe en 1959 durant une opération héliportée: «Un rebelle m'a tiré deux balles dans la cuisse à la descente de l'hélico.
Vous savez que ça ne fait pas mal? Il faut bien cinq à six minutes avant de sentir la douleur.»
Les bons moments
Peur? Evidemment qu'il a eu peur! «Quand on avançait, on n'aurait pas pu me glisser une feuille de papier à rouler entre les fesses. Une sale guerre.
Mais que voulez-vous, on n'allait pas leur sauter dessus pour leur faire un bec aux «fellagas» d'en face! J'en ai vu des morts, et pas des tout jolis. Et j'ai porté bien des gars sur mon dos et senti leur sang déjà froid me couler le long de l'échine...»
Sans transition, le voilà hilare, qui évoque «les bons moments»: les 48 bordels d'Alger, une blonde d'Yverdon avec l'accent vaudois rencontrée au Sphinx et qui allait finir par lui coller deux claques, les cuites mémorables et les fameux BMC bordels militaires de campagne: «Douze filles pour 1200 gars, sous tente, chacune sur un lit de camp.
C'était l'usine. Le gars d'à côté vous pinçait les fesses en pleine action, et le lendemain... il était mort.» La Légion lui a ouvert les yeux, dit-il. Si c'était à refaire? Il secoue la tête: «Non».
Re: Werner Beutler le Légionnaire Suisse
merci Daniel
oui un récit qui respire l'humilitée
oui un récit qui respire l'humilitée
olivier- Admin
- Localisation : 34
Messages : 3867
Date d'inscription : 10/11/2009
Age : 58
Re: Werner Beutler le Légionnaire Suisse
merci Daniel je suis très content de lire des récit des légionnaires de mon pays
Invité- Invité
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