MME Simone VEIL a rendu hommage
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MME Simone VEIL a rendu hommage
Lors de son discours d’investiture à l’académie française, MME Simone VEIL a rendu hommage à Pierre Messmer, officier de Légion et Premier Ministre, à qui elle succède parmi les immortels.
« L’entrevue entre le général de Gaulle et Pierre Messmer est brève, sobre. Elle ne dure que quelques minutes. Commence pourtant ce jour-là un long compagnonnage, que les deux hommes ne soupçonnent pas. À Londres, de Gaulle ne se perd pas en compliments : en le rejoignant, ces jeunes Français ont-ils fait autre chose que leur devoir ? Peut-être secrètement impressionné par leur épopée, il leur octroie néanmoins une faveur et propose à Messmer et Simon de choisir leur affectation. Pour l’un et l’autre, la réponse est immédiate et identique : la Légion étrangère. Plus tard, Pierre Messmer s’expliquera sur ce choix, d’une voix qu’on imagine bourrue et amusée : « Pourquoi la Légion ? Parce que je voulais faire la guerre avec des gens sérieux. » De fait, en cet été 1940, les légionnaires présents sur le sol britannique sont les rares Français libres aux états de service dignes de ce nom : six mois plus tôt, la 13e demi-brigade de la Légion étrangère a battu les troupes allemandes à Narvik. Son chef de corps, le colonel Magrin-Verneret, dit Monclar, a choisi sa devise : More majorum, « À l’exemple des anciens », à laquelle, toute sa vie, Pierre Messmer restera fidèle, comme il restera fidèle à cette institution singulière qu’est la Légion étrangère, que Lyautey appelait « ma plus chère troupe ». Le jour de sa réception parmi vous, il se présenta comme légionnaire et rendit hommage aux morts pour la France issus de ses rangs. En 2005 fut organisée, ici même, sous cette Coupole, une séance solennelle au cours de laquelle de jeunes légionnaires de la 13e demi-brigade lui rendirent les honneurs.
Vous étonnerai-je ? Je ne suis guère familière de ce monde. Mais au contact de Pierre Messmer, que vous avez provoqué en me désignant à sa succession, j’ai compris pourquoi cette troupe séduisait tant les écrivains. Blaise Cendrars, mais aussi Arthur Koestler ou Ernst Jünger, s’y engagèrent. Cendrars avouait : « Être un homme et découvrir la solitude. Voilà ce que je dois à la Légion. » D’autres, comme Joseph Kessel, fascinés par cette troupe romanesque, ont brossé d’admirables portraits de légionnaires. Dans L’Armée des ombres, un personnage a cette formule : « Tu jouais encore aux billes que je commandais des hommes de la Légion. » Ces mots pourraient avoir été prononcés par Pierre Messmer, lui qui fut conduit à commander à des vétérans de la campagne de France et de la bataille de Narvik, quand nombre de ses contemporains retrouvaient, dès l’automne 1940, le chemin du lycée ou de l’université.
Les légionnaires présents sous la Coupole en 2005 ne venaient pas d’Espagne ou d’Allemagne, comme ceux que le lieutenant Messmer avait eus sous ses ordres, mais plus probablement d’Ukraine, de Roumanie ou du Brésil. Pourtant, une commune envie de servir les animait. Avez-vous relevé cet après midi-là leur fort accent, lorsqu’ils chantèrent ou récitèrent les vers graves et émouvants de la poésie légionnaire ? Ils étaient, à leur manière, les ambassadeurs de la langue française, ayant renoncé à leur passé, à leur nom peut-être, pour se couler dans un nouvel uniforme, apprendre une nouvelle langue, adopter un nouveau pays, épouser une nouvelle histoire. Ce renoncement à soi-même, c’est l’effort que la Légion étrangère demande à ceux qui la rejoignent. Au terme de cinq années de services « avec honneur et fidélité » – c’est la formule –, un passeport leur est accordé. Pareil contrat moral passé entre la France et de jeunes étrangers doit être salué. Il honore une société désireuse de donner aux hommes une seconde chance. Le képi blanc qu’arborent les légionnaires symbolise d’ailleurs cette nouvelle vie. Chaque année, dans le défilé du 14 Juillet, c’est à la Légion qu’est réservé le plus vif succès. Chacun sait le rôle prioritaire qui demeure le sien dans toute intervention armée sous nos couleurs.
Tout cela est éminemment romanesque ; il est donc naturel que soit exaltée en ces murs la mythologie légionnaire. J’ai évoqué plus haut des noms d’écrivains engagés sous le képi blanc. À l’inverse, nombre de légionnaires furent d’authentiques écrivains, parfois d’admirables poètes. Connaissez-vous Allan Seeger, un Américain mort en 1916 sur la Somme ? Je me contente de vous dire ces vers : I have a rendez vous with death : « J’ai rendez-vous avec la mort quand le printemps ramènera les beaux jours azurés. » Dans les sables de Bir-Hakeim, le général Kœnig se faisait lire des vers, alors qu’il tenait en ses mains le sort des 3 700 soldats français retranchés, chargés de fixer les troupes du général Rommel. L’un de ces légionnaires se nommait Pierre Messmer. Il commande alors une compagnie, au sein de la première brigade française libre, et attend l’ennemi dans la chaleur et l’incertitude. Qui sont les hommes qui l’entourent ? Il faudrait évoquer les mémoires glorieuses du général Kœnig, du colonel Amilakvari, du colonel de Sairigné. L’histoire de la Légion étrangère – et l’histoire tout court – ont retenu leurs noms. Permettez-moi de citer d’autres soldats, dont la mémoire des hommes n’a rien su, mais qui furent, à n’en pas douter, présents dans le cœur de Pierre Messmer jusqu’à son dernier jour. Il dira d’eux qu’il ne pouvait rien en attendre, « hormis leur courage ». Empressons-nous d’ajouter que le courage ne leur fera jamais défaut. Je voudrais vous parler de l’adjudant Montbel, un ancien avocat au barreau de Paris, engagé à la Légion après le scandale Stavisky. Du lieutenant Svatkovski, un Russe blanc qui s’était battu pour le tsar, mais aussi en Chine et en Espagne ; le genre grand buveur et cœur romanesque. Du lieutenant Devé, un tempétueux syndicaliste qui avait servi en 14 puis rempilé en 40 à l’âge de 50 ans. Je voudrais encore citer le légionnaire Mamuric, un ouvrier agricole croate qui sauva la vie du lieutenant Messmer en Érythrée, et le légionnaire Dominguez, un militant anarchiste espagnol qui refusait par principe tout galon. L’un de ces hommes, qui devait être un poète – et sûrement un philosophe –, luttait contre la soif du désert en suçant des cailloux. À chaque fois qu’il effectuait ce geste, il portait un toast imaginaire à Démosthène. Un avocat douteux, un anarchiste, des hommes irréguliers, pour reprendre la belle formule d’Étienne de Montety, telle était la troupe à qui le destin avait confié, sinon le sort de l’Europe, du moins l’honneur de la France en armes. À Mamuric, Messmer demanda un jour pourquoi il se battait. La réponse fut immédiate : « Pour la liberté, mon capitaine. »
Après un long périple qui, de l’automne 1940 à la fin de 1941, conduit la 13e demi-brigade d’abord en Afrique noire, puis en Érythrée et en Syrie, participant à tous les combats, voici donc l’unité de Pierre Messmer enterrée, au début de 1942, dans les sables de Bir-Hakeim. Je crois bien que Pierre Messmer y est heureux. Quelques années plus tôt, il a choisi la voie d’administrateur de la France d’outre-mer pour connaître le rêve de René Caillé en Mauritanie et au Mali, celui de Charles de Foucauld dans le Sud saharien. C’est d’ailleurs les écrits de ce dernier qu’il a emportés dans sa cantine à Bir-Hakeim. On se demande souvent quel livre on emporterait sur une île, jamais quel livre on emporterait en plein désert. Pierre Messmer a choisi sa bibliothèque du désert : Pascal, Péguy, Psichari. Ces lectures lui inspirent alors des considérations sur la vie qu’il mène depuis plusieurs mois : « La guerre dans le désert est particulière, écrit-il, dure et belle. Les malheurs de la guerre ne frappent que les guerriers. C’est pourquoi la guerre du désert, si dure aux corps, ne salit pas les âmes. »
La bataille de Bir-Hakeim appartient désormais aux manuels d’histoire, comme Austerlitz ou la Marne. Elle s’est déroulée du 15 février au 10 juin 1942. À Kœnig, Rommel a envoyé par trois fois des émissaires lui enjoignant de se rendre. Par trois fois, Kœnig les a éconduits. Les Français, ancrés dans le sable, protégés par des champs de mines et des armes antichars, s’apprêtent à soutenir un siège contre une armée bien supérieure en nombre. Je laisse la parole à un témoin de la bataille : « Notre calvaire commença une nuit de pleine lune, en mai, quand retentirent des tirs d’armes lourdes, juste avant l’aube. Au nord le ciel flamba brusquement et on entendit des salves sporadiques et des explosions. » Ces lignes sont signées de l’adjudant Travers, Susan Travers. Oui, vous avez bien entendu : Susan Travers, légionnaire matricule 22.166. Une femme à la Légion étrangère ? Vous le savez mieux que quiconque, il arrive que des institutions soient créées et vivent longtemps, composées exclusivement d’hommes. Un jour une femme survient, et le visage de cette institution s’en trouve subitement modifié. C’est ce qui est arrivé à la Légion, quand Susan Travers, jeune Britannique engagée dans la France libre, devint chauffeur du général Kœnig. Elle endura elle aussi le terrible siège de Bir-Hakeim et se distingua au volant d’une Ford, lors de la mémorable sortie qu’effectuèrent les Français pour échapper à l’encerclement dans la nuit du 10 juin 1942.
La compagnie Messmer est spécialement éprouvée. Le dernier jour, elle est encore aux avant-postes, chargée d’effectuer une contre-attaque au nord du dispositif. En quelques heures, elle perd la moitié de ses effectifs. Cette nuit-là, le général Kœnig décide que les Français tenteront une sortie, mais il oublie d’en informer son subordonné. À minuit, Kœnig et Amilakvari s’élancent, juchés sur le véhicule de l’adjudant Travers. Ce que voyant, Messmer comprend. Il se met alors en route précipitamment, à la tête de ses quarante légionnaires. D’incident en incident, il court toute la nuit. À l’aube sa compagnie rallie le point de rassemblement avec une colonne de secours anglaise. Pierre Messmer est indemne, mais les pertes sont lourdes. Mort, le capitaine de La Maze, qui fut son chef d’escadron. Mort, le lieutenant Devé. Morts aussi, Mamuric et Dominguez, qui luttaient pour la liberté. Sur les 3 700 français de Bir-Hakeim, 1 500 y laisseront la vie. Quelques heures plus tôt, à un officier qui lui disait : « Cette nuit, mon père, vous allez avoir à donner beaucoup d’absolutions », l’aumônier avait répondu : « Ce soir, tous les morts vont au Paradis. »
« L’entrevue entre le général de Gaulle et Pierre Messmer est brève, sobre. Elle ne dure que quelques minutes. Commence pourtant ce jour-là un long compagnonnage, que les deux hommes ne soupçonnent pas. À Londres, de Gaulle ne se perd pas en compliments : en le rejoignant, ces jeunes Français ont-ils fait autre chose que leur devoir ? Peut-être secrètement impressionné par leur épopée, il leur octroie néanmoins une faveur et propose à Messmer et Simon de choisir leur affectation. Pour l’un et l’autre, la réponse est immédiate et identique : la Légion étrangère. Plus tard, Pierre Messmer s’expliquera sur ce choix, d’une voix qu’on imagine bourrue et amusée : « Pourquoi la Légion ? Parce que je voulais faire la guerre avec des gens sérieux. » De fait, en cet été 1940, les légionnaires présents sur le sol britannique sont les rares Français libres aux états de service dignes de ce nom : six mois plus tôt, la 13e demi-brigade de la Légion étrangère a battu les troupes allemandes à Narvik. Son chef de corps, le colonel Magrin-Verneret, dit Monclar, a choisi sa devise : More majorum, « À l’exemple des anciens », à laquelle, toute sa vie, Pierre Messmer restera fidèle, comme il restera fidèle à cette institution singulière qu’est la Légion étrangère, que Lyautey appelait « ma plus chère troupe ». Le jour de sa réception parmi vous, il se présenta comme légionnaire et rendit hommage aux morts pour la France issus de ses rangs. En 2005 fut organisée, ici même, sous cette Coupole, une séance solennelle au cours de laquelle de jeunes légionnaires de la 13e demi-brigade lui rendirent les honneurs.
Vous étonnerai-je ? Je ne suis guère familière de ce monde. Mais au contact de Pierre Messmer, que vous avez provoqué en me désignant à sa succession, j’ai compris pourquoi cette troupe séduisait tant les écrivains. Blaise Cendrars, mais aussi Arthur Koestler ou Ernst Jünger, s’y engagèrent. Cendrars avouait : « Être un homme et découvrir la solitude. Voilà ce que je dois à la Légion. » D’autres, comme Joseph Kessel, fascinés par cette troupe romanesque, ont brossé d’admirables portraits de légionnaires. Dans L’Armée des ombres, un personnage a cette formule : « Tu jouais encore aux billes que je commandais des hommes de la Légion. » Ces mots pourraient avoir été prononcés par Pierre Messmer, lui qui fut conduit à commander à des vétérans de la campagne de France et de la bataille de Narvik, quand nombre de ses contemporains retrouvaient, dès l’automne 1940, le chemin du lycée ou de l’université.
Les légionnaires présents sous la Coupole en 2005 ne venaient pas d’Espagne ou d’Allemagne, comme ceux que le lieutenant Messmer avait eus sous ses ordres, mais plus probablement d’Ukraine, de Roumanie ou du Brésil. Pourtant, une commune envie de servir les animait. Avez-vous relevé cet après midi-là leur fort accent, lorsqu’ils chantèrent ou récitèrent les vers graves et émouvants de la poésie légionnaire ? Ils étaient, à leur manière, les ambassadeurs de la langue française, ayant renoncé à leur passé, à leur nom peut-être, pour se couler dans un nouvel uniforme, apprendre une nouvelle langue, adopter un nouveau pays, épouser une nouvelle histoire. Ce renoncement à soi-même, c’est l’effort que la Légion étrangère demande à ceux qui la rejoignent. Au terme de cinq années de services « avec honneur et fidélité » – c’est la formule –, un passeport leur est accordé. Pareil contrat moral passé entre la France et de jeunes étrangers doit être salué. Il honore une société désireuse de donner aux hommes une seconde chance. Le képi blanc qu’arborent les légionnaires symbolise d’ailleurs cette nouvelle vie. Chaque année, dans le défilé du 14 Juillet, c’est à la Légion qu’est réservé le plus vif succès. Chacun sait le rôle prioritaire qui demeure le sien dans toute intervention armée sous nos couleurs.
Tout cela est éminemment romanesque ; il est donc naturel que soit exaltée en ces murs la mythologie légionnaire. J’ai évoqué plus haut des noms d’écrivains engagés sous le képi blanc. À l’inverse, nombre de légionnaires furent d’authentiques écrivains, parfois d’admirables poètes. Connaissez-vous Allan Seeger, un Américain mort en 1916 sur la Somme ? Je me contente de vous dire ces vers : I have a rendez vous with death : « J’ai rendez-vous avec la mort quand le printemps ramènera les beaux jours azurés. » Dans les sables de Bir-Hakeim, le général Kœnig se faisait lire des vers, alors qu’il tenait en ses mains le sort des 3 700 soldats français retranchés, chargés de fixer les troupes du général Rommel. L’un de ces légionnaires se nommait Pierre Messmer. Il commande alors une compagnie, au sein de la première brigade française libre, et attend l’ennemi dans la chaleur et l’incertitude. Qui sont les hommes qui l’entourent ? Il faudrait évoquer les mémoires glorieuses du général Kœnig, du colonel Amilakvari, du colonel de Sairigné. L’histoire de la Légion étrangère – et l’histoire tout court – ont retenu leurs noms. Permettez-moi de citer d’autres soldats, dont la mémoire des hommes n’a rien su, mais qui furent, à n’en pas douter, présents dans le cœur de Pierre Messmer jusqu’à son dernier jour. Il dira d’eux qu’il ne pouvait rien en attendre, « hormis leur courage ». Empressons-nous d’ajouter que le courage ne leur fera jamais défaut. Je voudrais vous parler de l’adjudant Montbel, un ancien avocat au barreau de Paris, engagé à la Légion après le scandale Stavisky. Du lieutenant Svatkovski, un Russe blanc qui s’était battu pour le tsar, mais aussi en Chine et en Espagne ; le genre grand buveur et cœur romanesque. Du lieutenant Devé, un tempétueux syndicaliste qui avait servi en 14 puis rempilé en 40 à l’âge de 50 ans. Je voudrais encore citer le légionnaire Mamuric, un ouvrier agricole croate qui sauva la vie du lieutenant Messmer en Érythrée, et le légionnaire Dominguez, un militant anarchiste espagnol qui refusait par principe tout galon. L’un de ces hommes, qui devait être un poète – et sûrement un philosophe –, luttait contre la soif du désert en suçant des cailloux. À chaque fois qu’il effectuait ce geste, il portait un toast imaginaire à Démosthène. Un avocat douteux, un anarchiste, des hommes irréguliers, pour reprendre la belle formule d’Étienne de Montety, telle était la troupe à qui le destin avait confié, sinon le sort de l’Europe, du moins l’honneur de la France en armes. À Mamuric, Messmer demanda un jour pourquoi il se battait. La réponse fut immédiate : « Pour la liberté, mon capitaine. »
Après un long périple qui, de l’automne 1940 à la fin de 1941, conduit la 13e demi-brigade d’abord en Afrique noire, puis en Érythrée et en Syrie, participant à tous les combats, voici donc l’unité de Pierre Messmer enterrée, au début de 1942, dans les sables de Bir-Hakeim. Je crois bien que Pierre Messmer y est heureux. Quelques années plus tôt, il a choisi la voie d’administrateur de la France d’outre-mer pour connaître le rêve de René Caillé en Mauritanie et au Mali, celui de Charles de Foucauld dans le Sud saharien. C’est d’ailleurs les écrits de ce dernier qu’il a emportés dans sa cantine à Bir-Hakeim. On se demande souvent quel livre on emporterait sur une île, jamais quel livre on emporterait en plein désert. Pierre Messmer a choisi sa bibliothèque du désert : Pascal, Péguy, Psichari. Ces lectures lui inspirent alors des considérations sur la vie qu’il mène depuis plusieurs mois : « La guerre dans le désert est particulière, écrit-il, dure et belle. Les malheurs de la guerre ne frappent que les guerriers. C’est pourquoi la guerre du désert, si dure aux corps, ne salit pas les âmes. »
La bataille de Bir-Hakeim appartient désormais aux manuels d’histoire, comme Austerlitz ou la Marne. Elle s’est déroulée du 15 février au 10 juin 1942. À Kœnig, Rommel a envoyé par trois fois des émissaires lui enjoignant de se rendre. Par trois fois, Kœnig les a éconduits. Les Français, ancrés dans le sable, protégés par des champs de mines et des armes antichars, s’apprêtent à soutenir un siège contre une armée bien supérieure en nombre. Je laisse la parole à un témoin de la bataille : « Notre calvaire commença une nuit de pleine lune, en mai, quand retentirent des tirs d’armes lourdes, juste avant l’aube. Au nord le ciel flamba brusquement et on entendit des salves sporadiques et des explosions. » Ces lignes sont signées de l’adjudant Travers, Susan Travers. Oui, vous avez bien entendu : Susan Travers, légionnaire matricule 22.166. Une femme à la Légion étrangère ? Vous le savez mieux que quiconque, il arrive que des institutions soient créées et vivent longtemps, composées exclusivement d’hommes. Un jour une femme survient, et le visage de cette institution s’en trouve subitement modifié. C’est ce qui est arrivé à la Légion, quand Susan Travers, jeune Britannique engagée dans la France libre, devint chauffeur du général Kœnig. Elle endura elle aussi le terrible siège de Bir-Hakeim et se distingua au volant d’une Ford, lors de la mémorable sortie qu’effectuèrent les Français pour échapper à l’encerclement dans la nuit du 10 juin 1942.
La compagnie Messmer est spécialement éprouvée. Le dernier jour, elle est encore aux avant-postes, chargée d’effectuer une contre-attaque au nord du dispositif. En quelques heures, elle perd la moitié de ses effectifs. Cette nuit-là, le général Kœnig décide que les Français tenteront une sortie, mais il oublie d’en informer son subordonné. À minuit, Kœnig et Amilakvari s’élancent, juchés sur le véhicule de l’adjudant Travers. Ce que voyant, Messmer comprend. Il se met alors en route précipitamment, à la tête de ses quarante légionnaires. D’incident en incident, il court toute la nuit. À l’aube sa compagnie rallie le point de rassemblement avec une colonne de secours anglaise. Pierre Messmer est indemne, mais les pertes sont lourdes. Mort, le capitaine de La Maze, qui fut son chef d’escadron. Mort, le lieutenant Devé. Morts aussi, Mamuric et Dominguez, qui luttaient pour la liberté. Sur les 3 700 français de Bir-Hakeim, 1 500 y laisseront la vie. Quelques heures plus tôt, à un officier qui lui disait : « Cette nuit, mon père, vous allez avoir à donner beaucoup d’absolutions », l’aumônier avait répondu : « Ce soir, tous les morts vont au Paradis. »
Re: MME Simone VEIL a rendu hommage
bel hommage Daniel
merci MADAME
merci MADAME
olivier- Admin
- Localisation : 34
Messages : 3867
Date d'inscription : 10/11/2009
Age : 58
Re: MME Simone VEIL a rendu hommage
Madame Veil était déjà une des femmes que j'admire le plus et là, elle est merveilleuse, c'est une vraie Dame qui mérite tous les honneurs.
Invité- Invité
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