14 mai 1831: Un Suisse, organise la Légion étrangère
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14 mai 1831: Un Suisse, organise la Légion étrangère
L'organisation de la Légion étrangère, stationnée à Bar-le-Duc, revient au colonel Christophe Stoffel. Chargé de la mise sur pied des bataillons nationaux, il se heurte à des problèmes de toutes sortes. Le 4 juin 1831, Stoffel écrit au ministre: << l'organisation n'est encore qu'ébauchée >>. Les documents conservés au Service Historique de l'Armée de Terre (château de Vincennes) témoignent des difficultés rencontrées: plus de 1 000 hommes << jusqu'à ce jour administrés comme une compagnie >>. Point de livres de services, de registres, << seulement des notes fugitives >>. En outre, il manque 5 capitaines, 2 lieutenants, 1 sous-lieutenant, l'officier de santé, 1 de l'habillement, celui de l'armement et surtout un adjudant-major.
Stoffel a besoin de temps, il prie les autorités qu'on lui concède encore deux mois pour l'instruction qu'il est pressé de commencer. Le 14 juin, il intervient auprès du ministère pour réclamer des fusils. Au lieu des 1 100 demandés, il lui en parvient à peine plus d'une centaine. Quant aux volontaires, leur effectif croît au fil des jours. Fin juin, on compte sur les rangs 1 350 hommes et le mois suivant on trouve 29 officiers et 1 664 sous-officiers et soldats.
Néanmoins, le manque de matériel et d'habillement se fait sentir et les places prévues dans les dépôts s'avèrent insuffisantes, obligeant le commandement à prendre d'autres mesures: << ... le mauvais état des casernes et leur exiguïté obligent à loger la troupe chez l'habitant. Alors les "bourgeois", dit le colonel, paient la "classe pauvre" pour satisfaire aux billets de logement en se gardant de la promiscuité avec les soldats >>. (1)
Dans la Légion, le colonel Stoffel n'est pas aimé de tout le monde. Une plainte adressée au ministre de la guerre parle de: << discipline capricieuse, tracassière et quelque fois sévère à l'excès, qui pèse sur les soldats >>. On se plaint également que la Légion ne soit commandée que par des Suisses. Mais grâce à ses qualités incomparables d'organisateur, à sa connaissance parfaite de l'étranger et à son prestige personnel sur les vieux cadres de Hohenlohe, il présente le 3 septembre une troupe à l'allure martiale. L'impression du général inspecteur est bonne ce qui vaut des félicitations au colonel Stoffel.
En mars 1832 pour des raisons de santé, il est obligé de demander son congé et passe son commandement au colonel Combes. Ce dernier a l'honneur de recevoir le premier drapeau de la Légion étrangère le 8 juin, sur les allées de Meilhan à Marseille, en présence des recrues de la Légion, venues du dépôt central de Toulon. (2)
Toute la vie du colonel Stoffel peut se résumer en un seul mot: << servir >>. Fils d'un officier supérieur suisse du Régiment de Saint-Gall, alors au service de l'Espagne, Christophe Stoffel naquit à Madrid le 19 juillet 1780. A l'âge de 12 ans, il entrait comme cadet dans le régiment de son père. En mars 1807, alors capitaine, il demande à rejoindre le 3e régiment suisse qui servait en France. Une année plus tard, il est distingué par le Grand Duc de Berg qui le prend dans son état-major.
De 1809 à 1810, il trouve sa place dans les états-majors des armées d'Allemagne et du Portugal (3), et ensuite, dans celui de la Grande Armée en 1812. Après une courte période d'inactivité, il est employé dans l'état-major du Duc de Berry et dans celui de l'armée du Nord. Le 5 juillet 1815, il commande le 70e régiment de Ligne. Sanctionné par décret de la Diète, il est placé en non-activité et obligé de quitter la France en 1816, mais en décembre 1817 il obtient sa réintégration dans les cadres comme colonel.
En 1820, il est chef d'état-major des 10e et 17e divisions militaires et en 1823, de l'armée des Pyrénées, avant de prendre le commandement du fort de San Fernando de Figueras. Admis à la retraite en 1830, il est appelé pour commander la Légion étrangère. En congé pour raison de santé en 1833, il prend ensuite le commandement du dépôt de prisonniers hollandais de Saint-Omer, puis il ser à Toulon avant de prendre sa retraite à Paris le 25 mai 1837. Il meurt le 4 juillet 1842.
Il était Officier de la Légion d'Honneur (1811) et Chevalier de l'Ordre de Saint-Louis (1814). En outre, il avait reçu le titre de "Baron de l'Empire" en 1813.
Képi blanc / La vie de la Légion étrangère
n° 600 - 05-99
(1) René Viry "Il y a 150 ans naissait la Légion étrangère". Bulletin de la Société historique et archéologique de Langres. Tome XVII, n° 246, 1981.
(2) La Légion garde le drapeau jusqu'en 1835 et ensuite, elle le retrouve de 1840 à 1844. Conservé au Musée de l'Armée à Paris, le drapeau ne sortira qu'en 1931 pour la célébration du centenaire à Sidi Bel Abbès.
(3) Il avait été blessé de quatre coups de lance au Portugal, et fait prisonnier par les Espagnols. (3 chevaux tués sous lui à Essling, Bautzen et Fleurus).
Stoffel a besoin de temps, il prie les autorités qu'on lui concède encore deux mois pour l'instruction qu'il est pressé de commencer. Le 14 juin, il intervient auprès du ministère pour réclamer des fusils. Au lieu des 1 100 demandés, il lui en parvient à peine plus d'une centaine. Quant aux volontaires, leur effectif croît au fil des jours. Fin juin, on compte sur les rangs 1 350 hommes et le mois suivant on trouve 29 officiers et 1 664 sous-officiers et soldats.
Néanmoins, le manque de matériel et d'habillement se fait sentir et les places prévues dans les dépôts s'avèrent insuffisantes, obligeant le commandement à prendre d'autres mesures: << ... le mauvais état des casernes et leur exiguïté obligent à loger la troupe chez l'habitant. Alors les "bourgeois", dit le colonel, paient la "classe pauvre" pour satisfaire aux billets de logement en se gardant de la promiscuité avec les soldats >>. (1)
Dans la Légion, le colonel Stoffel n'est pas aimé de tout le monde. Une plainte adressée au ministre de la guerre parle de: << discipline capricieuse, tracassière et quelque fois sévère à l'excès, qui pèse sur les soldats >>. On se plaint également que la Légion ne soit commandée que par des Suisses. Mais grâce à ses qualités incomparables d'organisateur, à sa connaissance parfaite de l'étranger et à son prestige personnel sur les vieux cadres de Hohenlohe, il présente le 3 septembre une troupe à l'allure martiale. L'impression du général inspecteur est bonne ce qui vaut des félicitations au colonel Stoffel.
En mars 1832 pour des raisons de santé, il est obligé de demander son congé et passe son commandement au colonel Combes. Ce dernier a l'honneur de recevoir le premier drapeau de la Légion étrangère le 8 juin, sur les allées de Meilhan à Marseille, en présence des recrues de la Légion, venues du dépôt central de Toulon. (2)
Toute la vie du colonel Stoffel peut se résumer en un seul mot: << servir >>. Fils d'un officier supérieur suisse du Régiment de Saint-Gall, alors au service de l'Espagne, Christophe Stoffel naquit à Madrid le 19 juillet 1780. A l'âge de 12 ans, il entrait comme cadet dans le régiment de son père. En mars 1807, alors capitaine, il demande à rejoindre le 3e régiment suisse qui servait en France. Une année plus tard, il est distingué par le Grand Duc de Berg qui le prend dans son état-major.
De 1809 à 1810, il trouve sa place dans les états-majors des armées d'Allemagne et du Portugal (3), et ensuite, dans celui de la Grande Armée en 1812. Après une courte période d'inactivité, il est employé dans l'état-major du Duc de Berry et dans celui de l'armée du Nord. Le 5 juillet 1815, il commande le 70e régiment de Ligne. Sanctionné par décret de la Diète, il est placé en non-activité et obligé de quitter la France en 1816, mais en décembre 1817 il obtient sa réintégration dans les cadres comme colonel.
En 1820, il est chef d'état-major des 10e et 17e divisions militaires et en 1823, de l'armée des Pyrénées, avant de prendre le commandement du fort de San Fernando de Figueras. Admis à la retraite en 1830, il est appelé pour commander la Légion étrangère. En congé pour raison de santé en 1833, il prend ensuite le commandement du dépôt de prisonniers hollandais de Saint-Omer, puis il ser à Toulon avant de prendre sa retraite à Paris le 25 mai 1837. Il meurt le 4 juillet 1842.
Il était Officier de la Légion d'Honneur (1811) et Chevalier de l'Ordre de Saint-Louis (1814). En outre, il avait reçu le titre de "Baron de l'Empire" en 1813.
Képi blanc / La vie de la Légion étrangère
n° 600 - 05-99
(1) René Viry "Il y a 150 ans naissait la Légion étrangère". Bulletin de la Société historique et archéologique de Langres. Tome XVII, n° 246, 1981.
(2) La Légion garde le drapeau jusqu'en 1835 et ensuite, elle le retrouve de 1840 à 1844. Conservé au Musée de l'Armée à Paris, le drapeau ne sortira qu'en 1931 pour la célébration du centenaire à Sidi Bel Abbès.
(3) Il avait été blessé de quatre coups de lance au Portugal, et fait prisonnier par les Espagnols. (3 chevaux tués sous lui à Essling, Bautzen et Fleurus).
olivier- Admin
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Date d'inscription : 10/11/2009
Age : 58
Re: 14 mai 1831: Un Suisse, organise la Légion étrangère
Merci Daniel;
Comme ecrit si bien Olivier: la genese...
Comme ecrit si bien Olivier: la genese...
Invité- Invité
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