les blessés témoignent. L'embuscade du 18 août
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les blessés témoignent. L'embuscade du 18 août
bonjour
les marsouins
un témoignage très émouvant
respect a ces marsouins parachutiste.
les blessés témoignent. L'embuscade
du 18 août
Ce que racontent les paras rescapés
révèle une succession d'actes
individuels de courage. Leur
professionnalisme a permis de limiter les
pertes et d'infliger des
coups terribles aux insurgés.
Lundi 18 août, 9 heures. Une
colonne blindée d'une centaine d'hommes
est formée. Elle est
composée de deux sections françaises embarquées
sur VAB (véhicule de
l'avant blindé), deux sections de
l'armée afghane formées par
les Français, douze hommes des forces
spéciales américaines, dont
une équipe de guidage aérien. Estimation du
renseignement militaire :
« La menace a jusqu'alors été
le fait d'individus ou de petits
groupes commettant des actions
isolées... L'insurrection n'y a
jamais démontré la capacité ou
l'intention de réaliser des actions
coordonnées d'ampleur
significative. »
13 heures.
Carmin 2, commandée par l'adjudant Gaëtan Évrard, arrive à
Sper
Kunday. L'objectif est un col qui culmine à 2 000 mètres, dominé
par
des crêtes aux pentes abruptes. La route se
transforme en piste,
les blindés doivent stopper, il faut poursuivre
à pied.
Les VAB et leurs mitrailleuses de 12,7 millimètres se placent dans
l'axe
du col, situé à 1 500 mètres du village. L'adjudant donne ses
ordres.
L'ascension commence.
Adjudant Gaëtan Évrard
34 ans, chef de section, dix-sept ans de service
« Je passe en colonne dès que le sentier serpente. Vu le barda, la
progression
est lente. Il fait chaud. J'ordonne aux chefs de groupe
d'accélérer.
» Les hommes portent chacun six chargeurs à 25
cartouches et le
lourd gilet pare-balles. Un para est victime d'un
coup de chaleur.
Il reste en arrière avec l'infirmier, un caporal-chef
du 2e régiment
étranger de parachutistes. « Je demande
aux tireurs d'élite de
me renseigner sur ce qu'ils voient vers
l'avant. Rien à signaler,
répondent-ils, en précisant que le premier
groupe est à 100 mètres
du col. »
13 h 45, heure H. Dans le dernier lacet,
l'enfer se déclenche. En
une seconde, l'air est saturé de
détonations, de rafales et
d'explosions. C'est une embuscade. Les
réflexes jouent
instantanément. « Tout le monde se jette derrière
les maigres
rochers qui jalonnent la pente. La position est
précaire, la section est
étalée sur plus de 100 mètres, de bas en
haut. Un feu
intense laboure la pente pendant près d'un quart
d'heure. » Les
paras se fondent aux rochers pour éviter les balles. «
J'ai tout de
suite le contact radio avec le groupe de devant.
J'apprends que
mon adjoint est blessé, avec deux autres gars. »
Le bruit est assourdissant. Les impacts au sol soulèvent une
poussière étouffante. « J'essaie de m'abriter derrière un gros
rocher
avec cinq paras, dont le radio et le tireur d'élite. D'autres
sont à quelques mètres mais pas visibles. » Le sol est haché par la
mitraille.
Il est impossible d'aller chercher les blessés. « Un de mes
chefs
de groupe arrive pourtant à me rejoindre. Il est
tout blanc, il
titube, une balle dans le ventre. On l'allonge, on
lui enlève son
pare-balles, son casque et on lui met un pansement
compressif. Des
tirs se déclenchent des crêtes de gauche et de
droite. Nous
sommes pris entre deux feux. »
Les paras ripostent du
mieux possible mais sans voir les
assaillants. Les rochers fracassés
se transforment en autant d'éclats. «
J'ai le visage en sang,
d'autres sont criblés aux jambes, aux
bras. Le tireur d'élite
réussit à abattre plusieurs silhouettes,
furtivement aperçues sur la
ligne de crête. Plus haut, on entend des
rafales de Famas. » C'est
la preuve que la section réagit.
Les paras se battent. Et bien.
D'en bas, les mitrailleuses des VAB crachent bandes sur
bandes pour
contenir les talibans et permettre à la section de se
dégager. Par deux,
par trois ou seuls, les paras isolés entre les
rochers
se défendent. Ils rendent coup pour coup, alors que les
talibans
tentent de se rapprocher. « Le sergent Cazzaro me crie que
l'ennemi est
au plus près. Je perds la liaison avec la section du
RMT
au village mais je joins le capitaine à Tora. » Évrard
réussira à
maintenir la liaison radio : « Mon capitaine,
dépêchez-vous ! Personne
n'est plus en mesure de m'appuyer... Je
suis fixé par des
feux nourris. C'est Bazeilles ici, mon
capitaine. C'est Bazeilles ! »
H + 25 minutes. Évrard a
fait une demande d'appui aérien. Dix
minutes plus tard, les avions
A10 américains sont sur la zone.
L'imbrication des combattants est
telle qu'ils renoncent à tirer.
C'est ce que les talibans
cherchaient. Au même moment, un groupement
renforcé quitte Tora.
Évrard est blessé. « J'ai senti un choc à l'épaule mais j'ai
toujours pu utiliser ma main. Je sentais un picotement mais je n'ai
pas
regardé tellement on nous tirait dessus. » Originaire des
Ardennes, dur au mal, le sous-officier est tout entier à son
commandement,
sous le feu ennemi. « En fait, j'ai compris que j'étais
vraiment
bien touché quand on a pu se dégager. »
Les tirs
deviennent de plus en plus précis. « Nous nous sommes
resserrés car
les balles tapaient très près. Ce n'était plus des rafales
mais des
tirs de précision. J'ai vu un taleb tué par mon
tireur d'élite.
Le gars a glissé le long d'un rocher, son fusil de
sniper a suivi. »
Le poste radio est resté à découvert. Évrard tient le
combiné mais
le fil est trop tendu. L'opérateur est occupé à sauver
le chef de groupe
blessé. Il alterne désespérément le
bouche-à-bouche et
un massage cardiaque. Une balle lui traverse
la main. Il se redresse
et montre sa main à Évrard. Le sang coule. «
Putain, mon adjudant... »
Évrard gronde : « Attends, tu crois quoi ?
Continue le
massage. On verra ta blessure après ! Il m'a regardé
avec cet air
que je lui connaissais bien, cette grimace comique
d'étonnement qu'il me
faisait chaque fois que je l'engueulais ou
qu'il en
bavait au stage commando. »
La radio est
toujours à découvert. Les impacts de balles se
rapprochent
dangereusement. L'opérateur s'en aperçoit : « Mon adjudant,
je vais
chercher la radio. » Il fonce sous le feu et revient
avec le
poste. « Il le pose sur mes genoux, sous des tirs redoublés.
Les
balles claquent tout près. Alors... il s'est mis devant moi, comme
pour
me protéger. Il m'a regardé. C'est à ce moment-là
qu'il a été
mortellement touché. Je n'oublierai jamais sa grimace et
son petit
sourire. » Ce sacrifice symbolise la formidable cohésion de
Carmin
2.
La position est intenable. Pour couvrir l'adjudant qui
parvient à
descendre un peu, les paras organisent une boule de feu
en vidant leurs
chargeurs vers la crête. Le tireur d'élite resté
près du
rocher pour protéger le départ de ses copains est tué.
Avant de
mourir, il aura le temps de murmurer : « J'en ai descendu
huit... huit
». Évrard se retrouve près d'un autre para, resté avec
l'infirmier légionnaire qui a le genou fracassé. Dans le civil, le
caporal-chef
du 2e Rep avait déjà sauvé deux personnes. Il sera retrouvé
mort,
après avoir réussi à mettre à couvert trois de
ses camarades.
H + 2 heures et 5 minutes. Carmin 2 a commencé à se replier,
appuyée
par des hélicoptères et A10 américains. L'appui va durer
une heure.
Évrard arrive à rejoindre les blindés.
20
heures : la nuit est tombée. Les renforts venus de Kaboul sont
arrivés.
Quelques paras réussissent à se dégager. D'autres restent entre
les
rochers, à faire le coup de feu, seuls dans la nuit.
« On
économisait les cartouches car on se battait depuis près de
huit
heures ! Nous avions perdu toute notion du temps, saoulés par les
tirs...
».
H + 8 heures 15, Sper Kunday est sécurisé.
Les premiers corps sont
relevés sur les pentes. Le col sera repris
au lever du jour et les
accrochages se poursuivront jusque vers 12
heures, ce 19
août. Les combats ont duré près de vingt heures.
Près de 80 rebelles
seront tués.
Pendant toute la
durée de l'engagement, l'adjudant Évrard, blessé, a
pu garder le
contact radio avec son capitaine et avec ses hommes qui
contenaient
les talibans près du col. Il a su aussi
diriger le tir des
mitrailleuses lourdes du sergent Andrieux, 600
mètres plus bas. Tous
disent : « On a fait comme on l'a appris à
l'instruction ! »
Sergent Romain Andrieux
23 ans, chef du groupe
appuis, trois ans de service
Ses quatre VAB déployés
près du village, leurs mitrailleuses de 12,7
pointées vers le col,
Andrieux fournit le premier appui feu. « J'ai
désigné les secteurs
de tirs à chacun de façon à couvrir
l'ensemble des points hauts. »
Il observe à la jumelle. « On voyait
la section progresser par les
lacets. Ça montait raide. Le feu s'est
déclenché d'un coup. J'ai
aussitôt fait riposter. »
Les premiers tirs viennent du
col mais les VAB d'Andrieux sont aussi
pris à partie. « Les balles
s'écrasent au sol et sur les blindés. Une
roquette antichar venue de
la droite passe au-dessus de
nos têtes et explose un peu plus
loin. En haut, la fusillade monte
en intensité. D'autres roquettes
sont tirées mais sans dommage. J'ai
assez vite le contact radio avec
l'adjudant Évrard, pour
qu'il dirige mes tirs. Même à la
jumelle, je ne vois pas les talebs.
»
Le sergent fait
tirer toutes ses pièces. Les rafales de 12,7
balaient les crêtes.
Pour les talibans, Andrieux est un objectif de
choix. « Mes tireurs à
la mitrailleuse sont obligés de se poster
sur la tourelle
ouverte, la tête et les épaules exposées. Mes
pilotes sont à terre,
plaqués aux blindés. Ils ripostent au Famas, mais
sans grande
efficacité à cause de la distance. On ne pouvait
pas rester
longtemps à la même place car les impacts se
rapprochaient
dangereusement. Ils sont vite passés aux tirs de
précision. »
Les impacts soulèvent des nuages de poussière. « Le plus
inquiétant,
ce sont les balles qui frappent le blindage et ricochent
en miaulant
dans tous les sens. Les tirs ne se sont jamais arrêtés.
Quand ça tirait de la gauche, on basculait du côté droit des VAB et
inversement.
Une balle m'a traversé la jambe de pantalon, une autre a
coupé la
mentonnière du casque de Gil. »
Les réserves de bandes de
mitrailleuses diminuent. Il faut aller en
chercher, mais à
découvert, au VAB resté en protection arrière. Un
Hummer américain
s'approche, riposte et donne des caisses de
cartouches aux
Français. « Vu qu'on tirait beaucoup, il fallait
souvent changer les
caissons sur le toit des VAB. Les pilotes montaient
pour le faire,
sans hésitation. Ils comprenaient l'ordre,
même si ça tirait plus
dès qu'ils se montraient. On pensait surtout
aux copains restés
là-haut. »
Au crépuscule, Andrieux est informé par radio
qu'Évrard et quelques
blessés arrivent vers lui. « On tente d'aller à
leur rencontre mais il
nous est impossible de dépasser la dernière
maison du
village : les tirs se concentraient sur nous. On a fait
alors une
boule de feu en tirant de toutes nos armes pour leur
permettre de
traverser le découvert et d'embarquer dans les VAB. On
n'avait
pratiquement plus de munitions de 12,7. J'avais gardé une
demi-bande. Au cas où... »
Première
classe Philippe Gros
20 ans, radio-tireur, quinze mois de
service
Anglophone, Gros assure la liaison avec
l'interprète afghan qui
accompagne le chef de section. « Au
déclenchement du feu, je suis un peu
en arrière de l'adjudant, avec
son adjoint. Nous remontons
aussitôt à son niveau pour nous
abriter derrière un gros rocher,
autour de l'adjudant, pour le
protéger. Lui avait son combat à mener,
nous le nôtre. »
Réflexes professionnels instantanés : les paras protègent leur chef
qui
rend compte et coordonne la manœuvre. Ils se répartissent les
secteurs
de tir. « On n'a pas riposté immédiatement pour
éviter les tirs
fratricides : les autres groupes étaient entre nous
et le col. On ne
voyait rien, même pas les copains à quelques mètres.
Trop de
poussière. En revanche, les talebs devaient bien
nous voir car
leurs balles tapaient très près. Ils nous arrosaient
méchant, avec
des fusils de sniper Dragunov. »
Un gradé quitte le
rocher pour se renseigner sur la situation vers
le col. « Il
redéboule quelques minutes plus tard. Au moment d'atteindre
notre
abri précaire, il est touché au ventre, sous le
gilet
pare-balles. On lui prodigue les premiers soins. » L'adjoint
part à
son tour pour tenter de dégager les paras coincés plus haut. « Je
ne
l'ai pas vu revenir... »
Le radio continue son massage
cardiaque au blessé mais les coups se
rapprochent. « Les talebs
changent de place et nous débordent par la
droite. Le blessé est
touché une seconde puis une
troisième fois. Je n'avais pas vu que
l'adjudant était lui aussi
blessé mais on ne voulait pas l'emmerder
avec ça : il avait autre chose à
faire. Le capitaine demandait des
comptes-rendus pour
pouvoir agir. »
L'opérateur
radio décide de faire écran de son corps devant Évrard.
Il est
touché. Le coin devient intenable. « Il fallait partir mais
chaque
tentative provoquait une volée de balles. On est
resté à trois
pour permettre à l'adjudant de partir. Il était la
pièce maîtresse,
il fallait qu'il dégage pour garder le contact radio.
Un autre
copain est tombé. Il s'est recroquevillé sur le
sol. J'ai voulu
foncer pour le mettre à l'abri mais c'était
impossible, le sol était
criblé d'impacts devant moi. On s'est retrouvés
bloqués avec
Dussaing et Marchand, obligés d'attendre la nuit.
»
Le petit groupe va s'esquiver en rampant le long des murettes. «
Marchand
est blessé, l'épaule démise. Il ne peut pas ramper. Il demande
qu'on
le laisse sur place mais on ne veut pas
l'abandonner. » La nuit
commence à tomber. « Avec l'obscurité, on
s'est dit qu'on allait
pouvoir se tirer mais les talebs ont commencé à
descendre vers nous.
Marchand balance une grenade qui en
couche quatre ou cinq. » Ils
sont repérés, les tirs reprennent. « Je
me suis alors déporté en
rampant pour les prendre à revers. Dussaing
lance une grenade pour
les obliger à changer de place.
J'en ai vu quatre et j'ai réussi à
en avoir deux au Famas. On en a
entendu deux autres parler au
talkie-walkie. Après une nouvelle grenade,
plus rien ! On s'est dit :
ils sont "caisse", faut y
aller ! »
Au même
moment, surgit un avion A10 américain qui lâche une rafale
d'obus de
30 millimètres, juste au-dessus d'eux. « On a voulu profiter
de la
poussière pour se dégager. » Les deux paras
s'enfoncent dans la
nuit, par bonds successifs, en évitant la piste
matraquée par les
tirs. Ils tombent sur un VAB dans un fossé. « En
l'ouvrant, on
trouve Hamada. Le caporal a le bras
sérieusement abîmé.
L'habitacle est couvert de sang. Il s'était posé
un garrot mais mal.
Je le lui refais correctement. On essaie de sortir
le VAB du fossé.
Impossible. On reprend le chemin de
l'arrière. » Avant de
quitter les lieux, les paras ont la présence
d'esprit de « péter ce
qu'il faut » pour que rien d'intéressant ne tombe
aux mains des
talibans. « Plus tard, on a su le nombre
de tués chez nous...
Mais on sait qu'en face, on en a couché plein. »
Première classe Vincent Paul
20 ans, tireur
d'élite, quinze mois de service
Paul a remplacé le para
victime d'un coup de chaleur dans le groupe
de tête. Il se retrouve
donc au plus près des insurgés, sur le col. «
Dès les premiers tirs,
on s'est plaqué contre la murette
de pierres. On était cinq,
recroquevillés au maximum, cernés par les
impacts. Les balles
tapaient à vingt centimètres de nos pieds. On a
riposté mais on ne
voyait rien. Notre copain qui marchait
en tête de la section,
plus haut, était blessé mais hors de vue. »
Les talibans
sont très proches. « Mon voisin me dit qu'il a repéré
une tête entre
des cailloux. Dans la lunette de mon fusil, j'aperçois
une petite
meurtrière faite de pierres plates. Derrière,
une ombre qui
bouge. Je tire, hausse 600, mais sans voir l'impact.
Je corrige :
400 mètres, paf ! Je tape dedans. Tout le monde tirait,
Hamada a
balancé une grenade à fusil. On ne pouvait se
montrer que
quelques secondes à découvert car, en face, ils nous
alignaient
vite. C'est au bout d'une heure et demie qu'on a vraiment
ramassé. »
Les talibans tentent de prendre les paras en enfilade par la
droite.
« En trois secondes, tout le monde a été touché. Les
blessés
gémissaient en essayant de se faire le plus petit possible.
Le
seul salut était de passer la murette. On a tous plongé en
paquet et
on s'est abrité derrière deux gros rochers. Le
caporal-chef Grégoire a
fait une piqûre de morphine à Weatheane. Les
autres se
soignaient comme ils pouvaient. »
Les
balles ricochent, les valides ripostent sans arrêt. « On était
huit,
trop nombreux derrière ces rochers. Il fallait dégager de là. Le
sergent
est parti avec un autre pour essayer de rejoindre
l'adjudant.
Avec Weatheane et Garabedian, on a rejoint un petit
talweg qui
semblait mener au village. On a progressé par bonds, car on
était
tiré tout le temps. Le caporal-chef avait le bras en
bouillie, il
souffrait beaucoup. »
Le combat ne faiblit pas :
explosions, rafales, fumées, poussière,
toute la montée vers le col
est sous le feu, les VAB en appui aussi. Les
mitrailleuses
françaises arrosent quand même les
crêtes. « J'ai vu des A10
arriver de la vallée et remonter la pente à
basse altitude, en
tirant sur les insurgés mais juste dans notre axe.
Il faisait
sombre, j'avais peur qu'ils nous touchent.
J'ai pris une petite
lampe et lancé plusieurs SOS : trois points,
trois traits, trois
points. À un moment, l'avion est passé en latéral.
J'ai vu la
silhouette du pilote. Il m'a fait des signaux
avec une lumière
rouge. Il avait compris. » Soulagement.
Il faut continuer
à descendre. À l'approche de la première maison,
Paul voit des
silhouettes. « À la forme des casques, j'ai compris que
c'était des
Français. "Eh les gars, c'est moi, Paul !" Ils
se sont aussitôt
postés. J'ai répété plusieurs fois mon nom, puis on
m'a répondu :
"Carmin 2 ?" Je me suis approché et j'ai reconnu le
lieutenant de
Carmin 3. » Grâce à Paul, le caporal-chef
blessé sera récupéré,
d'autres renseignements seront fournis.
Durement
éprouvée, Carmin 2 a été rapatriée à Castres. Pour la
relève, les
volontaires du 8e RPIMa ont été très nombreux. La 1re
section de la
3e compagnie a été désignée. Commandée aussi par un
adjudant, un
"fils du 8", arrivé simple parachutiste en 1990, cette
section est
maintenant à Kaboul. La mission continue pour ce régiment
soudé
comme jamais par l'épreuve.
Enquête
de Jacques Antoine
Nota Ces témoignages ont été
expurgés de tout renseignement
exploitable par les talibans. Par
respect pour les familles, certains
noms et incidents n'ont pas été
reportés. Cette enquête exclusive
a été conduite en partenariat
avec "le Journal d'ici",
l'hebdomadaire de Castres.
source:
http://www.valeursactuelles.com/public/valeurs-actuelles/html/fr/articles.php?article_id=3321
site otomo68
les marsouins
un témoignage très émouvant
respect a ces marsouins parachutiste.
les blessés témoignent. L'embuscade
du 18 août
Ce que racontent les paras rescapés
révèle une succession d'actes
individuels de courage. Leur
professionnalisme a permis de limiter les
pertes et d'infliger des
coups terribles aux insurgés.
Lundi 18 août, 9 heures. Une
colonne blindée d'une centaine d'hommes
est formée. Elle est
composée de deux sections françaises embarquées
sur VAB (véhicule de
l'avant blindé), deux sections de
l'armée afghane formées par
les Français, douze hommes des forces
spéciales américaines, dont
une équipe de guidage aérien. Estimation du
renseignement militaire :
« La menace a jusqu'alors été
le fait d'individus ou de petits
groupes commettant des actions
isolées... L'insurrection n'y a
jamais démontré la capacité ou
l'intention de réaliser des actions
coordonnées d'ampleur
significative. »
13 heures.
Carmin 2, commandée par l'adjudant Gaëtan Évrard, arrive à
Sper
Kunday. L'objectif est un col qui culmine à 2 000 mètres, dominé
par
des crêtes aux pentes abruptes. La route se
transforme en piste,
les blindés doivent stopper, il faut poursuivre
à pied.
Les VAB et leurs mitrailleuses de 12,7 millimètres se placent dans
l'axe
du col, situé à 1 500 mètres du village. L'adjudant donne ses
ordres.
L'ascension commence.
Adjudant Gaëtan Évrard
34 ans, chef de section, dix-sept ans de service
« Je passe en colonne dès que le sentier serpente. Vu le barda, la
progression
est lente. Il fait chaud. J'ordonne aux chefs de groupe
d'accélérer.
» Les hommes portent chacun six chargeurs à 25
cartouches et le
lourd gilet pare-balles. Un para est victime d'un
coup de chaleur.
Il reste en arrière avec l'infirmier, un caporal-chef
du 2e régiment
étranger de parachutistes. « Je demande
aux tireurs d'élite de
me renseigner sur ce qu'ils voient vers
l'avant. Rien à signaler,
répondent-ils, en précisant que le premier
groupe est à 100 mètres
du col. »
13 h 45, heure H. Dans le dernier lacet,
l'enfer se déclenche. En
une seconde, l'air est saturé de
détonations, de rafales et
d'explosions. C'est une embuscade. Les
réflexes jouent
instantanément. « Tout le monde se jette derrière
les maigres
rochers qui jalonnent la pente. La position est
précaire, la section est
étalée sur plus de 100 mètres, de bas en
haut. Un feu
intense laboure la pente pendant près d'un quart
d'heure. » Les
paras se fondent aux rochers pour éviter les balles. «
J'ai tout de
suite le contact radio avec le groupe de devant.
J'apprends que
mon adjoint est blessé, avec deux autres gars. »
Le bruit est assourdissant. Les impacts au sol soulèvent une
poussière étouffante. « J'essaie de m'abriter derrière un gros
rocher
avec cinq paras, dont le radio et le tireur d'élite. D'autres
sont à quelques mètres mais pas visibles. » Le sol est haché par la
mitraille.
Il est impossible d'aller chercher les blessés. « Un de mes
chefs
de groupe arrive pourtant à me rejoindre. Il est
tout blanc, il
titube, une balle dans le ventre. On l'allonge, on
lui enlève son
pare-balles, son casque et on lui met un pansement
compressif. Des
tirs se déclenchent des crêtes de gauche et de
droite. Nous
sommes pris entre deux feux. »
Les paras ripostent du
mieux possible mais sans voir les
assaillants. Les rochers fracassés
se transforment en autant d'éclats. «
J'ai le visage en sang,
d'autres sont criblés aux jambes, aux
bras. Le tireur d'élite
réussit à abattre plusieurs silhouettes,
furtivement aperçues sur la
ligne de crête. Plus haut, on entend des
rafales de Famas. » C'est
la preuve que la section réagit.
Les paras se battent. Et bien.
D'en bas, les mitrailleuses des VAB crachent bandes sur
bandes pour
contenir les talibans et permettre à la section de se
dégager. Par deux,
par trois ou seuls, les paras isolés entre les
rochers
se défendent. Ils rendent coup pour coup, alors que les
talibans
tentent de se rapprocher. « Le sergent Cazzaro me crie que
l'ennemi est
au plus près. Je perds la liaison avec la section du
RMT
au village mais je joins le capitaine à Tora. » Évrard
réussira à
maintenir la liaison radio : « Mon capitaine,
dépêchez-vous ! Personne
n'est plus en mesure de m'appuyer... Je
suis fixé par des
feux nourris. C'est Bazeilles ici, mon
capitaine. C'est Bazeilles ! »
H + 25 minutes. Évrard a
fait une demande d'appui aérien. Dix
minutes plus tard, les avions
A10 américains sont sur la zone.
L'imbrication des combattants est
telle qu'ils renoncent à tirer.
C'est ce que les talibans
cherchaient. Au même moment, un groupement
renforcé quitte Tora.
Évrard est blessé. « J'ai senti un choc à l'épaule mais j'ai
toujours pu utiliser ma main. Je sentais un picotement mais je n'ai
pas
regardé tellement on nous tirait dessus. » Originaire des
Ardennes, dur au mal, le sous-officier est tout entier à son
commandement,
sous le feu ennemi. « En fait, j'ai compris que j'étais
vraiment
bien touché quand on a pu se dégager. »
Les tirs
deviennent de plus en plus précis. « Nous nous sommes
resserrés car
les balles tapaient très près. Ce n'était plus des rafales
mais des
tirs de précision. J'ai vu un taleb tué par mon
tireur d'élite.
Le gars a glissé le long d'un rocher, son fusil de
sniper a suivi. »
Le poste radio est resté à découvert. Évrard tient le
combiné mais
le fil est trop tendu. L'opérateur est occupé à sauver
le chef de groupe
blessé. Il alterne désespérément le
bouche-à-bouche et
un massage cardiaque. Une balle lui traverse
la main. Il se redresse
et montre sa main à Évrard. Le sang coule. «
Putain, mon adjudant... »
Évrard gronde : « Attends, tu crois quoi ?
Continue le
massage. On verra ta blessure après ! Il m'a regardé
avec cet air
que je lui connaissais bien, cette grimace comique
d'étonnement qu'il me
faisait chaque fois que je l'engueulais ou
qu'il en
bavait au stage commando. »
La radio est
toujours à découvert. Les impacts de balles se
rapprochent
dangereusement. L'opérateur s'en aperçoit : « Mon adjudant,
je vais
chercher la radio. » Il fonce sous le feu et revient
avec le
poste. « Il le pose sur mes genoux, sous des tirs redoublés.
Les
balles claquent tout près. Alors... il s'est mis devant moi, comme
pour
me protéger. Il m'a regardé. C'est à ce moment-là
qu'il a été
mortellement touché. Je n'oublierai jamais sa grimace et
son petit
sourire. » Ce sacrifice symbolise la formidable cohésion de
Carmin
2.
La position est intenable. Pour couvrir l'adjudant qui
parvient à
descendre un peu, les paras organisent une boule de feu
en vidant leurs
chargeurs vers la crête. Le tireur d'élite resté
près du
rocher pour protéger le départ de ses copains est tué.
Avant de
mourir, il aura le temps de murmurer : « J'en ai descendu
huit... huit
». Évrard se retrouve près d'un autre para, resté avec
l'infirmier légionnaire qui a le genou fracassé. Dans le civil, le
caporal-chef
du 2e Rep avait déjà sauvé deux personnes. Il sera retrouvé
mort,
après avoir réussi à mettre à couvert trois de
ses camarades.
H + 2 heures et 5 minutes. Carmin 2 a commencé à se replier,
appuyée
par des hélicoptères et A10 américains. L'appui va durer
une heure.
Évrard arrive à rejoindre les blindés.
20
heures : la nuit est tombée. Les renforts venus de Kaboul sont
arrivés.
Quelques paras réussissent à se dégager. D'autres restent entre
les
rochers, à faire le coup de feu, seuls dans la nuit.
« On
économisait les cartouches car on se battait depuis près de
huit
heures ! Nous avions perdu toute notion du temps, saoulés par les
tirs...
».
H + 8 heures 15, Sper Kunday est sécurisé.
Les premiers corps sont
relevés sur les pentes. Le col sera repris
au lever du jour et les
accrochages se poursuivront jusque vers 12
heures, ce 19
août. Les combats ont duré près de vingt heures.
Près de 80 rebelles
seront tués.
Pendant toute la
durée de l'engagement, l'adjudant Évrard, blessé, a
pu garder le
contact radio avec son capitaine et avec ses hommes qui
contenaient
les talibans près du col. Il a su aussi
diriger le tir des
mitrailleuses lourdes du sergent Andrieux, 600
mètres plus bas. Tous
disent : « On a fait comme on l'a appris à
l'instruction ! »
Sergent Romain Andrieux
23 ans, chef du groupe
appuis, trois ans de service
Ses quatre VAB déployés
près du village, leurs mitrailleuses de 12,7
pointées vers le col,
Andrieux fournit le premier appui feu. « J'ai
désigné les secteurs
de tirs à chacun de façon à couvrir
l'ensemble des points hauts. »
Il observe à la jumelle. « On voyait
la section progresser par les
lacets. Ça montait raide. Le feu s'est
déclenché d'un coup. J'ai
aussitôt fait riposter. »
Les premiers tirs viennent du
col mais les VAB d'Andrieux sont aussi
pris à partie. « Les balles
s'écrasent au sol et sur les blindés. Une
roquette antichar venue de
la droite passe au-dessus de
nos têtes et explose un peu plus
loin. En haut, la fusillade monte
en intensité. D'autres roquettes
sont tirées mais sans dommage. J'ai
assez vite le contact radio avec
l'adjudant Évrard, pour
qu'il dirige mes tirs. Même à la
jumelle, je ne vois pas les talebs.
»
Le sergent fait
tirer toutes ses pièces. Les rafales de 12,7
balaient les crêtes.
Pour les talibans, Andrieux est un objectif de
choix. « Mes tireurs à
la mitrailleuse sont obligés de se poster
sur la tourelle
ouverte, la tête et les épaules exposées. Mes
pilotes sont à terre,
plaqués aux blindés. Ils ripostent au Famas, mais
sans grande
efficacité à cause de la distance. On ne pouvait
pas rester
longtemps à la même place car les impacts se
rapprochaient
dangereusement. Ils sont vite passés aux tirs de
précision. »
Les impacts soulèvent des nuages de poussière. « Le plus
inquiétant,
ce sont les balles qui frappent le blindage et ricochent
en miaulant
dans tous les sens. Les tirs ne se sont jamais arrêtés.
Quand ça tirait de la gauche, on basculait du côté droit des VAB et
inversement.
Une balle m'a traversé la jambe de pantalon, une autre a
coupé la
mentonnière du casque de Gil. »
Les réserves de bandes de
mitrailleuses diminuent. Il faut aller en
chercher, mais à
découvert, au VAB resté en protection arrière. Un
Hummer américain
s'approche, riposte et donne des caisses de
cartouches aux
Français. « Vu qu'on tirait beaucoup, il fallait
souvent changer les
caissons sur le toit des VAB. Les pilotes montaient
pour le faire,
sans hésitation. Ils comprenaient l'ordre,
même si ça tirait plus
dès qu'ils se montraient. On pensait surtout
aux copains restés
là-haut. »
Au crépuscule, Andrieux est informé par radio
qu'Évrard et quelques
blessés arrivent vers lui. « On tente d'aller à
leur rencontre mais il
nous est impossible de dépasser la dernière
maison du
village : les tirs se concentraient sur nous. On a fait
alors une
boule de feu en tirant de toutes nos armes pour leur
permettre de
traverser le découvert et d'embarquer dans les VAB. On
n'avait
pratiquement plus de munitions de 12,7. J'avais gardé une
demi-bande. Au cas où... »
Première
classe Philippe Gros
20 ans, radio-tireur, quinze mois de
service
Anglophone, Gros assure la liaison avec
l'interprète afghan qui
accompagne le chef de section. « Au
déclenchement du feu, je suis un peu
en arrière de l'adjudant, avec
son adjoint. Nous remontons
aussitôt à son niveau pour nous
abriter derrière un gros rocher,
autour de l'adjudant, pour le
protéger. Lui avait son combat à mener,
nous le nôtre. »
Réflexes professionnels instantanés : les paras protègent leur chef
qui
rend compte et coordonne la manœuvre. Ils se répartissent les
secteurs
de tir. « On n'a pas riposté immédiatement pour
éviter les tirs
fratricides : les autres groupes étaient entre nous
et le col. On ne
voyait rien, même pas les copains à quelques mètres.
Trop de
poussière. En revanche, les talebs devaient bien
nous voir car
leurs balles tapaient très près. Ils nous arrosaient
méchant, avec
des fusils de sniper Dragunov. »
Un gradé quitte le
rocher pour se renseigner sur la situation vers
le col. « Il
redéboule quelques minutes plus tard. Au moment d'atteindre
notre
abri précaire, il est touché au ventre, sous le
gilet
pare-balles. On lui prodigue les premiers soins. » L'adjoint
part à
son tour pour tenter de dégager les paras coincés plus haut. « Je
ne
l'ai pas vu revenir... »
Le radio continue son massage
cardiaque au blessé mais les coups se
rapprochent. « Les talebs
changent de place et nous débordent par la
droite. Le blessé est
touché une seconde puis une
troisième fois. Je n'avais pas vu que
l'adjudant était lui aussi
blessé mais on ne voulait pas l'emmerder
avec ça : il avait autre chose à
faire. Le capitaine demandait des
comptes-rendus pour
pouvoir agir. »
L'opérateur
radio décide de faire écran de son corps devant Évrard.
Il est
touché. Le coin devient intenable. « Il fallait partir mais
chaque
tentative provoquait une volée de balles. On est
resté à trois
pour permettre à l'adjudant de partir. Il était la
pièce maîtresse,
il fallait qu'il dégage pour garder le contact radio.
Un autre
copain est tombé. Il s'est recroquevillé sur le
sol. J'ai voulu
foncer pour le mettre à l'abri mais c'était
impossible, le sol était
criblé d'impacts devant moi. On s'est retrouvés
bloqués avec
Dussaing et Marchand, obligés d'attendre la nuit.
»
Le petit groupe va s'esquiver en rampant le long des murettes. «
Marchand
est blessé, l'épaule démise. Il ne peut pas ramper. Il demande
qu'on
le laisse sur place mais on ne veut pas
l'abandonner. » La nuit
commence à tomber. « Avec l'obscurité, on
s'est dit qu'on allait
pouvoir se tirer mais les talebs ont commencé à
descendre vers nous.
Marchand balance une grenade qui en
couche quatre ou cinq. » Ils
sont repérés, les tirs reprennent. « Je
me suis alors déporté en
rampant pour les prendre à revers. Dussaing
lance une grenade pour
les obliger à changer de place.
J'en ai vu quatre et j'ai réussi à
en avoir deux au Famas. On en a
entendu deux autres parler au
talkie-walkie. Après une nouvelle grenade,
plus rien ! On s'est dit :
ils sont "caisse", faut y
aller ! »
Au même
moment, surgit un avion A10 américain qui lâche une rafale
d'obus de
30 millimètres, juste au-dessus d'eux. « On a voulu profiter
de la
poussière pour se dégager. » Les deux paras
s'enfoncent dans la
nuit, par bonds successifs, en évitant la piste
matraquée par les
tirs. Ils tombent sur un VAB dans un fossé. « En
l'ouvrant, on
trouve Hamada. Le caporal a le bras
sérieusement abîmé.
L'habitacle est couvert de sang. Il s'était posé
un garrot mais mal.
Je le lui refais correctement. On essaie de sortir
le VAB du fossé.
Impossible. On reprend le chemin de
l'arrière. » Avant de
quitter les lieux, les paras ont la présence
d'esprit de « péter ce
qu'il faut » pour que rien d'intéressant ne tombe
aux mains des
talibans. « Plus tard, on a su le nombre
de tués chez nous...
Mais on sait qu'en face, on en a couché plein. »
Première classe Vincent Paul
20 ans, tireur
d'élite, quinze mois de service
Paul a remplacé le para
victime d'un coup de chaleur dans le groupe
de tête. Il se retrouve
donc au plus près des insurgés, sur le col. «
Dès les premiers tirs,
on s'est plaqué contre la murette
de pierres. On était cinq,
recroquevillés au maximum, cernés par les
impacts. Les balles
tapaient à vingt centimètres de nos pieds. On a
riposté mais on ne
voyait rien. Notre copain qui marchait
en tête de la section,
plus haut, était blessé mais hors de vue. »
Les talibans
sont très proches. « Mon voisin me dit qu'il a repéré
une tête entre
des cailloux. Dans la lunette de mon fusil, j'aperçois
une petite
meurtrière faite de pierres plates. Derrière,
une ombre qui
bouge. Je tire, hausse 600, mais sans voir l'impact.
Je corrige :
400 mètres, paf ! Je tape dedans. Tout le monde tirait,
Hamada a
balancé une grenade à fusil. On ne pouvait se
montrer que
quelques secondes à découvert car, en face, ils nous
alignaient
vite. C'est au bout d'une heure et demie qu'on a vraiment
ramassé. »
Les talibans tentent de prendre les paras en enfilade par la
droite.
« En trois secondes, tout le monde a été touché. Les
blessés
gémissaient en essayant de se faire le plus petit possible.
Le
seul salut était de passer la murette. On a tous plongé en
paquet et
on s'est abrité derrière deux gros rochers. Le
caporal-chef Grégoire a
fait une piqûre de morphine à Weatheane. Les
autres se
soignaient comme ils pouvaient. »
Les
balles ricochent, les valides ripostent sans arrêt. « On était
huit,
trop nombreux derrière ces rochers. Il fallait dégager de là. Le
sergent
est parti avec un autre pour essayer de rejoindre
l'adjudant.
Avec Weatheane et Garabedian, on a rejoint un petit
talweg qui
semblait mener au village. On a progressé par bonds, car on
était
tiré tout le temps. Le caporal-chef avait le bras en
bouillie, il
souffrait beaucoup. »
Le combat ne faiblit pas :
explosions, rafales, fumées, poussière,
toute la montée vers le col
est sous le feu, les VAB en appui aussi. Les
mitrailleuses
françaises arrosent quand même les
crêtes. « J'ai vu des A10
arriver de la vallée et remonter la pente à
basse altitude, en
tirant sur les insurgés mais juste dans notre axe.
Il faisait
sombre, j'avais peur qu'ils nous touchent.
J'ai pris une petite
lampe et lancé plusieurs SOS : trois points,
trois traits, trois
points. À un moment, l'avion est passé en latéral.
J'ai vu la
silhouette du pilote. Il m'a fait des signaux
avec une lumière
rouge. Il avait compris. » Soulagement.
Il faut continuer
à descendre. À l'approche de la première maison,
Paul voit des
silhouettes. « À la forme des casques, j'ai compris que
c'était des
Français. "Eh les gars, c'est moi, Paul !" Ils
se sont aussitôt
postés. J'ai répété plusieurs fois mon nom, puis on
m'a répondu :
"Carmin 2 ?" Je me suis approché et j'ai reconnu le
lieutenant de
Carmin 3. » Grâce à Paul, le caporal-chef
blessé sera récupéré,
d'autres renseignements seront fournis.
Durement
éprouvée, Carmin 2 a été rapatriée à Castres. Pour la
relève, les
volontaires du 8e RPIMa ont été très nombreux. La 1re
section de la
3e compagnie a été désignée. Commandée aussi par un
adjudant, un
"fils du 8", arrivé simple parachutiste en 1990, cette
section est
maintenant à Kaboul. La mission continue pour ce régiment
soudé
comme jamais par l'épreuve.
Enquête
de Jacques Antoine
Nota Ces témoignages ont été
expurgés de tout renseignement
exploitable par les talibans. Par
respect pour les familles, certains
noms et incidents n'ont pas été
reportés. Cette enquête exclusive
a été conduite en partenariat
avec "le Journal d'ici",
l'hebdomadaire de Castres.
source:
http://www.valeursactuelles.com/public/valeurs-actuelles/html/fr/articles.php?article_id=3321
site otomo68
Re: les blessés témoignent. L'embuscade du 18 août
merci Bruno
ils ont fait à la maniére de leurs Anciens.
ils ont fait à la maniére de leurs Anciens.
Invité- Invité
Re: les blessés témoignent. L'embuscade du 18 août
MERCI BRUNO
respect
respect
olivier- Admin
- Localisation : 34
Messages : 3867
Date d'inscription : 10/11/2009
Age : 58
Re: les blessés témoignent. L'embuscade du 18 août
merci bruno ces hommes ont fait preuve d'un courage sans limite honneur à eux
Invité- Invité
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