Puyloubier, légion de vin d'honneur
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Puyloubier, légion de vin d'honneur
Puyloubier, légion de vin d'honneur
"Le vin fait partie de la culture
de la Légion. Avant, à table, il y avait le quart de vin réglementaire.
Après plusieurs jours sur le terrain, on buvait un bon coup, pour se
décontracter et faire
la fête", se souvient Nicolas Dadiani, un Géorgien de 62 ans dont
vingt-cinq passés à la Légion. Mais cet ex-adjudant-chef, reconverti
dans la commercialisation du vin produit par ses pairs, met en garde
contre la légende du légionnaire ivre au combat : "En opération, si vous
êtes saoul, vous pouvez vous faire tuer. Et aucun homme n'a envie de se faire tuer".
Hors du réfectoire, le rouge coule aussi lors des repas de cohésion, ces joyeux banquets faits pour renforcer
la solidarité autour de certains mythes fondateurs. Ainsi légionnaires
(aux képis blancs) et sous-officiers et officiers (aux képis noirs)
trinquent-ils ensemble le 30 avril, jour de la commémoration de la
bataille de Camerone en 1863 au Mexique,
où une soixantaine d'entre eux se sont battus presque jusqu'au dernier
pour défendre un convoi français. Mais aussi lors de la Saint-Michel,
patron des parachutistes ou encore pour la Saint-Georges, protecteur des
cavaliers. Et bien sûr le soir de Noël que tout légionnaire, même
marié, se doit de passer en famille,
comprendre : à la Légion. "Dans ces fêtes, le vin est le trait d'union
avec les anciens, puisqu'il est produit par les anciens", souligne le
colonel Lantaires, directeur du foyer d'entraide de la Légion étrangère.
Car, qu'il enivre ou égaye, le pinard, servi depuis les années 1970 au
sein des régiments, sort de leurs rangs. Cet AOC Côtes-de-Provence aux
trois couleurs, (même si les soldats préfèrent le rouge), est produit
par les membres de l'Institution des invalides de la Légion étrangère
(IILE), à Puyloubier. Un village niché au pied de la montagne
Sainte-Victoire, où d'anciens képis blancs ont trouvé refuge, occupant
leurs journées à travailler la vigne, à façonner des plats en céramique ou à relier des livres.
En janvier, ils sont une dizaine à tailler
les sarments, parfois chaussés de rangers ou vêtus de pantalons
treillis. "Mes respects mon adjudant-chef", lance un ouvrier agricole en
passant devant le chef de viticulture Alain Lonjarret, retourné à la
vie civile depuis peu, après trente ans de Légion. "Bonjour Picard",
rétorque celui-ci, usant du seul nom de famille comme il le faisait en
"opération", quand tout devait aller
très vite. A Puyloubier, l'appellation par le grade est la coutume,
même si les viticulteurs sont désormais en civil. La vie de soldat a
laissé d'autres traces. Celles de l'obéissance pour les ex-militaires du
rang ; celles du commandement pour les cadres. "Toute leur vie, ils ont
été commandés. Il faut leur dire : va ici, fait cela...", justifie
Alain Lonjarret. Lui aime travailler
ici, avec "ses" anciens, en écho à son autre vie. En plein cœur de
l'hiver, quand les rangées de ceps noirs dressent leurs deux branches
écartées, tels des humains aux bras levés, il s'imagine sur le terrain.
"Quatre mille pieds de vigne multipliés par trente-neuf hectares... le
matin, toute une armée
m'attend. Une vigne, si on ne l'entretient pas, elle meurt. Un soldat,
c'est pareil". Un coup de sécateur brise la poésie. Les sarments
jonchent la terre comme autant de cadavres ou de membres tranchés sur le
champ de bataille.
Bientôt, ces sarments seront broyés directement au sol pour accélérer
leur décomposition. Quelques semaines auparavant, cinq cents moutons et
brebis parqués là ont apporté leur fertilisation naturelle, complétée
ailleurs par du crottin de cheval. L'institution a en effet adopté une
démarche de viticulture raisonnée. Son objectif : améliorer la qualité
de son vin afin de le proposer au grand public. Car elle cherche à rentabiliser
l'accueil de ses anciens, une activité déficitaire de 600 000 euros par
an. Depuis les vendanges de 2007, elle suit les conseils de
spécialistes liés à de grands vins de Bordeaux, comme le premier grand
cru classé château-coutet ou le château-les trois croix. Le raisin,
apporté à la cave coopérative du mont Sainte-Victoire (la plus grosse
cave en appellation Côtes-de-Provence), est désormais vinifié à part,
dans cinq cuves en inox spécifiques à la Légion. Ainsi est née la cuvée
Esprit de Corps – 80 000 bouteilles en 2008, plus haut de gamme que les
cuvées dites Classique et Terroir – 60 000 bouteilles chacune, destinées
aux régiments. Bien que réduite de 20 %, suite à la grêle du début
août, la récolte 2009, de 227 tonnes, porte ses fruits. Pour la première
fois, Esprit de Corps en rouge sera assemblé à partir de Mourvèdre, aux côtés des traditionnels cépages syrah et grenache. Une nouveauté visant à obtenir un nectar "assez agréable, rond, élégant, souple, aromatique, pas très structuré, à boire
rapidement", espère le directeur de la coopérative, Jean-Claude Lopez.
Pour le rosé, assemblage de grenache, syrah, cinsault et rolle. Enfin,
Esprit de Corps en blanc, composé de rolle à plus de 90 %, est vinifié
en barrique de chêne, pour lui donner
un côté boisé, un léger vanillé et de la rondeur. Les mises en
bouteilles s'échelonneront entre fin février pour le rosé, mai pour le
rouge et juin pour le blanc. Les flacons à l'insigne de la Légion, une
grenade à sept flammes incrustée dans le verre, seront entreposés dans
un hangar climatisé, près du dortoir des pensionnaires.
Les visiteurs les trouveront dans la boutique du domaine parmi
vestes, pulls et sacs à dos marqués de la grenade et des assiettes en
céramique fabriqués dans l'atelier juste à côté. La visite se prolonge
par le musée de l'Uniforme légionnaire (de 1831 à 1962) situé dans le
château. Déambulation mémorielle au milieu de mannequins vêtus de rouge,
de bleu, d'ocre ou de vert selon les lieux et les époques, coiffés d'un
chapeau en 1831, année de la création de la Légion, puis du képi à partir de 1850. Cette collection unique est l'œuvre d'un ancien pompier, Raymond Guyader, pris de passion pour cette armée
depuis qu'il vit un képi blanc à l'âge de 12 ans. Posté à l'entrée du
musée, un vieil homme lit un roman. A bientôt 80 ans, Gérard Jantzen a
gardé un accent trahissant ses origines allemandes. Engagé dans la
Légion de 1949 à 1954, il a traversé plusieurs guerres, celle
d'Indochine puis celle d'Algérie.
"En 1954, quand j'ai donné un jour de solde pour la construction de
Puyloubier, j'ai râlé comme tout le monde. Je ne pensais pas qu'un jour,
je viendrai ici".
"Le vin fait partie de la culture
de la Légion. Avant, à table, il y avait le quart de vin réglementaire.
Après plusieurs jours sur le terrain, on buvait un bon coup, pour se
décontracter et faire
la fête", se souvient Nicolas Dadiani, un Géorgien de 62 ans dont
vingt-cinq passés à la Légion. Mais cet ex-adjudant-chef, reconverti
dans la commercialisation du vin produit par ses pairs, met en garde
contre la légende du légionnaire ivre au combat : "En opération, si vous
êtes saoul, vous pouvez vous faire tuer. Et aucun homme n'a envie de se faire tuer".
Hors du réfectoire, le rouge coule aussi lors des repas de cohésion, ces joyeux banquets faits pour renforcer
la solidarité autour de certains mythes fondateurs. Ainsi légionnaires
(aux képis blancs) et sous-officiers et officiers (aux képis noirs)
trinquent-ils ensemble le 30 avril, jour de la commémoration de la
bataille de Camerone en 1863 au Mexique,
où une soixantaine d'entre eux se sont battus presque jusqu'au dernier
pour défendre un convoi français. Mais aussi lors de la Saint-Michel,
patron des parachutistes ou encore pour la Saint-Georges, protecteur des
cavaliers. Et bien sûr le soir de Noël que tout légionnaire, même
marié, se doit de passer en famille,
comprendre : à la Légion. "Dans ces fêtes, le vin est le trait d'union
avec les anciens, puisqu'il est produit par les anciens", souligne le
colonel Lantaires, directeur du foyer d'entraide de la Légion étrangère.
Car, qu'il enivre ou égaye, le pinard, servi depuis les années 1970 au
sein des régiments, sort de leurs rangs. Cet AOC Côtes-de-Provence aux
trois couleurs, (même si les soldats préfèrent le rouge), est produit
par les membres de l'Institution des invalides de la Légion étrangère
(IILE), à Puyloubier. Un village niché au pied de la montagne
Sainte-Victoire, où d'anciens képis blancs ont trouvé refuge, occupant
leurs journées à travailler la vigne, à façonner des plats en céramique ou à relier des livres.
En janvier, ils sont une dizaine à tailler
les sarments, parfois chaussés de rangers ou vêtus de pantalons
treillis. "Mes respects mon adjudant-chef", lance un ouvrier agricole en
passant devant le chef de viticulture Alain Lonjarret, retourné à la
vie civile depuis peu, après trente ans de Légion. "Bonjour Picard",
rétorque celui-ci, usant du seul nom de famille comme il le faisait en
"opération", quand tout devait aller
très vite. A Puyloubier, l'appellation par le grade est la coutume,
même si les viticulteurs sont désormais en civil. La vie de soldat a
laissé d'autres traces. Celles de l'obéissance pour les ex-militaires du
rang ; celles du commandement pour les cadres. "Toute leur vie, ils ont
été commandés. Il faut leur dire : va ici, fait cela...", justifie
Alain Lonjarret. Lui aime travailler
ici, avec "ses" anciens, en écho à son autre vie. En plein cœur de
l'hiver, quand les rangées de ceps noirs dressent leurs deux branches
écartées, tels des humains aux bras levés, il s'imagine sur le terrain.
"Quatre mille pieds de vigne multipliés par trente-neuf hectares... le
matin, toute une armée
m'attend. Une vigne, si on ne l'entretient pas, elle meurt. Un soldat,
c'est pareil". Un coup de sécateur brise la poésie. Les sarments
jonchent la terre comme autant de cadavres ou de membres tranchés sur le
champ de bataille.
Bientôt, ces sarments seront broyés directement au sol pour accélérer
leur décomposition. Quelques semaines auparavant, cinq cents moutons et
brebis parqués là ont apporté leur fertilisation naturelle, complétée
ailleurs par du crottin de cheval. L'institution a en effet adopté une
démarche de viticulture raisonnée. Son objectif : améliorer la qualité
de son vin afin de le proposer au grand public. Car elle cherche à rentabiliser
l'accueil de ses anciens, une activité déficitaire de 600 000 euros par
an. Depuis les vendanges de 2007, elle suit les conseils de
spécialistes liés à de grands vins de Bordeaux, comme le premier grand
cru classé château-coutet ou le château-les trois croix. Le raisin,
apporté à la cave coopérative du mont Sainte-Victoire (la plus grosse
cave en appellation Côtes-de-Provence), est désormais vinifié à part,
dans cinq cuves en inox spécifiques à la Légion. Ainsi est née la cuvée
Esprit de Corps – 80 000 bouteilles en 2008, plus haut de gamme que les
cuvées dites Classique et Terroir – 60 000 bouteilles chacune, destinées
aux régiments. Bien que réduite de 20 %, suite à la grêle du début
août, la récolte 2009, de 227 tonnes, porte ses fruits. Pour la première
fois, Esprit de Corps en rouge sera assemblé à partir de Mourvèdre, aux côtés des traditionnels cépages syrah et grenache. Une nouveauté visant à obtenir un nectar "assez agréable, rond, élégant, souple, aromatique, pas très structuré, à boire
rapidement", espère le directeur de la coopérative, Jean-Claude Lopez.
Pour le rosé, assemblage de grenache, syrah, cinsault et rolle. Enfin,
Esprit de Corps en blanc, composé de rolle à plus de 90 %, est vinifié
en barrique de chêne, pour lui donner
un côté boisé, un léger vanillé et de la rondeur. Les mises en
bouteilles s'échelonneront entre fin février pour le rosé, mai pour le
rouge et juin pour le blanc. Les flacons à l'insigne de la Légion, une
grenade à sept flammes incrustée dans le verre, seront entreposés dans
un hangar climatisé, près du dortoir des pensionnaires.
Les visiteurs les trouveront dans la boutique du domaine parmi
vestes, pulls et sacs à dos marqués de la grenade et des assiettes en
céramique fabriqués dans l'atelier juste à côté. La visite se prolonge
par le musée de l'Uniforme légionnaire (de 1831 à 1962) situé dans le
château. Déambulation mémorielle au milieu de mannequins vêtus de rouge,
de bleu, d'ocre ou de vert selon les lieux et les époques, coiffés d'un
chapeau en 1831, année de la création de la Légion, puis du képi à partir de 1850. Cette collection unique est l'œuvre d'un ancien pompier, Raymond Guyader, pris de passion pour cette armée
depuis qu'il vit un képi blanc à l'âge de 12 ans. Posté à l'entrée du
musée, un vieil homme lit un roman. A bientôt 80 ans, Gérard Jantzen a
gardé un accent trahissant ses origines allemandes. Engagé dans la
Légion de 1949 à 1954, il a traversé plusieurs guerres, celle
d'Indochine puis celle d'Algérie.
"En 1954, quand j'ai donné un jour de solde pour la construction de
Puyloubier, j'ai râlé comme tout le monde. Je ne pensais pas qu'un jour,
je viendrai ici".
Invité- Invité
Re: Puyloubier, légion de vin d'honneur
je passe a puyloubier a peu près tous les deux ans, chaque fois je prend du vin, des stickers..... la dernière fois un magnifique bonnet brodé a nos couleurs.
je trouve ça important d'y faire un saut dès que je suis dans le coin!
je trouve ça important d'y faire un saut dès que je suis dans le coin!
Invité- Invité
Re: Puyloubier, légion de vin d'honneur
il est trés bon
je l'ai gouté il y a quelques année pour l'anniversaire de mon fiston
je l'ai gouté il y a quelques année pour l'anniversaire de mon fiston
olivier- Admin
- Localisation : 34
Messages : 3867
Date d'inscription : 10/11/2009
Age : 58
Re: Puyloubier, légion de vin d'honneur
Merci Christian,pour ce vin dhonneur,bravo aux anciens légionnaires qui y travaillent.
Gibert j- Localisation : Ilede France (92)
Messages : 1291
Date d'inscription : 24/07/2011
Age : 82
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