30 Avril 1863… Il y a 150 ans : CAMERONE
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30 Avril 1863… Il y a 150 ans : CAMERONE
30 Avril 1863… Il y a 150 ans : CAMERONE
Sur la terre imprégnée du sang des légionnaires, le soleil ne se couche
jamais
Sur la terre imprégnée du sang des légionnaires, le soleil ne se couche
jamais
« Nous
sommes ces soldats qui grognaient par le monde
Mais qui marchaient toujours et n’ont jamais plié…
Nous sommes cette église et ce faisceau lié
Nous sommes cette race éternelle et profonde…
Nos fidélités sont des citadelles » (Charles Péguy)
Bien loin de
la France et de l’Algérie française, berceau de la Légion étrangère, un conflit
se déroulait au Mexique. Ce pays avait acquis son indépendance en 1821,
après onze ans de guerre contre l’Espagne. A partir de cette date, il était
ravagé par une guerre civile où s’opposaient le parti conservateur et religieux
(catholique) de Félix Zuloaga et le parti libéral anticlérical de Bénito
Juarez qui rêvait d’une république fédérative à l’image des Etats-Unis.
Le premier
installa son gouvernement à Mexico, le second à Vera Cruz. Après sa
reconnaissance par les Etats-Unis (6 avril 1859) et sa victoire de Calpulalpam,
Juarez contrôlait l’intégralité du pays à la fin de l’année 1860. Cette période
de troubles ayant épuisé les finances du pays, il décida de confisquer les
biens de l’Eglise et de suspendre le paiement de la dette extérieure. A cela
s’ajoutait le fait que durant cette guerre civile, les ressortissants des pays
occidentaux avaient été dépouillés de leurs biens et même massacrés.
Santa-Anna, l’un des chefs de parti, entama, dès 1854, des négociations avec
plusieurs familles régentes européennes pour obtenir qu’un de leurs membres
acceptât de devenir empereur du Mexique.
En 1861,
l’archiduc d’Autriche Ferdinand Joseph
Maximilien, accepta de porter la couronne impériale mexicaine après avoir
reçu de Napoléon III l’assurance
qu’il l’aiderait à établir et protéger la monarchie du Mexique. En outre,
Benito Juarez, président du Mexique, décida, à la fin des années 1850, de
supprimer pendant deux ans le paiement de la dette due aux nations étrangères.
Ainsi, la France, l’Angleterre et l’Espagne conclurent une convention, le 31
décembre 1861, à Londres, par laquelle elles s’engageaient à envoyer des corps
expéditionnaires au Mexique.
Napoléon III,
malmené par une opposition politique active, saisit cette opportunité pour
entreprendre une nouvelle aventure extérieure, propre à affermir un pouvoir
vacillant. Et ce fut le Mexique où le poussaient aussi les amitiés de
l’impératrice Eugénie et l’envie d’établir une grande monarchie catholique et
latine pour faire contrepoids aux Etats-Unis protestants et anglo-saxons. C’est
ainsi que l’empereur forma le projet de renverser le président mexicain afin de
réaliser son ambition.
Le 13 janvier
1862, les troupes alliées constituées de 700 royal marines britanniques,
6000 Espagnols et 2500 Français débarquèrent à Vera Cruz. Cependant, la plupart
de ces hommes furent aussitôt frappés par la fièvre jaune. Dans ces conditions,
il était impossible d’entreprendre quoi que ce soit…
Lors des négociations qui s’ouvrirent sur le règlement de la dette, la France
maintint sa demande de recouvrement, alors que les deux autres pays avaient
compris que cela ne servait à rien. La réunion d’Orizaba du 9 avril 1862 se solda par un échec. Les troupes
anglaises et espagnoles rembarquèrent aussitôt… tandis que 4000 soldats
français supplémentaires arrivèrent sous le commandement du général de Lorencez. Le lendemain, le
commandement français déclarait les hostilités ouvertes, officiellement en
raison des déprédations causées par les troupes juaristes.
Les troupes
françaises enlisées dans un pays hostile s’essoufflaient. La Légion n’avait pas
été retenue pour participer à l’expédition. Ses officiers adressèrent à
l’empereur une pétition pour solliciter son engagement. Si cette violation de
la voie hiérarchique leur causa quelques désagréments, elle porta néanmoins ses
fruits. Le 19 janvier 1863, ordre fut donné à la Légion stationnée en Algérie,
de mettre sur pied deux bataillons.
En février
1863, ils s’embarquèrent à Oran après avoir défilé pour la première fois au
rythme d’un hymne qui fera le tour du monde, « le Boudin »,
la célèbre marche officielle de la Légion étrangère, écrite par Guillaume-Louis
Bocquillon, dit Wilhem. Ils
débarquèrent au Mexique le 28 mars 1863.
L’armée
française assiégeait Puebla. La légion avait pour mission
d’assurer, sur cent-vingt kilomètres, la circulation et la sécurité des
convois. Le colonel Jeanningros,
commandant le Régiment Etranger, apprit, le 29 avril 1863, qu’un gros convoi
emportant trois millions en numéraire, du matériel de siège et des munitions
était en route pour Puebla. Le
capitaine Danjou, son
adjudant-major, le décida à envoyer au devant du convoi une compagnie. La 3ème
compagnie du 1er Bataillon du Régiment Etranger fut désigné
mais elle n’avait pas d’officier disponible. Le capitaine Danjou en prit lui-même le commandement et les sous-lieutenants Maudet, porte-drapeau, et Vilain, payeur, se joignirent à lui
volontairement.
Le
30 avril, à 1 heure du matin, l’unité, forte de trois officiers et soixante-deux
hommes, se mit en route. Elle avait parcouru environ vingt kilomètres, quand, à
7 heures du matin, elle s’arrêta à Palo Verde pour faire le café. A ce
moment, l’ennemi se dévoila et le combat s’engagea aussitôt. Le capitaine Danjou fit former le carré et, tout en
battant en retraite, repoussa victorieusement plusieurs charges de cavalerie,
en infligeant à l’ennemi des premières pertes sévères.
Arrivé
à la hauteur de l’auberge de Camerone, vaste bâtisse comportant
une cour entourée d’un mur de trois mètres de haut, il décida de s’y retrancher
pour fixer l’ennemi et retarder ainsi le plus possible le moment où celui-ci
pourrait attaquer le convoi.
Pendant
que les hommes organisaient à la hâte la défense de cette auberge, un officier
mexicain, faisant valoir la grosse supériorité du nombre, somma le capitaine Danjou de se rendre. Celui-ci fit
répondre : « Nous avons des cartouches et nous ne nous rendrons
pas ». Puis, levant la main, il jura de se défendre jusqu’à la mort et
fit prêter à ses hommes le même serment. Il était 10 heures. Jusqu’à 6 heures
du soir, ces soixante hommes, qui n’avaient pas mangé ni bu depuis la veille,
malgré l’extrême chaleur, la faim, la soif, résistèrent à deux mille
mexicains : Huit-cents cavaliers, mille deux-cents fantassins.
A midi, le capitaine Danjou fut tué
d’une balle en pleine poitrine. A 2 heures, le sous-lieutenant Vilain tomba, frappé d’une balle au
front. A ce moment, le colonel mexicain réussit à mettre le feu à l’auberge.
Malgré la chaleur et la fumée qui venaient augmenter leurs souffrances, les
légionnaires tinrent bon, mais beaucoup d’entre eux furent frappés. A 5 heures,
autour du sous-lieutenant Maudet, ne
restaient que douze hommes en état de combattre. A ce moment, le colonel
mexicain rassembla ses hommes et leur dit de quelle honte ils allaient se couvrir
s’ils n’arrivaient pas à abattre cette poignée de braves (un légionnaire qui
comprenait l’espagnol traduisait au fur et à mesure ses paroles). Les mexicains
allaient donner l’assaut général par les brèches qu’ils avaient réussi à
ouvrir, mais auparavant, le colonel Milan
adressa encore une somation au sous-lieutenant Maudet ; celui-ci la repoussa avec mépris.
L’assaut
final fut donné. Bientôt il ne resta autour de Maudet que cinq hommes : le caporal Maine, les légionnaires Catteau,
Wensel, Constantin, Léonhard.
Chacun gardait encore une cartouche ; ils avaient la baïonnette au canon
et, réfugiés dans un coin de la cour, le dos au mur, ils faisaient face. A un
signal, ils déchargèrent leurs fusils à bout portant sur l’ennemi et se
précipitèrent sur lui à la baïonnette. Le sous-lieutenant Maudet et deux légionnaires tombèrent, frappés à mort. Maine et ses deux camarades allaient
être massacrés quand un officier mexicain se précipita sur eux et les sauva. Il
leur cria : « Rendez-vous ! » - « Nous nous
rendrons si vous nous promettez de relever et de soigner nos blessés et si vous
nous laissez nos armes ». Leurs baïonnettes restaient menaçantes.
« On ne refuse rien à des hommes
comme vous ! » répondit l’officier.
Les
soixante hommes du capitaine Danjou
avaient tenu jusqu’au bout leur serment. Pendant 11 heures, ils avaient résisté
à deux mille ennemis, en avaient tué trois-cents et blessé autant. Ils avaient,
par leur sacrifice, en sauvant le convoi, rempli la mission qui leur avait été
confiée.
Après
l’héroïque sacrifice de la Légion étrangère à Camerone, l’armée
française enleva Puebla, le 17 mai, et entra à Mexico le 7 juin 1863. Le mois
suivant, une junte conservatrice vota l’établissement d’un empire mexicain et
légua la couronne à Maximilien qui ne l’accepta qu’après avoir obtenu de
Napoléon III l’assurance d’un soutien prolongé de l’armée française.
Dès
la fin de la guerre de Sécession (avril 1865), les Etats-Unis, qui n’avaient
pas reconnu Maximillien, se montrèrent résolus à imposer au Mexique le respect
de la doctrine de Monroe, Président des E.U de 1817 à 1825, qui consistait à repousser
toute intervention européenne dans les affaires de l’Amérique et de l’Amérique
dans les affaires européennes.
Ne voulant pas
courir le risque d’un conflit avec les Américains, dès le mois de janvier 1866,
Napoléon III entama, au mépris des engagements qu’il avait pris à l’égard de
Maximilien, un retrait progressif du corps expéditionnaire français affaibli
par la fatigue, la fièvre jaune et les désertions.
Ce mouvement
fut accéléré par l’aggravation des tensions en Europe, provoquée par
l’affrontement entre la Prusse et l’Autriche. Les dernières troupes françaises
quittèrent le Mexique en mars 1867.
L’armée
impériale mexicaine, pourtant forte de près de 30 000 hommes ne put alors
empêcher la victoire des troupes juaristes
en quelques semaines. L’empereur Maximilien refusa d’abdiquer et se réfugia à Querétaro. Trahi par ses propres hommes,
il fut capturé le 14 mai 1867 et exécuté le 19 juin. Juarez retrouva un poste
de président qu’il garda jusqu’à sa mort en 1872.
L’échec de
l’expédition du Mexique altéra gravement le prestige du second Empire.
Cependant, Napoléon III décida que le nom de Camerone serait
inscrit sur le drapeau du Régiment Etranger et que, de plus, les noms de Danjou, Vilain et Maudet
seraient gravés en lettres d’or sur les murs des Invalides à Paris. En
outre, un monument fut élevé en 1892 sur l’emplacement du combat. Il porte
l’inscription :
Ils furent
ici moins de soixante
Opposés à
toute une armée,
Sa masse
les écrasa.
La vie
plutôt que le courage
Abandonna
ces soldats français
Le 30
avril 1863.
A leur
mémoire la Patrie éleva ce monument.
ici moins de soixante
Opposés à
toute une armée,
Sa masse
les écrasa.
La vie
plutôt que le courage
Abandonna
ces soldats français
Le 30
avril 1863.
A leur
mémoire la Patrie éleva ce monument.
Depuis, lorsque les
troupes mexicaines passent devant le monument, elles présentent les armes.
Des combats
comme celui de Camerone, la Légion étrangère en livra des
centaines. Celui-là prit une valeur dramatique en raison de la disproportion
des forces et de la fin tragique des défenseurs qui choisirent de
respecter jusqu’au bout le serment fait à leur chef de ne jamais se rendre et
de résister jusqu’à la mort.
José CASTANO
e-mail : joseph.castano0508@orange.fr
José CASTANO- EN ATTENTE D'INSCRIPTION ou INACTIF
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Re: 30 Avril 1863… Il y a 150 ans : CAMERONE
Merci José .
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