Cette fascinante Légion étrangère .
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Cette fascinante Légion étrangère .
Cette fascinante Légion étrangère (Partie 1)
La Légion étrangère ne cesse de fasciner. Passée de 40 000 hommes du temps de sa splendeur à 8 000 aujourd'hui, elle demeure cette troupe d'élite que les dernières coupes d'effectifs n'ont pas affectée. Quelle armée serait assez folle pour se priver d'une force comptant 10 candidats pour un poste, composée d'hommes tous dévoués à un pays qui les accueille alors qu'ils se trouvent souvent dans de graves difficultés économiques, voire judiciaires (mais pas accusés de crimes de sang) ? C'est l'approche choisie part les documentaristes Philippe Picart et Jérôme Lambert, dans un film qui sera diffusé le 2 décembre sur Arte.
Comprendre les ressorts de la Légion
L'intention est louable et la réalisation léchée, qui cherche à comprendre les ressorts de cette institution militaire vraiment pas comme les autres. De la naissance sous le Second Empire pour conduire la conquête de l'Algérie aux cercueils des soldats tués à Uzbin, dont l'un était celui de l'héroïque infirmier légionnaire Rodolphe Penon, en passant par l'Indochine et toutes les guerres coloniales françaises, la Légion n'a jamais cessé d'accueillir à bras ouverts soldats égarés, prolétaires, aristocrates ou fils de la violence. La mythologie populaire s'en est emparée, d'Édith Piaf avec son légionnaire qui "sentait bon le sable chaud" à Hollywood ou au cinéma français avec Jean Gabin ou Alain Delon, entre autres. Mais ce n'est pas la seule chanson et le film nous en fait entendre d'autres chantées par une chorale légionnaire.
Le film revient, comme il se doit, sur les faits d'armes, Camerone et l'absolu de la mission jusqu'au bout, Bir Hakeim et une poignée de vainqueurs déchaînés, Diên Biên Phu et son piège mortel. Des images parfois très dures des guerres coloniales, sorties des archives de l'ECPAD (Établissement de communication et de production audiovisuelle de la défense, coproducteur avec Program33), montrent aussi que la guerre ne se fait jamais en dentelle et que la Légion fut (elle le demeure) une troupe de combattants coriaces.
Au détour d'une image, un salut hitlérien vient rappeler que les soubresauts de la planète ont servi d'agents recruteurs : Allemands avant et après la Seconde Guerre mondiale, Russes après la guerre froide, ressortissants de l'ex-Yougoslavie après les cataclysmes balkaniques, etc. Tous affluent à la Légion, provoquant ce prodigieux paradoxe, que relève finement le cinéaste Éric Deroo : "C'est la marque de sa réussite, la Légion étrangère a fini par totalement s'intégrer dans le paysage français puisqu'un légionnaire est un soldat comme tous les autres, il n'est pas une chair à canon plus qu'un autre !"
Questions qui fâchent
Ce documentaire n'évite pas les questions qui fâchent : le 1er REP et sa dissolution après le putsch d'Alger et surtout la torture. Ancien capitaine au 1er REP, Dominique Bonelli explique sans fard la route qu'il suivit voici un demi-siècle en Algérie : "Lorsqu'on arrête un poseur de bombes, on a deux solutions. Ou on le défère à la justice, ou on le presse de questions. Nous avions opté pour le presser de questions. Vous dire que c'était amusant, ce serait mentir. Mais... que faire ?"
Passé beaucoup plus récemment dans la Légion (1994-2001), un certain Guillaume de Saint-Phalle revient sur ce thème, mais veut l'actualiser en assénant en longueur et de manière fort abrupte : "Y a pas d'autre méthode ! On n'en connaît pas. Il faut que les mecs parlent, que les gars disent ce qu'ils ont à dire. C'est très problématique, mais si vous voulez faire la guerre, ça implique ça ! Il n'y a pas de guerre sans torture, ça n'existe pas ! Vous connaissez une guerre où il n'y a pas de torture ? La vraie question n'est pas : vous, les soldats, acceptez-vous ou n'acceptez-vous pas de le faire ? Évidemment qu'on accepte... Parce que, sinon, on ne s'engage pas !"
Mais que vient faire dans ce film cet homme simplement présenté comme "légionnaire" ? Pourquoi donner un tel espace à ces propos complaisants sur la torture dans un documentaire par ailleurs de bonne tenue sur la Légion ? Pourquoi donner tant de place à cet avis n'engageant que son auteur, qui prétend faussement parler au nom des militaires français en général et des légionnaires en particulier ? Ces propos sont ineptes ! Car, rappelons-le, la torture est contraire aux lois de la guerre et proscrite par les conventions internationales que la Légion, bien évidemment, respecte comme le reste de l'armée française. Une interview du général Benoît Royal, à lire ici, est explicite sur ces points. Nous ne saurions que conseiller à M. de Saint-Phalle la lecture de l'opuscule "L'exercice du métier des armes dans l'armée de terre", qui, lui, fait autorité...
La Légion étrangère ne cesse de fasciner. Passée de 40 000 hommes du temps de sa splendeur à 8 000 aujourd'hui, elle demeure cette troupe d'élite que les dernières coupes d'effectifs n'ont pas affectée. Quelle armée serait assez folle pour se priver d'une force comptant 10 candidats pour un poste, composée d'hommes tous dévoués à un pays qui les accueille alors qu'ils se trouvent souvent dans de graves difficultés économiques, voire judiciaires (mais pas accusés de crimes de sang) ? C'est l'approche choisie part les documentaristes Philippe Picart et Jérôme Lambert, dans un film qui sera diffusé le 2 décembre sur Arte.
Comprendre les ressorts de la Légion
L'intention est louable et la réalisation léchée, qui cherche à comprendre les ressorts de cette institution militaire vraiment pas comme les autres. De la naissance sous le Second Empire pour conduire la conquête de l'Algérie aux cercueils des soldats tués à Uzbin, dont l'un était celui de l'héroïque infirmier légionnaire Rodolphe Penon, en passant par l'Indochine et toutes les guerres coloniales françaises, la Légion n'a jamais cessé d'accueillir à bras ouverts soldats égarés, prolétaires, aristocrates ou fils de la violence. La mythologie populaire s'en est emparée, d'Édith Piaf avec son légionnaire qui "sentait bon le sable chaud" à Hollywood ou au cinéma français avec Jean Gabin ou Alain Delon, entre autres. Mais ce n'est pas la seule chanson et le film nous en fait entendre d'autres chantées par une chorale légionnaire.
Le film revient, comme il se doit, sur les faits d'armes, Camerone et l'absolu de la mission jusqu'au bout, Bir Hakeim et une poignée de vainqueurs déchaînés, Diên Biên Phu et son piège mortel. Des images parfois très dures des guerres coloniales, sorties des archives de l'ECPAD (Établissement de communication et de production audiovisuelle de la défense, coproducteur avec Program33), montrent aussi que la guerre ne se fait jamais en dentelle et que la Légion fut (elle le demeure) une troupe de combattants coriaces.
Au détour d'une image, un salut hitlérien vient rappeler que les soubresauts de la planète ont servi d'agents recruteurs : Allemands avant et après la Seconde Guerre mondiale, Russes après la guerre froide, ressortissants de l'ex-Yougoslavie après les cataclysmes balkaniques, etc. Tous affluent à la Légion, provoquant ce prodigieux paradoxe, que relève finement le cinéaste Éric Deroo : "C'est la marque de sa réussite, la Légion étrangère a fini par totalement s'intégrer dans le paysage français puisqu'un légionnaire est un soldat comme tous les autres, il n'est pas une chair à canon plus qu'un autre !"
Questions qui fâchent
Ce documentaire n'évite pas les questions qui fâchent : le 1er REP et sa dissolution après le putsch d'Alger et surtout la torture. Ancien capitaine au 1er REP, Dominique Bonelli explique sans fard la route qu'il suivit voici un demi-siècle en Algérie : "Lorsqu'on arrête un poseur de bombes, on a deux solutions. Ou on le défère à la justice, ou on le presse de questions. Nous avions opté pour le presser de questions. Vous dire que c'était amusant, ce serait mentir. Mais... que faire ?"
Passé beaucoup plus récemment dans la Légion (1994-2001), un certain Guillaume de Saint-Phalle revient sur ce thème, mais veut l'actualiser en assénant en longueur et de manière fort abrupte : "Y a pas d'autre méthode ! On n'en connaît pas. Il faut que les mecs parlent, que les gars disent ce qu'ils ont à dire. C'est très problématique, mais si vous voulez faire la guerre, ça implique ça ! Il n'y a pas de guerre sans torture, ça n'existe pas ! Vous connaissez une guerre où il n'y a pas de torture ? La vraie question n'est pas : vous, les soldats, acceptez-vous ou n'acceptez-vous pas de le faire ? Évidemment qu'on accepte... Parce que, sinon, on ne s'engage pas !"
Mais que vient faire dans ce film cet homme simplement présenté comme "légionnaire" ? Pourquoi donner un tel espace à ces propos complaisants sur la torture dans un documentaire par ailleurs de bonne tenue sur la Légion ? Pourquoi donner tant de place à cet avis n'engageant que son auteur, qui prétend faussement parler au nom des militaires français en général et des légionnaires en particulier ? Ces propos sont ineptes ! Car, rappelons-le, la torture est contraire aux lois de la guerre et proscrite par les conventions internationales que la Légion, bien évidemment, respecte comme le reste de l'armée française. Une interview du général Benoît Royal, à lire ici, est explicite sur ces points. Nous ne saurions que conseiller à M. de Saint-Phalle la lecture de l'opuscule "L'exercice du métier des armes dans l'armée de terre", qui, lui, fait autorité...
commandoair40- Admin
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Cette fascinante Légion étrangère (Partie 2)
La Légion étrangère , de Narvik à Bir Hakeim (Partie 2)
Durant la Seconde Guerre mondiale, la Légion étrangère écrivit certaines de ses plus belles pages, de la Norvège enneigée aux sables brûlants de Bir Hakeim.
Attaque de la Légion à Bir Hakeim. Attaque de la Légion à Bir Hakeim. © ECPAD/La documentation française
En avril 1940, l'Allemagne nazie envahit la Norvège et occupe ses plus grands ports, notamment celui de Narvik et son fjord. C'est là qu'aboutit la ligne de chemin de fer livrant le minerai en provenance des mines suédoises de Lulea, stratégique pour la sécurisation de l'approvisionnement du Reich en fer, cruciale dans son effort de guerre. Mais les mines suédoises ont un autre client, le Royaume-Uni. La Royal Navy se présente devant Narvik et l'attaque sans succès.
1940, Narvik : la victoire inutile
C'est alors que les Britanniques, les Français et les Polonais décident de mettre sur pied un corps expéditionnaire, qui va engager deux batailles terrestres à Bjerkvik et Narvik, les 15 et 28 mai 1940. Parmi les troupes françaises envoyées sur place figure la 13e demi-brigade de marche de la Légion étrangère (13e DBMLE) créée pour l'occasion, dont le quart des effectifs est composé d'Espagnols, anciens soldats républicains antifascistes. Ils sont sous les ordres du lieutenant-colonel Raoul Magrin-Vernerey, dit Monclar. Ce dernier compte parmi ses officiers deux futurs Compagnons de la Libération, les capitaines Pierre Koenig, qui sera élevé en 1984 à la dignité de maréchal de France, et Jacques Pâris de la Bollardière. Devenu général, celui-ci fut placé aux arrêts de forteresse durant la guerre d'Algérie, en 1957, pour avoir protesté avec vigueur contre la pratique de la torture par l'armée française. Il devint plus tard un militant de la non-violence.
Jacques Pâris de la Bollardière © AFP
Affrontements contre les Alpenjäger
Pour les légionnaires accoutumés à la chaleur africaine et aux opérations en zone désertique, peu préparés et mal équipés pour le combat en montagne, cette opération norvégienne souffrant d'une logistique défaillante sera particulièrement difficile. Mais avec les chasseurs alpins, ils s'emparent des ports de Bjerkvik et Narvik au prix de lourdes pertes lors de violents affrontements avec les Alpenjäger de la Wehrmacht. Au bout d'une semaine, les Allemands sont repoussés à la frontière suédoise. Nous sommes alors au début du mois de juin 1940 et l'histoire a déjà basculé ! Le 10 mai, les Allemands ont percé le front français à Sedan et la débâcle est en cours. Le corps expéditionnaire est rappelé le 7 juin et débarque à Brest à partir du 13. Depuis le 9 juin, l'armée allemande réoccupe les ports norvégiens... Mais la Légion peut se prévaloir d'avoir participé à la seule victoire française de cette année noire ! Surtout, l'un de ses bataillons ralliera le général de Gaulle et la France libre.
1942, Bir Hakeim : l'honneur de la France
Après avoir rejoint le général de Gaulle, la 13e DBMLE est engagée par la France libre dans de difficiles combats. En Syrie notamment, elle bataille sous les ordres du lieutenant-colonel Dimitri Amilakvari contre les troupes françaises de Vichy appartenant à l'armée du Levant, avant de prendre Damas, le 21 juin 1941. De Gaulle évoquera "le chagrin et le dégoût d'avoir à combattre des Français". En mai 1942, les soldats de la 1re brigade française libre aux ordres de Pierre Koenig sont postés à Bir Hakeim, en plein désert de Libye. Ils comptent parmi eux les 2e et 3e BLE (bataillon de Légion étrangère) qui réussissent au prix d'un courage héroïque d'extraordinaires actions d'éclat. C'est la première bataille rangée entre unités françaises et allemandes depuis la débâcle de 1940. Les légionnaires participent aux patrouilles en profondeur, les Jock Columns qui freinent l'offensive en terre libyenne de l'Afrika Korps du "Rat du désert", le général Erwin Rommel. Le 27 mai, les légionnaires artilleurs bloquent une division blindée italienne.
Le général Pierre Koenig et le général de Gaulle durant la visite de Winston Churchill à Paris le 11 novembre 1944 © AFP
Ressaisissement moral
Les Français de Bir Hakeim ont participé à une bataille décisive, en contribuant au ressaisissement moral des forces alliées. Certains des plus retentissants faits d'armes ont été écrits par les hommes du capitaine Pierre Messmer qui commandait une unité de blindés (très) légers Bren-Carriers. Le futur Premier ministre français assurera à Maurice Druon qu'il n'avait pas fait preuve de courage : "C'était de l'orgueil ! À la Légion, nous voulions être les meilleurs. Alors, quand on veut être les meilleurs, il faut bien engager sa vie !" Sous les très violents bombardements allemands, Messmer tient d'abord le point d'appui nord de la position, avant d'engager avec succès une opération pourtant jugée irréalisable. Dans la nuit du 10 au 11 juin, la sortie de Bir Hakeim sous le feu allemand permettra à la Légion de graver l'une des plus belles pages de sa légende. Pierre Messmer écrira : "Avec le recul de l'histoire, nous pouvons dire avec André Malraux : Nous ne tenons pas Bir Hakeim pour Austerlitz. Mais, comme le premier combat de Jeanne d'Arc à Orléans, Bir Hakeim a été la preuve que la France n'était pas morte."
Durant la Seconde Guerre mondiale, la Légion étrangère écrivit certaines de ses plus belles pages, de la Norvège enneigée aux sables brûlants de Bir Hakeim.
Attaque de la Légion à Bir Hakeim. Attaque de la Légion à Bir Hakeim. © ECPAD/La documentation française
En avril 1940, l'Allemagne nazie envahit la Norvège et occupe ses plus grands ports, notamment celui de Narvik et son fjord. C'est là qu'aboutit la ligne de chemin de fer livrant le minerai en provenance des mines suédoises de Lulea, stratégique pour la sécurisation de l'approvisionnement du Reich en fer, cruciale dans son effort de guerre. Mais les mines suédoises ont un autre client, le Royaume-Uni. La Royal Navy se présente devant Narvik et l'attaque sans succès.
1940, Narvik : la victoire inutile
C'est alors que les Britanniques, les Français et les Polonais décident de mettre sur pied un corps expéditionnaire, qui va engager deux batailles terrestres à Bjerkvik et Narvik, les 15 et 28 mai 1940. Parmi les troupes françaises envoyées sur place figure la 13e demi-brigade de marche de la Légion étrangère (13e DBMLE) créée pour l'occasion, dont le quart des effectifs est composé d'Espagnols, anciens soldats républicains antifascistes. Ils sont sous les ordres du lieutenant-colonel Raoul Magrin-Vernerey, dit Monclar. Ce dernier compte parmi ses officiers deux futurs Compagnons de la Libération, les capitaines Pierre Koenig, qui sera élevé en 1984 à la dignité de maréchal de France, et Jacques Pâris de la Bollardière. Devenu général, celui-ci fut placé aux arrêts de forteresse durant la guerre d'Algérie, en 1957, pour avoir protesté avec vigueur contre la pratique de la torture par l'armée française. Il devint plus tard un militant de la non-violence.
Jacques Pâris de la Bollardière © AFP
Affrontements contre les Alpenjäger
Pour les légionnaires accoutumés à la chaleur africaine et aux opérations en zone désertique, peu préparés et mal équipés pour le combat en montagne, cette opération norvégienne souffrant d'une logistique défaillante sera particulièrement difficile. Mais avec les chasseurs alpins, ils s'emparent des ports de Bjerkvik et Narvik au prix de lourdes pertes lors de violents affrontements avec les Alpenjäger de la Wehrmacht. Au bout d'une semaine, les Allemands sont repoussés à la frontière suédoise. Nous sommes alors au début du mois de juin 1940 et l'histoire a déjà basculé ! Le 10 mai, les Allemands ont percé le front français à Sedan et la débâcle est en cours. Le corps expéditionnaire est rappelé le 7 juin et débarque à Brest à partir du 13. Depuis le 9 juin, l'armée allemande réoccupe les ports norvégiens... Mais la Légion peut se prévaloir d'avoir participé à la seule victoire française de cette année noire ! Surtout, l'un de ses bataillons ralliera le général de Gaulle et la France libre.
1942, Bir Hakeim : l'honneur de la France
Après avoir rejoint le général de Gaulle, la 13e DBMLE est engagée par la France libre dans de difficiles combats. En Syrie notamment, elle bataille sous les ordres du lieutenant-colonel Dimitri Amilakvari contre les troupes françaises de Vichy appartenant à l'armée du Levant, avant de prendre Damas, le 21 juin 1941. De Gaulle évoquera "le chagrin et le dégoût d'avoir à combattre des Français". En mai 1942, les soldats de la 1re brigade française libre aux ordres de Pierre Koenig sont postés à Bir Hakeim, en plein désert de Libye. Ils comptent parmi eux les 2e et 3e BLE (bataillon de Légion étrangère) qui réussissent au prix d'un courage héroïque d'extraordinaires actions d'éclat. C'est la première bataille rangée entre unités françaises et allemandes depuis la débâcle de 1940. Les légionnaires participent aux patrouilles en profondeur, les Jock Columns qui freinent l'offensive en terre libyenne de l'Afrika Korps du "Rat du désert", le général Erwin Rommel. Le 27 mai, les légionnaires artilleurs bloquent une division blindée italienne.
Le général Pierre Koenig et le général de Gaulle durant la visite de Winston Churchill à Paris le 11 novembre 1944 © AFP
Ressaisissement moral
Les Français de Bir Hakeim ont participé à une bataille décisive, en contribuant au ressaisissement moral des forces alliées. Certains des plus retentissants faits d'armes ont été écrits par les hommes du capitaine Pierre Messmer qui commandait une unité de blindés (très) légers Bren-Carriers. Le futur Premier ministre français assurera à Maurice Druon qu'il n'avait pas fait preuve de courage : "C'était de l'orgueil ! À la Légion, nous voulions être les meilleurs. Alors, quand on veut être les meilleurs, il faut bien engager sa vie !" Sous les très violents bombardements allemands, Messmer tient d'abord le point d'appui nord de la position, avant d'engager avec succès une opération pourtant jugée irréalisable. Dans la nuit du 10 au 11 juin, la sortie de Bir Hakeim sous le feu allemand permettra à la Légion de graver l'une des plus belles pages de sa légende. Pierre Messmer écrira : "Avec le recul de l'histoire, nous pouvons dire avec André Malraux : Nous ne tenons pas Bir Hakeim pour Austerlitz. Mais, comme le premier combat de Jeanne d'Arc à Orléans, Bir Hakeim a été la preuve que la France n'était pas morte."
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Re: Cette fascinante Légion étrangère .
La Légion étrangère , de la RC4 à Kolwezi (Partie 3 & Fin)
Un parachutiste du 1er REP le 3 février 1957 à Alger. © AFP
Après la guerre, la Légion, rejointe par de nombreux Allemands, sera fortement impliquée dans la guerre d'Indochine, durant laquelle ses effectifs vont plus que doubler. Ceux-ci passent de 16 000 hommes en 1945 à plus de 36 000 en 1953, dont la moitié seront déployés en Indochine. Les unités de Légion sont nombreuses : 2e REI, 3e REI, 5e REI, 13e DBLE, 1er REC, complétés par la création de deux bataillons parachutistes, le 1er BEP et le 2e BEP.
1950, la RC4 : hécatombe en Indochine
Sur la route coloniale n° 4 qui relie Langson à Cao Bang (116 km), les troupes françaises perdent, en octobre 1950, leur première bataille de grande ampleur contre le Viet-minh. C'est un désastre historique : sur 6 500 soldats engagés, 2 000 sont tués par un ennemi cinq fois supérieur en nombre. 2 500 prisonniers font l'expérience tragique des camps de rétention. Les légionnaires des 1er BEP (quasi anéanti), 3e REI, 5e REI, CERA et CRLE payent un lourd tribut à cette opération, mais ils ne sont pas seuls. Dans cette tuerie, les troupes coloniales (devenues depuis les troupes de marine) sont également présentes, cette proximité guerrière faisant naître entre l'élite des unités de l'armée française une fraternité d'armes dont l'émulation n'a jamais été absente. Les légionnaires s'illustrent notamment lors de la bataille de Nasan en décembre 1952, avant que la guerre ne s'achève par la défense désespérée de Diên Biên Phu. Sur le sol indochinois, la Légion aura perdu au total plus de 10 000 combattants. Une hécatombe !
La médiatisation de la Légion étrangère n'a pas commencé avec la guerre d'Indochine. Mais l'envoi de grands reporters comme Lucien Bodard, les images des armées au cinéma, dont celles de Pierre Schoendoerffer, et les sacrifices de la Légion qui perd 11 % des effectifs engagés en Indochine, font grandir encore la gloire d'une unité exceptionnelle.
1961, Alger : la déchirure
La Légion a été très impliquée dans la guerre d'Algérie, sa terre. Le régiment d'élite de la Légion, le 1er REP, que commande le lieutenant-colonel Pierre-Paul Jeanpierre - un des rares survivants de la RC4 -, a été engagé dans la très difficile "bataille d'Alger" de 1957. Après la mort de son chef (indicatif Soleil) en mai 1958, le régiment a été engagé dans le maintien de l'ordre à Alger après la journée des barricades de janvier 1960. Lorsque l'indépendance de l'Algérie se profile, nombre d'officiers légionnaires se sentent tenus par un contrat moral et politique qui les contraint à protéger les Européens et les musulmans - notamment 200 000 supplétifs, les harkis - restés fidèles à la France. Après avoir soutenu le retour de De Gaulle, en mai 1958, ils refusent le processus d'autodétermination que celui-ci a engagé et qui conduit inéluctablement l'Algérie à l'indépendance et à la rupture avec Paris. Le 8 janvier 1961, le référendum sur l'autodétermination donne une large majorité à de Gaulle. Le 22 avril, les généraux Maurice Challe, Edmond Jouhaud, André Zeller et Raoul Salan entrent en rébellion, soutenus notamment par l'une des plus prestigieuses unités de la Légion étrangère, le 1er REP.
Les généraux Edmond Jouhaud, Raoul Salan, Maurice Challe et André Zeller au balcon de la délégation générale à Alger, le 24 avril 1961 © AFP
Sauvée par Messmer
Le putsch est rapidement mis en échec, notamment en raison du refus des appelés de suivre les "bérets verts" parachutistes légionnaires. Il ouvre une profonde fracture dans la Légion : si le 1er REP, dont plusieurs cadres ont participé à l'organisation du putsch, suit son chef Élie Denoix de Saint-Marc, le 1er REC ne fait pas preuve d'une grande ardeur et les autres unités concernées (4e REI, 5e REI) ne sont que marginalement touchées. Une cinquantaine d'officiers de Légion ont basculé dans le putsch, ce que le général de Gaulle ne tolère pas. À la suite de ces événements, le président de la République demande à son fidèle Pierre Messmer, son ministre des Armées, de dissoudre la Légion étrangère. Il faudra toute la force de conviction de cet ancien officier de la 13e DBLE pour obtenir le report de cette mesure. Mais s'il ne s'était pas transformé en rempart de l'institution, celle-ci aurait disparu à cette époque.
1978, Kolwezi : la gloire retrouvée
En mai 1978, des milliers de sécessionnistes katangais, les "Tigres", dirigés par Nathaniel Mumba et appuyés par des Cubains et des Allemands de l'Est, occupent la ville minière de Kolwezi, dans la province du Shaba. À la demande du président du Zaïre, Joseph Mobutu, dont l'armée régulière a fui la ville, le président Valéry Giscard d'Estaing envoie le 2e REP. Il s'agit de sauver la ville où les rebelles se livrent au massacre d'Africains et d'Européens. L'opération, complexe, à plus de 6 000 kilomètres de la France et de la base du REP à Calvi (Corse), est conduite par 750 parachutistes largués en deux vagues par des Transall partis de Kinshasa, à 1 500 kilomètres du point de largage. Elle est dirigée par le colonel Philippe Erulin, commandant le REP. Deux très jeunes officiers ayant atteint ensuite de prestigieuses positions y participent à la tête de leurs hommes : Benoît Puga, futur chef d'état-major particulier de Nicolas Sarkozy puis aujourd'hui de François Hollande, et Bruno Dary, futur gouverneur militaire de Paris. En infériorité numérique, mais parfaitement entraînés pour un combat difficile avec un soutien logistique minimal, les légionnaires obtiennent un grand succès. "Simplicité, grandeur", écrira à leur propos Valéry Giscard d'Estaing dans ses Mémoires. On fait difficilement plus beau compliment...
Sur le tarmac de l'aéroport de Kolwezi le 20 mai 1978 © AFP
Pleinement réussie, cette mission de Kolwezi est essentielle à plusieurs titres. C'est la deuxième opération aéroportée de très grande envergure de l'armée française, après celle de Suez en 1956. C'est également au cours de cette opération que la Légion étrangère reviendra pleinement dans les grâces du pouvoir politique, après le douloureux épisode du putsch algérien.
Sources : Jean Guisnel/Journal le Point .fr
Un parachutiste du 1er REP le 3 février 1957 à Alger. © AFP
Après la guerre, la Légion, rejointe par de nombreux Allemands, sera fortement impliquée dans la guerre d'Indochine, durant laquelle ses effectifs vont plus que doubler. Ceux-ci passent de 16 000 hommes en 1945 à plus de 36 000 en 1953, dont la moitié seront déployés en Indochine. Les unités de Légion sont nombreuses : 2e REI, 3e REI, 5e REI, 13e DBLE, 1er REC, complétés par la création de deux bataillons parachutistes, le 1er BEP et le 2e BEP.
1950, la RC4 : hécatombe en Indochine
Sur la route coloniale n° 4 qui relie Langson à Cao Bang (116 km), les troupes françaises perdent, en octobre 1950, leur première bataille de grande ampleur contre le Viet-minh. C'est un désastre historique : sur 6 500 soldats engagés, 2 000 sont tués par un ennemi cinq fois supérieur en nombre. 2 500 prisonniers font l'expérience tragique des camps de rétention. Les légionnaires des 1er BEP (quasi anéanti), 3e REI, 5e REI, CERA et CRLE payent un lourd tribut à cette opération, mais ils ne sont pas seuls. Dans cette tuerie, les troupes coloniales (devenues depuis les troupes de marine) sont également présentes, cette proximité guerrière faisant naître entre l'élite des unités de l'armée française une fraternité d'armes dont l'émulation n'a jamais été absente. Les légionnaires s'illustrent notamment lors de la bataille de Nasan en décembre 1952, avant que la guerre ne s'achève par la défense désespérée de Diên Biên Phu. Sur le sol indochinois, la Légion aura perdu au total plus de 10 000 combattants. Une hécatombe !
La médiatisation de la Légion étrangère n'a pas commencé avec la guerre d'Indochine. Mais l'envoi de grands reporters comme Lucien Bodard, les images des armées au cinéma, dont celles de Pierre Schoendoerffer, et les sacrifices de la Légion qui perd 11 % des effectifs engagés en Indochine, font grandir encore la gloire d'une unité exceptionnelle.
1961, Alger : la déchirure
La Légion a été très impliquée dans la guerre d'Algérie, sa terre. Le régiment d'élite de la Légion, le 1er REP, que commande le lieutenant-colonel Pierre-Paul Jeanpierre - un des rares survivants de la RC4 -, a été engagé dans la très difficile "bataille d'Alger" de 1957. Après la mort de son chef (indicatif Soleil) en mai 1958, le régiment a été engagé dans le maintien de l'ordre à Alger après la journée des barricades de janvier 1960. Lorsque l'indépendance de l'Algérie se profile, nombre d'officiers légionnaires se sentent tenus par un contrat moral et politique qui les contraint à protéger les Européens et les musulmans - notamment 200 000 supplétifs, les harkis - restés fidèles à la France. Après avoir soutenu le retour de De Gaulle, en mai 1958, ils refusent le processus d'autodétermination que celui-ci a engagé et qui conduit inéluctablement l'Algérie à l'indépendance et à la rupture avec Paris. Le 8 janvier 1961, le référendum sur l'autodétermination donne une large majorité à de Gaulle. Le 22 avril, les généraux Maurice Challe, Edmond Jouhaud, André Zeller et Raoul Salan entrent en rébellion, soutenus notamment par l'une des plus prestigieuses unités de la Légion étrangère, le 1er REP.
Les généraux Edmond Jouhaud, Raoul Salan, Maurice Challe et André Zeller au balcon de la délégation générale à Alger, le 24 avril 1961 © AFP
Sauvée par Messmer
Le putsch est rapidement mis en échec, notamment en raison du refus des appelés de suivre les "bérets verts" parachutistes légionnaires. Il ouvre une profonde fracture dans la Légion : si le 1er REP, dont plusieurs cadres ont participé à l'organisation du putsch, suit son chef Élie Denoix de Saint-Marc, le 1er REC ne fait pas preuve d'une grande ardeur et les autres unités concernées (4e REI, 5e REI) ne sont que marginalement touchées. Une cinquantaine d'officiers de Légion ont basculé dans le putsch, ce que le général de Gaulle ne tolère pas. À la suite de ces événements, le président de la République demande à son fidèle Pierre Messmer, son ministre des Armées, de dissoudre la Légion étrangère. Il faudra toute la force de conviction de cet ancien officier de la 13e DBLE pour obtenir le report de cette mesure. Mais s'il ne s'était pas transformé en rempart de l'institution, celle-ci aurait disparu à cette époque.
1978, Kolwezi : la gloire retrouvée
En mai 1978, des milliers de sécessionnistes katangais, les "Tigres", dirigés par Nathaniel Mumba et appuyés par des Cubains et des Allemands de l'Est, occupent la ville minière de Kolwezi, dans la province du Shaba. À la demande du président du Zaïre, Joseph Mobutu, dont l'armée régulière a fui la ville, le président Valéry Giscard d'Estaing envoie le 2e REP. Il s'agit de sauver la ville où les rebelles se livrent au massacre d'Africains et d'Européens. L'opération, complexe, à plus de 6 000 kilomètres de la France et de la base du REP à Calvi (Corse), est conduite par 750 parachutistes largués en deux vagues par des Transall partis de Kinshasa, à 1 500 kilomètres du point de largage. Elle est dirigée par le colonel Philippe Erulin, commandant le REP. Deux très jeunes officiers ayant atteint ensuite de prestigieuses positions y participent à la tête de leurs hommes : Benoît Puga, futur chef d'état-major particulier de Nicolas Sarkozy puis aujourd'hui de François Hollande, et Bruno Dary, futur gouverneur militaire de Paris. En infériorité numérique, mais parfaitement entraînés pour un combat difficile avec un soutien logistique minimal, les légionnaires obtiennent un grand succès. "Simplicité, grandeur", écrira à leur propos Valéry Giscard d'Estaing dans ses Mémoires. On fait difficilement plus beau compliment...
Sur le tarmac de l'aéroport de Kolwezi le 20 mai 1978 © AFP
Pleinement réussie, cette mission de Kolwezi est essentielle à plusieurs titres. C'est la deuxième opération aéroportée de très grande envergure de l'armée française, après celle de Suez en 1956. C'est également au cours de cette opération que la Légion étrangère reviendra pleinement dans les grâces du pouvoir politique, après le douloureux épisode du putsch algérien.
Sources : Jean Guisnel/Journal le Point .fr
commandoair40- Admin
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Re: Cette fascinante Légion étrangère .
JP
J"ai acheté pardon mon fiston ma acheté le dernier disque de la légion et je doit reconnaitre que des que j'ai entendu la chanson de PIAF mes pensez sont allez vers le 1 REP
longue vie a la legion
J"ai acheté pardon mon fiston ma acheté le dernier disque de la légion et je doit reconnaitre que des que j'ai entendu la chanson de PIAF mes pensez sont allez vers le 1 REP
longue vie a la legion
olivier- Admin
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Claire notre Marraine- Localisation : Suisse
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Re: Cette fascinante Légion étrangère .
Pardon mon fiston ma acheté le dernier disque de la légion et je doit reconnaitre que des que j'ai entendu la chanson de PIAF mes pensez sont allez vers le 1 REP
dingdong- Localisation : London
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Re: Cette fascinante Légion étrangère .
Avant de poster; il serait bien de vous présenterdingdong a écrit:Pardon mon fiston ma acheté le dernier disque de la légion et je doit reconnaitre que des que j'ai entendu la chanson de PIAF mes pensez sont allez vers le 1 REP
Invité- Invité
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