Bataille de Crète
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Bataille de Crète
Opération Merkur
Le plan d’invasion (Merkur) est relativement simple : il consiste à larguer vers 7h plusieurs milliers de parachutistes (à l’aide de Ju 52 et de planeur DFS 230) en plusieurs vagues sur les points forts de Héraklion (colonel Brauer), Maleme (régiment d'assaut du général Meindel) et Réthymnon (colonel Sturm) en vue de s’emparer des 3 aérodromes s’y trouvant tandis que la capitale, La Canée et la rade de Souda devaient être rapidement conquises (régiment du colonel Heidrich). La Luftwaffe devait auparavant neutraliser les défenses de ces points et le parachutage devait se faire sous le couvert de la surprise. Plus tard dans la journée, environ 6-7 000 chasseurs alpins (Gebirgsjager) devaient être débarqués à l’aide de deux flottilles légères (Leichtflotile) constituées de caïques (navires de pêche locaux). La conquête des divers aérodromes de l’île devait permettre d’acheminer rapidement d’autres renforts. Tout ne se passa cependant pas comme prévu.
20 mai
Dès le début, les Allemands comprennent que l’invasion sera rude. Les attaques de leur aviation ont en fait eu assez peu d’effet. Mis au courant par l’appareillage de décryptage Ultra du plan allemand, le général Freyberg a pu disposer ses troupes comme bon lui semble depuis près d’une semaine, et a donné l’ordre à ses servants de DCA de ne pas tirer sur les chasseurs et bombardiers allemands des raids matinaux pour leur donner l’impression que toute résistance a cessé. Et cela marche. Lorsque les transports allemands apparaissent, l’enfer semble, à leur grande surprise, se déchaîner sur eux, leur causant de lourdes pertes. Ainsi, le général Wilhelm Suessmann, chargé de couper en deux le dispositif de défense britannique, est tué, perturbant ainsi grandement les plans allemands. Seul avantage pour l’agresseur : une partie des troupes britanniques est disposée sur les plages, en vue de contrer les débarquements de chasseurs de montagne qui y sont prévus. Comme on le verra, ces débarquements n’eurent finalement jamais lieu. Si ces mêmes troupes alliées avaient été elles aussi disposées sur les aérodromes, la première vague allemande aurait été complètement anéantie. Durant la journée, d’autres largages ont lieu, et l’on voit dans les airs quelques combats entre chasseurs et bombardiers des deux camps. Si les avions britanniques étaient peu nombreux, les Messerschmitt Bf 109 allemands étaient à la limite de leur autonomie, ce qui les empêcha dans un premier temps d’avoir la supériorité aérienne absolue. Il est à remarquer que quelques appareils italiens soutinrent leurs alliés allemands, avec notamment 26 bombardiers et quelques chasseurs, sans grand succès. Au soir, une partie de l’aérodrome de Maleme tombe aux mains des Allemands.
21 mai
En raison des fortes pertes de la veille, le plan allemand est reformé, avec pour but maintenant d’appuyer un maximum les combats dans l’ouest de l’île en formant une tête de pont solide autour de Maleme, seul terrain en partie sous contrôle allemand. Très vite, de nombreux renforts sont envoyés dans ce secteur avec l’envoi de 650 chasseurs alpins supplémentaires, permettant la prise de la localité de Maleme et de la colline surplombant le terrain. Sur mer, la Luftwaffe s’en prend à la Royal Navy, coulant le destroyer Juno tandis que des combats aériens provoquent quelques pertes de part et d’autre. Mais vers 23 h, une escadre britannique intercepte la 1re leichtflotille (2331 soldats était transportés par une centaine de caïques). Héroïquement défendue par le seul torpilleur italien Lupo, la flottille ne perd « que » 297 hommes tués, mais doit faire demi tour. Les Britanniques affirment encore aujourd’hui avoir « anéanti » la totalité de la flottille, ce que démentent les rapports officiels allemands. Si la flottille s’en sort relativement bien, les renforts ne parviennent pas rapidement par la mer comme prévu, et les combattants doivent rejoindre le continent pour finalement atteindre la Crète par la voie des airs.
22 mai
Ce jour-là, les combats font toujours rage sur terre et dans les airs. La situation évolue peu, les paras grignotant du terrain à l’aide de nouveaux renforts. Très vite, la seule piste exploitable pour l’acheminement de ces derniers s’encombre de multiples épaves, étant constamment sous le feu de l’artillerie britannique. En mer, la 2e leichtflotille est à son tour interceptée au sud de Milo, mais cette fois, prévenus, les bateaux allemands font demi-tour sous le couvert du torpilleur Sagittario, qui touche d’une torpille un croiseur britannique. La flottille ne perd au final qu’un seul navire. La Luftwaffe, en plus de soutenir comme elle le peut ses troupes au sol, combat la Royal Navy, touchant plusieurs de ses navires à des degrés divers. Ainsi, les croiseurs Naiad et Carlisle sont fortement endommagés et le cuirassé Warspite, accourant à leur secours est à son tour touché. C’est ensuite le tour du destroyer Greyhound, qui est rapidement coulé. Alors que les croiseurs lourds HMS Gloucester et Fidji sont dépêchés sur place pour repêcher des rescapés, ils sont à leur tour envoyés par le fond par des attaques de Stuka, de chasseurs-bombardiers Jabo et de Ju 88. Un très lourd bilan pour la Royal Navy, la Luftwaffe perdant elle une dizaine d’avions dans ces combats. Pour finir, 800 paras sont largués dans les environs de Rethymnon et Héraklion.
23 mai
Comme la veille, la Luftwaffe brille par ses actions contre la Royal Navy. En matinée, deux escadres sont repérées et attaqués, les destroyers Kashmir, Kelly et Havoc étant coulés, le Kipling et le Iliex fortement touchés. Les chasseurs de montagne du général Ringel arrivent enfin sur l’île et très vite mettent tout en œuvre pour élargir la poche de Maleme, s’emparer de la baie de Souda (parsemée d’épaves de navires alliés) et avancer vers l’est pour épauler les paras combattant à Rethumnon et Héraklion, soutenus par l’aviation. Pour la première fois, celle-ci peut se servir de Maleme comme base opérationnelle, en y détachant momentanément deux chasseurs BF 109. Divers combats se déroulent dans les airs, les Britanniques envoyant en permanence quelque avions « straffer » la piste de Maleme, ajoutant d’autres épaves aux nombreuses déjà présentes. Bien des appareils allemands vont heurter ces épaves en y atterrissant, ajoutant par là même au chaos et rendant la piste de moins en moins praticable. Deux cent commandos alliés sont débarqués en soirée par deux destroyers britanniques.
24, 25 et 26 mai
Les combats acharnés se poursuivent, sans éléments notoires, les Allemands avançant inévitablement. Le 26 mai, 2 cuirassés, un porte-avions, deux croiseurs et trois destroyers britanniques quittent Alexandrie pour bombarder l’aérodrome allemand de Karpathos, y causant quelques dommages. Lors de son retour, l’armada est harcelée par l’aviation allemande, le porte-avions HMS Formidabl et le destroyer Nubian étant durement touchés. De plus, le Glenroy chargé d’acheminer d’importants renforts sur l’île est contraint à rebrousser chemin sous les attaques allemandes. Les Allemands peuvent faire atterrir d’autres avions à Maleme, ainsi que d’autres troupes en renfort. Freyberg est bien conscient que la situation lui échappe et dans la soirée ordonne le repli vers le sud.
27, 28 et 29 mai
Ce repli est entamé le 27, alors que les Allemands prennent La Canée et progressent vers Souda. L’évacuation débute, là aussi. Le 28, deux Panzer II, de la 5.Pz.D., sont débarqués, ainsi que des troupes italiennes (qui ne participeront que très peu aux combats). Les troupes alliées rembarquent, de nombreux navires subissant l’assaut répété de la Luftwaffe (le croiseur Ajax et le destroyer Imperial sont gravement touchés, ce dernier étant coulé le lendemain). La baie de Souda est cette fois belle et bien conquise. Le 29, ce sont pas moins de 3 destroyers qui sont à leur tour fortement endommagés par les attaques précises des bombardiers allemands.
30, 31 mai et 1er juin
L’évacuation s’achève, bien que nombre de soldats du Commonwealth errent encore pendant des semaines dans l’île, n’ayant pu la quitter. Les combats faiblissent graduellement, mais une dernière perte importante est à signaler sur mer. Deux croiseurs de la Royal Navy sont engagés pour appuyer divers destroyers. L’un d’eux, le croiseur anti-aérien Calcutta est coulé en quelques minutes par l’attaque de 3 Ju 88.
Bilan
Encore une fois, les Alliés sont « rejetés à la mer » par les troupes de l’Axe. Mais à quel prix ? Le seul corps des Fallshirmjager enregistre 1520 tués, 1502 disparus et 1500 blessés. Les chasseurs alpins quant à eux ont 395 tués, 257 disparus et 504 blessés. À cela, il convient d’ajouter les quelques 300 aviateurs allemands, certains vétérans, perdus. Près de 6000 hommes hors de combat au total. Du point de vue matériel, le seul XIIIe Fliegerkorps enregistre 52 chasseurs, 18 stukas, 26 bombardiers et 4 avions de reconnaissance perdus, plus les pertes du XIe Fliegerkorps. Plus grave, plus de 100 Ju-52 de transport sont définitivement perdus, sans compter les appareils endommagés. Selon Karl Gundelach : « au 17 mai, 14 groupes de transport comptaient 675 appareils, dont 548 en état de vol. 3 semaines plus tard, ils n’étaient plus que 11 groupes, avec 539 avions dont… 220 en état. À la veille de Barbarossa, la Luftwaffe devait rayer (au moins momentanément) de ses effectifs 3 groupes et 328 appareils (soit 60 %) ». La Crète fut bien « le tombeau du parachutiste allemand » (Kurt Student), au regard du fait que jamais plus une opération de grande envergure n’allait leur être confiée. Cependant, le fait remarquable est que, bien que le prix en fut élevé, la Crète fut conquise, alors même que Freybergh était au courant des plans allemands. Les alliés perdirent environ 17 750 hommes, alors qu’ils avaient la supériorité numérique. À cela, plusieurs explications :
Il convient d’ajouter à cela les 9 grands navires de guerre (ainsi que la multitude de plus petits) coulés par les bombardiers allemands. Ces pertes furent particulièrement gênantes et durement ressenties quand il fallut envoyer des renforts en Extrême-Orient à la fin de l’année.
Les combats furent particulièrement féroces. Comme il l’a été dit, les Anzacs étaient indisciplinés, décrits comme des « brutes sauvages », ceci étant en partie dû au fait qu’une légende colportée par les troupes, prétendait que « les parachutistes ne faisaient pas de prisonniers ». De plus, nombre d’insulaires ont participé aux combats, parfois armés de machettes et autres armes contondantes. Nombreux furent les aviateurs et paras allemands exécutés (d’où le nombre élevé de disparus) par les Anzacs et les indigènes. Rajoutons aussi l’attaque de la première Leichtflotille vue par les Britanniques comme « un massacre glorieux, les navires partant à l’abordage des caboteurs, se frayant un chemin dans les eaux pleines de 4000 soldats noyés (297 en vérité)… » (Alan Clark). Ce que les auteurs britanniques oublient de mentionner, ce sont les soldats abandonnés à leur sort, mitraillés alors qu’ils s’agrippaient désespérément à des débris. Après guerre, des sous-mariniers allemands furent exécutés pour n’avoir au final pas plus mal agi que les « héroïques navires de l’amiral Glennie » ce 21 mai.
Pour finir Alan Clark dit dans son livre à la page 249: "Il fallait, maintenant, achever de payer le prix d'une stratégie confuse, d'un plan de défense établi à la légère, et de tant d'erreurs tactiques, commises au cours des semaines précédentes. Et, comme souvent, dans l'histoire britannique, la note serait réglée avec le sang et par l'héroïsme de la Marine".
Sources
Amitiés Légio
Daniel
À droite, Horst Trebes, en juillet 1941
Le plan d’invasion (Merkur) est relativement simple : il consiste à larguer vers 7h plusieurs milliers de parachutistes (à l’aide de Ju 52 et de planeur DFS 230) en plusieurs vagues sur les points forts de Héraklion (colonel Brauer), Maleme (régiment d'assaut du général Meindel) et Réthymnon (colonel Sturm) en vue de s’emparer des 3 aérodromes s’y trouvant tandis que la capitale, La Canée et la rade de Souda devaient être rapidement conquises (régiment du colonel Heidrich). La Luftwaffe devait auparavant neutraliser les défenses de ces points et le parachutage devait se faire sous le couvert de la surprise. Plus tard dans la journée, environ 6-7 000 chasseurs alpins (Gebirgsjager) devaient être débarqués à l’aide de deux flottilles légères (Leichtflotile) constituées de caïques (navires de pêche locaux). La conquête des divers aérodromes de l’île devait permettre d’acheminer rapidement d’autres renforts. Tout ne se passa cependant pas comme prévu.
20 mai
Dès le début, les Allemands comprennent que l’invasion sera rude. Les attaques de leur aviation ont en fait eu assez peu d’effet. Mis au courant par l’appareillage de décryptage Ultra du plan allemand, le général Freyberg a pu disposer ses troupes comme bon lui semble depuis près d’une semaine, et a donné l’ordre à ses servants de DCA de ne pas tirer sur les chasseurs et bombardiers allemands des raids matinaux pour leur donner l’impression que toute résistance a cessé. Et cela marche. Lorsque les transports allemands apparaissent, l’enfer semble, à leur grande surprise, se déchaîner sur eux, leur causant de lourdes pertes. Ainsi, le général Wilhelm Suessmann, chargé de couper en deux le dispositif de défense britannique, est tué, perturbant ainsi grandement les plans allemands. Seul avantage pour l’agresseur : une partie des troupes britanniques est disposée sur les plages, en vue de contrer les débarquements de chasseurs de montagne qui y sont prévus. Comme on le verra, ces débarquements n’eurent finalement jamais lieu. Si ces mêmes troupes alliées avaient été elles aussi disposées sur les aérodromes, la première vague allemande aurait été complètement anéantie. Durant la journée, d’autres largages ont lieu, et l’on voit dans les airs quelques combats entre chasseurs et bombardiers des deux camps. Si les avions britanniques étaient peu nombreux, les Messerschmitt Bf 109 allemands étaient à la limite de leur autonomie, ce qui les empêcha dans un premier temps d’avoir la supériorité aérienne absolue. Il est à remarquer que quelques appareils italiens soutinrent leurs alliés allemands, avec notamment 26 bombardiers et quelques chasseurs, sans grand succès. Au soir, une partie de l’aérodrome de Maleme tombe aux mains des Allemands.
21 mai
En raison des fortes pertes de la veille, le plan allemand est reformé, avec pour but maintenant d’appuyer un maximum les combats dans l’ouest de l’île en formant une tête de pont solide autour de Maleme, seul terrain en partie sous contrôle allemand. Très vite, de nombreux renforts sont envoyés dans ce secteur avec l’envoi de 650 chasseurs alpins supplémentaires, permettant la prise de la localité de Maleme et de la colline surplombant le terrain. Sur mer, la Luftwaffe s’en prend à la Royal Navy, coulant le destroyer Juno tandis que des combats aériens provoquent quelques pertes de part et d’autre. Mais vers 23 h, une escadre britannique intercepte la 1re leichtflotille (2331 soldats était transportés par une centaine de caïques). Héroïquement défendue par le seul torpilleur italien Lupo, la flottille ne perd « que » 297 hommes tués, mais doit faire demi tour. Les Britanniques affirment encore aujourd’hui avoir « anéanti » la totalité de la flottille, ce que démentent les rapports officiels allemands. Si la flottille s’en sort relativement bien, les renforts ne parviennent pas rapidement par la mer comme prévu, et les combattants doivent rejoindre le continent pour finalement atteindre la Crète par la voie des airs.
22 mai
Ce jour-là, les combats font toujours rage sur terre et dans les airs. La situation évolue peu, les paras grignotant du terrain à l’aide de nouveaux renforts. Très vite, la seule piste exploitable pour l’acheminement de ces derniers s’encombre de multiples épaves, étant constamment sous le feu de l’artillerie britannique. En mer, la 2e leichtflotille est à son tour interceptée au sud de Milo, mais cette fois, prévenus, les bateaux allemands font demi-tour sous le couvert du torpilleur Sagittario, qui touche d’une torpille un croiseur britannique. La flottille ne perd au final qu’un seul navire. La Luftwaffe, en plus de soutenir comme elle le peut ses troupes au sol, combat la Royal Navy, touchant plusieurs de ses navires à des degrés divers. Ainsi, les croiseurs Naiad et Carlisle sont fortement endommagés et le cuirassé Warspite, accourant à leur secours est à son tour touché. C’est ensuite le tour du destroyer Greyhound, qui est rapidement coulé. Alors que les croiseurs lourds HMS Gloucester et Fidji sont dépêchés sur place pour repêcher des rescapés, ils sont à leur tour envoyés par le fond par des attaques de Stuka, de chasseurs-bombardiers Jabo et de Ju 88. Un très lourd bilan pour la Royal Navy, la Luftwaffe perdant elle une dizaine d’avions dans ces combats. Pour finir, 800 paras sont largués dans les environs de Rethymnon et Héraklion.
23 mai
Comme la veille, la Luftwaffe brille par ses actions contre la Royal Navy. En matinée, deux escadres sont repérées et attaqués, les destroyers Kashmir, Kelly et Havoc étant coulés, le Kipling et le Iliex fortement touchés. Les chasseurs de montagne du général Ringel arrivent enfin sur l’île et très vite mettent tout en œuvre pour élargir la poche de Maleme, s’emparer de la baie de Souda (parsemée d’épaves de navires alliés) et avancer vers l’est pour épauler les paras combattant à Rethumnon et Héraklion, soutenus par l’aviation. Pour la première fois, celle-ci peut se servir de Maleme comme base opérationnelle, en y détachant momentanément deux chasseurs BF 109. Divers combats se déroulent dans les airs, les Britanniques envoyant en permanence quelque avions « straffer » la piste de Maleme, ajoutant d’autres épaves aux nombreuses déjà présentes. Bien des appareils allemands vont heurter ces épaves en y atterrissant, ajoutant par là même au chaos et rendant la piste de moins en moins praticable. Deux cent commandos alliés sont débarqués en soirée par deux destroyers britanniques.
24, 25 et 26 mai
Les combats acharnés se poursuivent, sans éléments notoires, les Allemands avançant inévitablement. Le 26 mai, 2 cuirassés, un porte-avions, deux croiseurs et trois destroyers britanniques quittent Alexandrie pour bombarder l’aérodrome allemand de Karpathos, y causant quelques dommages. Lors de son retour, l’armada est harcelée par l’aviation allemande, le porte-avions HMS Formidabl et le destroyer Nubian étant durement touchés. De plus, le Glenroy chargé d’acheminer d’importants renforts sur l’île est contraint à rebrousser chemin sous les attaques allemandes. Les Allemands peuvent faire atterrir d’autres avions à Maleme, ainsi que d’autres troupes en renfort. Freyberg est bien conscient que la situation lui échappe et dans la soirée ordonne le repli vers le sud.
27, 28 et 29 mai
Ce repli est entamé le 27, alors que les Allemands prennent La Canée et progressent vers Souda. L’évacuation débute, là aussi. Le 28, deux Panzer II, de la 5.Pz.D., sont débarqués, ainsi que des troupes italiennes (qui ne participeront que très peu aux combats). Les troupes alliées rembarquent, de nombreux navires subissant l’assaut répété de la Luftwaffe (le croiseur Ajax et le destroyer Imperial sont gravement touchés, ce dernier étant coulé le lendemain). La baie de Souda est cette fois belle et bien conquise. Le 29, ce sont pas moins de 3 destroyers qui sont à leur tour fortement endommagés par les attaques précises des bombardiers allemands.
30, 31 mai et 1er juin
L’évacuation s’achève, bien que nombre de soldats du Commonwealth errent encore pendant des semaines dans l’île, n’ayant pu la quitter. Les combats faiblissent graduellement, mais une dernière perte importante est à signaler sur mer. Deux croiseurs de la Royal Navy sont engagés pour appuyer divers destroyers. L’un d’eux, le croiseur anti-aérien Calcutta est coulé en quelques minutes par l’attaque de 3 Ju 88.
Bilan
Encore une fois, les Alliés sont « rejetés à la mer » par les troupes de l’Axe. Mais à quel prix ? Le seul corps des Fallshirmjager enregistre 1520 tués, 1502 disparus et 1500 blessés. Les chasseurs alpins quant à eux ont 395 tués, 257 disparus et 504 blessés. À cela, il convient d’ajouter les quelques 300 aviateurs allemands, certains vétérans, perdus. Près de 6000 hommes hors de combat au total. Du point de vue matériel, le seul XIIIe Fliegerkorps enregistre 52 chasseurs, 18 stukas, 26 bombardiers et 4 avions de reconnaissance perdus, plus les pertes du XIe Fliegerkorps. Plus grave, plus de 100 Ju-52 de transport sont définitivement perdus, sans compter les appareils endommagés. Selon Karl Gundelach : « au 17 mai, 14 groupes de transport comptaient 675 appareils, dont 548 en état de vol. 3 semaines plus tard, ils n’étaient plus que 11 groupes, avec 539 avions dont… 220 en état. À la veille de Barbarossa, la Luftwaffe devait rayer (au moins momentanément) de ses effectifs 3 groupes et 328 appareils (soit 60 %) ». La Crète fut bien « le tombeau du parachutiste allemand » (Kurt Student), au regard du fait que jamais plus une opération de grande envergure n’allait leur être confiée. Cependant, le fait remarquable est que, bien que le prix en fut élevé, la Crète fut conquise, alors même que Freybergh était au courant des plans allemands. Les alliés perdirent environ 17 750 hommes, alors qu’ils avaient la supériorité numérique. À cela, plusieurs explications :
- la réelle combativité des troupes allemandes, issues de corps d’élite ;
- la supériorité aérienne de la Luftwaffe qui, bien que gênée, fut en mesure d’apporter un soutien efficace ;
- le manque de coordination des troupes alliés, issues de plusieurs armées (britannique, grecque, néo-zélandaise, australienne) ;
- le manque de discipline de certains (le corps des Anzacs — soldats néo-zélandais et australiens — étant réputé pour son « caractère » que « seul Montgomery su dompter », comme l’écrivit David Zambon)
- le changement de plan opportun des responsables allemands à Athènes qui, comprenant que la situation leur échappe, décident de renforcer prioritairement Maleme.
Il convient d’ajouter à cela les 9 grands navires de guerre (ainsi que la multitude de plus petits) coulés par les bombardiers allemands. Ces pertes furent particulièrement gênantes et durement ressenties quand il fallut envoyer des renforts en Extrême-Orient à la fin de l’année.
Les combats furent particulièrement féroces. Comme il l’a été dit, les Anzacs étaient indisciplinés, décrits comme des « brutes sauvages », ceci étant en partie dû au fait qu’une légende colportée par les troupes, prétendait que « les parachutistes ne faisaient pas de prisonniers ». De plus, nombre d’insulaires ont participé aux combats, parfois armés de machettes et autres armes contondantes. Nombreux furent les aviateurs et paras allemands exécutés (d’où le nombre élevé de disparus) par les Anzacs et les indigènes. Rajoutons aussi l’attaque de la première Leichtflotille vue par les Britanniques comme « un massacre glorieux, les navires partant à l’abordage des caboteurs, se frayant un chemin dans les eaux pleines de 4000 soldats noyés (297 en vérité)… » (Alan Clark). Ce que les auteurs britanniques oublient de mentionner, ce sont les soldats abandonnés à leur sort, mitraillés alors qu’ils s’agrippaient désespérément à des débris. Après guerre, des sous-mariniers allemands furent exécutés pour n’avoir au final pas plus mal agi que les « héroïques navires de l’amiral Glennie » ce 21 mai.
Pour finir Alan Clark dit dans son livre à la page 249: "Il fallait, maintenant, achever de payer le prix d'une stratégie confuse, d'un plan de défense établi à la légère, et de tant d'erreurs tactiques, commises au cours des semaines précédentes. Et, comme souvent, dans l'histoire britannique, la note serait réglée avec le sang et par l'héroïsme de la Marine".
Sources
- "Alerte! Parachutistes" (traduit de l'allemand) par Alkmar von Hove, Éditions Pensée Moderne, 1961, 224p.
- "La bataille de Crète", Historia magazine no.19, 1968.
- "La chute de la Crète" (traduit de l'anglais) par Alan Clark, Robert Laffont, 1966, 307p.
- "La Crète tombeau des paras allemands" par Jean Mabine, Presses de la Cité, 1982, 375p.
- "Fallshirmjäger en Crète" par Jean-Yves Nasse, Histoire & Collections, 2002, 160p.
- "Mai 1941: La Luftwaffe à l'assaut de la Crète", Jean-Louis Roba, Batailles Aériennes n°24, 2003, 80p.
- "wikipédia"
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