Capitaine Robert Eggs
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Capitaine Robert Eggs
Récit par le Colonel Richard Marillier
Richard Marillier a été Résistant, membre de la section Chabal au maquis du Vercors, capitaine d’une section au 494ème R.I. pendant la guerre d’Algérie, colonel honoraire de l’Armée de Terre. Richard Marillier a été très présent dans le monde du cyclisme : Directeur Technique National du cyclisme français de 1970 à 1981, Directeur Adjoint Délégué du Tour de France de 1981 à 1990, Président de la Ligue du Cyclisme Professionnel et membre du Comité Directeur de l’Union Cycliste Internationale de 1989 à 1992. Le colonel Richard Marillier est commandeur de la Légion d’honneur.
« J’ai fait la connaissance de Robert Eggs, en 1957, à Bir El Ater (sud-est constantinois). Il avait le grade de capitaine et commandait la compagnie portée du 4ème Régiment Etranger d’Infanterie. Il jouissait d’une réputation exceptionnelle. En 21 ans de Légion, il avait combattu de Narvik à l’Indochine en passant par la Syrie et la Lybie ou il avait été fait Compagnon de la Libération à Bir Hakeim alors qu’il était adjudant-chef !
Au cantonnement comme en opération, il était un spectacle à lui tout seul. Il ne faisait rien comme les autres, il ne s’exprimait pas comme les autres. Il était à la fois craint, détesté et admiré. A cette époque, le commandement rassemblait les unités de secteurs pour monter des opérations. A Bir El Ater, j’étais lieutenant et je commandais la 6ème compagnie de 2/44ème RI. Je me retrouvai « accolé » à la compagnie Eggs pendant un an et demi. C’est dire si j’ai des anecdotes en mémoire. En voici une parmi tant d’autres.
Ce jour-là, nous avions accroché une bande rebelle dans le djebel Foua. Très rapidement, les différentes unités avaient éclaté et des combats sporadiques se déroulaient aux quatre coins du djebel. Enfin d’après-midi, les derniers fellaghas étaient aux prises avec la compagnie Eggs et tentaient de sortir du dispositif. Je fus appelé à la rescousse et, avec une section, je réussis à colmater la brèche puis je cherchai à rejoindre le capitaine. Au fur et à mesure que j’avançais, et que je dépassais les légionnaires, je finis par arriver auprès du sergent-chef Campanella, porte fanion de la Compagnie Eggs. Il était assis, adossé contre un rocher et fumait une cigarette en souriant. Son pantalon froissé laissait apparaître un pansement compresse au niveau de la hanche.
- La bonne blessure, mon lieutenant, 23 jours de convalo ! me dit-il.
Il me précisa que le capitaine se trouvait devant, comme d’habitude. Les rebelles continuaient de tirer et je m’accroupis derrière un rocher où se trouvait le radio Rychtick. Ce dernier me dit que le capitaine était de l’autre côté. En me baissant, je le vis. Il était debout sur un rocher, les jumelles à la main et je l’entendis distinctement crier aux tireurs d’en face :
- Alors, messieurs les fellaghas ! Montrez vos sales gueules et rendez-vous ! Après, il sera trop tard.
Une volée de balles s’abattit sur son rocher sans le toucher. Il répéta son discours et obtint la même réponse. Alors, se tournant vers ses hommes, il entonna : « Légionnaires… A l’assaut ! » et il se mit à chanter « Combien sont tombés au hasard d’un clair matin ». Toute la compagnie reprit le célèbre chant. Incroyable ! Un quart d’heure après, le combat cessa, faute de combattants.
Le commandement décida que l’on resterait sur place pour la nuit, afin de fouiller le terrain le lendemain matin. Il faisait froid car nous étions à 1.300 mètres d’altitude. Eggs m’invita à dormir avec lui et son ordonnance Mayerhoffer nous confectionna une sorte de litière avec de l’alfa, entourée d’un muret de pierres sèches. Sa djellaba nous servit de couverture. Je n’arrivai pas à trouver la bonne position pour dormir. Il s’en rendit compte et bougonna :
- Encore un peu tendre (prononcé à l’allemande, en appuyant sur le « dre »).
Il saisit sa musette remplie d’alfa qui lui servait d’oreiller et me la glissa sous la tête, puis ramassa une grosse pierre sèche pour la remplacer. Je ne savais pas s’il fallait le remercier. J’attendis cinq minutes et lui dis :
- Mon capitaine, Bir Hakeim, c’est quand même autre chose ?
Il ne répondit pas. Il dormait à poings fermés.
Aujourd’hui, le commandant Robert Eggs, grand officier de la Légion d’Honneur est âgé de 93 ans. Il vit avec son épouse en Côte d’Or, très exactement à Ivry-en-Montagne. Il est Français officiellement depuis quelques semaines».
Bir El Ater 1957 – Le Capitaine Eggs à la tête de sa compagnie du 4ème REI. Le porte-fanion est le sergent-chef Campanella.
Richard Marillier a été Résistant, membre de la section Chabal au maquis du Vercors, capitaine d’une section au 494ème R.I. pendant la guerre d’Algérie, colonel honoraire de l’Armée de Terre. Richard Marillier a été très présent dans le monde du cyclisme : Directeur Technique National du cyclisme français de 1970 à 1981, Directeur Adjoint Délégué du Tour de France de 1981 à 1990, Président de la Ligue du Cyclisme Professionnel et membre du Comité Directeur de l’Union Cycliste Internationale de 1989 à 1992. Le colonel Richard Marillier est commandeur de la Légion d’honneur.
« J’ai fait la connaissance de Robert Eggs, en 1957, à Bir El Ater (sud-est constantinois). Il avait le grade de capitaine et commandait la compagnie portée du 4ème Régiment Etranger d’Infanterie. Il jouissait d’une réputation exceptionnelle. En 21 ans de Légion, il avait combattu de Narvik à l’Indochine en passant par la Syrie et la Lybie ou il avait été fait Compagnon de la Libération à Bir Hakeim alors qu’il était adjudant-chef !
Au cantonnement comme en opération, il était un spectacle à lui tout seul. Il ne faisait rien comme les autres, il ne s’exprimait pas comme les autres. Il était à la fois craint, détesté et admiré. A cette époque, le commandement rassemblait les unités de secteurs pour monter des opérations. A Bir El Ater, j’étais lieutenant et je commandais la 6ème compagnie de 2/44ème RI. Je me retrouvai « accolé » à la compagnie Eggs pendant un an et demi. C’est dire si j’ai des anecdotes en mémoire. En voici une parmi tant d’autres.
Ce jour-là, nous avions accroché une bande rebelle dans le djebel Foua. Très rapidement, les différentes unités avaient éclaté et des combats sporadiques se déroulaient aux quatre coins du djebel. Enfin d’après-midi, les derniers fellaghas étaient aux prises avec la compagnie Eggs et tentaient de sortir du dispositif. Je fus appelé à la rescousse et, avec une section, je réussis à colmater la brèche puis je cherchai à rejoindre le capitaine. Au fur et à mesure que j’avançais, et que je dépassais les légionnaires, je finis par arriver auprès du sergent-chef Campanella, porte fanion de la Compagnie Eggs. Il était assis, adossé contre un rocher et fumait une cigarette en souriant. Son pantalon froissé laissait apparaître un pansement compresse au niveau de la hanche.
- La bonne blessure, mon lieutenant, 23 jours de convalo ! me dit-il.
Il me précisa que le capitaine se trouvait devant, comme d’habitude. Les rebelles continuaient de tirer et je m’accroupis derrière un rocher où se trouvait le radio Rychtick. Ce dernier me dit que le capitaine était de l’autre côté. En me baissant, je le vis. Il était debout sur un rocher, les jumelles à la main et je l’entendis distinctement crier aux tireurs d’en face :
- Alors, messieurs les fellaghas ! Montrez vos sales gueules et rendez-vous ! Après, il sera trop tard.
Une volée de balles s’abattit sur son rocher sans le toucher. Il répéta son discours et obtint la même réponse. Alors, se tournant vers ses hommes, il entonna : « Légionnaires… A l’assaut ! » et il se mit à chanter « Combien sont tombés au hasard d’un clair matin ». Toute la compagnie reprit le célèbre chant. Incroyable ! Un quart d’heure après, le combat cessa, faute de combattants.
Le commandement décida que l’on resterait sur place pour la nuit, afin de fouiller le terrain le lendemain matin. Il faisait froid car nous étions à 1.300 mètres d’altitude. Eggs m’invita à dormir avec lui et son ordonnance Mayerhoffer nous confectionna une sorte de litière avec de l’alfa, entourée d’un muret de pierres sèches. Sa djellaba nous servit de couverture. Je n’arrivai pas à trouver la bonne position pour dormir. Il s’en rendit compte et bougonna :
- Encore un peu tendre (prononcé à l’allemande, en appuyant sur le « dre »).
Il saisit sa musette remplie d’alfa qui lui servait d’oreiller et me la glissa sous la tête, puis ramassa une grosse pierre sèche pour la remplacer. Je ne savais pas s’il fallait le remercier. J’attendis cinq minutes et lui dis :
- Mon capitaine, Bir Hakeim, c’est quand même autre chose ?
Il ne répondit pas. Il dormait à poings fermés.
Aujourd’hui, le commandant Robert Eggs, grand officier de la Légion d’Honneur est âgé de 93 ans. Il vit avec son épouse en Côte d’Or, très exactement à Ivry-en-Montagne. Il est Français officiellement depuis quelques semaines».
Bir El Ater 1957 – Le Capitaine Eggs à la tête de sa compagnie du 4ème REI. Le porte-fanion est le sergent-chef Campanella.
Re: Capitaine Robert Eggs
merci Daniel je vois qu'il est FRANCAIS depuis quelque semaines
sur les papiers mais de coeur sa fait deja un bail
dans tout les cas
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dans tout les cas
olivier- Admin
- Localisation : 34
Messages : 3867
Date d'inscription : 10/11/2009
Age : 58
Re: Capitaine Robert Eggs
Merci Daniel ainsi que Colonel Richard Marillier.
Ce nom me disait bien quelque chose; vu que je suis , disons, un bon cycliste amateur.
Je n'aurais de toutes facons pas pu aller plus loin car mes seules drogues etaient les barres de fruit ou autre Mars...
Le "Pot belge", tres peu pour moi..
Ce nom me disait bien quelque chose; vu que je suis , disons, un bon cycliste amateur.
Je n'aurais de toutes facons pas pu aller plus loin car mes seules drogues etaient les barres de fruit ou autre Mars...
Le "Pot belge", tres peu pour moi..
Invité- Invité
Biographie de Rudolf EGGS .
Rudolf Eggs
Rudolf Eggs, né le 23 mars 1915 à Brebach, près de Sarrebruck, en Allemagne, et mort le 4 mai 2011 à Beaune, est un officier de la Légion étrangère, résistant français d'origine suisse, Compagnon de la Libération.
Biographie .
Né le 23 mars 1915 à Brebach, près de Sarrebruck dans une famille d'agriculteurs suisses alémaniques, il s'engage dans la Légion étrangère le 12 juin 1936, après son baccalauréat, et sert à Sidi Bel Abbès (1937) puis au Maroc (1938), où il affecté au 3e REI. Sergent en avril 1940, il est affecté à la 13e demi-brigade de Légion étrangère, avec laquelle il participe à la Campagne de Norvège, à la tête d'une section de mortiers. Embarqué à Narvik à destination de Brest en juin 1940, il est ensuite évacué en Angleterre. Le 1er juillet, il s'engage dans les Forces Françaises Libres sous le nom de Robert Goldbin.
Il prend part à la bataille de Dakar, débarque au Cameroun en octobre 1940 puis combat au Gabon en novembre. Il commande une section une section de mortiers lors des campagnes d'Érythrée en mars 1941, de Syrie en juin suivant. Puis il commande la section de mortiers de la 1re brigade française libre durant la guerre du désert et la campagne de Tunisie avec le grade d'adjudant (octobre 1941). Promu adjudant-chef en juillet 1943, il rejoint le front italien en avril 1944, avant de participer au débarquement de Provence le 16 août 1944. Il est blessé à Autun le 10 septembre par des éclats d'obus, puis lors de l'attaque de Grussenheim, durant la bataille de Colmar, le 27 janvier 1945 par des mines anti-char.
Adjudant-chef à la fin de la guerre, il est fait Compagnon de la Libération par décret du 28 mai 1945 et retourne en Afrique du Nord avec son unité en août. Successivement affecté en Indochine (1946-1954), au Maroc (1954-1957), en Algérie (1957-1959 et 1960-1962), à Strasbourg (avril 1959-juin 1960) et à Madagascar (1962-1964), il devient sous-lieutenant à titre étranger en mars 1946, lieutenant en 1948 et capitaine en décembre 1956.
Ayant pris sa retraite comme commandant, il a obtenu la nationalité française par décret du 2 novembre 2007. Il est décédé à Beaune le 4 mai 2011 et a été inhumé au cimetière dd'Ivry-en-Montagne le 11 mai suivant.
Décorations .
Grand officier de la Légion d'honneur
Compagnon de la Libération
Croix de guerre 1939-1945 (3 citations)
Croix de guerre des Théâtres d'opérations extérieurs (3 citations)
Croix de la Valeur militaire (4 citations)
Médaille coloniale avec agrafes « Érythrée », « Libye », « Tunisie », « E-O »
Croix du combattant
Croix du combattant volontaire de la Résistance
Croix du combattant volontaire 1939-1945
Médaille des blessés
Médaille commémorative des services volontaires dans la France libre
Médaille commémorative de la guerre 1939-1945
Médaille commémorative de la campagne d'Italie
Médaille commémorative de la campagne d'Indochine
Médaille commémorative des opérations de sécurité et de maintien de l'ordre en Afrique du Nord
Médaille de la reconnaissance du Roi de Norvège.
Chevalier du Nichan Iftikhar
Officier du Nichan el Anouar
Sources .
Notice biographique de Rudolf Eggs sur le site de l'ordre de la Libération.
« Mort du résistant Rudolf Eggs », AFP, 5 mai 2011, lefigaro
commandoair40- Admin
- Localisation : Marais Poitevin .
Messages : 1542
Date d'inscription : 08/06/2012
Age : 78
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