Histoire et origine des Paras-Colos
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Histoire et origine des Paras-Colos
Il existait en France en 1939 un groupement d'infanterie de l'Air comprenant les 601e et 602e groupes d'infanterie de l'Air. Après la défaite, ces deux unités vont rejoindre l'Algérie où elles seront dissoutes le 25 août 1940.
Mais au même moment, sous l'impulsion d'un de ses chefs le capitaine Bergé, qui a rejoint Londres le 25 juin, une nouvelle unité parachutiste est mise sur pied à Barnes près de Londres : la 1ere compagnie d'infanterie de l'Air dont l'acte de naissance est du 15 septembre 1940.
Sous le commandement des capitaines Bergé et Jordan cette unité ne comprend alors qu'une trentaine d'hommes et se trouve intégrée dans le bataillon du Spécial Air Service britannique, le fameux SAS, dont les hommes sont coiffés (du béret amarante et qui a pour devise " Who dares wins " (" Oui ose, gagne ".)
Dès le mois de janvier 1941, une dizaine d'hommes sont tout spécialement entraînés, en vue de participer à une première opération en France. Celle-ci baptisée " Savannah " avait pour objectif de détruire un car transportant entre Vannes et Meucon les personnels d'un groupe allemand (le repérage qui causait une gêne certaine aux aviateurs britanniques. Largué dans la nuit du 15 au 16 mars 1941, le commando ne pourra accomplir sa mission, l'adversaire ayant modifié son dispositif.
Dès leur seconde opération, " Joséphine B " nos parachutistes obtiennent leur revanche avec la destruction de la centrale électrique de Pessac. Il apparaît alors indispensable à l'état-major de la " France libre " de distinguer les deux types de missions qui peuvent échoir aux commandos parachutistes et de répartir leurs effectifs en conséquence. Un noyau sera formé d'éléments sélectionnés et spécialement entraînés en vue de mener la lutte clandestine en France. Le plus gros du personnel sera affecté à l'action directe et aux coups de mains. Les premiers deviendront l'élément d'exécution du BCRAM (Bureau central- de renseignement et d'action militaire) les seconds participeront à la plupart des opérations aéroportées entre 1942 et 1945 et donnerontnaissance aux parachutistes coloniaux.
La 1ere compagnie quitte l'Angleterre en juillet 1941 pour le Levant. En octobre elle devient 1ere compagnie de chasseurs parachutistes et rejoint Kabrit sur les rives du lac Amer en Egypte où elle fera partie du détachement " L " du SAS sous les ordres du fameux Major Stirling.
Dès lors nos parachutistes vont intervenir en Tripolitaine puis en Libye et même en Crête,opérant des coups de main de va-et-vient contre les aérodromes et les dépôts de carburant ou de matériel de l'adversaire allemand et italien. Initialement largués par parachute et contraints de rejoindre à pied une base installée dans le désert, ils vont progressivement être dotés de véhicules.
La première grande intervention du " French Squadron " a lieu en Crête sur l'aérodrome d'Héraklion le 15 juin 1942. tandis qu'en Libye au même moment d'autres équipes opérant à partir de l'oasis de Siwa vont accomplir une série de missions sur les aérodromes de Derna, Martuhah, Benghazi, Barce, Bagush. Fuka. Sidi Hameisti en liaison avec le fameux LRDG (Long Range Desert Group). C'est à l'issue de l'intervention sur l'aérodrome de Sidi Hameish que sera mortellement blesse le 27 juillet 1942, l'aspirant Zirnheld, compagnon de la Libération.
Peu avant il avait compose la prière qui estdevenue celle des parachutistes mais qui aurait pu tout aussi bien être inspirée à nos grands anciens d'avant la Révolution. aux bâtisseurs de notre Empire colonial ou plus récemment à nos méharistes.
Le 10 décembre 1942, la 1ere compagnie de chasseurs parachutistes repart pour l'Angleterre, mais le capitaine Jordan reste sur place et parvient à former une 2e compagnie de chasseurs parachutistes. Cette unité reçoit du colonel Stirling l'ordre d'attaquer les lignes allemandes à l'ouest de la Tripolitaine et dans le Sud tunisien.
Deux de ses patrouilles seront, le 10 janvier 1943. les premières venant du sud à pénétrer en territoire tunisien avant les unités de la VIIIe armée britannique et des Forces françaises libres (colonne Leclerc et 1ere DFL). Dans la nuit du 22 au 23 janvier, elles forcent la trouée de Gabès fortement tenue par les Allemands pour rejoindre Gafsa après avoir opéré 34 destructions le long de la voie ferrée Sfax-Gabès.
La 2e compagnie rejoint Camberley fin mars 1943 pour s'y refaire. Avec la 1ere compagnie elle va former le 1ere bataillon parachutiste des Forces aériennes françaises libres. Simultanément le 2e bataillon se forme en Tunisie, puis en Tripolitaine. Son recrutement est assuré par des FFL de Syrie et d'Egypte, des volontaires du corps franc d'Afrique créé en Algérie en 1942 et des " déserteurs " des unités françaises stationnées en Tunisie.
Cependant en Algérie, une autre formation parachutiste était à la même époque en train de s'étoffer grâce notamment aux évadés de France. C'est la compagnie d'infanterie de l'Air n° 1, héritière des parachutistes de l'Air qui devient bataillon le 1er mai 1943, puis 1er régiment de chasseurs parachutistes (à deux bataillons) sous les ordres du commandant Sauvagnac.
Entraîné au sein de la 82e division aéroportée américaine, le 1er RCP sera transporté à Trapani en Sicile le 7 avril 1944, puis à Valence le 4 septembre 1944 où il rejoindra la 1ere armée française dont il deviendra une des unités de choc. C'est lui l'ancêtre de tous les régiments de parachutistes métropolitains. Il a conservé longtemps l'épaulette de l'armée de l'Air.
Toutefois, comme il importait d'éviter toute confusion dans la numérotation des bataillons et que les 1er et 2e bataillons constituaient le 1er RCP, le bataillon SAS de Camberley devient 4e bataillon en novembre 1943 tandis que le 2e bataillon SAS créé officiellement en Tripolitaine en juin 1943 prend le numéro 3 et rejoint l'Angleterre en octobre de la même année. Ces deux bataillons restent d'ailleurs intégrés à la brigade SAS britannique dont ils constituent une Cie deux demi-brigades chacun conservant son numéro.
Fin novembre 1943. le commandant Bourgoin prend le commandement du 4e bataillon. Breton, instituteur en A-EF et grand chasseur de fauves,il a déjà fait campagne en Libye et en Syrie avant de débarquer en Algérie avec les Alliés et de perdre un bras au combat en Tunisie. Peu après en janvier 1944. la SAS Brigade rejoint l'Ecosse pour y subir un entraînement approfondi en vue du débarquement. Les deux bataillons deviennent alors régiments. Le 4e bataillon prend le numéro 2, le 3e bataillon conservant le sien.
Il n'est pas possible ici de retracer ce que furent pour les parachutistes SAS les opérations consécutives au débarquement. Qu'il suffise au lecteur de se rappeler que des éléments de la brigade sont parachutés en Bretagne dès le 18 mai 1944. Leur mission est de préparer les débarquements par la mise en place de divers moyens radios, l'établissement des liaisons avec les Forces françaises de l'intérieur et l'exécution d'un plan de destructions.Dans la nuit du 5 au 6 juin, les deux bataillons sont parachutés en Bretagne dont ils contribueront largement à la libération. Par la suite, ils seront équipés de Jeeps et chargés de reconnaître la vallée de la Loire et d'en interdire la rive gauche à l'ennemi. Des patrouilles sont envoyées vers la Sologne et atteignent Châteauroux,Limoges, Bordeaux, Angoulême, Saintes, Rochefort, Poitiers et Périgueux.
Deux ponts de Nevers sont sauvés de la destruction par les hommes du 3e RCP qui poursuivent jusqu'à la Saône et en Franche-Comté. Lors de l'offensive allemande dans les Ardennes-belges, le 2e RCP est engagé en Belgique pour venir en aide à la 101e division aéroportée US dans la région de Bertrix. Il libère Saint-Hubert le 11 janvier 1945 et Limerlé le 21 janvier.
Dans la nuit du 7 au 8 avril 1945, sous les ordres du lieutenant-colonel Paris de Bollardière (de l'Arme) et du commandement Puech-Samson, ils sont parachutés dans le Nord de la Hollande pour créer le maximum de confusion sur les arrières de l'ennemi. Rejoints dans la région de Croningue par les premiers éléments de l'armée canadienne. ils reprennent, mission accomplie, le chemin de l'Angleterre puis de la France où les deux régiments sont fondus en une seule unité qui prend le nom de 2e RCP.
Il nous faut maintenant revenir en arrière. Dès 1943, le commandement français avait mis sur pied en Algérie, un corps léger d'intervention destiné à la poursuite des opérations contre les Japonais. Ce corps comprenait environ 500 hommes spécialement entraînés en vue de la guerre dans la jungle. Il est placé sous le commandement du lieutenant-colonel Huard connu pour sa forte personnalité et sa profonde connaissance de l'Indochine. Le CLI devait par la force des choses faire partie du corps expéditionnaire français en Extrême-Orient créé en septembre 1944.
Ses premiers cadres et personnels furent tout naturellement des marsouins, avant servi en Indochine ou arrivant d'A-OF. Le CLI,auquel le drapeau du 5e RIC avait été confié devint 5e RIC le 1er mai 1945.
Dirigé sur l'Extrême-Orient il débarque a Colombo fin mai 1945. De 700 environ ses effectifs vont passer à plus de 1 000 grâce à l'apport du commando Ponchardier composé d'officiers, d'officiers mariniers et de personnels de l'aéronavale. Viendra s'y adjoindre également le commando Conus, unité d'une trentaine d'hommes, portant le nom de son chef, grandchasseur en A-EF, qui suit en Indochine le général Leclerc et, sur une boutade de celui-ci.crée son propre commando recruté par ses soins parmi des volontaires de toutes origines et de tous grades.
Le CLI - 5e RIC va jouer un rôle très important dans les opérations de dégagement de Saigon en octobre 1945 en liaison avec les éléments du groupement de marche de la 2e DB avant d'être engagé au Cambodge, en Cochinchine et au Sud-Annam.
Les contraintes tactiques vont ensuite le faire éclater, le transformant progressivement en une simple formation administrative au printemps 1946 avant sa dissolution le 30 juin 1946.
Dans l'intervalle, les Britanniques avaient mis sur pied la Force 136 dépendant du South Fast Asia Command, lui-même placé sous le commandement de l'amiral Mountbatten. Cette Force 136 comprend une section française dont le service Action est dirigé par le lieutenant-colonel de Crèvecoeur et qui est la branche asiatique du " Subversive Opération Executive "anglais.
A partir du 21 décembre 1944, trois petits détachements de cadres sont parachutés dans la plaine des Jarres. Le premier composé de 11 officiers et sous-officiers est commandé par le capitaine Ayrolles.
D'autres détachements semblables vont être largués sur la rivière Noire en mars 1945 et la compagnie B du CLI - 5e RIC près de Vientiane en septembre 1945.
Pendant ce temps, en France, le 2e régiment de chasseurs parachutistes SAS est passé sous le commandement du lieutenant-colonel Paris de Bollardière qui veut poursuivre le combat en Indochine. Pour sa part, le général Leclerc a sollicité l'envoi d'un groupe de bataillons parachutistes. La mise sur pied du premier d'entre eux est décidée en novembre 1945 et le chef de corps du 2e RCP n'a aucun mal à trouver les volontaires pour former la 1ere demi-brigade de parachutistes SAS dont le 1er bataillon débarque à Saigon le 27 février 1946. Le deuxième va suivre et la 1ere demi-brigade fournira les détachements parachutés au Laos, au Cambodge et au Tonkin où ils prendront une part active au dégagement du port de Haïphong et à la libération de Nam-Dinh ou le 6e RIC sera encerclé par les Viets du 19 décembre 1946 au11 mars 1947.
Début 1947, la réorganisation de l'armée de terre et la mise sur pied de la 25e division aéroportée, entraînent la dissolution du 2e régiment de chasseurs parachutistes SAS dont le drapeau est confié à la 1ere demi-brigade de parachutistes SAS alors en Indochine.
De son côté le général Landouzy, alors directeur des troupes coloniales, se préoccupe de la relève de la la demi-brigade.. Le ler février 1947 il crée le 5e bataillon parachutiste de l'infanterie coloniale qui sera formé à Tarbes et placé sous le commandement du capitaine Dupuis. Cet officier, ancien du bataillon de tirailleurs montagnards du Sud-Annam, a participé à la guerre 1939-40 en qualité d'observateur aérien. Il a été deux fois abattu par la chasse allemande, avant de prendre une part active à la Résistance et de rejoindre en Indochine le commandoPonchardier.
Le bataillon qui s'est vu confier la garde du drapeau du 5e RIC assure la continuité avec la demi-brigade SAS dont il a reçu une partie des cadres à leur retour d'Indochine. Il devient l'élément de base de tout le système des bataillons paras envoyés outre-mer. Le 23 juin 1947, il met sur pied un détachement de 700 hommes qui embarque en octobre sous le commandementdu capitaine Dupuis et qui deviendra le 2e bataillon de la demi-brigade à son arrivée en Indochine le 15 novembre 1947.
Le 13 août 1947, l'état-major des armées décide la création de la 3e demi-brigade coloniale de commandos parachutistes qui se formera à Vannes a compter du 1er octobre sous le commandement du colonel Massu. Le principe adopté consiste à former toutes les unités dans le même moule : le bataillon de commandement est installé à Vannes-Meucon avec sa compagnie d'instruction, pour ne donner leur vie propre aux bataillons que lors de leur affectation outre-mer.
A la fin du premier semestre 1948, l'organisation des parachutistes coloniaux présente sa forme presque définitive.
Une demi-brigade est définitivement stationnée en métropole, la 1ere DBCCP et détient le drapeau du 2e RCP (SAS) et une autre demi-brigade est définitivement stationnée en Indochine avec le drapeau du 5e RIC Quant aux bataillons, leur ordre est le suivant :
-1er BCCP (capitaine Ducasse) : Indochine,en instance de rapatriement;
- 2e, BCCP (commandant Dupuis, tué en septembre 1948 puis capitaine Trinquier) : Indochine, rapatriable en novembre 1949;
- 3e BCCP (commandant Ayrolles) : embarquement prévu fin septembre 1948;
- 4e BCCP (capitaine Ducasse) : à créer début 1949;
- 5e BCCP (commandant Graîl) : parti le 5 juin pour l'Indochine;
- 6e BCCP (commandant Verniéres) :embarquement prévu début 1949
Au cours de la guerre d'Indochine les 1er 2e, 3e ,4e,5e,6e,7e et 8e BCCP vont ainsi se succéder là-bas, certains d'entre eux effectuant plusieursséjours après remise sur pied en métropole à l'issue de chacun d'eux. Plus tard sera inaugurée à Meucon, une stèle à la mémoire des 3.600 parachutistes de la 1er demi-brigade coloniale de commandos parachutistes tués à l'ennemi en Indochine de 1946 à 1954.
Dans les autres territoires d'outre-mer, rien n'est encore définitivement arrêté à l'époque mais sont prévus :
- en A-EF : un groupe de commandos;
- en A-OF : un bataillon de commandos à 3 groupes;
- à Madagascar : un groupe de commandos
Le déclenchement des opérations en Algérie va modifier le dispositif. Les bataillons deviennent régiments, mais leur nombre se réduit. La demi-brigade coloniale parachutiste est dissoute et vient s'installer à Bayonne où elle donne naissance à une brigade parachutiste coloniale créée le 20 janvier 1956 au sein de la 25e DP et qui comprend :
- E-M et Cie de QG à Bayonne;
- centre d'instruction à Rayonne et Mont-de-Marsan
L'instruction de base des personnels et désormais assurée au centre d'instruction de la brigade à Rayonne, les sauts s'effectuant à Pau.
Pendant la campagne d'Algérie, la brigade est la maison-mère de toutes les formations :
- 2e, 3e, 6e et 8e régiments de parachutistes coloniaux qui participent à toutes les opérations et sont en quelque sorte la " garde " du commandement en Algérie;
- 7e régiment créé à Dakar en juillet 1957 où il donnera naissance au 1er RIAOM le 1er avril 1965 ;
- 5e batallon parachutiste stationné à Madagascar qui deviendra 2e RPIMa en 1965;
- compagnie parachutiste d'A-EF stationnée à Brazzaville et qui deviendra compagnie parachutiste du 6e RIAOM à Bouar, puis à Fort-Lamy
Depuis 1962, la brigade parachutiste d'infanterie de marine a été dissoute pour devenir 1er régiment de parachutistes d'infanterie de marine.
Les quatre autres régiments parachutistes restant sont :
- 2e à La Réunion;
- 3e à Carcassonne;
- 6e à Mont-de-Marsan;
- 8e à Castres
Comme leurs anciens les parachutistes continuent de mettre en application la devise des SAS " Qui ose, gagne ".
Depuis 1962, ils ont participé à toutes les opérations extérieures, au Tchad et au Liban notamment Fer de lance de l'armée française, ils sont maintenus constamment prêts à intervenir
Près de 3.000 d'entre eux accomplissent leur mission hors de France dans des conditions souvent délicates et difficiles, au Liban en particulier.
Pour améliorer la disponibilité opérationnelle dans le cadre de l'intervention extérieure, un groupement aéroporté a été constitué qui comprend notamment les 3e et 8e dont les effectifs, 5.000 hommes entièrement professionnalises. se caractérisent par leur jeunesse. leur entraînement et leur allant et font l'admiration des formations parachutistes des armées occidentales.
La Prière du para est à rapprocher de celle que formule Psichari, l'incroyant, qui abandonne la Sorbonne pour rejoindre l'artillerie coloniale, passe dix-huit mois dans la région de la Sangha et du Logone, avant de rejoindre la Mauritanie en 1910.
C'est là qu'au contact de l'Islam, il comprend que " renier la chrétienté, c'est renier la France ". Il a été tué le 22 août 1914 à Saint-Vincent-Rossignol où son corps repose encore aujourd'hui .
" Mon Dieu, donnez-moi le courage et la vaillance; la vigueur du corps et la patience de l'âme.
Faites que je trouve beau ce qui paraît mesquin au reste des hommes... "
Cette présentation des Origines des Parachutistes d'Infanterie de Marine est extraite du livre " Les Troupes De Marine " 1622-1984 aux éditions LAVAUZELLE.
Mais au même moment, sous l'impulsion d'un de ses chefs le capitaine Bergé, qui a rejoint Londres le 25 juin, une nouvelle unité parachutiste est mise sur pied à Barnes près de Londres : la 1ere compagnie d'infanterie de l'Air dont l'acte de naissance est du 15 septembre 1940.
Sous le commandement des capitaines Bergé et Jordan cette unité ne comprend alors qu'une trentaine d'hommes et se trouve intégrée dans le bataillon du Spécial Air Service britannique, le fameux SAS, dont les hommes sont coiffés (du béret amarante et qui a pour devise " Who dares wins " (" Oui ose, gagne ".)
Dès le mois de janvier 1941, une dizaine d'hommes sont tout spécialement entraînés, en vue de participer à une première opération en France. Celle-ci baptisée " Savannah " avait pour objectif de détruire un car transportant entre Vannes et Meucon les personnels d'un groupe allemand (le repérage qui causait une gêne certaine aux aviateurs britanniques. Largué dans la nuit du 15 au 16 mars 1941, le commando ne pourra accomplir sa mission, l'adversaire ayant modifié son dispositif.
Dès leur seconde opération, " Joséphine B " nos parachutistes obtiennent leur revanche avec la destruction de la centrale électrique de Pessac. Il apparaît alors indispensable à l'état-major de la " France libre " de distinguer les deux types de missions qui peuvent échoir aux commandos parachutistes et de répartir leurs effectifs en conséquence. Un noyau sera formé d'éléments sélectionnés et spécialement entraînés en vue de mener la lutte clandestine en France. Le plus gros du personnel sera affecté à l'action directe et aux coups de mains. Les premiers deviendront l'élément d'exécution du BCRAM (Bureau central- de renseignement et d'action militaire) les seconds participeront à la plupart des opérations aéroportées entre 1942 et 1945 et donnerontnaissance aux parachutistes coloniaux.
La 1ere compagnie quitte l'Angleterre en juillet 1941 pour le Levant. En octobre elle devient 1ere compagnie de chasseurs parachutistes et rejoint Kabrit sur les rives du lac Amer en Egypte où elle fera partie du détachement " L " du SAS sous les ordres du fameux Major Stirling.
Dès lors nos parachutistes vont intervenir en Tripolitaine puis en Libye et même en Crête,opérant des coups de main de va-et-vient contre les aérodromes et les dépôts de carburant ou de matériel de l'adversaire allemand et italien. Initialement largués par parachute et contraints de rejoindre à pied une base installée dans le désert, ils vont progressivement être dotés de véhicules.
La première grande intervention du " French Squadron " a lieu en Crête sur l'aérodrome d'Héraklion le 15 juin 1942. tandis qu'en Libye au même moment d'autres équipes opérant à partir de l'oasis de Siwa vont accomplir une série de missions sur les aérodromes de Derna, Martuhah, Benghazi, Barce, Bagush. Fuka. Sidi Hameisti en liaison avec le fameux LRDG (Long Range Desert Group). C'est à l'issue de l'intervention sur l'aérodrome de Sidi Hameish que sera mortellement blesse le 27 juillet 1942, l'aspirant Zirnheld, compagnon de la Libération.
Peu avant il avait compose la prière qui estdevenue celle des parachutistes mais qui aurait pu tout aussi bien être inspirée à nos grands anciens d'avant la Révolution. aux bâtisseurs de notre Empire colonial ou plus récemment à nos méharistes.
Le 10 décembre 1942, la 1ere compagnie de chasseurs parachutistes repart pour l'Angleterre, mais le capitaine Jordan reste sur place et parvient à former une 2e compagnie de chasseurs parachutistes. Cette unité reçoit du colonel Stirling l'ordre d'attaquer les lignes allemandes à l'ouest de la Tripolitaine et dans le Sud tunisien.
Deux de ses patrouilles seront, le 10 janvier 1943. les premières venant du sud à pénétrer en territoire tunisien avant les unités de la VIIIe armée britannique et des Forces françaises libres (colonne Leclerc et 1ere DFL). Dans la nuit du 22 au 23 janvier, elles forcent la trouée de Gabès fortement tenue par les Allemands pour rejoindre Gafsa après avoir opéré 34 destructions le long de la voie ferrée Sfax-Gabès.
La 2e compagnie rejoint Camberley fin mars 1943 pour s'y refaire. Avec la 1ere compagnie elle va former le 1ere bataillon parachutiste des Forces aériennes françaises libres. Simultanément le 2e bataillon se forme en Tunisie, puis en Tripolitaine. Son recrutement est assuré par des FFL de Syrie et d'Egypte, des volontaires du corps franc d'Afrique créé en Algérie en 1942 et des " déserteurs " des unités françaises stationnées en Tunisie.
Cependant en Algérie, une autre formation parachutiste était à la même époque en train de s'étoffer grâce notamment aux évadés de France. C'est la compagnie d'infanterie de l'Air n° 1, héritière des parachutistes de l'Air qui devient bataillon le 1er mai 1943, puis 1er régiment de chasseurs parachutistes (à deux bataillons) sous les ordres du commandant Sauvagnac.
Entraîné au sein de la 82e division aéroportée américaine, le 1er RCP sera transporté à Trapani en Sicile le 7 avril 1944, puis à Valence le 4 septembre 1944 où il rejoindra la 1ere armée française dont il deviendra une des unités de choc. C'est lui l'ancêtre de tous les régiments de parachutistes métropolitains. Il a conservé longtemps l'épaulette de l'armée de l'Air.
Toutefois, comme il importait d'éviter toute confusion dans la numérotation des bataillons et que les 1er et 2e bataillons constituaient le 1er RCP, le bataillon SAS de Camberley devient 4e bataillon en novembre 1943 tandis que le 2e bataillon SAS créé officiellement en Tripolitaine en juin 1943 prend le numéro 3 et rejoint l'Angleterre en octobre de la même année. Ces deux bataillons restent d'ailleurs intégrés à la brigade SAS britannique dont ils constituent une Cie deux demi-brigades chacun conservant son numéro.
Fin novembre 1943. le commandant Bourgoin prend le commandement du 4e bataillon. Breton, instituteur en A-EF et grand chasseur de fauves,il a déjà fait campagne en Libye et en Syrie avant de débarquer en Algérie avec les Alliés et de perdre un bras au combat en Tunisie. Peu après en janvier 1944. la SAS Brigade rejoint l'Ecosse pour y subir un entraînement approfondi en vue du débarquement. Les deux bataillons deviennent alors régiments. Le 4e bataillon prend le numéro 2, le 3e bataillon conservant le sien.
Il n'est pas possible ici de retracer ce que furent pour les parachutistes SAS les opérations consécutives au débarquement. Qu'il suffise au lecteur de se rappeler que des éléments de la brigade sont parachutés en Bretagne dès le 18 mai 1944. Leur mission est de préparer les débarquements par la mise en place de divers moyens radios, l'établissement des liaisons avec les Forces françaises de l'intérieur et l'exécution d'un plan de destructions.Dans la nuit du 5 au 6 juin, les deux bataillons sont parachutés en Bretagne dont ils contribueront largement à la libération. Par la suite, ils seront équipés de Jeeps et chargés de reconnaître la vallée de la Loire et d'en interdire la rive gauche à l'ennemi. Des patrouilles sont envoyées vers la Sologne et atteignent Châteauroux,Limoges, Bordeaux, Angoulême, Saintes, Rochefort, Poitiers et Périgueux.
Deux ponts de Nevers sont sauvés de la destruction par les hommes du 3e RCP qui poursuivent jusqu'à la Saône et en Franche-Comté. Lors de l'offensive allemande dans les Ardennes-belges, le 2e RCP est engagé en Belgique pour venir en aide à la 101e division aéroportée US dans la région de Bertrix. Il libère Saint-Hubert le 11 janvier 1945 et Limerlé le 21 janvier.
Dans la nuit du 7 au 8 avril 1945, sous les ordres du lieutenant-colonel Paris de Bollardière (de l'Arme) et du commandement Puech-Samson, ils sont parachutés dans le Nord de la Hollande pour créer le maximum de confusion sur les arrières de l'ennemi. Rejoints dans la région de Croningue par les premiers éléments de l'armée canadienne. ils reprennent, mission accomplie, le chemin de l'Angleterre puis de la France où les deux régiments sont fondus en une seule unité qui prend le nom de 2e RCP.
Il nous faut maintenant revenir en arrière. Dès 1943, le commandement français avait mis sur pied en Algérie, un corps léger d'intervention destiné à la poursuite des opérations contre les Japonais. Ce corps comprenait environ 500 hommes spécialement entraînés en vue de la guerre dans la jungle. Il est placé sous le commandement du lieutenant-colonel Huard connu pour sa forte personnalité et sa profonde connaissance de l'Indochine. Le CLI devait par la force des choses faire partie du corps expéditionnaire français en Extrême-Orient créé en septembre 1944.
Ses premiers cadres et personnels furent tout naturellement des marsouins, avant servi en Indochine ou arrivant d'A-OF. Le CLI,auquel le drapeau du 5e RIC avait été confié devint 5e RIC le 1er mai 1945.
Dirigé sur l'Extrême-Orient il débarque a Colombo fin mai 1945. De 700 environ ses effectifs vont passer à plus de 1 000 grâce à l'apport du commando Ponchardier composé d'officiers, d'officiers mariniers et de personnels de l'aéronavale. Viendra s'y adjoindre également le commando Conus, unité d'une trentaine d'hommes, portant le nom de son chef, grandchasseur en A-EF, qui suit en Indochine le général Leclerc et, sur une boutade de celui-ci.crée son propre commando recruté par ses soins parmi des volontaires de toutes origines et de tous grades.
Le CLI - 5e RIC va jouer un rôle très important dans les opérations de dégagement de Saigon en octobre 1945 en liaison avec les éléments du groupement de marche de la 2e DB avant d'être engagé au Cambodge, en Cochinchine et au Sud-Annam.
Les contraintes tactiques vont ensuite le faire éclater, le transformant progressivement en une simple formation administrative au printemps 1946 avant sa dissolution le 30 juin 1946.
Dans l'intervalle, les Britanniques avaient mis sur pied la Force 136 dépendant du South Fast Asia Command, lui-même placé sous le commandement de l'amiral Mountbatten. Cette Force 136 comprend une section française dont le service Action est dirigé par le lieutenant-colonel de Crèvecoeur et qui est la branche asiatique du " Subversive Opération Executive "anglais.
A partir du 21 décembre 1944, trois petits détachements de cadres sont parachutés dans la plaine des Jarres. Le premier composé de 11 officiers et sous-officiers est commandé par le capitaine Ayrolles.
D'autres détachements semblables vont être largués sur la rivière Noire en mars 1945 et la compagnie B du CLI - 5e RIC près de Vientiane en septembre 1945.
Pendant ce temps, en France, le 2e régiment de chasseurs parachutistes SAS est passé sous le commandement du lieutenant-colonel Paris de Bollardière qui veut poursuivre le combat en Indochine. Pour sa part, le général Leclerc a sollicité l'envoi d'un groupe de bataillons parachutistes. La mise sur pied du premier d'entre eux est décidée en novembre 1945 et le chef de corps du 2e RCP n'a aucun mal à trouver les volontaires pour former la 1ere demi-brigade de parachutistes SAS dont le 1er bataillon débarque à Saigon le 27 février 1946. Le deuxième va suivre et la 1ere demi-brigade fournira les détachements parachutés au Laos, au Cambodge et au Tonkin où ils prendront une part active au dégagement du port de Haïphong et à la libération de Nam-Dinh ou le 6e RIC sera encerclé par les Viets du 19 décembre 1946 au11 mars 1947.
Début 1947, la réorganisation de l'armée de terre et la mise sur pied de la 25e division aéroportée, entraînent la dissolution du 2e régiment de chasseurs parachutistes SAS dont le drapeau est confié à la 1ere demi-brigade de parachutistes SAS alors en Indochine.
De son côté le général Landouzy, alors directeur des troupes coloniales, se préoccupe de la relève de la la demi-brigade.. Le ler février 1947 il crée le 5e bataillon parachutiste de l'infanterie coloniale qui sera formé à Tarbes et placé sous le commandement du capitaine Dupuis. Cet officier, ancien du bataillon de tirailleurs montagnards du Sud-Annam, a participé à la guerre 1939-40 en qualité d'observateur aérien. Il a été deux fois abattu par la chasse allemande, avant de prendre une part active à la Résistance et de rejoindre en Indochine le commandoPonchardier.
Le bataillon qui s'est vu confier la garde du drapeau du 5e RIC assure la continuité avec la demi-brigade SAS dont il a reçu une partie des cadres à leur retour d'Indochine. Il devient l'élément de base de tout le système des bataillons paras envoyés outre-mer. Le 23 juin 1947, il met sur pied un détachement de 700 hommes qui embarque en octobre sous le commandementdu capitaine Dupuis et qui deviendra le 2e bataillon de la demi-brigade à son arrivée en Indochine le 15 novembre 1947.
Le 13 août 1947, l'état-major des armées décide la création de la 3e demi-brigade coloniale de commandos parachutistes qui se formera à Vannes a compter du 1er octobre sous le commandement du colonel Massu. Le principe adopté consiste à former toutes les unités dans le même moule : le bataillon de commandement est installé à Vannes-Meucon avec sa compagnie d'instruction, pour ne donner leur vie propre aux bataillons que lors de leur affectation outre-mer.
A la fin du premier semestre 1948, l'organisation des parachutistes coloniaux présente sa forme presque définitive.
Une demi-brigade est définitivement stationnée en métropole, la 1ere DBCCP et détient le drapeau du 2e RCP (SAS) et une autre demi-brigade est définitivement stationnée en Indochine avec le drapeau du 5e RIC Quant aux bataillons, leur ordre est le suivant :
-1er BCCP (capitaine Ducasse) : Indochine,en instance de rapatriement;
- 2e, BCCP (commandant Dupuis, tué en septembre 1948 puis capitaine Trinquier) : Indochine, rapatriable en novembre 1949;
- 3e BCCP (commandant Ayrolles) : embarquement prévu fin septembre 1948;
- 4e BCCP (capitaine Ducasse) : à créer début 1949;
- 5e BCCP (commandant Graîl) : parti le 5 juin pour l'Indochine;
- 6e BCCP (commandant Verniéres) :embarquement prévu début 1949
Au cours de la guerre d'Indochine les 1er 2e, 3e ,4e,5e,6e,7e et 8e BCCP vont ainsi se succéder là-bas, certains d'entre eux effectuant plusieursséjours après remise sur pied en métropole à l'issue de chacun d'eux. Plus tard sera inaugurée à Meucon, une stèle à la mémoire des 3.600 parachutistes de la 1er demi-brigade coloniale de commandos parachutistes tués à l'ennemi en Indochine de 1946 à 1954.
Dans les autres territoires d'outre-mer, rien n'est encore définitivement arrêté à l'époque mais sont prévus :
- en A-EF : un groupe de commandos;
- en A-OF : un bataillon de commandos à 3 groupes;
- à Madagascar : un groupe de commandos
Le déclenchement des opérations en Algérie va modifier le dispositif. Les bataillons deviennent régiments, mais leur nombre se réduit. La demi-brigade coloniale parachutiste est dissoute et vient s'installer à Bayonne où elle donne naissance à une brigade parachutiste coloniale créée le 20 janvier 1956 au sein de la 25e DP et qui comprend :
- E-M et Cie de QG à Bayonne;
- centre d'instruction à Rayonne et Mont-de-Marsan
L'instruction de base des personnels et désormais assurée au centre d'instruction de la brigade à Rayonne, les sauts s'effectuant à Pau.
Pendant la campagne d'Algérie, la brigade est la maison-mère de toutes les formations :
- 2e, 3e, 6e et 8e régiments de parachutistes coloniaux qui participent à toutes les opérations et sont en quelque sorte la " garde " du commandement en Algérie;
- 7e régiment créé à Dakar en juillet 1957 où il donnera naissance au 1er RIAOM le 1er avril 1965 ;
- 5e batallon parachutiste stationné à Madagascar qui deviendra 2e RPIMa en 1965;
- compagnie parachutiste d'A-EF stationnée à Brazzaville et qui deviendra compagnie parachutiste du 6e RIAOM à Bouar, puis à Fort-Lamy
Depuis 1962, la brigade parachutiste d'infanterie de marine a été dissoute pour devenir 1er régiment de parachutistes d'infanterie de marine.
Les quatre autres régiments parachutistes restant sont :
- 2e à La Réunion;
- 3e à Carcassonne;
- 6e à Mont-de-Marsan;
- 8e à Castres
Comme leurs anciens les parachutistes continuent de mettre en application la devise des SAS " Qui ose, gagne ".
Depuis 1962, ils ont participé à toutes les opérations extérieures, au Tchad et au Liban notamment Fer de lance de l'armée française, ils sont maintenus constamment prêts à intervenir
Près de 3.000 d'entre eux accomplissent leur mission hors de France dans des conditions souvent délicates et difficiles, au Liban en particulier.
Pour améliorer la disponibilité opérationnelle dans le cadre de l'intervention extérieure, un groupement aéroporté a été constitué qui comprend notamment les 3e et 8e dont les effectifs, 5.000 hommes entièrement professionnalises. se caractérisent par leur jeunesse. leur entraînement et leur allant et font l'admiration des formations parachutistes des armées occidentales.
La Prière du para est à rapprocher de celle que formule Psichari, l'incroyant, qui abandonne la Sorbonne pour rejoindre l'artillerie coloniale, passe dix-huit mois dans la région de la Sangha et du Logone, avant de rejoindre la Mauritanie en 1910.
C'est là qu'au contact de l'Islam, il comprend que " renier la chrétienté, c'est renier la France ". Il a été tué le 22 août 1914 à Saint-Vincent-Rossignol où son corps repose encore aujourd'hui .
" Mon Dieu, donnez-moi le courage et la vaillance; la vigueur du corps et la patience de l'âme.
Faites que je trouve beau ce qui paraît mesquin au reste des hommes... "
Cette présentation des Origines des Parachutistes d'Infanterie de Marine est extraite du livre " Les Troupes De Marine " 1622-1984 aux éditions LAVAUZELLE.
TROUPES COLONIALES ET DE MARINE
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