la Stratégie selon le Général Jomini
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la Stratégie selon le Général Jomini
Avant d'aller plus loin, il est important de préciser que les tactiques ne survivent pas aux changements d'époque ; seules la stratégie et la base des opérations restent les mêmes.
Les principes énoncés par Jomini sont tirés de l'observation de multiples campagnes militaires, tant d'Alexandre le Grand, que de César, Frédéric le Grand, Napoléon Bonaparte et celles de la Grande Armée :
Dans un premier temps :
précisément localiser les fronts droit, centre et gauche de l'ennemi ;
comparer les forces réciproques entre ces fronts et les siens propres ;
attaquer énergiquement sur celui qui vous semble le plus faible.
Ensuite :
poursuivre l'ennemi avec énergie ;
en montagne, couvrir le front avec de petits détachements, pour repérer l'ennemi, avant de l'attaquer avec le gros de ses troupes, avant qu'il ne soit rassemblé.
toujours manœuvrer de manière à couper l'ennemi de ses bases.
Certains principes ont été repris dans la théorie de la guerre de blindés en général, alors que Carl von Clausewitz disparaissait peu à peu des pensées :
prendre l'initiative des mouvements ;
attaquer le point le plus faible ;
combiner force et mobilité dans l'offensive ;
disperser l'ennemi par de fausses attaques ;
des trois alternatives, défensive, offensive, ou une combinaison des deux, choisir soit la deuxième soit la troisième ;
si la supériorité d'une armée face à une autre est vraiment forte, elle aura tout intérêt à ne pas concentrer ses forces, mais à attaquer en deux points, comme les deux ailes.
En fait, d'autres principes extrêmement importants de Jomini ne peuvent pas être simplifiés en une ligne. Mais on peut rajouter :
Ne jamais conduire une offensive par le littoral, sauf si le ravitaillement provient de la mer.
D'autre part, une des grandes idées de Jomini est la différenciation des théâtres d'opération avec les zones et les lignes d'opération et des lignes de communication et de ravitaillement. La simple compréhension de ces différenciations fait déjà beaucoup pour comprendre les idées opérationnelles générales de Jomini.
Les idées de Clausewitz furent jugées plus profondes à la fin du XIXe siècle, en raison notamment de leur approche apparemment plus philosophique et globale de la guerre et surtout de l'influence de l'école germano-prussienne de stratégie. Elles commencent au contraire à marquer leur âge. Les guerres d‘extermination, très coûteuses en vies humaines, ont marqué la première moitié du XXe siècle. Celles de la fin du siècle ont été remportées en appliquant des principes stratégiques plus efficaces exprimés clairement par Jomini : « Porter, par des combinaisons stratégiques, le gros des forces d’une armée, successivement sur les points décisifs d’un théâtre de guerre, et autant que possible sur les communications de l’ennemi sans compromettre les siennes ».
L’approche stratégique américaine, est avant tout d'essence jominienne. Il n’est pas dans la philosophie du peuple américain de laisser une trop large place au hasard ; les « frictions » de Clausewitz ne sont pas pour séduire leur esprit pragmatique. En mettant en œuvre des moyens logistiques, et en limitant au maximum la part des impondérables, ils ont remporté des victoires sur presque tous leurs théâtres d’opération, y compris celui du Golfe persique, et plus récemment en Afghanistan et en Irak.
Jomini, personnage d'exception, dont l'extraordinaire clairvoyance, a permis de décrypter les mécanismes complexes de l’art de la guerre, et de réaliser l’exégèse des victoires des plus remarquables stratèges de tous les temps, Frédéric II et Napoléon Bonaparte. Son influence, niée par les uns, exagérée peut-être par les autres, continue de susciter l’intérêt et la passion et d’imprimer sa marque sur la pensée stratégique.
La Carrière Militaire qui lui a permis de dévelloper sa stratégie commença En 1798, il est secrétaire du ministre de la Guerre de la République helvétique pour devenir son adjoint en 1800, avec le grade de chef de bataillon. Mais il démissionne dès 1801.
Autodidacte de génie, il est découvert en 1803 par le maréchal Ney qui l’aide à publier ses premières œuvres (Traité de grande tactique). Il débute sa carrière militaire comme volontaire dans l’armée française au camp de Boulogne sous les ordres du maréchal Ney. Il acquiert rapidement une grande renommée pour ses écrits. Napoléon l'appelle à l'État-major de la Grande Armée, avec le grade de général de brigade. Il participe à la campagne d’Allemagne en 1805, à la campagne de Prusse en 1806 (Iéna, Auerstaedt), à la campagne de 1807 en Pologne (Eylau) à la campagne d'Espagne. Il participe aussi à la campagne de Russie comme gouverneur de Vilnius, puis gouverneur de Smolensk. Il découvre le passage de Studianka, sur la Bérézina, qui permet à la Grande Armée d'échapper à Wittgenstein et à une destruction totale. Bien que gravement malade, il parvient à rentrer en France.
En 1813, il participe comme chef d’état-major du maréchal Ney, aux batailles de Lützen et de Bautzen. Pour sa contribution au succès de cette journée, le maréchal Ney le place en tête du tableau d’avancement pour une nomination au grade de général de division. Hélas, la requête est rejetée par le maréchal Berthier pour un motif futile. Ulcéré de cet ultime affront, Jomini profite de l'armistice pour rejoindre l’Armée russe, ou l'attend depuis des années la promesse d'une carrière brillante.
Il sert dans l'Armée russe d’abord avec le grade de général de division (lieutenant général) et devient aide de camp de l'Empereur Alexandre Ier. À son tour Nicolas Ier se l’attache comme conseiller privé et le nomme Général en Chef en 1826. Il participe comme conseiller du tsar à la campagne de Turquie de 1828. Il est de nouveau consulté lors de la guerre de Crimée en 1854. Le tsar Nicolas Ier le charge d'étudier une réforme de l'enseignement militaire, et de revoir les plans des forteresses de l'Empire. De plus il reçoit la charge de précepteur militaire du tsarévitch Alexandre, qui sera plus tard le tsar Alexandre II, grand réformateur de la Russie. Il pose les bases de l’Académie militaire, et consacre à ce projet beaucoup de temps et d’énergie. Des intrigues l’empêchent de devenir le premier directeur de cette académie.
Napoléon III le consulte pour la campagne d'Italie en 1859.
Le général Jomini est l'auteur d'une très importante œuvre d'historien et de critique militaire. Il est l'auteur en particulier du Traité des grandes opérations militaires, contenant l'histoire critique des campagnes de Frédéric II qui lui permit de mettre sur pied une approche profondément originale de l’art militaire et de forger ses propres convictions en matière de stratégie. Puis entre 1820 et 1824 il publia une Histoire des Guerres de la Révolutions en 15 volumes, à laquelle se réfèrent de nombreux historiens (Thiers lui fait de nombreux emprunts). Il publia en 1827, après la mort de Napoléon à Sainte-Hélène, une passionnante Vie politique et militaire de Napoléon en 4 volumes écrite à la première personne, et si crédible, que cela lui valut le surnom de « devin de Napoléon ». Cet ouvrage fut traduit aux États-Unis par le Général américain de la guerre de Sécession, Henry Wager Halleck et publié en 1864.
D’autres œuvres historiques qui s’inspirent des « Souvenirs » du général Jomini, ont été publiées après sa mort. C’est le cas du Précis politique et militaire des campagnes de 1812 à 1814 publié par Ferdinand Lecomte en 1886, et de Guerre d’Espagne publié en 1892.
Les principes énoncés par Jomini sont tirés de l'observation de multiples campagnes militaires, tant d'Alexandre le Grand, que de César, Frédéric le Grand, Napoléon Bonaparte et celles de la Grande Armée :
Dans un premier temps :
précisément localiser les fronts droit, centre et gauche de l'ennemi ;
comparer les forces réciproques entre ces fronts et les siens propres ;
attaquer énergiquement sur celui qui vous semble le plus faible.
Ensuite :
poursuivre l'ennemi avec énergie ;
en montagne, couvrir le front avec de petits détachements, pour repérer l'ennemi, avant de l'attaquer avec le gros de ses troupes, avant qu'il ne soit rassemblé.
toujours manœuvrer de manière à couper l'ennemi de ses bases.
Certains principes ont été repris dans la théorie de la guerre de blindés en général, alors que Carl von Clausewitz disparaissait peu à peu des pensées :
prendre l'initiative des mouvements ;
attaquer le point le plus faible ;
combiner force et mobilité dans l'offensive ;
disperser l'ennemi par de fausses attaques ;
des trois alternatives, défensive, offensive, ou une combinaison des deux, choisir soit la deuxième soit la troisième ;
si la supériorité d'une armée face à une autre est vraiment forte, elle aura tout intérêt à ne pas concentrer ses forces, mais à attaquer en deux points, comme les deux ailes.
En fait, d'autres principes extrêmement importants de Jomini ne peuvent pas être simplifiés en une ligne. Mais on peut rajouter :
Ne jamais conduire une offensive par le littoral, sauf si le ravitaillement provient de la mer.
D'autre part, une des grandes idées de Jomini est la différenciation des théâtres d'opération avec les zones et les lignes d'opération et des lignes de communication et de ravitaillement. La simple compréhension de ces différenciations fait déjà beaucoup pour comprendre les idées opérationnelles générales de Jomini.
Les idées de Clausewitz furent jugées plus profondes à la fin du XIXe siècle, en raison notamment de leur approche apparemment plus philosophique et globale de la guerre et surtout de l'influence de l'école germano-prussienne de stratégie. Elles commencent au contraire à marquer leur âge. Les guerres d‘extermination, très coûteuses en vies humaines, ont marqué la première moitié du XXe siècle. Celles de la fin du siècle ont été remportées en appliquant des principes stratégiques plus efficaces exprimés clairement par Jomini : « Porter, par des combinaisons stratégiques, le gros des forces d’une armée, successivement sur les points décisifs d’un théâtre de guerre, et autant que possible sur les communications de l’ennemi sans compromettre les siennes ».
L’approche stratégique américaine, est avant tout d'essence jominienne. Il n’est pas dans la philosophie du peuple américain de laisser une trop large place au hasard ; les « frictions » de Clausewitz ne sont pas pour séduire leur esprit pragmatique. En mettant en œuvre des moyens logistiques, et en limitant au maximum la part des impondérables, ils ont remporté des victoires sur presque tous leurs théâtres d’opération, y compris celui du Golfe persique, et plus récemment en Afghanistan et en Irak.
Jomini, personnage d'exception, dont l'extraordinaire clairvoyance, a permis de décrypter les mécanismes complexes de l’art de la guerre, et de réaliser l’exégèse des victoires des plus remarquables stratèges de tous les temps, Frédéric II et Napoléon Bonaparte. Son influence, niée par les uns, exagérée peut-être par les autres, continue de susciter l’intérêt et la passion et d’imprimer sa marque sur la pensée stratégique.
La Carrière Militaire qui lui a permis de dévelloper sa stratégie commença En 1798, il est secrétaire du ministre de la Guerre de la République helvétique pour devenir son adjoint en 1800, avec le grade de chef de bataillon. Mais il démissionne dès 1801.
Autodidacte de génie, il est découvert en 1803 par le maréchal Ney qui l’aide à publier ses premières œuvres (Traité de grande tactique). Il débute sa carrière militaire comme volontaire dans l’armée française au camp de Boulogne sous les ordres du maréchal Ney. Il acquiert rapidement une grande renommée pour ses écrits. Napoléon l'appelle à l'État-major de la Grande Armée, avec le grade de général de brigade. Il participe à la campagne d’Allemagne en 1805, à la campagne de Prusse en 1806 (Iéna, Auerstaedt), à la campagne de 1807 en Pologne (Eylau) à la campagne d'Espagne. Il participe aussi à la campagne de Russie comme gouverneur de Vilnius, puis gouverneur de Smolensk. Il découvre le passage de Studianka, sur la Bérézina, qui permet à la Grande Armée d'échapper à Wittgenstein et à une destruction totale. Bien que gravement malade, il parvient à rentrer en France.
En 1813, il participe comme chef d’état-major du maréchal Ney, aux batailles de Lützen et de Bautzen. Pour sa contribution au succès de cette journée, le maréchal Ney le place en tête du tableau d’avancement pour une nomination au grade de général de division. Hélas, la requête est rejetée par le maréchal Berthier pour un motif futile. Ulcéré de cet ultime affront, Jomini profite de l'armistice pour rejoindre l’Armée russe, ou l'attend depuis des années la promesse d'une carrière brillante.
Il sert dans l'Armée russe d’abord avec le grade de général de division (lieutenant général) et devient aide de camp de l'Empereur Alexandre Ier. À son tour Nicolas Ier se l’attache comme conseiller privé et le nomme Général en Chef en 1826. Il participe comme conseiller du tsar à la campagne de Turquie de 1828. Il est de nouveau consulté lors de la guerre de Crimée en 1854. Le tsar Nicolas Ier le charge d'étudier une réforme de l'enseignement militaire, et de revoir les plans des forteresses de l'Empire. De plus il reçoit la charge de précepteur militaire du tsarévitch Alexandre, qui sera plus tard le tsar Alexandre II, grand réformateur de la Russie. Il pose les bases de l’Académie militaire, et consacre à ce projet beaucoup de temps et d’énergie. Des intrigues l’empêchent de devenir le premier directeur de cette académie.
Napoléon III le consulte pour la campagne d'Italie en 1859.
Le général Jomini est l'auteur d'une très importante œuvre d'historien et de critique militaire. Il est l'auteur en particulier du Traité des grandes opérations militaires, contenant l'histoire critique des campagnes de Frédéric II qui lui permit de mettre sur pied une approche profondément originale de l’art militaire et de forger ses propres convictions en matière de stratégie. Puis entre 1820 et 1824 il publia une Histoire des Guerres de la Révolutions en 15 volumes, à laquelle se réfèrent de nombreux historiens (Thiers lui fait de nombreux emprunts). Il publia en 1827, après la mort de Napoléon à Sainte-Hélène, une passionnante Vie politique et militaire de Napoléon en 4 volumes écrite à la première personne, et si crédible, que cela lui valut le surnom de « devin de Napoléon ». Cet ouvrage fut traduit aux États-Unis par le Général américain de la guerre de Sécession, Henry Wager Halleck et publié en 1864.
D’autres œuvres historiques qui s’inspirent des « Souvenirs » du général Jomini, ont été publiées après sa mort. C’est le cas du Précis politique et militaire des campagnes de 1812 à 1814 publié par Ferdinand Lecomte en 1886, et de Guerre d’Espagne publié en 1892.
Re: la Stratégie selon le Général Jomini
Merci Daniel
Tu as ecrit plus haut:
" L’approche stratégique américaine, est avant tout d'essence jominienne "
Ne serait-il pas temps pour eux de relire Clausewitz meme si ce n'est pas leur tasse de the?
Tu as ecrit plus haut:
" L’approche stratégique américaine, est avant tout d'essence jominienne "
Ne serait-il pas temps pour eux de relire Clausewitz meme si ce n'est pas leur tasse de the?
Invité- Invité
Re: la Stratégie selon le Général Jomini
lafleur931 a écrit:Merci Daniel
Tu as ecrit plus haut:
" L’approche stratégique américaine, est avant tout d'essence jominienne "
Ne serait-il pas temps pour eux de relire Clausewitz meme si ce n'est pas leur tasse de the?
Non je ne crois pas mais plus tôt appliquer le concept de la contre guerilla
La guérilla est divisé en deux catégories principales : guérilla urbaine et rurale. Dans les deux cas, elle s'appuie sur des sympathisants qui l'approvisionnent et la renseignent. Les guérillas rurales opèrent dans des régions propices aux couvertures et à la dissimulation, notamment en forêt dense et montagneuses. La guérilla urbaine se fond dans la population mais est dépendante de l'aide de citadins. Une assistance étrangère sous forme de soldats, armes, sanctuaires, ou au moins, de témoignages de sympathie accroît l'efficacité d'un mouvement de guérilla. Cette ingérence étrangère peut être utilisée par les autorités en place pour inspirer un sentiment nationaliste à la population et discréditer la guérilla.
Re: la Stratégie selon le Général Jomini
Naissance 6 mars 1779 Payerne, dans le pays de Vaud (Suisse) |
Décès 22 mars 1869 (à 90 ans) Passy |
Origine Suisse |
Allégence Grande Armée |
Grade Général de brigade |
Autres fonction banquier et historien Plaque commémorative du passage d'Antoine de Jomini, sur une maison du centre d'Aarau (Suisse) |
Invité- Invité
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