La Légion perd trois de ses maréchaux
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La Légion perd trois de ses maréchaux
Il y a plus de cinquante ans, Mai 1959 :
la Légion Etrangère perd trois de ses maréchaux dans l'Ouarsenis.
L e 5 mai, Janos Valko, adjuand-chef au 5e R.E.I. est tué au combat à Téniet-el-Haâd, dans l'Ouarsenis. Né le 20/09/1925 à Aralmazajvaros en Hongrie, il s'engage le 04/03/1946 pour 5 ans dans la Légion Etrangère ; affecté au 1er R.E. à Sidi-Bel-Abbès, il est nommé caporal le 11/11/1946 et sergent le 01/11/1947 ; du 21/05/1948 au 13/05/1950, il sert en Indochine au 3e R.E.I. ; le 12/02/1949, à Na-Fac dans le Ton-kin, il est blessé et, 3 mois plus tard, il obtient la croix de guerre des T.O.E. avec sa 1re citation ; il débarque pour son 2e séjour le 06/01/1951 ; il va se couvrir de gloire pendant quatre ans ; il est décoré de la Médaille militaire à titre exceptionnel ; il est nommé adjudant à titre exceptionnel le 16/04/1954 ; il saute en parachute, pour la première et dernière fois, sur Diên-Biên-Phu le 20/04/1954 ; il est cité 5 fois pendant ce 2e séjour ; le 05/09/1955, il est affecté comme instructeur à Sidi-Bel-Abbès ; il est fait chevalier de la Légion d'Honneur le 14/08/1956 ; il est naturalisé français le 16/10/1956 ; il rejoint le 5e R.E.I. en 1958 ; il est nommé adjudant-chef le 01/10/1958 ; il est cité à l'ordre de la Division le 20/02/1959 avec la croix de la V.M. ; il est promu à titre posthume officier de la Légion d'Honneur avec attribution de la croix de la Valeur Militaire avec palme ; c'est le parrain de la 83e promotion de l'E.N.S.O.A. en 1978.
Au début de mai, Istram Szuts, Hongrois, adjudant au 3e R.E.I. de moins de trente ans, est tué au combat dans l'Ouarsenis ; déjà médaillé militaire et chevalier de la Légion d'Honneur, il est promu officier de la Légion d'Honneur avec attribution de la croix de la Valeur militaire avec palme, à titre posthume.
Le 14 mai, près de Molière dans l'Ouarsenis, l'adjudant parachutiste Laszlo Tasnady du 1er R.E.P. est tué au combat à 33 ans ; né en Hongrie en 1926, il s'engage dans la Légion en 1946 ; il effectue deux séjours en Indochine où il est trois fois blessé ; adjudant au ier R.E.P. à moins de 30 ans, il est blessé dans la casbah d'Alger, le 24/09/1957 lors de l'arrestation du chef des poseurs de bombes, Yacef Saadi ; lors de la Bataille des frontières en février 1958, il met au point une méthode d'assaut pour les voltigeurs mis en rang : volée de grenades suivie d'un bond en avant avec balayage aux P.M., et ainsi de suite ; déjà médaillé militaire et chevalier de la Légion d'Honneur, il est promu à titre posthume officier de la Légion d'Honneur avec attribution de la croix de la Valeur militaire avec palme.
Trois maréchaux de la Légion Etrangère, trois jeunes adjudants, trois Hongrois engagés après les événements de Budapest, tombent au combat dans l'Ouarsenis : l'adjudant Istram Szuts du 3e R.E.I., l'adjudant LaszloTasnady du 1er R.E.P. près de Molière, et l'adjudant-chef Janos Vasko du 5e R.E.I. ; tous trois avaient la Légion d'Honneur et la Médaille Militaire ; tous les trois sont promus officiers de la Légion d'Honneur à titre posthume ; à eux trois, ils ont 28 citations et 8 blessures ; ils prennent place dans le musée de la Légion.
Le 22 mai 1959, à Sidi-Bel-Abbès, conscient de ce que la Légion Etrangère doit aux meilleurs des légionnaires, aux sous-officiers, le colonel Albert Brothier organise une des plus émouvantes cérémonies qu'ait connue la Légion Etrangère. Escorté par une foule militaire et civile que précèdent seize adjudants-chefs, tous décorés de la Médaille Militaire, l'adjudant Tasnady rejoint ses deux frères hongrois dans leur dernière demeure.
JE NE REGRETTE RIEN
-EXTRAITS -
Le seconde offensive Challe, commencée le 18 avril 1959, avait pour objectif l'Ouarsenis algérois, le Montgorno, la Couronne autour d'Alger et les Braz. Le régiment installa sa base opérationnelle avancée dans un site idyllique à proximité de Cherchell. Mais, victime de sa réputation, il n'eut guère le loisir d'en profiter. On faisait appel à lui dès qu'une affaire semblait sérieuse. Quand il revenait à son campement de l'oued Bellah, c'était pour aller fouiller les sous-bois impénétrables de la forêt Affaïne ou les monts du Dahra ! En deux mois, le R. E. P. neutralisa plus de 300 rebelles. Joli bilan, qui lui coûta une cinquantaine de tués et de blessés. C'est au cours de ces combats que fut tué Tasnady, près de Molière.
Dans son bureau de Bel-Abbés, le colonel Brothier, successeur du colonel Thomas à la tête de la maison mère, signait le courrier, quand son chef d'état-major, le capitaine Busy-Debat, entra : « Mon colonel, dit-il, nous recevons un message du 1erR. E. P. L'adjudant Tasnady a
été tué.
— Pardon ? questionna Brothier comme s'il avait mal entendu.
— Tasnady est mort, mon colonel.
— Ce n'est pas possible, murmura le colonel... pas possible... » En moins d’une semaine, la scène s'était répétée trois fois.
Trois fois, on avait frappé à sa porte pour lui annoncer la mort d'un adjudant. Trois fois, il s'agissait d'un guerrier. Tous trois avaient été tués au combat dans l'Ouarsenis. Tous trois avaient la médaille militaire et la Légion d'honneur. Tous trois étaient hongrois.
Engagé en 1946, Tasnady, depuis treize ans, semblait invulnérable. Deux séjours en Indochine, trois fois blessé, il avait traversé des périls sans commune mesure avec celui du 14 mai 1959. Un fell, mieux camouflé que les autres, eut pourtant raison de lui ce jour-là. Échappé par miracle à la fouille du terrain, il s'était caché dans un épais buisson. Quand la ligne de voltigeurs l'eut dépassé, il se redressa, aperçut un homme qui lui tournait le dos et donnait des ordres. Sans même prendre la peine d'épauler son fusil, il tira un seul coup de feu, presque à bout portant. Frappé à la nuque, l'homme s'écroula, mort. C'était Tasnady. Il avait trente-trois ans.
Brothier s'était levé. A travers la fenêtre de son bureau du premier étage, il regardait l’énorme boule d'onyx qui couronne le monument aux morts de la Légion. Les derniers rayons du soleil couchant s'accrochaient au globe et donnaient une teinte rougeâtre à l'or qui couvrait les pays où la Légion s'était battu depuis plus d'un siècle. « On dirait des taches de sang», songea le colonel. Il ne pouvait détacher ses regards de ces traces vermeilles. Elles semblaient grandir, aller jusqu'aux pieds des quatre légionnaires de bronze qui montaient la garde.
Vasko, Szuts, Tasnady... Les trois noms martelaient les tempes du colonel. Ils venaient en tête d'une longue colonne où figuraient des milliers d'autres noms, ceux de légionnaires qu'il avait vus mourir en silence depuis vingt ans, dont les sacrifices n'émouvaient pas les foules. Pour les avoir longtemps connus et commandés, Brothier savait trop ce que la Légion devait aux meilleurs d'entre eux, les sous-officiers. Ils en constituaient l'ossature. Ils connaissaient parfaitement leur métier et le faisaient avec une conscience professionnelle qui surprenait plus d'un sous-lieutenant issu de Saint-Cyr. Sortant de sa méditation, le colonel se dirigea vers son bureau. Une flamme illuminait ses traits. Il appela Busy-Debat :
« Vasko, Szuts, Tasnady... Vous comprenez? lui demanda Brothier dès qu'il fut entré. L'occasion nous est donnée de rendre hommage à travers eux à tous les sous-officiers. Il faut la saisir. Tous les trois symbolisent magnifiquement la nouvelle race d adjudants de Légion issue des guerres d'Indochine et d Algérie. Vous rendez-vous compte qu'ils sont hongrois tous les trois, engagés la même année et tués à quelques jours d'intervalle dans la même région d'Algérie ? »
Brothier s’était à nouveau levé, en proie à une exaltation dont il n’était pas coutumier. Il pensait à ces trois garçons qui vingt ans à la fin de la Seconde Guerre mondiale et qui s'étaient retrouvés au cœur de cette Europe en ruines, patrie, sans raison de vivre. Ils ne se connaissaient pas. Leur fraternité commença du jour où chacun refusa de subir son destin et de vivre dans un pays asservi. La Légion étrangère leur ouvrit ses rangs. Ils cherchaient un refuge, ils trouvèrent une famille. Au départ, rien ne les distinguait des autres légisonnaire.
Peu à peu, ils se hissèrent au premier rang. Ils étaient des hommes de guerre. Des adjudants de moins de trente ans, était-ce concevable dans l'armée française ? Des adjudants ayant encore la grâce et les vertus de la jeunesse! Des combattants de race, des entraîneurs d'hommes, admirés par les jeunes officiers, écoutés par les chefs et vénérés de leurs légionnaires. Les maréchaux de la Légion étrangère ! Le colonel continua son monologue :
« Nous leur ferons des funérailles grandioses. Nous les enterrerons côte à côte. Ils auront tous les trois la rosette de la Légion d'honneur. Et nous mettrons toutes leurs décorations ensemble, dans un même cadre, au musée. »
Le vendredi 22 mai 1959, se déroula l’une des plus émouvantes cérémonies qu'ait connues la Légion. Escorté par une foule militaire et civile que précédaient seize adjudants-chefs et adjudants, tous décorés de la médaille militaire, Tasnady rejoignit ses deux frères hongrois à leur dernière demeure. Là, le colonel Brothier s'adressa une dernière fois aux trois hommes qui allaient être ensevelis dans la terre de Bel Abbès :
« Tasnady, pour t'accompagner au long du dernier morceau de chemin qui te reste à parcourir, il y a tes camarades du 1er régiment étranger de parachutistes et de Sidi-Bel-Abbès et les représentants de la 10e division parachutiste. Car chez eux aussi, on connaissait ton nom. Mais il y a aussi et surtout les deux grandes amitiés de Vasko et de Szuts qui t'ont précédé de si peu dans la mort. S'il me paraît inutile de citer vos campagnes, Extrême-Orient, Egypte, Afrique, j'aimerais tout de même qu'on sache qu'à vous trois vous totalisiez : 28 citations, 8 blessures, 3 médailles militaires à titre exceptionnel, 3 Légions d'honneur à titre exceptionnel. Et chacun d'entre vous avait à peine trente ans! Et puis-je rappeler pour toi, Tasnady, qu'au mois d'août 1957, tu avais été blessé à côté du colonel Jeanpierre?
« Tous trois qui avez tant combattu pour la France, vous êtes de la lignée de ces sous-officiers qui ont laissé un nom dans notre histoire : Blandan, le chasseur ; Bobillot, le colonial ; Mader, le légionnaire ; Sentenac, le parachutiste. Dans son musée de Bel-Abbés, la Légion étrangère perpétuera vos noms et gardera votre souvenir. »
Un officier commanda :
« Présentez... Armes! »
Puis l'air fut déchiré par deux notes lancinantes : le clairon sonnait Aux Morts.
la Légion Etrangère perd trois de ses maréchaux dans l'Ouarsenis.
L e 5 mai, Janos Valko, adjuand-chef au 5e R.E.I. est tué au combat à Téniet-el-Haâd, dans l'Ouarsenis. Né le 20/09/1925 à Aralmazajvaros en Hongrie, il s'engage le 04/03/1946 pour 5 ans dans la Légion Etrangère ; affecté au 1er R.E. à Sidi-Bel-Abbès, il est nommé caporal le 11/11/1946 et sergent le 01/11/1947 ; du 21/05/1948 au 13/05/1950, il sert en Indochine au 3e R.E.I. ; le 12/02/1949, à Na-Fac dans le Ton-kin, il est blessé et, 3 mois plus tard, il obtient la croix de guerre des T.O.E. avec sa 1re citation ; il débarque pour son 2e séjour le 06/01/1951 ; il va se couvrir de gloire pendant quatre ans ; il est décoré de la Médaille militaire à titre exceptionnel ; il est nommé adjudant à titre exceptionnel le 16/04/1954 ; il saute en parachute, pour la première et dernière fois, sur Diên-Biên-Phu le 20/04/1954 ; il est cité 5 fois pendant ce 2e séjour ; le 05/09/1955, il est affecté comme instructeur à Sidi-Bel-Abbès ; il est fait chevalier de la Légion d'Honneur le 14/08/1956 ; il est naturalisé français le 16/10/1956 ; il rejoint le 5e R.E.I. en 1958 ; il est nommé adjudant-chef le 01/10/1958 ; il est cité à l'ordre de la Division le 20/02/1959 avec la croix de la V.M. ; il est promu à titre posthume officier de la Légion d'Honneur avec attribution de la croix de la Valeur Militaire avec palme ; c'est le parrain de la 83e promotion de l'E.N.S.O.A. en 1978.
Au début de mai, Istram Szuts, Hongrois, adjudant au 3e R.E.I. de moins de trente ans, est tué au combat dans l'Ouarsenis ; déjà médaillé militaire et chevalier de la Légion d'Honneur, il est promu officier de la Légion d'Honneur avec attribution de la croix de la Valeur militaire avec palme, à titre posthume.
Le 14 mai, près de Molière dans l'Ouarsenis, l'adjudant parachutiste Laszlo Tasnady du 1er R.E.P. est tué au combat à 33 ans ; né en Hongrie en 1926, il s'engage dans la Légion en 1946 ; il effectue deux séjours en Indochine où il est trois fois blessé ; adjudant au ier R.E.P. à moins de 30 ans, il est blessé dans la casbah d'Alger, le 24/09/1957 lors de l'arrestation du chef des poseurs de bombes, Yacef Saadi ; lors de la Bataille des frontières en février 1958, il met au point une méthode d'assaut pour les voltigeurs mis en rang : volée de grenades suivie d'un bond en avant avec balayage aux P.M., et ainsi de suite ; déjà médaillé militaire et chevalier de la Légion d'Honneur, il est promu à titre posthume officier de la Légion d'Honneur avec attribution de la croix de la Valeur militaire avec palme.
Trois maréchaux de la Légion Etrangère, trois jeunes adjudants, trois Hongrois engagés après les événements de Budapest, tombent au combat dans l'Ouarsenis : l'adjudant Istram Szuts du 3e R.E.I., l'adjudant LaszloTasnady du 1er R.E.P. près de Molière, et l'adjudant-chef Janos Vasko du 5e R.E.I. ; tous trois avaient la Légion d'Honneur et la Médaille Militaire ; tous les trois sont promus officiers de la Légion d'Honneur à titre posthume ; à eux trois, ils ont 28 citations et 8 blessures ; ils prennent place dans le musée de la Légion.
Le 22 mai 1959, à Sidi-Bel-Abbès, conscient de ce que la Légion Etrangère doit aux meilleurs des légionnaires, aux sous-officiers, le colonel Albert Brothier organise une des plus émouvantes cérémonies qu'ait connue la Légion Etrangère. Escorté par une foule militaire et civile que précèdent seize adjudants-chefs, tous décorés de la Médaille Militaire, l'adjudant Tasnady rejoint ses deux frères hongrois dans leur dernière demeure.
JE NE REGRETTE RIEN
-EXTRAITS -
Le seconde offensive Challe, commencée le 18 avril 1959, avait pour objectif l'Ouarsenis algérois, le Montgorno, la Couronne autour d'Alger et les Braz. Le régiment installa sa base opérationnelle avancée dans un site idyllique à proximité de Cherchell. Mais, victime de sa réputation, il n'eut guère le loisir d'en profiter. On faisait appel à lui dès qu'une affaire semblait sérieuse. Quand il revenait à son campement de l'oued Bellah, c'était pour aller fouiller les sous-bois impénétrables de la forêt Affaïne ou les monts du Dahra ! En deux mois, le R. E. P. neutralisa plus de 300 rebelles. Joli bilan, qui lui coûta une cinquantaine de tués et de blessés. C'est au cours de ces combats que fut tué Tasnady, près de Molière.
Dans son bureau de Bel-Abbés, le colonel Brothier, successeur du colonel Thomas à la tête de la maison mère, signait le courrier, quand son chef d'état-major, le capitaine Busy-Debat, entra : « Mon colonel, dit-il, nous recevons un message du 1erR. E. P. L'adjudant Tasnady a
été tué.
— Pardon ? questionna Brothier comme s'il avait mal entendu.
— Tasnady est mort, mon colonel.
— Ce n'est pas possible, murmura le colonel... pas possible... » En moins d’une semaine, la scène s'était répétée trois fois.
Trois fois, on avait frappé à sa porte pour lui annoncer la mort d'un adjudant. Trois fois, il s'agissait d'un guerrier. Tous trois avaient été tués au combat dans l'Ouarsenis. Tous trois avaient la médaille militaire et la Légion d'honneur. Tous trois étaient hongrois.
Engagé en 1946, Tasnady, depuis treize ans, semblait invulnérable. Deux séjours en Indochine, trois fois blessé, il avait traversé des périls sans commune mesure avec celui du 14 mai 1959. Un fell, mieux camouflé que les autres, eut pourtant raison de lui ce jour-là. Échappé par miracle à la fouille du terrain, il s'était caché dans un épais buisson. Quand la ligne de voltigeurs l'eut dépassé, il se redressa, aperçut un homme qui lui tournait le dos et donnait des ordres. Sans même prendre la peine d'épauler son fusil, il tira un seul coup de feu, presque à bout portant. Frappé à la nuque, l'homme s'écroula, mort. C'était Tasnady. Il avait trente-trois ans.
Brothier s'était levé. A travers la fenêtre de son bureau du premier étage, il regardait l’énorme boule d'onyx qui couronne le monument aux morts de la Légion. Les derniers rayons du soleil couchant s'accrochaient au globe et donnaient une teinte rougeâtre à l'or qui couvrait les pays où la Légion s'était battu depuis plus d'un siècle. « On dirait des taches de sang», songea le colonel. Il ne pouvait détacher ses regards de ces traces vermeilles. Elles semblaient grandir, aller jusqu'aux pieds des quatre légionnaires de bronze qui montaient la garde.
Vasko, Szuts, Tasnady... Les trois noms martelaient les tempes du colonel. Ils venaient en tête d'une longue colonne où figuraient des milliers d'autres noms, ceux de légionnaires qu'il avait vus mourir en silence depuis vingt ans, dont les sacrifices n'émouvaient pas les foules. Pour les avoir longtemps connus et commandés, Brothier savait trop ce que la Légion devait aux meilleurs d'entre eux, les sous-officiers. Ils en constituaient l'ossature. Ils connaissaient parfaitement leur métier et le faisaient avec une conscience professionnelle qui surprenait plus d'un sous-lieutenant issu de Saint-Cyr. Sortant de sa méditation, le colonel se dirigea vers son bureau. Une flamme illuminait ses traits. Il appela Busy-Debat :
« Vasko, Szuts, Tasnady... Vous comprenez? lui demanda Brothier dès qu'il fut entré. L'occasion nous est donnée de rendre hommage à travers eux à tous les sous-officiers. Il faut la saisir. Tous les trois symbolisent magnifiquement la nouvelle race d adjudants de Légion issue des guerres d'Indochine et d Algérie. Vous rendez-vous compte qu'ils sont hongrois tous les trois, engagés la même année et tués à quelques jours d'intervalle dans la même région d'Algérie ? »
Brothier s’était à nouveau levé, en proie à une exaltation dont il n’était pas coutumier. Il pensait à ces trois garçons qui vingt ans à la fin de la Seconde Guerre mondiale et qui s'étaient retrouvés au cœur de cette Europe en ruines, patrie, sans raison de vivre. Ils ne se connaissaient pas. Leur fraternité commença du jour où chacun refusa de subir son destin et de vivre dans un pays asservi. La Légion étrangère leur ouvrit ses rangs. Ils cherchaient un refuge, ils trouvèrent une famille. Au départ, rien ne les distinguait des autres légisonnaire.
Peu à peu, ils se hissèrent au premier rang. Ils étaient des hommes de guerre. Des adjudants de moins de trente ans, était-ce concevable dans l'armée française ? Des adjudants ayant encore la grâce et les vertus de la jeunesse! Des combattants de race, des entraîneurs d'hommes, admirés par les jeunes officiers, écoutés par les chefs et vénérés de leurs légionnaires. Les maréchaux de la Légion étrangère ! Le colonel continua son monologue :
« Nous leur ferons des funérailles grandioses. Nous les enterrerons côte à côte. Ils auront tous les trois la rosette de la Légion d'honneur. Et nous mettrons toutes leurs décorations ensemble, dans un même cadre, au musée. »
Le vendredi 22 mai 1959, se déroula l’une des plus émouvantes cérémonies qu'ait connues la Légion. Escorté par une foule militaire et civile que précédaient seize adjudants-chefs et adjudants, tous décorés de la médaille militaire, Tasnady rejoignit ses deux frères hongrois à leur dernière demeure. Là, le colonel Brothier s'adressa une dernière fois aux trois hommes qui allaient être ensevelis dans la terre de Bel Abbès :
« Tasnady, pour t'accompagner au long du dernier morceau de chemin qui te reste à parcourir, il y a tes camarades du 1er régiment étranger de parachutistes et de Sidi-Bel-Abbès et les représentants de la 10e division parachutiste. Car chez eux aussi, on connaissait ton nom. Mais il y a aussi et surtout les deux grandes amitiés de Vasko et de Szuts qui t'ont précédé de si peu dans la mort. S'il me paraît inutile de citer vos campagnes, Extrême-Orient, Egypte, Afrique, j'aimerais tout de même qu'on sache qu'à vous trois vous totalisiez : 28 citations, 8 blessures, 3 médailles militaires à titre exceptionnel, 3 Légions d'honneur à titre exceptionnel. Et chacun d'entre vous avait à peine trente ans! Et puis-je rappeler pour toi, Tasnady, qu'au mois d'août 1957, tu avais été blessé à côté du colonel Jeanpierre?
« Tous trois qui avez tant combattu pour la France, vous êtes de la lignée de ces sous-officiers qui ont laissé un nom dans notre histoire : Blandan, le chasseur ; Bobillot, le colonial ; Mader, le légionnaire ; Sentenac, le parachutiste. Dans son musée de Bel-Abbés, la Légion étrangère perpétuera vos noms et gardera votre souvenir. »
Un officier commanda :
« Présentez... Armes! »
Puis l'air fut déchiré par deux notes lancinantes : le clairon sonnait Aux Morts.
Invité- Invité
Re: La Légion perd trois de ses maréchaux
Merci Bob mais j'avais déjà traiter le sujet : https://patrianostra.forum-actif.eu/caids-ou-marechaux-f51/les-adj-szuts-et-tasnady-et-l-adc-valko-t205.htm
et en plus j'ai déplacer ton sujet qui était pas a la bonne époque ici en locurence tu avait mis dans 40/45 alors que le sujet de la Morts de ces trois Adjudants sont en Algérie et qui plus est dans la catégorie des "Caïds et Maréchaux de la Légion"
voila qui est rectifier et cela dans un but de clarté mais surtout lorsque on cherche on puisse trouver le sujet
Amitiés Légio
Daniel
et en plus j'ai déplacer ton sujet qui était pas a la bonne époque ici en locurence tu avait mis dans 40/45 alors que le sujet de la Morts de ces trois Adjudants sont en Algérie et qui plus est dans la catégorie des "Caïds et Maréchaux de la Légion"
voila qui est rectifier et cela dans un but de clarté mais surtout lorsque on cherche on puisse trouver le sujet
Amitiés Légio
Daniel
Re: La Légion perd trois de ses maréchaux
Daniel comme cela fait doublon, passes le à la trappe....mauvaise manip!
Amitiés marine.
Amitiés marine.
Invité- Invité
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