Le Colonel Gabriel Brunet de Sairigné
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Le Colonel Gabriel Brunet de Sairigné
Fils d'industriel, Gabriel Brunet de Sairigné est né le 9 février 1913 à Paris.
Il fait ses études aux lycées Pasteur et Saint-Louis.
Il entre à Saint-Cyr en 1933. Affecté à sa sortie de l'Ecole en 1935 au 29e Bataillon de chasseurs à pied à Gérardmer, il passe sur sa demande à la Légion étrangère en 1939.
Il part comme lieutenant avec la " (13e DBLE) pour la Norvège en 1940.
De retour de Narvik, il rejoint l'Angleterre avec l'ensemble du corps expéditionnaire du général " et choisit d'y rester et de s'engager dans les Forces françaises libres à Londres.
Au sein de la 13e DBLE, il participe aux opérations de Dakar et du Gabon en 1940, puis aux campagnes d'Erythrée et de Syrie en 1941.[/size] A l'issue de la campagne de Syrie, il est affecté au commandement de la Compagnie d'Accompagnement (CAB 2) du 2e Bataillon de la Légion étrangère (2e BLE).
En 1942, il combat en Libye et en Cyrénaïque. Pendant les combats de Bir-Hakeim, du 27 mai au 11 juin 1942, il dirige les canons antichars qui stoppent la division italienne Ariete.
Il est fait " en août 1942, en même temps que le général " et le lieutenant-colonel " qui commande la 13e DBLE.
Il prend le commandement de la 2e Compagnie antichars (CAC 2) rattachée au 2e BLE et participe à la bataille d'El Alamein (23-24 octobre 1942).[/size]
Gabriel Brunet de Sairigné prend ensuite le commandement du 1er Bataillon de la "13".
A la tête de son bataillon, il combat en Tunisie, en 1943, au Djebel Zaghouan, où il porte sans arrêt ses patrouilles en avant.
En Italie, où il débarque avec la 1ère Division française libre en avril 1944, son bataillon force, à Radicofani, le seuil de la Toscane.
Le 15 août 1944, il débarque en Provence pour prendre part à la campagne de France. Il est choisi par le commandement pour réaliser des opérations particulièrement délicates à Autun et dans les Vosges
Ensuite, il participe à la campagne d'Alsace quand, en février 1945, son bataillon est mis à la disposition de la 2e DB du général " . De retour avec son unité au sein de la 1ère DFL, il prépare enfin l'assaut victorieux contre le massif de l'Authion dans les Alpes en avril 1945.
Gabriel Brunet de Sairigné termine la guerre en qualité de chef d'Etat-major de la 1ère DFL avec le grade de lieutenant-colonel.
En 1946, il part pour l'Indochine sous les ordres du général Leclerc et prend le commandement de la 13e DBLE ; chargé du secteur Hoc Mon, il dirige de nombreuses opérations, en particulier dans la plaine des Joncs.
Il est tué au combat le 1er mars 1948, lors de l'attaque du convoi de Dalat. Il est inhumé à Moutiers-les-Mauxfaits en Vendée.
Commandeur de la Légion d'honneur
Compagnon de la Libération - décret du 9 septembre 1942
Croix de guerre 1939-1945 (7 citations)
Croix de Guerre des TOE (4 citations)
Conférence faite au Grand Palais à Paris, le 27 octobre 1945, par le lieutenant-colonel de Sairigné, qui se distingua à Bir-Hakeim où il commandait la compagnie lourde du 2e bataillon de la 13e demi-brigade de Légion étrangère, et qui tomba glorieusement à l'ennemi en Indochine, le 1er mars 1948, comme commandant de la 13e demi-brigade de Légion étrangère, à l'âge de 35 ans, commandeur de la Légion d'honneur, compagnon de la Libération, croix de guerre avec 9 palmes. Cette voix d'outre-tombe est qualifiée entre toutes pour nous conter cette guerre du désert.
C'est avec plaisir que j'ai accepté aujourd'hui de vous parler de Bir-Hakeim et de El Alamein; ce sont des bons souvenirs en effet pour un soldat qui aime son métier que cette guerre du désert exempte de toutes les souillures qu'apportent les combats dans nos pays européens. Là, pas de civils à massacrer, pas de villes à raser, pas de souvenirs du passé à détruire, pas même de sites naturels à déshonorer. L'éclatement d'un obus soulève quelques brins de sable bien vite remis en place par le vent. Dans le désert, tout se passe entre hommes qui s'affrontent à visage découvert, en short et le torse nu, sous le soleil, loin de toutes les contingences qu'apporte la civilisation. Les combats eux-mêmes ne sont pas très meurtriers : plus que le choc brutal, c'est la manœuvre qui décide. Par contre, la technique est reine, toute faute se paie; malheur à celui qui, navigant mal, manque l'infime ouverture de la citerne qu'il cherche, où à celui dont le véhicule tombe en panne sans que le voisin l'ait aperçu, malheur au commandant d'unité qui a groupé ses voitures pour donner ses ordres et qui se fait surprendre par une escadrille de chasseurs ou une patrouille de chars.
Il semble qu'on abuse parfois de l'image qui compare le désert à l'océan : rien n'est cependant plus vrai, en guerre surtout. Même immensité, même absence de repères, même impossibilité de ravitaillement : comme des escadres, les convois autos se déplacent d'un port à l'autre, navigant au compas, faisant le point sur les étoiles, manœuvrant très dispersés aux ordres d'innombrables postes radio.
Comme la mer, le désert a ses tempêtes : tempêtes de sable infiniment dangereuses car elles tuent le matériel mal protégé ou l'imprudent qui, s'étant écarté de quelques mètres, ne retrouve plus sa réserve d'eau.
Ces campagnes de Libye ont été, vous le savez, caractérisées par un mouvement de va-et-vient qui paraît étrange. Étudions-en rapidement les raisons qui découlent des caractéristiques du terrain et des armées :
1) Les effectifs ont toujours été faibles, chaque parti n'ayant jamais disposé de plus de deux ou trois divisions blindées et de trois ou quatre divisions d'infanterie;
2) Les distances sont énormes : 2.500 kilomètres entre Tripoli et Le Caire, bases respectives des deux armées. Une seule route le long de la côte, très peu de possibilités de transport par mer, par suite de la pénurie de moyens maritimes;
3) Imaginons les deux partis en présence à mi-chemin, vers Tobrouk par exemple, chacun doit assurer ses communications sur plus de 1.000 km, menacé à tout moment d'être coupé par des commandos venus par la mer ou le désert.
Le vainqueur sera condamné à avancer et donc à allonger sa ligne de communication; tout ce qu'il est obligé de sacrifier pour l'assurer, son adversaire, qui a reculé, le gagne au contraire. Au bout de peu de temps l'équilibre que le combat a rompu est rétabli sans combat.
En janvier 1941, Rommel a été repoussé jusqu'au fond de la Grande Syrte, il reprendra brusquement l'offensive, bousculant les deux divisions que les Britanniques ont réussi à faire vivre aussi loin de leurs bases; après une course échevelée de 600 kilomètres, il se heurte le 5 février, à bout de souffle, sur la ligne organisée en hâte de Gazala (sur la côte) à Bir-Hakeim.
Les deux adversaires sont à bout, leurs communications désorganisées, leurs véhicules sont hors d'état, il n'y a pas 50 chars capables de combattre encore. Pendant quatre mois chacun va travailler à se refaire, à se recompléter, les chances sont partagées. Le Caire et Tripoli sont à égale distance. Cette période sera en général calme : sur la côte, le contact très étroit permet quelques patrouilles d'infanterie. À 80 kilomètres plus au Sud les lignes sont à 100 kilomètres l'une de l'autre, laissant le champ libre aux patrouilles motorisées. Plus au Sud, enfin, le désert est vide jusqu'à l'infini.
Bir-Hakeim
La 1re brigade française libre, récemment arrivée d'Égypte, participe à l'arrêt de l'offensive ennemie le long de la côte puis, le 14 février, reçoit la charge d'organiser et de défendre le bastion Sud des lignes britanniques dont la citerne de Bir-Hakeim marque l'extrémité.
Formée l'année précédente en Syrie par le général Kœnig cette brigade comporte tous les anciens du corps expéditionnaire venus d'Angleterre au mois d'août 1940; à ceux-ci se sont jointes des unités venues de l'empire ou ralliées de Syrie. Outre deux bataillons de la 13e demi-brigade de Légion étrangère venus de Norvège, le 1er bataillon d'infanterie de marine venu de Syrie en 1940, le bataillon du Pacifique venu de Nouvelle-Calédonie et de Tahiti, le 2e bataillon de marche venu de l'Oubangui, on trouve un régiment d'artillerie, un bataillon de fusiliers marins, du génie, des services, tous formés en Angleterre par les jeunes évadés de France. Au total 3.600 hommes armés de matériel français trouvé en Syrie; en particulier tous les canons sont des 75; les véhicules ont été fournis par les Britanniques.
Avec la 2e brigade qui arrivera plus tard et combattra près de Tobrouk, la 1re brigade constitue, sous les ordres du général de Larminat, un groupement qui prendra plus tard le nom, de 1re D.F.L.
Les troupes qui se sont installées à Bir-Hakeim vont travailler pendant quatre mois à créer une position sur ce terrain absolument nu et à peine ondulé. Le «Box», comme disent les Anglais, mesure 16 kilomètres de tour, il est protégé par plus de 100.000 mines; peu à peu tout disparaît dans le sol rocheux, les réserves d'eau d'abord, puis les hommes, l'essence et les véhicules eux-mêmes.
Un champ de mines part du Nord de la position et court sur 80 kilomètres jusqu'à la mer; son épaisseur varie de 2 à 5 kilomètres, des millions de mines le composent. Derrière lui de gros points d'appui comme Bir-Hakeim, Knigthsbridge, El Adem, Gazala, Tobrouk s'échelonnent tous les 10 ou 15 kilomètres; en arrière encore, les divisions blindées sont prêtes à manœuvrer dans les intervalles.
Pour la brigade française, l'attente ne sera pas fastidieuse.
Devant elle, en effet, l'ennemi s'installe à Mechili, plus de 100 kilomètres. Tout cet espace sera parcouru sans cesse par nos patrouilles et nos colonnes. Les unités prennent le service à tour de rôle.
Vie passionnante où, pendant plusieurs semaines, chacun vit en perpétuelle alerte, essayant de surprendre l'ennemi, de tendre des embuscades à ses patrouilles et de ne pas se laisser surprendre. À l'occasion, on vient prendre le contact de la position ennemie; deux ou trois hommes se laissent glisser des voitures et s'enterrent dans un trou de dune. À la nuit, ils vont silencieusement jusque dans le camp adverse, saisissent un dormeur dans son trou, et s'éloignent vivement à la boussole.
Vers le Sud, le métier est plus passionnant encore. Régulièrement, un groupe de voitures descend, piquant droit vers la mer de sable qui, à 200 ou 300 kilomètres, étend, une infranchissable barrière. Toutes les traces sont recoupées, on les connaît par cœur. Une trace nouvelle est-elle repérée? On la mesure, on l'identifie, le cas échéant, on se met à la poursuite de l'audacieux. Les Allemands essayeront rarement des patrouilles profondes. Les Anglais, par contre, sont rois en ce domaine : leur «Long Range Desert Group» ira plusieurs fois jusqu'aux environs de Tripoli, à 1.500 kilomètres derrière les lignes ennemies, sans jamais se laisser surprendre. Pendant six mois, trois officiers anglais, à la tête d'une compagnie indigène entière, vivront à moins de 100 kilomètres de Benghazi, formant une base sérieuse pour tous les coups de main organisés contre les terrains d'aviation. En un an, les seules patrouilles terrestres, ou débarquées le long de la côte en sous-marin, des SAS détruiront plus de 400 avions au sol.
Le temps passe, les adversaires sont prêts. Qui attaquera le premier? Il semble que l'initiative doit nous appartenir. Cependant, vers le 20 mai, on nous annonce officiellement l'attaque allemande pour le 26.
Au cours de la semaine, l'ennemi se rapproche en effet, ayant repoussé toutes nos colonnes. Il est fortement installé, le 26 au soir, à moins de 50 kilomètres de nous.
Dans la nuit du 26 au 27, deux divisions blindées et une division motorisée allemandes, ainsi qu'une division motorisée italienne (l'Ariete) prennent leur course et, en colonnes, parallèles, contournent la position de Bir-Hakeim par le Sud, culbutent une brigade anglaise et tombent au petit jour sur nos échelons autos et les divisions blindées anglaises à 40 kilomètres plus à l'Est.
La malheureuse division «Ariete», placée à la gauche de ces colonnes a pris son virage un peu court et, le 27 mai, à 8 heures, ses chars d'aile gauche sautent dans la pointe Sud de nos marais de mines. Ils sont achevés de quelques coups de 75. Sans hésitation, il faut le reconnaître, le commandant du régiment de chars italiens accourt au canon et, en deux vagues successives, l'une de 50 chars, l'autre de 25, appuyés de quelques canons automoteurs, s'élance à l'assaut de la position.
Les marais de mines laissent un passage libre, destiné à orienter toute attaque éventuelle vers le point fort, tenu par la 5e compagnie du 2e bataillon de légion.
L'ennemi tombe dans le piège. À moins de 800 mètres, les pièces antichars de première ligne ouvrent le feu sur ces 50 chars qui avancent à toute allure sur 400 mètres de front. Spectacle impressionnant qui n'effraie pas les légionnaires; coup sur coup, la pièce, du sergent-chef Turell en détruit huit, le dernier est à 15 mètres de la pièce.
Avant d'arriver sur le champ de mines, mince obstacle qui court devant la position à quelques dizaines de mètres des pièces, beaucoup de chars sont hors de combat ou, impressionnés, hésitent et obliquent vers la droite. Douze continuent tout droit, six d'entre eux sautent aussitôt; un autre, dans le vacarme et la poussière, traverse l'emplacement d'une de nos pièces sans la voir. Nos hommes sont déchaînés, de toutes parts de petits groupes jaillissent pour achever un char à la grenade ou capturer les équipages. Les blindés ennemis tournoient, essayent courageusement de reprendre l'attaque d'un autre côté puis sous notre tir de barrage se regroupent et disparaissent à l'horizon, laissant 32 des leurs sur le terrain. Nos pertes sont ridicules : un blessé léger. Ce court engagement - il a duré moins d'une heure - galvanise nos hommes, ils se croient et seront désormais invincibles.
Sur tout le front de Libye, le combat est engagé. Pendant six jours, c'est une ronde infernale dans un vent de sable presque permanent où personne ne peut encore distinguer le vainqueur de Bir-Hakeim, de multiples patrouilles sortent pour harceler l'ennemi, jalonnant leur itinéraire de colonnes de fumée qui sont des chars, des automitrailleuses ou des véhicules ennemis en feu. La victoire est à nous, semble t-il; la poursuite s'amorce, le bataillon du Pacifique avance de plus de 50 kilomètres.
Le 2 juin, au moment où la contre-attaque amie se déclenche, un combat malheureux entre divisions blindées, change brusquement la face des choses. Les Allemands établissent et tiennent solidement un passage, entre Bir-Hakeim et la mer. Les réserves blindées anglaises sont toutes détruites ou engagées, la bataille se concentre autour des points d'appui, de Knigthsbridge, tenus par une brigade des gardes et Bir-Hakeim. Toutes les patrouilles et le bataillon du Pacifique, rappelé in extremis, réussissent à rentrer sans pertes sérieuses.
Le 3 juin, l'investissement est complet : deux divisions ennemies renforcées de chars assiègent la position, pendant que l'artillerie lourde et les Stuka essayent de la réduire au silence.
Huit jours durant, les assauts succéderont aux assauts, les bombardements aux bombardements. Où qu'il attaque, l'ennemi est repoussé et nos 75 aboient sans répit, lui causant des pertes sévères.
Le 9 juin, cependant, la situation est grave. La 90e division allemande a trouvé un point faible, au Nord, et s'acharne sur lui. Plus de 15 batteries lourdes ennemies répondent à nos 24 canons de 75, dont 17 déjà sont détruits.
Les [i]Stuka attaquent sans trêve : plus de 250 dans la journée.
Une de nos compagnies est presque anéantie, et la relève s'avère impossible de jour. Les munitions d'artillerie sont presque épuisées; depuis deux jours, la ration d'eau est de un litre et demi par homme, il ne reste plus qu'une ration à distribuer.
L'ennemi, par trois fois déjà, nous a sommés de rendre la place. Faudra-t-il l'admettre?
Dans la nuit du 9 au 10, un dernier effort est tenté : la compagnie en danger est relevée, l'ennemi refoulé hors des limites de la position, un essai de ravitaillement par avion échoue (il nous apporte seulement 75 coups de 75 et 60 kilos de glace), la dernière distribution d'eau est faite.
Le général Kœnig, dont les ordres étaient de tenir la position jusqu'au 7 juin, ne peut plus hésiter : pas question de se rendre, il faut donc sortir. Toute la journée sera utilisée, d'accord avec les Anglais, à préparer cette sortie.
Des véhicules et des ambulances viendront nous chercher sous la protection d'une brigade motorisée, à 10 kilomètres au Sud-Ouest de la position, là où l'ennemi nous attend le moins.
Le problème angoissant qui se pose à tous est celui de tenir encore un jour. L'ennemi, fatigué par ses efforts de la veille, se donne heureusement du répit, et ne déclenchera son assaut suprême que le 11 au matin. Il ne trouvera plus personne.
Le 10 au soir, en effet, dans le plus grand silence, tous abandonnent leurs emplacements, après avoir détruit tout ce qui peut être détruit sans bruit et sans lumière. Les hommes à pied, colonne par quatre, les véhicules, colonne par un, vont sortir par un passage de 10 mètres de large, qu'on vient d'ouvrir dans le champ de mines. Dans chaque unité, quelques hommes resteront en place jusqu'à 3 heures du matin. Ils rejoindront individuellement... si possible.
À minuit, la colonne est prête. Silencieusement, au coude à coude, 2.000 fantassins s'élancent dans la nuit; tapi dans ses trous, à 150 mètres de là, l'ennemi n'a encore rien décelé. Le champ de mines est passé, on avance dans la plaine. Brusquement, une fusée, une maigre rafale de mitraillette, un moment de silence et d'attente. L'enfer se déchaîne alors : tandis que, dans un immense hurlement, nos hommes se ruent, de tout l'horizon convergent des nappes de balles traceuses, des grenades, des obus explosent partout, les fusées montent sans cesse vers le ciel; des véhicules brûlent, jetant des lueurs sinistres; spectacle hallucinant qui ne laisse pas place à la peur.
Au passage des fantassins, l'ennemi terrifié réagit peu, les deux premières lignes de défense sont enlevées d'un élan, la troisième ose à peine ouvrir le feu.
Dans la nuit, malheureusement, des trous ne sont pas fouillés, des ennemis subsistent qui, ressaisis, ouvrent le feu sur la colonne des véhicules bien éclairés par les lueurs d'incendie et retardée par l'étroitesse du passage. Les chenillettes du lieutenant Devey chargent toutes les résistances qu'ils découvrent et les écrasent sous leurs chenilles. Le temps passe, l'ennemi tire toujours, le général qui craint de se trouver surpris par le jour, donne alors l'ordre de foncer droit devant et part le premier, conduit à toute allure par sa conductrice, l'impassible Miss Travers.
Des voitures sautent dans les champs de mines, d'autres sont atteintes et brûlent. Les chauffeurs sont magnifiques, ils foncent insouciants du danger; leur véhicule est-il atteint, vite on décharge les blessés qui l'encombrent et on les charge sur le voisin.
Au loin brûlent les trois feux rouges qui marquent le point de ralliement, là, des sanitaires et des camions embarquent en hâte blessés et hommes valides et filent plein Sud vers un point de regroupement moins exposé. Quand le soleil perce la brume matinale et que l'ennemi, qui n'a encore rien compris, lance son ultime attaque, précédée d'un piqué de 200 Stuka, il ne reste plus dans Bir-Hakeim que quelques isolés, quelques blessés qui se sont perdus dans la nuit et les tombes de nos morts.
Au total, 800 des nôtres manquent à l'appel; mais l'Afrika-Korps «n'a pas eu» la 1re brigade française libre.
Bir-Hakeim tombé, les événements se précipitent, tous les autres points d'appui tombent l'un après l'autre, la chute de Tobrouk entraîne une immense retraite. Plus d'unités fraîches à opposer à l'ennemi qui avance à toute allure : Tobrouk, Solum, Foka, Daba; les avant-gardes sont à El Alamein le 3 juillet.
À 70 kilomètres d'Alexandrie, Rommel s'apprête déjà à conquérir cette ville que la Royal Navy a tout juste fini d'évacuer. Le Caire et le canal de Suez pourront alors être atteints dans la journée.
On ose à peine penser aux conséquences d'une telle victoire.
C'est alors que les cinq jours gagnés à Bir-Hakeim prennent toute leur valeur; la IXe armée britannique de Syrie et d'Irak accourt à marches forcées, tout est perdu si elle atteint trop tard le goulet d'El-Alamein.
La division australienne, qui est en tête, arrivera quelques heures avant les Allemands.
Rencontrant une troupe fraîche, à bout de souffle, Rommel s'est arrêté. Le terrain se prête à la défense, 45 kilomètres seulement séparent le bord Nord de la dépression de Quattara de la côte, Alexandrie et Le Caire sont à quelques dizaines de kilomètres mais seront à peine inquiétés, tant la R.A.F. surclasse la Luftwaffe.
Le terrain est très différent de celui que nous avons connu, d'abord très ondulé au Nord et couvert de maigres touffes d'herbes, il se transforme plus au Sud en plateau sablonneux, coupé de «garets», nos «garas» d'Afrique du Nord, tables rocheuses aux falaises abruptes qui s'élèvent brusquement de 20 à 60 mètres.
Plus au Sud, encore une série de gradins de sable mou conduit à la dépression de Quattara pratiquement infranchissable.
Des deux côtés on travaille avec acharnement, les champs de mines se multiplient, les troupes se renforcent, en fin août l'ennemi croit pouvoir attaquer. Il choisit le secteur Sud; prévenus à temps les Britanniques évacuent un couloir de 5 km de large dans lequel s'enfonce une division blindée allemande.
Ralenti par l'effroyable terrain, pilonné par toute l'artillerie disponible et la R.A.F., l'ennemi se replie dès le surlendemain sans qu'aucune unité britannique ne soit intervenue directement. L'Afrika-Korps laisse sur place de nombreux véhicules et chars, l'équilibre est désormais rompu, le général Montgomery précipite alors ses préparatifs.
Le fond du gouffre vient d'être atteint. N'oublions pas, en effet, que c'est le moment où Stalingrad est prêt à succomber, où les Japonais règnent en maîtres sur le Pacifique et menacent l'Australie, où la Méditerranée est presque interdite à la marine anglaise et où Malte ne tient que par miracle.
L'attaque anglaise d'El-Alamein va être le premier pas des Alliés sur la route de la victoire.
El Alamein
Le 23 octobre 1942, à 22 heures, par une magnifique nuit de pleine lune, le premier coup de canon des batailles libératrices est tiré. A la même seconde, 800 canons se sont déchaînés. L'aube seule fera disparaître la lueur étrange que contemplent les Alexandrins.
Quelques jours plus tard, Stalingrad se libérera, les Américains débarqueront en Afrique du Nord, Malte sera ravitaillée. La victoire est en marche.
La VIIIe armée britannique s'est préparée longuement, un camouflage poussé à l'extrême a permis de préserver la surprise. Depuis de longues semaines déjà, l'ennemi a repéré tous ces faux chars de combat, groupés derrière le front Nord; il s'en amuse. Deux divisions blindées (de véritables divisions blindées cette fois) prendront la place de ces constructions de tôles et de bois, sans que le boche s'en doute.
Le 23 au soir, la 1re division française libre est dans la danse: 2e brigade en réserve derrière le centre, 1re brigade en action dans le sud. Celle-ci, arrivée la veille, a pris un immense secteur (le plus au sud, le plus difficile). Devant elle, la 21e brigade «Panzer» et la division blindée «Ariete» attendent l'attaque qu'elles croient principale. La mission des Français est de les maintenir là le plus longtemps possible pendant qu'au nord, la victoire se décide.
C'est un effroyable combat, contre le sable d'abord, contre l'ennemi ensuite, qui contre-attaque avec des chars, nos légionnaires arrivés seuls et à pied sur leur objectif, à plus de 10 kilomètres à l'intérieur des lignes adverses.
Tous les canons antichars sont ensablés loin derrière eux. Il faut se replier sur la base de départ; l'ennemi, cependant, a eu peur; ce n'est que le 2 au soir que la 21e Panzer remontera vers le nord. Trop tard.
A l'aile droite, en effet, le combat est acharné. Toutes les nuits, l'attaque fait rage. On se regroupe pendant le jour à l'abri des terribles 88 antichars.
Tout l'empire britanniques est là: Australiens, Néo-Zélandais, Sud-Africains, Hindous, Ecossais, Anglais de la 50e division et des trois divisions blindées.
Tous font merveille. Le 1er novembre, enfin, l'ennemi cède. Dans la nuit, une division entière part à l'attaque, guidée par les obus traceurs des canons antiaériens qui tirent sur ses flancs. Elle atteint, d'un élan, son objectif situé à 6 kilomètres. L'ennemi réagit violemment mais sans succès, des combats acharnés se déroulent.
Le 4 novembre, au matin, le 101e corps d'armée blindé peut enfin déboucher. Abandonnant dans le désert quatre divisions italiennes, les Allemands fuient sur cette fameuse «Via Balbo» que mitraillent sans cesse les chasseurs de la R.A.F. La pluie sauve l'ennemi du désastre total. Cependant, la poursuite est échevelée, elle ne s'arrêtera pratiquement qu'à Enfidaville, en Tunisie, à 3.500 kilomètres de là.
Jamais, je crois, une armée n'avait été aussi sûre d'elle-même et de son chef que l'était la VIIIe armée; «Monthy» l'avait entraînée patiemment pendant de longs mois et avait réussi à faire de cet assemblage de soldats de dix pays différents un merveilleux instrument de combat dont la foi en la victoire était totale.
J'ai lu, quelque part, une comparaison qui m'a paru juste: c'est celle qui rapproche les soldats de la Révolution de cette VIIIe armée, pleine de fantaisie, habillée à la diable, aimant la vie, mais sachant la prodiguer, ayant la foi enfin.
Il eut manqué quelque chose si la France n'y avait pas été représentée, si elle n'avait participé à la libération de cette terre d'Afrique qui a vu couler tant de sang français; si le canal de Suez, réalisation française, n'avait, une fois encore, été sauvé avec l'aide des Français.
Ils étaient bien peu; les chiffres eux-mêmes ne signifient rien: quelques milliers en comptant ces étrangers et ces indigènes qui, si généreusement, acceptaient de servir notre drapeau.
La cause était belle. Ce n'était pas le pays seulement qu'il fallait sauver, c'était l'âme de la France.
Ceux qui sont morts ont eu la grande récompense de croire, qu'à cause d'eux, la patrie avait retrouvé la foi en elle-même: la foi qui renverse les montagnes.
Je le crois aussi, quoiqu'en disent quelques esprits chagrins, et je vous demande de le croire avec moi.
Lieutenant-colonel de Sairigné
Le contenu de cet article est issu de l'ouvrage en 7 volumes "La mémoire des Français libres. Hommes & Combats" édité par la Fondation de la France Libre.
Il fait ses études aux lycées Pasteur et Saint-Louis.
Il entre à Saint-Cyr en 1933. Affecté à sa sortie de l'Ecole en 1935 au 29e Bataillon de chasseurs à pied à Gérardmer, il passe sur sa demande à la Légion étrangère en 1939.
Il part comme lieutenant avec la " (13e DBLE) pour la Norvège en 1940.
De retour de Narvik, il rejoint l'Angleterre avec l'ensemble du corps expéditionnaire du général " et choisit d'y rester et de s'engager dans les Forces françaises libres à Londres.
Au sein de la 13e DBLE, il participe aux opérations de Dakar et du Gabon en 1940, puis aux campagnes d'Erythrée et de Syrie en 1941.[/size] A l'issue de la campagne de Syrie, il est affecté au commandement de la Compagnie d'Accompagnement (CAB 2) du 2e Bataillon de la Légion étrangère (2e BLE).
En 1942, il combat en Libye et en Cyrénaïque. Pendant les combats de Bir-Hakeim, du 27 mai au 11 juin 1942, il dirige les canons antichars qui stoppent la division italienne Ariete.
Il est fait " en août 1942, en même temps que le général " et le lieutenant-colonel " qui commande la 13e DBLE.
Il prend le commandement de la 2e Compagnie antichars (CAC 2) rattachée au 2e BLE et participe à la bataille d'El Alamein (23-24 octobre 1942).[/size]
Gabriel Brunet de Sairigné prend ensuite le commandement du 1er Bataillon de la "13".
A la tête de son bataillon, il combat en Tunisie, en 1943, au Djebel Zaghouan, où il porte sans arrêt ses patrouilles en avant.
En Italie, où il débarque avec la 1ère Division française libre en avril 1944, son bataillon force, à Radicofani, le seuil de la Toscane.
Le 15 août 1944, il débarque en Provence pour prendre part à la campagne de France. Il est choisi par le commandement pour réaliser des opérations particulièrement délicates à Autun et dans les Vosges
Ensuite, il participe à la campagne d'Alsace quand, en février 1945, son bataillon est mis à la disposition de la 2e DB du général " . De retour avec son unité au sein de la 1ère DFL, il prépare enfin l'assaut victorieux contre le massif de l'Authion dans les Alpes en avril 1945.
Gabriel Brunet de Sairigné termine la guerre en qualité de chef d'Etat-major de la 1ère DFL avec le grade de lieutenant-colonel.
En 1946, il part pour l'Indochine sous les ordres du général Leclerc et prend le commandement de la 13e DBLE ; chargé du secteur Hoc Mon, il dirige de nombreuses opérations, en particulier dans la plaine des Joncs.
Il est tué au combat le 1er mars 1948, lors de l'attaque du convoi de Dalat. Il est inhumé à Moutiers-les-Mauxfaits en Vendée.
Commandeur de la Légion d'honneur
Compagnon de la Libération - décret du 9 septembre 1942
Croix de guerre 1939-1945 (7 citations)
Croix de Guerre des TOE (4 citations)
Conférence faite au Grand Palais à Paris, le 27 octobre 1945, par le lieutenant-colonel de Sairigné, qui se distingua à Bir-Hakeim où il commandait la compagnie lourde du 2e bataillon de la 13e demi-brigade de Légion étrangère, et qui tomba glorieusement à l'ennemi en Indochine, le 1er mars 1948, comme commandant de la 13e demi-brigade de Légion étrangère, à l'âge de 35 ans, commandeur de la Légion d'honneur, compagnon de la Libération, croix de guerre avec 9 palmes. Cette voix d'outre-tombe est qualifiée entre toutes pour nous conter cette guerre du désert.
C'est avec plaisir que j'ai accepté aujourd'hui de vous parler de Bir-Hakeim et de El Alamein; ce sont des bons souvenirs en effet pour un soldat qui aime son métier que cette guerre du désert exempte de toutes les souillures qu'apportent les combats dans nos pays européens. Là, pas de civils à massacrer, pas de villes à raser, pas de souvenirs du passé à détruire, pas même de sites naturels à déshonorer. L'éclatement d'un obus soulève quelques brins de sable bien vite remis en place par le vent. Dans le désert, tout se passe entre hommes qui s'affrontent à visage découvert, en short et le torse nu, sous le soleil, loin de toutes les contingences qu'apporte la civilisation. Les combats eux-mêmes ne sont pas très meurtriers : plus que le choc brutal, c'est la manœuvre qui décide. Par contre, la technique est reine, toute faute se paie; malheur à celui qui, navigant mal, manque l'infime ouverture de la citerne qu'il cherche, où à celui dont le véhicule tombe en panne sans que le voisin l'ait aperçu, malheur au commandant d'unité qui a groupé ses voitures pour donner ses ordres et qui se fait surprendre par une escadrille de chasseurs ou une patrouille de chars.
Il semble qu'on abuse parfois de l'image qui compare le désert à l'océan : rien n'est cependant plus vrai, en guerre surtout. Même immensité, même absence de repères, même impossibilité de ravitaillement : comme des escadres, les convois autos se déplacent d'un port à l'autre, navigant au compas, faisant le point sur les étoiles, manœuvrant très dispersés aux ordres d'innombrables postes radio.
Comme la mer, le désert a ses tempêtes : tempêtes de sable infiniment dangereuses car elles tuent le matériel mal protégé ou l'imprudent qui, s'étant écarté de quelques mètres, ne retrouve plus sa réserve d'eau.
Ces campagnes de Libye ont été, vous le savez, caractérisées par un mouvement de va-et-vient qui paraît étrange. Étudions-en rapidement les raisons qui découlent des caractéristiques du terrain et des armées :
1) Les effectifs ont toujours été faibles, chaque parti n'ayant jamais disposé de plus de deux ou trois divisions blindées et de trois ou quatre divisions d'infanterie;
2) Les distances sont énormes : 2.500 kilomètres entre Tripoli et Le Caire, bases respectives des deux armées. Une seule route le long de la côte, très peu de possibilités de transport par mer, par suite de la pénurie de moyens maritimes;
3) Imaginons les deux partis en présence à mi-chemin, vers Tobrouk par exemple, chacun doit assurer ses communications sur plus de 1.000 km, menacé à tout moment d'être coupé par des commandos venus par la mer ou le désert.
Le vainqueur sera condamné à avancer et donc à allonger sa ligne de communication; tout ce qu'il est obligé de sacrifier pour l'assurer, son adversaire, qui a reculé, le gagne au contraire. Au bout de peu de temps l'équilibre que le combat a rompu est rétabli sans combat.
En janvier 1941, Rommel a été repoussé jusqu'au fond de la Grande Syrte, il reprendra brusquement l'offensive, bousculant les deux divisions que les Britanniques ont réussi à faire vivre aussi loin de leurs bases; après une course échevelée de 600 kilomètres, il se heurte le 5 février, à bout de souffle, sur la ligne organisée en hâte de Gazala (sur la côte) à Bir-Hakeim.
Les deux adversaires sont à bout, leurs communications désorganisées, leurs véhicules sont hors d'état, il n'y a pas 50 chars capables de combattre encore. Pendant quatre mois chacun va travailler à se refaire, à se recompléter, les chances sont partagées. Le Caire et Tripoli sont à égale distance. Cette période sera en général calme : sur la côte, le contact très étroit permet quelques patrouilles d'infanterie. À 80 kilomètres plus au Sud les lignes sont à 100 kilomètres l'une de l'autre, laissant le champ libre aux patrouilles motorisées. Plus au Sud, enfin, le désert est vide jusqu'à l'infini.
Bir-Hakeim
La 1re brigade française libre, récemment arrivée d'Égypte, participe à l'arrêt de l'offensive ennemie le long de la côte puis, le 14 février, reçoit la charge d'organiser et de défendre le bastion Sud des lignes britanniques dont la citerne de Bir-Hakeim marque l'extrémité.
Formée l'année précédente en Syrie par le général Kœnig cette brigade comporte tous les anciens du corps expéditionnaire venus d'Angleterre au mois d'août 1940; à ceux-ci se sont jointes des unités venues de l'empire ou ralliées de Syrie. Outre deux bataillons de la 13e demi-brigade de Légion étrangère venus de Norvège, le 1er bataillon d'infanterie de marine venu de Syrie en 1940, le bataillon du Pacifique venu de Nouvelle-Calédonie et de Tahiti, le 2e bataillon de marche venu de l'Oubangui, on trouve un régiment d'artillerie, un bataillon de fusiliers marins, du génie, des services, tous formés en Angleterre par les jeunes évadés de France. Au total 3.600 hommes armés de matériel français trouvé en Syrie; en particulier tous les canons sont des 75; les véhicules ont été fournis par les Britanniques.
Avec la 2e brigade qui arrivera plus tard et combattra près de Tobrouk, la 1re brigade constitue, sous les ordres du général de Larminat, un groupement qui prendra plus tard le nom, de 1re D.F.L.
Les troupes qui se sont installées à Bir-Hakeim vont travailler pendant quatre mois à créer une position sur ce terrain absolument nu et à peine ondulé. Le «Box», comme disent les Anglais, mesure 16 kilomètres de tour, il est protégé par plus de 100.000 mines; peu à peu tout disparaît dans le sol rocheux, les réserves d'eau d'abord, puis les hommes, l'essence et les véhicules eux-mêmes.
Un champ de mines part du Nord de la position et court sur 80 kilomètres jusqu'à la mer; son épaisseur varie de 2 à 5 kilomètres, des millions de mines le composent. Derrière lui de gros points d'appui comme Bir-Hakeim, Knigthsbridge, El Adem, Gazala, Tobrouk s'échelonnent tous les 10 ou 15 kilomètres; en arrière encore, les divisions blindées sont prêtes à manœuvrer dans les intervalles.
Pour la brigade française, l'attente ne sera pas fastidieuse.
Devant elle, en effet, l'ennemi s'installe à Mechili, plus de 100 kilomètres. Tout cet espace sera parcouru sans cesse par nos patrouilles et nos colonnes. Les unités prennent le service à tour de rôle.
Vie passionnante où, pendant plusieurs semaines, chacun vit en perpétuelle alerte, essayant de surprendre l'ennemi, de tendre des embuscades à ses patrouilles et de ne pas se laisser surprendre. À l'occasion, on vient prendre le contact de la position ennemie; deux ou trois hommes se laissent glisser des voitures et s'enterrent dans un trou de dune. À la nuit, ils vont silencieusement jusque dans le camp adverse, saisissent un dormeur dans son trou, et s'éloignent vivement à la boussole.
Vers le Sud, le métier est plus passionnant encore. Régulièrement, un groupe de voitures descend, piquant droit vers la mer de sable qui, à 200 ou 300 kilomètres, étend, une infranchissable barrière. Toutes les traces sont recoupées, on les connaît par cœur. Une trace nouvelle est-elle repérée? On la mesure, on l'identifie, le cas échéant, on se met à la poursuite de l'audacieux. Les Allemands essayeront rarement des patrouilles profondes. Les Anglais, par contre, sont rois en ce domaine : leur «Long Range Desert Group» ira plusieurs fois jusqu'aux environs de Tripoli, à 1.500 kilomètres derrière les lignes ennemies, sans jamais se laisser surprendre. Pendant six mois, trois officiers anglais, à la tête d'une compagnie indigène entière, vivront à moins de 100 kilomètres de Benghazi, formant une base sérieuse pour tous les coups de main organisés contre les terrains d'aviation. En un an, les seules patrouilles terrestres, ou débarquées le long de la côte en sous-marin, des SAS détruiront plus de 400 avions au sol.
Le temps passe, les adversaires sont prêts. Qui attaquera le premier? Il semble que l'initiative doit nous appartenir. Cependant, vers le 20 mai, on nous annonce officiellement l'attaque allemande pour le 26.
Au cours de la semaine, l'ennemi se rapproche en effet, ayant repoussé toutes nos colonnes. Il est fortement installé, le 26 au soir, à moins de 50 kilomètres de nous.
Dans la nuit du 26 au 27, deux divisions blindées et une division motorisée allemandes, ainsi qu'une division motorisée italienne (l'Ariete) prennent leur course et, en colonnes, parallèles, contournent la position de Bir-Hakeim par le Sud, culbutent une brigade anglaise et tombent au petit jour sur nos échelons autos et les divisions blindées anglaises à 40 kilomètres plus à l'Est.
La malheureuse division «Ariete», placée à la gauche de ces colonnes a pris son virage un peu court et, le 27 mai, à 8 heures, ses chars d'aile gauche sautent dans la pointe Sud de nos marais de mines. Ils sont achevés de quelques coups de 75. Sans hésitation, il faut le reconnaître, le commandant du régiment de chars italiens accourt au canon et, en deux vagues successives, l'une de 50 chars, l'autre de 25, appuyés de quelques canons automoteurs, s'élance à l'assaut de la position.
Les marais de mines laissent un passage libre, destiné à orienter toute attaque éventuelle vers le point fort, tenu par la 5e compagnie du 2e bataillon de légion.
L'ennemi tombe dans le piège. À moins de 800 mètres, les pièces antichars de première ligne ouvrent le feu sur ces 50 chars qui avancent à toute allure sur 400 mètres de front. Spectacle impressionnant qui n'effraie pas les légionnaires; coup sur coup, la pièce, du sergent-chef Turell en détruit huit, le dernier est à 15 mètres de la pièce.
Avant d'arriver sur le champ de mines, mince obstacle qui court devant la position à quelques dizaines de mètres des pièces, beaucoup de chars sont hors de combat ou, impressionnés, hésitent et obliquent vers la droite. Douze continuent tout droit, six d'entre eux sautent aussitôt; un autre, dans le vacarme et la poussière, traverse l'emplacement d'une de nos pièces sans la voir. Nos hommes sont déchaînés, de toutes parts de petits groupes jaillissent pour achever un char à la grenade ou capturer les équipages. Les blindés ennemis tournoient, essayent courageusement de reprendre l'attaque d'un autre côté puis sous notre tir de barrage se regroupent et disparaissent à l'horizon, laissant 32 des leurs sur le terrain. Nos pertes sont ridicules : un blessé léger. Ce court engagement - il a duré moins d'une heure - galvanise nos hommes, ils se croient et seront désormais invincibles.
Sur tout le front de Libye, le combat est engagé. Pendant six jours, c'est une ronde infernale dans un vent de sable presque permanent où personne ne peut encore distinguer le vainqueur de Bir-Hakeim, de multiples patrouilles sortent pour harceler l'ennemi, jalonnant leur itinéraire de colonnes de fumée qui sont des chars, des automitrailleuses ou des véhicules ennemis en feu. La victoire est à nous, semble t-il; la poursuite s'amorce, le bataillon du Pacifique avance de plus de 50 kilomètres.
Le 2 juin, au moment où la contre-attaque amie se déclenche, un combat malheureux entre divisions blindées, change brusquement la face des choses. Les Allemands établissent et tiennent solidement un passage, entre Bir-Hakeim et la mer. Les réserves blindées anglaises sont toutes détruites ou engagées, la bataille se concentre autour des points d'appui, de Knigthsbridge, tenus par une brigade des gardes et Bir-Hakeim. Toutes les patrouilles et le bataillon du Pacifique, rappelé in extremis, réussissent à rentrer sans pertes sérieuses.
Le 3 juin, l'investissement est complet : deux divisions ennemies renforcées de chars assiègent la position, pendant que l'artillerie lourde et les Stuka essayent de la réduire au silence.
Huit jours durant, les assauts succéderont aux assauts, les bombardements aux bombardements. Où qu'il attaque, l'ennemi est repoussé et nos 75 aboient sans répit, lui causant des pertes sévères.
Le 9 juin, cependant, la situation est grave. La 90e division allemande a trouvé un point faible, au Nord, et s'acharne sur lui. Plus de 15 batteries lourdes ennemies répondent à nos 24 canons de 75, dont 17 déjà sont détruits.
Les [i]Stuka attaquent sans trêve : plus de 250 dans la journée.
Une de nos compagnies est presque anéantie, et la relève s'avère impossible de jour. Les munitions d'artillerie sont presque épuisées; depuis deux jours, la ration d'eau est de un litre et demi par homme, il ne reste plus qu'une ration à distribuer.
L'ennemi, par trois fois déjà, nous a sommés de rendre la place. Faudra-t-il l'admettre?
Dans la nuit du 9 au 10, un dernier effort est tenté : la compagnie en danger est relevée, l'ennemi refoulé hors des limites de la position, un essai de ravitaillement par avion échoue (il nous apporte seulement 75 coups de 75 et 60 kilos de glace), la dernière distribution d'eau est faite.
Le général Kœnig, dont les ordres étaient de tenir la position jusqu'au 7 juin, ne peut plus hésiter : pas question de se rendre, il faut donc sortir. Toute la journée sera utilisée, d'accord avec les Anglais, à préparer cette sortie.
Des véhicules et des ambulances viendront nous chercher sous la protection d'une brigade motorisée, à 10 kilomètres au Sud-Ouest de la position, là où l'ennemi nous attend le moins.
Le problème angoissant qui se pose à tous est celui de tenir encore un jour. L'ennemi, fatigué par ses efforts de la veille, se donne heureusement du répit, et ne déclenchera son assaut suprême que le 11 au matin. Il ne trouvera plus personne.
Le 10 au soir, en effet, dans le plus grand silence, tous abandonnent leurs emplacements, après avoir détruit tout ce qui peut être détruit sans bruit et sans lumière. Les hommes à pied, colonne par quatre, les véhicules, colonne par un, vont sortir par un passage de 10 mètres de large, qu'on vient d'ouvrir dans le champ de mines. Dans chaque unité, quelques hommes resteront en place jusqu'à 3 heures du matin. Ils rejoindront individuellement... si possible.
À minuit, la colonne est prête. Silencieusement, au coude à coude, 2.000 fantassins s'élancent dans la nuit; tapi dans ses trous, à 150 mètres de là, l'ennemi n'a encore rien décelé. Le champ de mines est passé, on avance dans la plaine. Brusquement, une fusée, une maigre rafale de mitraillette, un moment de silence et d'attente. L'enfer se déchaîne alors : tandis que, dans un immense hurlement, nos hommes se ruent, de tout l'horizon convergent des nappes de balles traceuses, des grenades, des obus explosent partout, les fusées montent sans cesse vers le ciel; des véhicules brûlent, jetant des lueurs sinistres; spectacle hallucinant qui ne laisse pas place à la peur.
Au passage des fantassins, l'ennemi terrifié réagit peu, les deux premières lignes de défense sont enlevées d'un élan, la troisième ose à peine ouvrir le feu.
Dans la nuit, malheureusement, des trous ne sont pas fouillés, des ennemis subsistent qui, ressaisis, ouvrent le feu sur la colonne des véhicules bien éclairés par les lueurs d'incendie et retardée par l'étroitesse du passage. Les chenillettes du lieutenant Devey chargent toutes les résistances qu'ils découvrent et les écrasent sous leurs chenilles. Le temps passe, l'ennemi tire toujours, le général qui craint de se trouver surpris par le jour, donne alors l'ordre de foncer droit devant et part le premier, conduit à toute allure par sa conductrice, l'impassible Miss Travers.
Des voitures sautent dans les champs de mines, d'autres sont atteintes et brûlent. Les chauffeurs sont magnifiques, ils foncent insouciants du danger; leur véhicule est-il atteint, vite on décharge les blessés qui l'encombrent et on les charge sur le voisin.
Au loin brûlent les trois feux rouges qui marquent le point de ralliement, là, des sanitaires et des camions embarquent en hâte blessés et hommes valides et filent plein Sud vers un point de regroupement moins exposé. Quand le soleil perce la brume matinale et que l'ennemi, qui n'a encore rien compris, lance son ultime attaque, précédée d'un piqué de 200 Stuka, il ne reste plus dans Bir-Hakeim que quelques isolés, quelques blessés qui se sont perdus dans la nuit et les tombes de nos morts.
Au total, 800 des nôtres manquent à l'appel; mais l'Afrika-Korps «n'a pas eu» la 1re brigade française libre.
Bir-Hakeim tombé, les événements se précipitent, tous les autres points d'appui tombent l'un après l'autre, la chute de Tobrouk entraîne une immense retraite. Plus d'unités fraîches à opposer à l'ennemi qui avance à toute allure : Tobrouk, Solum, Foka, Daba; les avant-gardes sont à El Alamein le 3 juillet.
À 70 kilomètres d'Alexandrie, Rommel s'apprête déjà à conquérir cette ville que la Royal Navy a tout juste fini d'évacuer. Le Caire et le canal de Suez pourront alors être atteints dans la journée.
On ose à peine penser aux conséquences d'une telle victoire.
C'est alors que les cinq jours gagnés à Bir-Hakeim prennent toute leur valeur; la IXe armée britannique de Syrie et d'Irak accourt à marches forcées, tout est perdu si elle atteint trop tard le goulet d'El-Alamein.
La division australienne, qui est en tête, arrivera quelques heures avant les Allemands.
Rencontrant une troupe fraîche, à bout de souffle, Rommel s'est arrêté. Le terrain se prête à la défense, 45 kilomètres seulement séparent le bord Nord de la dépression de Quattara de la côte, Alexandrie et Le Caire sont à quelques dizaines de kilomètres mais seront à peine inquiétés, tant la R.A.F. surclasse la Luftwaffe.
Le terrain est très différent de celui que nous avons connu, d'abord très ondulé au Nord et couvert de maigres touffes d'herbes, il se transforme plus au Sud en plateau sablonneux, coupé de «garets», nos «garas» d'Afrique du Nord, tables rocheuses aux falaises abruptes qui s'élèvent brusquement de 20 à 60 mètres.
Plus au Sud, encore une série de gradins de sable mou conduit à la dépression de Quattara pratiquement infranchissable.
Des deux côtés on travaille avec acharnement, les champs de mines se multiplient, les troupes se renforcent, en fin août l'ennemi croit pouvoir attaquer. Il choisit le secteur Sud; prévenus à temps les Britanniques évacuent un couloir de 5 km de large dans lequel s'enfonce une division blindée allemande.
Ralenti par l'effroyable terrain, pilonné par toute l'artillerie disponible et la R.A.F., l'ennemi se replie dès le surlendemain sans qu'aucune unité britannique ne soit intervenue directement. L'Afrika-Korps laisse sur place de nombreux véhicules et chars, l'équilibre est désormais rompu, le général Montgomery précipite alors ses préparatifs.
Le fond du gouffre vient d'être atteint. N'oublions pas, en effet, que c'est le moment où Stalingrad est prêt à succomber, où les Japonais règnent en maîtres sur le Pacifique et menacent l'Australie, où la Méditerranée est presque interdite à la marine anglaise et où Malte ne tient que par miracle.
L'attaque anglaise d'El-Alamein va être le premier pas des Alliés sur la route de la victoire.
El Alamein
Le 23 octobre 1942, à 22 heures, par une magnifique nuit de pleine lune, le premier coup de canon des batailles libératrices est tiré. A la même seconde, 800 canons se sont déchaînés. L'aube seule fera disparaître la lueur étrange que contemplent les Alexandrins.
Quelques jours plus tard, Stalingrad se libérera, les Américains débarqueront en Afrique du Nord, Malte sera ravitaillée. La victoire est en marche.
La VIIIe armée britannique s'est préparée longuement, un camouflage poussé à l'extrême a permis de préserver la surprise. Depuis de longues semaines déjà, l'ennemi a repéré tous ces faux chars de combat, groupés derrière le front Nord; il s'en amuse. Deux divisions blindées (de véritables divisions blindées cette fois) prendront la place de ces constructions de tôles et de bois, sans que le boche s'en doute.
Le 23 au soir, la 1re division française libre est dans la danse: 2e brigade en réserve derrière le centre, 1re brigade en action dans le sud. Celle-ci, arrivée la veille, a pris un immense secteur (le plus au sud, le plus difficile). Devant elle, la 21e brigade «Panzer» et la division blindée «Ariete» attendent l'attaque qu'elles croient principale. La mission des Français est de les maintenir là le plus longtemps possible pendant qu'au nord, la victoire se décide.
C'est un effroyable combat, contre le sable d'abord, contre l'ennemi ensuite, qui contre-attaque avec des chars, nos légionnaires arrivés seuls et à pied sur leur objectif, à plus de 10 kilomètres à l'intérieur des lignes adverses.
Tous les canons antichars sont ensablés loin derrière eux. Il faut se replier sur la base de départ; l'ennemi, cependant, a eu peur; ce n'est que le 2 au soir que la 21e Panzer remontera vers le nord. Trop tard.
A l'aile droite, en effet, le combat est acharné. Toutes les nuits, l'attaque fait rage. On se regroupe pendant le jour à l'abri des terribles 88 antichars.
Tout l'empire britanniques est là: Australiens, Néo-Zélandais, Sud-Africains, Hindous, Ecossais, Anglais de la 50e division et des trois divisions blindées.
Tous font merveille. Le 1er novembre, enfin, l'ennemi cède. Dans la nuit, une division entière part à l'attaque, guidée par les obus traceurs des canons antiaériens qui tirent sur ses flancs. Elle atteint, d'un élan, son objectif situé à 6 kilomètres. L'ennemi réagit violemment mais sans succès, des combats acharnés se déroulent.
Le 4 novembre, au matin, le 101e corps d'armée blindé peut enfin déboucher. Abandonnant dans le désert quatre divisions italiennes, les Allemands fuient sur cette fameuse «Via Balbo» que mitraillent sans cesse les chasseurs de la R.A.F. La pluie sauve l'ennemi du désastre total. Cependant, la poursuite est échevelée, elle ne s'arrêtera pratiquement qu'à Enfidaville, en Tunisie, à 3.500 kilomètres de là.
Jamais, je crois, une armée n'avait été aussi sûre d'elle-même et de son chef que l'était la VIIIe armée; «Monthy» l'avait entraînée patiemment pendant de longs mois et avait réussi à faire de cet assemblage de soldats de dix pays différents un merveilleux instrument de combat dont la foi en la victoire était totale.
J'ai lu, quelque part, une comparaison qui m'a paru juste: c'est celle qui rapproche les soldats de la Révolution de cette VIIIe armée, pleine de fantaisie, habillée à la diable, aimant la vie, mais sachant la prodiguer, ayant la foi enfin.
Il eut manqué quelque chose si la France n'y avait pas été représentée, si elle n'avait participé à la libération de cette terre d'Afrique qui a vu couler tant de sang français; si le canal de Suez, réalisation française, n'avait, une fois encore, été sauvé avec l'aide des Français.
Ils étaient bien peu; les chiffres eux-mêmes ne signifient rien: quelques milliers en comptant ces étrangers et ces indigènes qui, si généreusement, acceptaient de servir notre drapeau.
La cause était belle. Ce n'était pas le pays seulement qu'il fallait sauver, c'était l'âme de la France.
Ceux qui sont morts ont eu la grande récompense de croire, qu'à cause d'eux, la patrie avait retrouvé la foi en elle-même: la foi qui renverse les montagnes.
Je le crois aussi, quoiqu'en disent quelques esprits chagrins, et je vous demande de le croire avec moi.
Lieutenant-colonel de Sairigné
Le contenu de cet article est issu de l'ouvrage en 7 volumes "La mémoire des Français libres. Hommes & Combats" édité par la Fondation de la France Libre.
Re: Le Colonel Gabriel Brunet de Sairigné
Les carnets de guerre du lieutenant-colonel Brunet de Sairigné (1913-1948) constituent un document inédit sur la Légion Etrangère pendant la seconde guerre mondiale et l'un des rares témoignages sur la vie quotidienne d'un officier de la France Libre.
Au fil des jours on peut suivre les pérégrinations des légionnaires engagés dans les théâtres d'opérations aussi variés que la Norvège, la forêt équatoriale au Gabon, les montagnes d'Erythrées ou les djebels de Syrie. En juin 1942, à Bir Hakeim, le capitaine de Sairigné s'illustre avec ses hommes de la Compagnie Lourde No2. Il a moins de 30 ans lorsqu'il conduit le 1e B.L.E. d'Egypte en Alsace.
Il termine la guerre comme chef d’état-major de la 1re D.F.L. après avoir métamorphosé son bataillon.
Ces pages découvrent l'officier confronté au choix douloureux de juin 1940 d'une part, qui se durcit après la guerre de Syrie au cours de la guerre "franco-française" d'autre part. Dans ces mondes séparés que constituent les microcosmes de la Légion et des FFL, Gabriel de Sairigné vit en dehors du temps et se forge un caractère d’émigré. Il disparaît à 35 ans au cours de l'attaque du convoi de Dalat le 1er mars 1948.
Le lecteur retiendra enfin qu’il fut l’archétype de l’officier de Légion au même titre que son chef le lieutenant-colonel Amilakvari tué à El Himeimat.
Chaudement recommandé et incontournable pour ceux qui s'interessent à la 1re DFL. Un document reellement unique.
Au fil des jours on peut suivre les pérégrinations des légionnaires engagés dans les théâtres d'opérations aussi variés que la Norvège, la forêt équatoriale au Gabon, les montagnes d'Erythrées ou les djebels de Syrie. En juin 1942, à Bir Hakeim, le capitaine de Sairigné s'illustre avec ses hommes de la Compagnie Lourde No2. Il a moins de 30 ans lorsqu'il conduit le 1e B.L.E. d'Egypte en Alsace.
Il termine la guerre comme chef d’état-major de la 1re D.F.L. après avoir métamorphosé son bataillon.
Ces pages découvrent l'officier confronté au choix douloureux de juin 1940 d'une part, qui se durcit après la guerre de Syrie au cours de la guerre "franco-française" d'autre part. Dans ces mondes séparés que constituent les microcosmes de la Légion et des FFL, Gabriel de Sairigné vit en dehors du temps et se forge un caractère d’émigré. Il disparaît à 35 ans au cours de l'attaque du convoi de Dalat le 1er mars 1948.
Le lecteur retiendra enfin qu’il fut l’archétype de l’officier de Légion au même titre que son chef le lieutenant-colonel Amilakvari tué à El Himeimat.
Chaudement recommandé et incontournable pour ceux qui s'interessent à la 1re DFL. Un document reellement unique.
Re: Le Colonel Gabriel Brunet de Sairigné
Moutier-les-Mauxfaits (vendée)Samedi 19 octobre 2002 | |
Plus de 7.000 Vendéens, 820 porte-drapeau d’association d’anciens combattants, les musiques de la Légion Etrangère et de la Région militaire Terre Nord-Ouest, une unité de la 13 ème DBLE venue spécialement de Djibouti était réunis à Moutiers-les-Mauxfaits pour un hommage vibrant Gabriel BRUNET de SAIRIGNE. L’enfant du pays, héros de la France Libre et de Bir Hakeim, compagnon de la Libération à 29 ans, officier dans l’armée de Lattre, du débarquement de Provence à la campagne d’Alsace, fut tué en Indochine à l’âge de 35 ans , alors qu’il était à la tête de la 13ème demi-brigade de la Légion Etrangère, et le plus jeune chef de corps de cette unité prestigieuse. Temps fort de cette journée de recueillement et de commémoration, qui se déroulait en présence de ses filles et de toute sa famille, l’érection d’une statue du héros. |
Re: Le Colonel Gabriel Brunet de Sairigné
Merci , PROF !!!!
Je ne connaissais pas , encore un grand HOMME de la LEGION !!!!!
Je ne connaissais pas , encore un grand HOMME de la LEGION !!!!!
Invité- Invité
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