Éloge funèbre du Colonel ESTAY
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Éloge funèbre du Colonel ESTAY
Éloge funèbre du Colonel ESTAY
Mon colonel
Il m’appartient aujourd’hui d’assumer la lourde tâche de faire votre éloge funèbre, moi qui n’aime guère écrire. Mon allocution sera complétée par celle que m’a transmise hier le général Raoul Forcin qui vous a succédé à Castelnaudary et malheureusement empêché de venir aujourd’hui, ce qui explique quelques redites et maladresses dans ces propos que vous voudrez bien me pardonner.
Né en 1930 dans ce petit coin du Périgord où plongent vos racines familiales, vos chers parents vous ont appris très tôt que, à moins d’être né avec une cuiller en argent dans la bouche, toute situation durable ne s’obtient que par un dur labeur et souvent des privations et que toute estime pérenne ne se bâtit que sur l’honnêteté et l’entraide, notions qui vous accompagneront dans toute votre carrière.
Vous n’étiez pas bien vieux quand la 2e Guerre Mondiale viendra embraser de nouveau le vieux continent et le monde et que l’occupant vient étendre sur la région son ombre et la servitude. C’est cela qui a poussé votre père à s’engager dans la Résistance en participant à la création du groupe “Soleil”: une plaque a été scellée en souvenir sur le mur d’enceinte de votre maison, certains l’ont peut être remarquée en venant. Le jeune Jean-Marie Estay n’hésite pas malgré son âge à s’engager dans les traces de son père pour servir d’agent de liaison et de transmission des messages entre les groupes. Pour l’anecdote, vous m’aviez raconté qu’un jour cela vous a valu une bonne claque d’un certain André Malraux, de passage chez vos parents, et qui venait de s’apercevoir que vous vous intéressiez de trop près au pistolet qu’il avait déposé sur la cheminée en entrant.
C’est peut-être, avec la passion de la chasse qui sommeille en tout homme de cette région, une des raisons de votre passion pour les armes, et qui sait, de votre engagement dans l’armée. En effet, après la guerre, après avoir terminé votre scolarité et le collège et avoir été embauché dans divers métiers, proches de la terre, vous décidez, contre l’avis de votre père, je crois, d’embrasser la carrière des armes.
Vous vous retrouvez alors en Algérie et vous prenez déjà du galon comme aspirant puis sous-lieutenant de réserve, et vous prenez part à plusieurs interventions. Votre instinct de chasseur vous sauvera d’ailleurs la vie, en 1959 en déclenchant une embuscade qui vous était tendue sur la route de Margueritte, petit hameau qui à changé de nom aujourd’hui et qui se trouve à 9 km au nord-est de Miliana. Vous vous en tirez avec de graves blessures qui nécessiteront votre rapatriement sanitaire en métropole: vous serez alors décoré de la médaille des blessés et de la Légion d’honneur.
Vous êtes alors désigné pour un stage d’intégration à l’Ecole de Saint-Maixent. Là, vous faites part à un de vos instructeurs le capitaine de Chastenet, ancien de la Légion étrangère de votre désir d’intégrer cette arme prestigieuse. Il vous suggère alors de demander votre affectation dans un régiment de Tirailleurs en Allemagne et à ce moment, de demander votre affectation par permutation avec un officier de la Légion muté dans votre régiment: Le stratagème fonctionne et c’est ainsi que vous arrivez dans la Légion étrangère, que vous ne quitterez plus guère au cours de votre carrière.
Affecté au groupement d’instruction de la Légion étrangère, le GILE, vous vivez le rapatriement en Corse de cette unité, et compte tenu de vos décorations et de votre expérience, en plus de chef de peloton d’instruction vous êtes aussi, président des lieutenants. C’est à ce titre que vous prenez la défense d’un lieutenant victime d’une grave altercation dans un bistrot cortenais. Le patron de la Légion décide alors de vous faire prendre un peu le large en vous affectant dans le Sud algérien d’abord la 2e Compagnie saharienne portée de Légion étrangère (2e CSPL) puis au 4e Régiment étranger d’infanterie dont vous devenez le porte-drapeau, sous les ordres du colonel Brûlé, jusqu’à la dissolution du régiment en 1964. Vous êtes alors affecté hors Légion au 126e Régiment d’infanterie de Brive en 1965.
Nommé capitaine en 1967, vous revenez à la Légion et êtes affecté à la prestigieuse 13e Demi Brigade de Légion étrangère à Djibouti. C’est là que nous faisons connaissances tous les deux, ainsi que le jeune lieutenant Le Flem, devenu général et qui assiste aujourd’hui à ce dernier hommage. Vous commandez alors la 3e compagnie à Ali Sabieh.
De retour en métropole vous êtes affecté en 1969 au poste de recrutement de la Légion de Paris, et vous couvrez ainsi une bonne partie du territoire français, loin de la Maison-mère d’Aubagne, ce qui n’est pas pour vous déplaire et vous laisse beaucoup d’initiatives.
Nommé chef de bataillon en 1974 vous êtes alors affecté au 2e Régiment Etranger en Corse, pour prendre le commandement du Groupement d’Instruction de la Légion étrangère. C’est là que nous nous retrouverons pour la 2e fois.
En 1975 suite au meurtre de deux bergers corses par un déserteur de la Légion, l’événement est monté en épingle par les autonomistes corses qui demandent le départ de l’unité et même la dissolution de la Légion pour les plus virulents. Le ministre de la Défense tranche en décidant de transférer le Groupement d’Instruction de la Légion étrangère sur le continent. En une semaine de chef de bataillon Estay effectue le déménagement des deux compagnies d’engagés volontaires sur le continent et se dépense sans compter pour trouver une ville d’accueil pour l’ensemble de GILE: C’est lui qui réussira l’implantation de cette formation à Castelnaudary, le plus beau succès de toute sa carrière. Mais je ne m’étendrai pas tout de suite sur cet événement que décrira bien mieux que moi le général Raoul Forcin dans l’allocution que le général Le Flem lira à la fin de mon propos.
Lorsqu’il passe le relais du GILE au colonel Forcin, il prend les fonctions de Chef du Service Information et Historique de la Légion et devient ainsi le 13e rédacteur en chef de notre revue Képi blanc. Il est nommé lieutenant colonel en 1978. En 1979 il quitte définitivement la Légion étrangère, pour occuper le poste important de chef de la Sécurité militaire à Bordeaux, non sans m’avoir alors fait désigner pour prendre sa succession à Aubagne.
Il rejoint le Gabon où le président Bongo lui confie un poste important, avec l’aval de Paris, bien sûr. C’est malheureusement en son absence qu’il a la douleur de perdre sa plus jeune fille, Isabelle, regret qui le poursuivra toute sa vie.
En 1985 il rentre définitivement en métropole pour se retirer dans sa Dordogne natale où il cumule les activités bénévoles: anciens combattants, associations de chasse, œuvres sociales (justice, maison de retraite) en liaison avec la DDAS.
Avant de lire le texte du général Forcin permettez-moi, mon colonel, mon ami, de souligner quelques traits de votre personnalité:
- votre attachement quasi filial aux plus grands chefs sous les ordres desquels vous avez servi: je veux parler du général Lardry, du général Brûlé et du général Fourreau.
- le soutien sans faille que vous avez donné à vos subordonnés, officiers, sous-officiers ou légionnaires, capable de les défendre bec et ongles quand nécessaire.
- l’exemple que vous donniez de votre souci permanent de servir la Légion étrangère et la France. “Servir et non se servir”, c’est un précepte que vous avez toujours cherché à nous inculquer.
Et maintenant, c’est le point le plus important de ce propos, l’allocution du général Raoul Forcin que va vous lire le général Le Flem
PROPOS du Général (2 S) R.FORCIN
sur les résultats obtenus par le Colonel ESTAY
dans l’implantation du Groupement d’Instruction de la LEGION ETRANGERE à CASTENAUDARY
J’ai connu le Colonel Jean Marie ESTAY en 1974,1975: j’étais à la tête du GOLE à BONIFACIO et il commandait le Groupement d‘Instruction de la LEGION ETRANGERE à CORTE. Il avait un caractère chaleureux, nous avions d’excellentes relations.
Nous devions faire plus ample connaissance en 1977, alors que je m’apprêtais à prendre sa succession à CASTELNAUDARY pour ensuite assurer, le 3 septembre 1977, le Commandement du Régiment d’Instruction de la LEGION ETRANGERE créé le jour même. Je suis donc en mesure de juger l’homme et d’apprécier la situation qu’il a laissée à son départ.
Après le meurtre, en été 1976, de deux bergers corses par un légionnaire déserteur, le Commandement décide le transfert du GILE sur le continent; le Commandant ESTAY, qui officialise l’arrivée de la Légion à CASTENAUDARY par un grand défilé organisé en ville le 16 Décembre 1976, ne se fait pas d’illusions sur l’ampleur de la tâche et les enjeux qui se présentent: il faut absolument réussir l’implantation du Groupement, sans quoi un échec peut avoir de lourdes conséquences pour la Légion dans son ensemble.
La tâche n’est pas facile. La municipalité, Monsieur CASSABEL maire en tête, est très favorable à la Légion. Les populations sont partagées; le meurtre de Corse a laissé des traces.
L’infrastructure est peu adaptée à la venue de Légionnaires à l’instruction: casernement très ancien, pas de terrains de manœuvre, stand pour tir réduit dans l’agglomération. Etc, etc
Seuls points favorables: le Lycée et les écoles sont prêts à accueillir les enfants des cadres.
Face à cette situation le Commandant ESTAY, homme de caractère, Officier de Légion compétent, décide d’agir avec réalisme sans attendre les moyens que ne peut, dans l’immédiat, lui donner le commandement.
Pour montrer à la population ce qu’est un légionnaire il demande aux cadres de vivre au milieu des habitants, en tenue militaire, chose rare à l’époque.
Il ordonne les sorties en ville des jeunes EV par section.
Des liens se créent, l’estime fait suite à la crainte: les cérémonies attirent la foule. Les journées des crèches font le plein. A moins d’imprévisible, la partie est gagnée !
Au plan instruction, il encourage les Commandants de Cie à rechercher des bivouacs à l’extérieurs dans des fermes.
Il demande à la municipalité des créneaux de piscine de stade. Le 3éme RPIma de Carcassonne lui ouvre ses champs de tir .
L’instruction peut reprendre.
LA PHASE DE L’IMPLANTATION EST GAGNEE
LE COMMANDANT ESTAY A BIEN MERITE DE LA LEGION.
Aux autres d’acheter des terrains de manœuvre, de trouver des refuges en montagne, de lancer un nouveau casernement avec ses dépendances, etc etc, jusqu’aux installations actuelles les plus modernes.
Mon cher ESTAY j’ai appris que tu ne voulais pas de laïus pour ton départ.Je n’ai pas pu te suivre dans tes dernières volontés; on te devait bien cela, tu ne m’en voudras, pas je suis sùr. Repose en Paix
A ORTHEVIELLE le 14 Août 2013
Le Général ( 2 S) R. FORCIN, ancien commandant
du Régiment d’Instruction de la Légion Etrangère (1977-1979)
Mon colonel
Il m’appartient aujourd’hui d’assumer la lourde tâche de faire votre éloge funèbre, moi qui n’aime guère écrire. Mon allocution sera complétée par celle que m’a transmise hier le général Raoul Forcin qui vous a succédé à Castelnaudary et malheureusement empêché de venir aujourd’hui, ce qui explique quelques redites et maladresses dans ces propos que vous voudrez bien me pardonner.
Né en 1930 dans ce petit coin du Périgord où plongent vos racines familiales, vos chers parents vous ont appris très tôt que, à moins d’être né avec une cuiller en argent dans la bouche, toute situation durable ne s’obtient que par un dur labeur et souvent des privations et que toute estime pérenne ne se bâtit que sur l’honnêteté et l’entraide, notions qui vous accompagneront dans toute votre carrière.
Vous n’étiez pas bien vieux quand la 2e Guerre Mondiale viendra embraser de nouveau le vieux continent et le monde et que l’occupant vient étendre sur la région son ombre et la servitude. C’est cela qui a poussé votre père à s’engager dans la Résistance en participant à la création du groupe “Soleil”: une plaque a été scellée en souvenir sur le mur d’enceinte de votre maison, certains l’ont peut être remarquée en venant. Le jeune Jean-Marie Estay n’hésite pas malgré son âge à s’engager dans les traces de son père pour servir d’agent de liaison et de transmission des messages entre les groupes. Pour l’anecdote, vous m’aviez raconté qu’un jour cela vous a valu une bonne claque d’un certain André Malraux, de passage chez vos parents, et qui venait de s’apercevoir que vous vous intéressiez de trop près au pistolet qu’il avait déposé sur la cheminée en entrant.
C’est peut-être, avec la passion de la chasse qui sommeille en tout homme de cette région, une des raisons de votre passion pour les armes, et qui sait, de votre engagement dans l’armée. En effet, après la guerre, après avoir terminé votre scolarité et le collège et avoir été embauché dans divers métiers, proches de la terre, vous décidez, contre l’avis de votre père, je crois, d’embrasser la carrière des armes.
Vous vous retrouvez alors en Algérie et vous prenez déjà du galon comme aspirant puis sous-lieutenant de réserve, et vous prenez part à plusieurs interventions. Votre instinct de chasseur vous sauvera d’ailleurs la vie, en 1959 en déclenchant une embuscade qui vous était tendue sur la route de Margueritte, petit hameau qui à changé de nom aujourd’hui et qui se trouve à 9 km au nord-est de Miliana. Vous vous en tirez avec de graves blessures qui nécessiteront votre rapatriement sanitaire en métropole: vous serez alors décoré de la médaille des blessés et de la Légion d’honneur.
Vous êtes alors désigné pour un stage d’intégration à l’Ecole de Saint-Maixent. Là, vous faites part à un de vos instructeurs le capitaine de Chastenet, ancien de la Légion étrangère de votre désir d’intégrer cette arme prestigieuse. Il vous suggère alors de demander votre affectation dans un régiment de Tirailleurs en Allemagne et à ce moment, de demander votre affectation par permutation avec un officier de la Légion muté dans votre régiment: Le stratagème fonctionne et c’est ainsi que vous arrivez dans la Légion étrangère, que vous ne quitterez plus guère au cours de votre carrière.
Affecté au groupement d’instruction de la Légion étrangère, le GILE, vous vivez le rapatriement en Corse de cette unité, et compte tenu de vos décorations et de votre expérience, en plus de chef de peloton d’instruction vous êtes aussi, président des lieutenants. C’est à ce titre que vous prenez la défense d’un lieutenant victime d’une grave altercation dans un bistrot cortenais. Le patron de la Légion décide alors de vous faire prendre un peu le large en vous affectant dans le Sud algérien d’abord la 2e Compagnie saharienne portée de Légion étrangère (2e CSPL) puis au 4e Régiment étranger d’infanterie dont vous devenez le porte-drapeau, sous les ordres du colonel Brûlé, jusqu’à la dissolution du régiment en 1964. Vous êtes alors affecté hors Légion au 126e Régiment d’infanterie de Brive en 1965.
Nommé capitaine en 1967, vous revenez à la Légion et êtes affecté à la prestigieuse 13e Demi Brigade de Légion étrangère à Djibouti. C’est là que nous faisons connaissances tous les deux, ainsi que le jeune lieutenant Le Flem, devenu général et qui assiste aujourd’hui à ce dernier hommage. Vous commandez alors la 3e compagnie à Ali Sabieh.
De retour en métropole vous êtes affecté en 1969 au poste de recrutement de la Légion de Paris, et vous couvrez ainsi une bonne partie du territoire français, loin de la Maison-mère d’Aubagne, ce qui n’est pas pour vous déplaire et vous laisse beaucoup d’initiatives.
Nommé chef de bataillon en 1974 vous êtes alors affecté au 2e Régiment Etranger en Corse, pour prendre le commandement du Groupement d’Instruction de la Légion étrangère. C’est là que nous nous retrouverons pour la 2e fois.
En 1975 suite au meurtre de deux bergers corses par un déserteur de la Légion, l’événement est monté en épingle par les autonomistes corses qui demandent le départ de l’unité et même la dissolution de la Légion pour les plus virulents. Le ministre de la Défense tranche en décidant de transférer le Groupement d’Instruction de la Légion étrangère sur le continent. En une semaine de chef de bataillon Estay effectue le déménagement des deux compagnies d’engagés volontaires sur le continent et se dépense sans compter pour trouver une ville d’accueil pour l’ensemble de GILE: C’est lui qui réussira l’implantation de cette formation à Castelnaudary, le plus beau succès de toute sa carrière. Mais je ne m’étendrai pas tout de suite sur cet événement que décrira bien mieux que moi le général Raoul Forcin dans l’allocution que le général Le Flem lira à la fin de mon propos.
Lorsqu’il passe le relais du GILE au colonel Forcin, il prend les fonctions de Chef du Service Information et Historique de la Légion et devient ainsi le 13e rédacteur en chef de notre revue Képi blanc. Il est nommé lieutenant colonel en 1978. En 1979 il quitte définitivement la Légion étrangère, pour occuper le poste important de chef de la Sécurité militaire à Bordeaux, non sans m’avoir alors fait désigner pour prendre sa succession à Aubagne.
Il rejoint le Gabon où le président Bongo lui confie un poste important, avec l’aval de Paris, bien sûr. C’est malheureusement en son absence qu’il a la douleur de perdre sa plus jeune fille, Isabelle, regret qui le poursuivra toute sa vie.
En 1985 il rentre définitivement en métropole pour se retirer dans sa Dordogne natale où il cumule les activités bénévoles: anciens combattants, associations de chasse, œuvres sociales (justice, maison de retraite) en liaison avec la DDAS.
Avant de lire le texte du général Forcin permettez-moi, mon colonel, mon ami, de souligner quelques traits de votre personnalité:
- votre attachement quasi filial aux plus grands chefs sous les ordres desquels vous avez servi: je veux parler du général Lardry, du général Brûlé et du général Fourreau.
- le soutien sans faille que vous avez donné à vos subordonnés, officiers, sous-officiers ou légionnaires, capable de les défendre bec et ongles quand nécessaire.
- l’exemple que vous donniez de votre souci permanent de servir la Légion étrangère et la France. “Servir et non se servir”, c’est un précepte que vous avez toujours cherché à nous inculquer.
Et maintenant, c’est le point le plus important de ce propos, l’allocution du général Raoul Forcin que va vous lire le général Le Flem
PROPOS du Général (2 S) R.FORCIN
sur les résultats obtenus par le Colonel ESTAY
dans l’implantation du Groupement d’Instruction de la LEGION ETRANGERE à CASTENAUDARY
J’ai connu le Colonel Jean Marie ESTAY en 1974,1975: j’étais à la tête du GOLE à BONIFACIO et il commandait le Groupement d‘Instruction de la LEGION ETRANGERE à CORTE. Il avait un caractère chaleureux, nous avions d’excellentes relations.
Nous devions faire plus ample connaissance en 1977, alors que je m’apprêtais à prendre sa succession à CASTELNAUDARY pour ensuite assurer, le 3 septembre 1977, le Commandement du Régiment d’Instruction de la LEGION ETRANGERE créé le jour même. Je suis donc en mesure de juger l’homme et d’apprécier la situation qu’il a laissée à son départ.
Après le meurtre, en été 1976, de deux bergers corses par un légionnaire déserteur, le Commandement décide le transfert du GILE sur le continent; le Commandant ESTAY, qui officialise l’arrivée de la Légion à CASTENAUDARY par un grand défilé organisé en ville le 16 Décembre 1976, ne se fait pas d’illusions sur l’ampleur de la tâche et les enjeux qui se présentent: il faut absolument réussir l’implantation du Groupement, sans quoi un échec peut avoir de lourdes conséquences pour la Légion dans son ensemble.
La tâche n’est pas facile. La municipalité, Monsieur CASSABEL maire en tête, est très favorable à la Légion. Les populations sont partagées; le meurtre de Corse a laissé des traces.
L’infrastructure est peu adaptée à la venue de Légionnaires à l’instruction: casernement très ancien, pas de terrains de manœuvre, stand pour tir réduit dans l’agglomération. Etc, etc
Seuls points favorables: le Lycée et les écoles sont prêts à accueillir les enfants des cadres.
Face à cette situation le Commandant ESTAY, homme de caractère, Officier de Légion compétent, décide d’agir avec réalisme sans attendre les moyens que ne peut, dans l’immédiat, lui donner le commandement.
Pour montrer à la population ce qu’est un légionnaire il demande aux cadres de vivre au milieu des habitants, en tenue militaire, chose rare à l’époque.
Il ordonne les sorties en ville des jeunes EV par section.
Des liens se créent, l’estime fait suite à la crainte: les cérémonies attirent la foule. Les journées des crèches font le plein. A moins d’imprévisible, la partie est gagnée !
Au plan instruction, il encourage les Commandants de Cie à rechercher des bivouacs à l’extérieurs dans des fermes.
Il demande à la municipalité des créneaux de piscine de stade. Le 3éme RPIma de Carcassonne lui ouvre ses champs de tir .
L’instruction peut reprendre.
LA PHASE DE L’IMPLANTATION EST GAGNEE
LE COMMANDANT ESTAY A BIEN MERITE DE LA LEGION.
Aux autres d’acheter des terrains de manœuvre, de trouver des refuges en montagne, de lancer un nouveau casernement avec ses dépendances, etc etc, jusqu’aux installations actuelles les plus modernes.
Mon cher ESTAY j’ai appris que tu ne voulais pas de laïus pour ton départ.Je n’ai pas pu te suivre dans tes dernières volontés; on te devait bien cela, tu ne m’en voudras, pas je suis sùr. Repose en Paix
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Le Général ( 2 S) R. FORCIN, ancien commandant
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Claire notre Marraine- Localisation : Suisse
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